740 Prédiction duc de Clarence. vre d'horofcopes, que Luc Gauric fit Un devin aïant dit [ƒ]à Edouard IV. caufe de la que le nom de fon fucceffeur commenmort du coit par un G, il condamna à mort George duc de Clarence fon frére qui choifit de mourir dans un tonneau de malvoifie mais Richard duc de Gloceftre autre frére d'Edouard IV. fit mourir fes neveux Edouard V. & Richard, & ufurpa la couronne. Ce récit qui eft tiré de Pafquier, ne s'accorde pas avec l'histoire [g] d'Angleterre, qui fans parler de cette prédiction rapporte qu'après une longue fuite de à mécontentements & de foupçons, E. douard fit arrêter le duc de Clarence; que le parlement d'Angleterre le condamna à mort; qu'Edouard lui aiant donné le choix du genre de mort, le duc préféra d'être fuffoqué dans un tonneau de malvoifie que cette mort caufa par la fuite la perte des enfans d'E. douard, parce que le duc de Gloceftre he les eût pas fait mourir, fi la mort du duc de Clarence ne l'eût pas approché 75. Prédiction du thrône. Richard Cervin le jour de la naiffande Richard ce de Marcel fon fils, dit à toute fa faCervin. mille [b]: Il m'eft né aujourd'hui un fils, qui fera pape, & qui ne le fera pas en effet. L'événement vérifia ces propofitions contradictoires, en ce que le pontificat de Marcel II. ne dura que vingt-deux-jours. La mére de Marcel Cervin aîant voulu le marier, il répondit qu'il n'avoit garde de mettre obftacle à la haute fortune qui l'attendoit. La prédiction de Richard Cervin fur ce fils fut imprimée dans unli Un docteur de Louvain tirant en mê 95. Horofcop me temps l'horofcope de trois jeunes ec- des trois clefiaftiques, il leur prédit à touts trois papes. qu'ils feroient papes. Ils le furent en effet touts trois. C'est ce qu'on appelle l'horofcope des trois papes, qui ont été Léon X. Adrien VI. & Clement VII, Angelo Catto archevêque de Vienne fait plusieurs prédictions rapportées par les uns à fa fainteté, & par les autres à la fcience de l'aftrologie judiciaire. Il annonça, dit-on,à Louis XI. la mort du duc de Bourgogne tué devant Nanci, à la même heure qu'elle étoit arrivée. Mézerai [i] & le Pére Daniel doutent beaucoup de cette prédiction, à caufe du filence de Philippe de Commines, qui lui en attribuë quelques autres, & qui lui avoit dédié fes mémoires. Varillas a écrit [k] qu'Angelo Catto avoit quitté le fervice du duc de Bourgogne, parce qu'il avoit connu par l'aftrologic judiciaire, que ce duc feroit tué en une bataille. Philippe de Commines [7] qui adreffe la parole à cet archevêque dans fes mémoires, parle ainfi du prince de Tarente, qui prit congé du duc de Bourgogne avant la bataille de Morat: Auffi di- » fent aucuns qu'il ufa de votre conseil, » monfeigneur de Vienne, car je lui » ai oui dire & témoigner, quand il fut devers le roi arrivé, & au duc», », d'Afco [f] Pafquier, recherch. liv.6.ch. 25. [b] Thuan, lib. 15. Le Vayer. de l'inftruct. Jonfton. thaumatogr, natur. claffi 1.c. 8. [i] Mézer. le P.Dan.régne de Louis XI. [k] Varill hiftor.de Louis XI.1.2.liv.7.p.191. 77. d'Afcoli, appellé le comte Julio, & à plufieurs autres: & que de la prémié>> re & feconde bataille avez écrit en "Italie, & dit ce qui en advint, plu. » fieurs jours avant qu'elles fuffent fai >> tes. Prédictions. Pafquier [m] avance que fon pére rapportées avoit annoncé à Brulard qu'il feroit Far Palquier chancelier, plus de trente ans avant qu'il parvint à cette grande charge.. Ce même auteur [a] raconte que le duc de Nemours foupant avec les prin cipaux officiers de fon armée à Carpi, chez Albert de la Mirandole, on fit venir