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monarque.

Il rapporte que, la Broffe fçavant médecin & mathématicien dit au duc dé Vendôme, enfuite d'un plus grand difcours, que fi le roi pouvoit éviter l'accident, dont il étoit menacé, il vi vroit encore trente ans. On ne veut » jamais dire aux rois, ce qui peut leur » donner de l'ennui : le duc de Vendôme » trouvant plus à propos que la Broffe fùe le porteur de fon avis, fupplia le roi de l'ouir. Le roidemanda ce qu'il vouloit >> à cette parole, le duc de Vendôme fe " tait; fon filence augmente l'envie de le >> fçavoir, il le preffe, il s'excufe, à la fin » le commandement du roi tire de fa bou

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che, ce que la Broffe lui avoit dit. Vous étes un fol, dit le roi'; vous le croïez, fire, répond le duc de Vendôme, en ces chofes la créance est défenduë, & non pas la crainte. Le falut de V. M. oblige » tout le monde, & moi plus que touts les >> autres, à ne rien méprifer: je la fupplie très humblement d'avoir agréable de l'entendre. Le roi ne le voulut, & lui

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défendit d'en parler; je ne puis de moins, dit le duc que d'en avertir la reine. Le «< roi reppliqua par deux fois, que s'il lui en parloit, il ne l'aimeroit jamais. Ainfi la Broffe eft renvoié. Je tiens ce difcours mot à mot du duc de Vendôme.

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સ્પંદ

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Cela eft bien pofitif, mais voici une chofe, qui ne l'eft pas moins, & qui renverfe de fond en comble le narré de Pierre Matthieu,, tant il eft vrai (c'eft le fecond auteur, [o]qui parle) que la plûpart des hiftoriens font crédules & " menteurs, & que par là ils confirment < toujours la vérité des prognoftics quand ils rapportent ces fortes de contes, fans les réfuter. Mais fans aller plus loin, pourquoi les anciens ne l'auroientils pas fait, puifque nous le voïons fou- " vent faire de notre temps? Un de nos hiftoriens parlant de la mort de notre << grand Henri IV. n'a-t-il pas dit, qu'en c aïant été averti par un prince encore vivant, qu'il n'eft pas neceffaire de nommer, la veille que ce coup arriva, S. M. " méprifant cet avis, lui avoit répondu " que la Broffe étoit un vieux fol d'aftro. « logue, & le refte. Ce qu'aïant moi-mê- «‹ me voulu apprendre par la bouche de ce prince, il y a plus de trente ans, en préfence d'une princeffe [p] de grand mérite, il me fit l'honneur de me dire " que cela étoit faux, & depuis deux « jours en ça feulement,pour m'en éclaircir davantage, & ne rien publier par écrit de cette conféquence, fans être bien affuré, j'ai eu l'honneur de lui en reparler en préfence de plufieurs perfonnes de fa maifon, & il m'a confirmé la même " chofe,& ajoutant de plus que l'hiftorien e

3

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[m] Bayle, dit. crit. not. E fur Henri IV. [n] Matthien, hift. de la mort d'Henri IV! [o] Pierre Petit, intendant des fortifica

tions, differtat. fur. les comét p. 89: [p] Madame de Chevreuse,

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avoit confondu les temps & les chofes: & que la Broffe lui avoit bien dit après " ce malheureux accident, qu'il l'avoit " prévu par l'horofcope de S. M. (comme "font toujours les aftrologues, quand les "chofes font arrivées) mais non pas qu'il l'en cût averti la veille, pour le direà S. M.cela eft pourtant écrit par un au teur François & du même temps; qui ne le croira donc pas à l'avenir? penfera-t-on qu'un homme deftine & paie "pour faire l'hiftoire, ofe dire une chofe » de cette conféquence? & citer même un >> prince vivant, qui en pouvoit rendre ,, témoignage, fi elle n'étoit pas vraie? Les prédictions qui ont été le plus des prédic- généralement répandues, font celles tions'es dont la fauffeté a le plus éclaté.

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97. Faufferé

plus célébres.

Albumazar avoit écrit que la réligion 98. Chrétienne ne pouvoit durer que 1460. d'Albuma-" ans ; & le Juif Avenar avoit promis un

Prédictio n

zar.

99.

Meffie à fa nation dans l'année 1444.de D'Avenar l'ére Chrétienne, lorfque Jupiter fe, roit en conjonction avec Saturne dans l'écreviffe, ou au plus tard en 1464. les deux mêmes planétes étant en conjonction dans les poiffons.

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Ona trouvé parmi les Chrétiens des cxemples de ces prédictions générales, également fauffes. Arnoldus aftrologue Efpagnol avoit annoncé la naiffance de l'antechrift pour l'année 1345

any Stoffler avoit affuré qu'en l'année 1524. la conjonction de Saturne, de Jupiter, & de Mars au figne des poif fons produiroit un déluge. Régiomon

[9] Poft mille expletos à partu virginis

annos,

Et poft quingentos rurfus ab axe da

tos.

Ocua gefimus o&tavus mirabilis an

nus

Ingruet, & fecùm triftia fata trahet. Si non hoc anno totus male concidet

orbis,

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Léovice avoit marqué la fin du monde quatre ans plûtôt pour l'année 1584. Cardan a prétendu que la derniére étoile de la grande qurfe avoit dans fes influences la vertu de conférer la di- fur les i gnité impériale; que cette étoile fut imperiales verticale à la na fance de Rome, & de a ver qu'elle a depuis transporté l'empire à de la grande Conftantinople, en France, en Alle-oute. magne. Bodin [] montre qu'il eft impoffible que cette étoile fût verticale, & le foleil en même temps, au méridien, lors de la fondation de Rome, comme Cardan l'a fuppofé. A combien de peuples cette étoile a-t-elle été verticale depuis la création du monde fans leur avoir transféré l'empire ? Quelle raifon a Cardan d'affigner ce privilége impérial à cette étoile, plûtôt qu'à d'autres qui femblent le mériter mieux, comme au cœur de lion, la plus grande de toutes, à la canicule, à Médufe, à l'épi, au vautour?

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Cuneta tamen 'mundi furfùmibunt atque deorfum

Imperia, & luctus undique grandis erit.

[r] Bodin, de la républ, liv 4.

[] Etiam ne urbis natalis dies ad vim ftellarum & lunæ pertinebat ? fac in puero referre ex quâ affectione cœli primum fpiritum duxerit, num hoc in latere aut

Si non in nihilum terra fretumque in cœmento, ex quibus urbs effecta est,

ruant,

potuit valere? Cic de divinat. lib.2.

106, Varron fit dreffer l'horofcope de Horofcope de Rome. Rome par TarrutiusFirmianus, lequel en rétrogardant &jugeant, ainsi qu'il ledifoit, des caufes par les effets, & par les divers accidents arrivés en 700. ans, trouva que le bâtiment de la ville avoit été commencé en la troifiéme année de la fixiéme olympiade, le 21. d'Avril, un peu avant trois heures après midi, Romulus aïant dix-huit ans; Saturne, Mars, & Venus étant au fcorpion, Jupiter aux poiffons, le foleil au taureau, la lune en la balance, la vierge à l'afcendant, les jumeaux au milieu du ciel. Bodin [] prouve que cet horofcope non-feulement eft impoffible.

107. Horofco

pes des

Luc Gauric a recueilli plufieurs horofcopes des grandes villes. Ils font grandes vil deftitués de jufteffe & même de vrai lis pacuau- femblance. Dans l'horofcope de Rome, Gauric s'éloigne entiérement de Tarrutius, 20 and

ric.

recueil

108.

de Conftantinople.

L'horofcope de Conftantinople,trouHorofcope vé en Grec dans la bibliothèque Vaticane, fuivant qu'il fut calculé par Porphire, & qu'il a été extrait par Luc Gauric, met le foleil au dix-feptième degré du taureau, la lune au cinquiéme degré du lion, Saturne au vingtiéme degré de l'écreviffe, Jupiter & Venus en conjonction dans ce même figne Mars au douzième degré des juméaux, Mercure au prémier degré des mêmes, le verfeau au milieu du ciel, les jumeaux à l'afcendant, un lundi, deux heures après le lever du foleil.

Il fe trouve un autre horofcope de

[t] Bodin de la républ. lib. 4.