un aftrologue, qui prédit qu'il y auroit bataille le vendredi faint ou le jour de pâques. Il lui fut demandé qui la gagneroit; Il répondit ces propres mots:,, Le camp demeurera aux François, & y feront les Efpagnols la plus groffe & lourde perte qu'ils firent, cent ans a, mais les François " n'y gagneront guéres. Car ils per"dront beaucoup de gens de bien & » d'honneur, dont ce fera grand dom,,mage. Le feigneur de la Palyffe lui demanda s'il demeureroit point à cette bataille, il lui répondit que nenny, & qu'il vivroit encore douze ans pour le moins, mais qu'il mourroit en une "autre bataille: Autant en dit-il au fei"gneur d'Imbercourt: Le chevalier Ba» yard s'en mocquoit, auquel le duc de Nemours dit, qu'il s'informât de fa fortune. Il ne faut point, répondit-il, que je le demande, car je fuis affuré que ce ne fera jamais grand'chofe: mais » puifqu'il vous plaît, monfeigneur,que » je le faffe, je le veux bien: & fe tour»nant vers l'aftrologue, monfieur notre maître, dites-moi fi je ferai un grand " riche homme. Il répondit, tu feras ri " رو Tom. I. che d'honneur & de vertu, autant que capitaine qui foit en France, mais des «< biens de fortune, tu n'en auras guéres, « auffine les cherche tu pas: & fi te veux << bien avifer que tu ferviras un autre roi après cettui-ci qui régne, & que tu fers, lequel t'aimera & eftimera beaucoup, mais les envieux empêcheront " qu'il ne te fera jamais de grands biens, « ni ne t'élevera pas aux honneurs que «< tu as mérités. Toutefois crois que la faute ne procédera pas de lui. Et de cette bataille, replique Baïard, en réchaperai-je, oiii (dit-il) mais tu mourras en guerre dedans douze ans pour le " plus tard, & feras tué d'artillerie. Car << autrement ne finirois-tu pas tes jours, « pour être trop aimé de ceux qui font fous ta charge, lefquels pour mourir ne te lairroient en péril. Il tira à part le feigneur de la Palyfle & le chevalier Bayard, & leur dit de prendre garde « de près au duc de Nemours en cette action, parce qu'il étoit en grand danger d'y demeurer. Le duc de Nemours demanda en fouriant, ce qu'il leur difoit: Bayard changeant de propos, lui répondit, Monfeigneur, c'eft mon- « fieur de la Palyffe qui lui fait une «<< queftion, fçavoir s'il eft autant aimé de ce Refuge que de Vignerols, & il lui a dit que non, dont il n'eft pas trop content. دو Cet aftrologue étoit bien plus habile que les autres. Sans examiner les figures de nativité, & fans aucune forte de préparation, il prédifoit l'avenir au prémier venu, qu'il ne connoifsoit point, avec la même jufteffe de circonftances, qu'un homme aïant la mémoire fort füre pourroit raconter le paflé. Je fuis étonné qu'an auteur aussi Oooo " c [m] Pafquier, lett, liv. 6. [n] Pafquier, recherch, liv. 8, c.41. Luc Gauric aïant tiré l'horofcope d'Henri fecond par le commandement de la reine Catherine [p], avoit prédit que ce monarque feroit tué en duel, & d'un coup dans l'œil. Naudé prétend qu'au lieu d'une prédiction qui par l'évenement fut trouvée fi jufte non-obftant fon peu de vraisemblance, l'aftrologue avoit promis à Henri une longue vieilleffe, & une mort tranquille. Le préfident [9] Ranconnet prédit Prédictions de lui-même qu'il feroit mis à la Baf Ranconnet, tille. du préfident Marivaux, .zel. de l'Abbé de L'abbé de Marivaux & Goizel pro& de Goi- gnoftiquérent l'évasion [r] du duc de Beaufort de la Baftille. L'abbé de Marivaux étoit fi perfuadé de la certitude de sa prédiction, qu'il l'avoit publiée avec toutes fes circonftances; & quelques uns de fes amis l'aïant rencontré au cours, le jour qu'elle