[u] Bayla, penf. diverf. fur la coměr §. 20. [x] Si effet fatum de fideribus, non poterat effe fub néceflitate fiderum, conditor fiderum, Adde quia non folùm Chrif

Conftantinople, extrait auffi de la bibliothéque Vaticane, & dreffé par Valens d'antioche; il met la fondation Conftantinople, plus tard que Por phyre, de 40. minutes.

de

Les aftrologues ont montré une té- 109. merité incomparablement plus gran- de Jéfus Horoscope de, en tirant la figure généthliaque Christ. de Jéfus-Chrift, qu'ils ont renduë publique. Cardan, Gauric, & Morin y ont travaillé. Ils ont ofé ajouter que la paffion de N. S. a été l'ouvrage de la planéte de Mars. On a auffi imputé à Albert le Grand, & au cardinal d'Ailli d'avoir dreffé l'horofcope de Jésus-Chrift []: ce qui ne paroît nullement croïable de ces deux perfonnages. Cette impiété eft ancienne, puifqu'on la trouve [x] réfutée dans S. Auguftin. De Thou dit [y], en fuivant la penfée de S. Auguftin, quelle folie & quelle impiété, de vouloir foumettre aux loix des aftres leur maître & leur créateur!

Mépris

trologic.

Perfonne n'a parlé avec plus de mépris de l'aftrologie judiciaire, que le d'Agrippa fameux Agrippa [z], qui a paffé pour pour l'af un grand maître dans la feience de prédire. J'ai grand regret, dit-il, d'avoir perdu tant de temps & de travail en ces vanités, aufquelles j'aurois renoncé, il y a long-temps, fi je n'avois été follicité par le befoin, de tirer quelquefois du profit de la folie des grands, & de fournir abondamment des illufions à ceux, qui en font fi friands.

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111. Des nativités pendant les

quatretemps.

I12.
L'intea-

dance des
religions
aux plané

diftribuée

tes.

qu'ils difent, que celui qui fera né fous le figne des jumeaux, lorfque Saturne & Mercure font conjoints fous le figne du verfeau en la neuviéme mai fon, fera prophéte; que celui qui a Mars heureufement logé en la neuviéme maison, chaffera par fa feule préfence les diables des corps des poffedés.

C'eft une remarque très fuperftitieu fe [a], que les enfants qui naiffent aux jours des quatre-temps, peuvent bien plus facilement que les autres, parvenir à une connoissance & à une familiarité fenfible avec leurs génies: parce que les efprits bienheureux font alors plus favorablement difpofés envers les hommes, à caufe du jeûne & de la priére, & que les ames du purgatoire ont beaucoup de prédilection, pour un temps où elles éprouvent plus de foulagement. Voici donc une autre forte d'influence purement méthaphifique fur les nativités.

Les aftrologues donnent à Jupiter l'intendance des religions [b], difant qu'il a produit avec Saturne la religion Judaïque; avec Mars la Chaldéenne; avec le foleil l'Egyptienne ; avec Venus Ja Mahométane;avec Mercure lá Chrétienne; & qu'avec la lune il produira la religion de l'Antechrift.

Ils ofent avancer [c]que les ames de eux qui ont eu Saturne dans le lion à

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leur nativité, retournent à leur origine célefte, au moment de leur féparation du corps. Que la prière eft infalliblement exaucée [d], fi elle eft adreffée à Dieu, la lune étant conjointe avec Jupiter dans la queuë du dragon.

bée par les

L'aftrologie judiciaire, féparée mê-lo me de l'impiété & de la fuperftition, gie prohi qui l'accompagnent prefque toujours, constitutions ne peut être juftifiée. La morale Chré- canoniques tienne condamne en général la témérité & civiles. de toutes les prédictions. Les péres de l'Eglife les ont combattues & prohibées; l'Eglife les excommunie; les loix civiles les puniffent. Les empereurs ont chaffé les aftrologues; Juftinien a ordonné la peine de mort contre eux.

Les ordonnances d'Orléans en 1560, & de Blois en 1 579. enjoignent aux Juges de procéder extraordinairement & par punition corporelle contre les auteurs des prédictions; & défenfes ont été faites de les imprimer ou débiter à peine de prifon & d'une amende arbitraire. Le concile provincial de Bordeaux de 1583. défend de les lire & garder; celui de Touloufe de 1590. fait les mêmes défenfes, & ordonne l'exécution d'une bulle de Sixte Quint de l'année 1586. qui enjoint aux évêques & aux inquifiteurs de punir felon les conftitutions canoniques, touts ceux qui fe mêlent de prédire l'avenir.