eut fon effet, & lui aïant dit tout haut, que M. de Beaufort étoit encore à Vincennes, il leur répondit froidement, qu'il n'étoit pas encore quatre heures, & qu'il faloit qu'elles fuffent paffées pour mort du Cardinal de Richelieu. Aïant vû la figure de Cinqmares, fans fçavoir de qui elle étoit, il répondit que cet homme là auroit la tête tranchée. Morin fe méprit de feize jours feulement à la mort du connétable de Lefdiguéres, & de fix jours à la mort de Louis XIII. Gaffendi & plusieurs autres ont objecté à Morin un grand nombre de bévûës. Cet aftrologue pour toute réponfe à Gaffendi qui faifoit fort l'entendu contre l'aftrologie judiciaire, prédit que Gaffendi mourroit [s] à la fin de Juillet ou au commencement du mois d'Août 1650. & il eut la honte de voir que Gaffendi fe trouva guéri en ce temps-là d'une maladie, fur laquelle la prédiction étoit apparemment bien plus fondée que fur la vertu des altres. Gaffendi a vécu fix ans depuis & eft décédé en 1656. âgé de 64. ans. le. Il eft fort vraisemblable, que les 81. aftrologues contemporains de Jean Pic Réponse des attrologues comte de la Mirandole, attendirent que au comte de ce fçavant adverfaire fût mort, pour la Mirandoprédire qu'il mourroit à trente deux ans; ce qui fut toute la réponse qu'ils fe font vantés d'avoir oppofée à fes livres. Ce fut Lucius Bellantius Siénois, [t] qui dit, foit avant fost après l'événement, que le comte de la Mirandole ne pafferoit pas la trente troi fiéme année. 82. A l'empe lius. Vitellius faifoit mourir tous les af trologues qu'on pouvoit découvrir [4]. reur Vice Il étoit furieufement irrité de ce qu'auf fitôt après la publication de l'édit, qui leur ordonnoit de fortir d'Italie au plus [r] Mémoir. de Joly, t. 1. p. 19. [s] Bayle, penf. fur la cométe. [t] Le Vayer, de l'inftruction, de M. le Dauphin, ch. de l'aftrologier [u] Suet. in Vitell Les Canni bles que nous tions. tard le prémier d'Octobre, il avoit paru une affiche, où ils lui ordonnoient de fortir du monde avant ce même jourla. Vitellius, fuivant la prédection, auroit dû mourir avant le prémier Octobre; mais il ne fut tué que vers la fin de Décembre [x] de la même année. Xiphilin [y] & Zonaras [z] n'ont pas laffé de marquer que Vitellius étoit mort dans le temps de la prédiction. Les Cannibales ont des prophétes bales moins [4] qui fe prefentent rarement au peuincerrigi- ple, & qui font leur féjour dans les ur montagnes: ces devins leur prognoftiles prédic- quent les événements de leurs entreprifes; mais fi la prédiction fe trouve fauffe, & que le prophéte puiffe être attrappé, il eft hache en mille piéces. Pour nous beaucoup plus incorrigibles fur l'article des prédections, à peine pouvons nous être détrompés par la vanité évidente de l'art aftrologique & par les exemples de fes menfonges. 84. Faufeté des ques. Combien de profpérités, dit [b] Cipréictions Céron, ai je entendu prédire à Pompée, aftrologi à Craffus, à Céfar lui-même, par les aftrologues, qu'aucun d'eux ne mourroit que dans une vieilleffe confommée, tranquillement dans fon lit, & dans toute la fplendeur de fa fortune? Après tant d'exemples de la fauffeté de cet art, peut-il encore fe trouver quelques perfonnes qui y ajoutent foi? 85. Réponse de Calkus. Caffius répondit à un aftrologue qui lui confeilloit de ne pas donner bataille, que la lune n'eût paffé le fcorpion: As-tu bien confideré, que ce ne font pas les fcorpions que nous avons à crain dre, mais les flèches des Parthes? Horoscope mort. Tacite [c] appelle l'aftrologie trom- 85. peufe dans fes promeffes, & infidelle de Metius aux grands. L'empire avoit été pré- cufe de fa dit à Metius Pompafianus. Vefpafien n'en conçut contre lui aucun foupçon [d], mais cet horofcope fut une des caufes pour lesquelles Domitien le fit mourir. 87. Manuel : L'empereur Manuel [e] aïant confulté les aftres, fit fortir du port de L'empereur Conftantinople une flotte dans laquel- trompé par le confiftoit la principale force de l'em- l'aftrologie. pire. Il examina de nouveau l'état du ciel, & y appercevant une difpofition plus favorable dans le temps qui de-, voit fuivre peu après, il envoïa un contr'ordre à celui qui commandoit la flotte, & la fit rentrer dans le port. Lorfque toutes chofes furent bien arrangées dans le ciel pour lui promettre le plus heureux fuccès, il remit fa flotte en mer; mais à peine cut-elle fait voile du côté de l'ennemi, qu'elle f entiérement défaite, & que la plûpart des vaiffeaux furent brulés, pris, ou coulés à fond. fut [x] Tac. hiftoriar. lib. 3. [a] Montagn. liv. 1. ch. 30.. [Quàm multa ego Pompeio, quàm multa Craffo quàm multa huic ipfi Cæfari à Chaldæis dicta memini, neminem eorum, nifi fenectute, nifi domi nifi cum claritate effe moriturum, ut mihi permirum videatur quemquam extare, qui etiamnum credat iis, quorum prædicta quotidie videat & re & eventis refelli. Cic. de divinat. lib. 2. [c] Genus hominum potentibus infidum, fperantibus fallax. Tac. hiftoriar. lib. 1. [d] Suet. in Vefpaf. & in Domit. [e] Juft. Lipf. monit. & exemp. pol tic. lib. 1. Joann. Jonfton. thaumatogr.natur. claffi 1. c. 8. [f] Mariana de reb. Hifpanic. lib. 24 f.23. ad ann. 1483. que. 92. A l'entrée du conclave où Paul V. Prédiction fut élu, il y eut un homme, qui donna conje&urale donnée pour au cardinal de Joyeuse un billet contenant, que le pape qu'on alloit élire s'appelleroit Paul, & portoit en fes armes un aigle. On découvrit que cet homme n'avoit jamais penfé au cardinal Borghéfe, qui fut Paul V. Mais que fa prédiction conjecturale, qu'il donnoit pour aftrologique, regardoit le cardinal de Vérone, de la noble maifon de Valiéri de Venife, lequel avoit un aigle pour armes, conjecturant que [g] Aftrologiæ cognitio quam tùm habebam, & ut mihi videbatur, & omnes aïebant me non exceffurum quadragefimum vitæ annum, certè non ad quadragefimum quintum perventurum, multum obfuit. Cardan, de vitá propriâ, c.10. [b] Thuan. lib. 62. [i] Montagn. liv. 1. c. 11. [k] Patere mathematicos (aït jocofe Seneca) aliquandò vera dicere. Patior: ce cardinal qui étoit un grand personnage feroit élu, & qu'alors il prendroit le nom de Paul, en mémoire de Paul II. qui avoit été le dernier pape Vénitien. 03. Il n'y a pre 33 faffe di Combien de prédections célébres trouvées après les événements dans gnoftiquear Noftradamus!,, Il n'y a prognofti- à qui l'on ne queur, dit Montagne, s'il a cette re tout autorité qu'on le daigne feuilleter, &,, ce qu'es rechercher curieufement touts les plis & luftres de fes paroles, à qui on ne faffe dire tout ce qu'on voudra, comme aux Sibylles. Il y a tant de moiers » d'interprétation, qu'il eft mal aifé que >> de biais ou de droit fil, un efprit ingénieux ne rencontre en tout fujet quel que air qui lui ferve à fon point.» 94. gues four Quelquefois même les aftrologues rencontrent la vérité par hazard. Car Lesaftrolo ils pourroient se vanter [i] d'une forte roient fe de certitude, s'ils mentoient tou- vanter de quelque cer jours. titude, s'ils toujours. Paffons aux aftrologues quelques estoient vérités fortuites. [k] Comment de tant de flêches tirées à l'avanture quelqu'une n'attraperoit-elle pas le but? |