CHA

[a] Thyraus, de apparitionib.spirit.c.14. num. 346.

[b] Albumaz.de magnis conjun&tionib. lib. 2. tract. 1. & ap. Raguf.de divinat, lib. 1. epift. 12. Petrus Alliacus contra aftron, c. 1.

2.3.

F

[c]Jul. Firmic. Mathefeos lib. 4. Ragu. de divat. lib. 1. epift. 12.

[d] Albumaz, ap. Pic. Mirandul, contra aftrol. c. 8. Agripp. de vanit, fcientiar.c. 34.

CHAPITRE SEPTIE'ME,

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Des divinations prétenduës naturelles...

SOM M SOMMAIRE.

1. Raifons physiques des prédictions. 2. Refutation de ces taifons. 3. Des crevaffes & tumeurs de la terre. 4. De la fpeculatoire. s. De la divination par les nuées. 6. De la teratofcopie.7. Des talifmans. 8. Explication phyfi que des talifmans.9. Refutation de la vertu naturelle des talijmans. 10. La vertu des talifmans attribuée à plufieurs caufes. 11. Vertu des talismans foutenue par quelques philofophes. 12. Scaliger s'en mocque. 13. Ancienneté des talifmans. 14. Dujafpe. 15. Des fcarabées. 16. Talisman duroi d'Esypie. 17. De la figure d'Alexandre. 18.Talifmans d'Eudamus. 19. Pré

gnostics de Sylla fur Cefar. 35.Pytha gore examinoit beaucoup l'extérieur ? 36. Le phyfiognomiste affemble plu fieurs fignes. 37. Aveu de Socrate fur le prognoftic de Zopyre. 38. De la cheiromantis. 39. Contradictions des cheiromantiens. 40. Prognoftics des lineaments. 41. Des lettres tracées dans la main. 42. Des marques des ongles. 43. Préceptes de cheiromantie, 44. Leur contrariété. 45. Marque de longue vie. 46. Raifon phyfique: 47. Sentiment d'Ariftote fur les articles.48.Vanité de cet art. 49. Fanffe application de deux paffages de la fainte écriture. 50. Divinations des mourants. 51. Mouvements des mon rants obfervés par les Gaulois. 52. Prédiction de Gabienus. 43. Prédica tion de Jean Hus. 54. Ajournement de Clement V. & de Philippe le Bel. 55. De Ferdinand IV.roi de Caftille 56. Prédictions vraiment naturelles. 57. Sagacité de l'écuïer de Darius. 58. Lettre d'un Quacker.

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Raifons

fervatifs portés par ceux qui triom- Lavent n'a pu être déracinée dans phyfiques A curiofité de l'efprit humain pour

phoient, & par les enfants. 20. Talifman d'Apollonius. 21. Talismans de Virgile. 22. Talifman contre la cholique. 23. Talisman de Conftantinople. 24. Talismans trouvés à Paris. 25. Opinion probable fur les talif mans. 26. De la phyfiognomie. 27. De la métopofcopie. 28. Des portraits du peimre Alexandre. 29. Prognoftic fur Sylla. 30. Incertitude de la phy fiognomie. 31. Elle n'est pourtant pas fans quelque effet. 32. Justesse du coup d'œil de Matthias Corvin. 33. Prognoftic de Céfar fur Antoine, Dolabella, Brutus, & Caffius. 34 Pro

Tom. I

[a] Ariftot. probl § 30.9. 1. [b] Plutarch. de oraculor, defects. [c] Paufan, in Boot,

les fiécles les plus éclairés. Quelques philofophes ont prétendu expliquer les caufes des prédictions par des raisons phyfiques plus éloignées de la verité, que les prédictions elles-mêmes.

Ariftote [2] attribuë la connoiffan ce de l'avenir à une humeur mélancholique, qui rend l'efprit plus fubtile. Plutarque [b]à une vapeur terreftre attirée par le foleil, & reçûë dans un corps bien difpofé, laquelle excite un grand mouvement dans les efprits . Paufanias [c] eft du même fentiment. Pline [d] croit que c'est une yvrelle PPPP

[d] Faticidi fpecus, quorum exhalatione temulenti futura præcinunt, ut Delphis nobiliffimo oraculo. Quibus in

des prédic

tions.

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