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52. Des noms

trologues

de? Cet air a-t-il agi fur les bras de la garde, pour lailer tomber l'enfant ? Quelle quantité d'expériences n'eut-il pas fallu pour conduire l'aftrologue à une décision fi affurée dans des circonftances d'un effet fi peu naturel, dont il ne fe trouve apparemment aucun au, tre exemple dans la même figure gé, nethliaque?

Les astrologues cherchent à s'autoilluftres rifer par de grands noms. Ils citent dont les af Adam [4], quia prédit le déluge uniShonerent, Verfel & l'embrafement qui doit arri, ver à la fin du monde. Mais outre que le témoignage de l'hiftorien Jo. feph qui parle de cette faience aftro logique d'Adam, eft fort douteux à cet égard, Adam peut avoir prédit le déluge, & l'embrafement du monde par la révélation de Dieu,qui lui découvrit plufieurs connoiffances.

L'exemple [x] des fils de Seth,d'Abraham, & de Moyfe ne doit fe rap. porter qu'à l'aftronomie, & non a l'aftrologie judiciaire.

L'artifice des feiences vaines & trompeufes a été dans touts les fiécles, d'at. tribuer des livres apocryphes aux noms les plus illuftres. Au lieu de bonnes raifons que les aftrologues ne peuvent donner, die le fameux comte [y] de la Mirandole, ils cherchent à en im pofer par de grands noms d'auteurs,

[u] Jofeph.antiq.lib.1.c. 2.

[x] Raguf, de divinar, lib. 1. epift. 3. Ey] Quoniam quæ produntur ab iis, rationibus confirmari non poffunt, five ipfiilla vera credunt, five credi volunt ab aliis, libros hujusmodi fabularum viris clariffimis & antiquiffimis adfcribunt, -& fidem errori fuo de fictis autoribus au cupantur. Joann. Pic. Mirandul, adverf aftrolog. lib. 1.

[z] De ftellarum affectibus fecundum lunam.

[a] Origine en parle dans fa 28. homélie fur les nombres. Qui enim fecit multi

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qui ne penférent jamais à compofer les livres qui leur font attribués.

Ceft ainfi qu'on a mis un traité aftrologique [2] fous le nom d'Hippocrate. A la vérité on trouve dans cet ancien auteur, quelques obfervations fi vaines fur les rapports & les influences des corps céleftes, que ce n'est pas lui faire beaucoup de tort, que de le faire paler pour l'auteur d'un lis vre d'aftrologie. Du temps d'Origé ne [4], on attribuoit au patriarche Enoch des ouvrages d'aftrologie.

Eufebe[b] rapportant les raisons d'O. rigene, pour refuter l'aftrologie judį, ciaire, fait. connoître qu'Origene par loit d'un livre fuppofe fous le nom du patriarche Jofeph, dans lequel Jat cob difoit à fes enfants[c]: J'ai lu dans les regiftres du ciel, tout ce qui doit vous arriver, & à votre pofterité..

Quel avantage n'a point la langue Hebraique, fuivant les Rabbins, qui difent que les nuées font pleines de lettres Hébraïques [d], qui montrent la connoiffance de l'avenir à ceux qui fçavent y lire, & que les étoiles mêmes font rangées en forme de lettres Hébraïques. Ils citent à ce sujet ula palage [e] d'Ifaïe, où il eft dit: Tou tes les étoiles du ciel feront comme languiffantes, les cieux fe plieront & fe rouleront comme un livre.

Nnnn 2

tudinem, ftellarum, ( ut ait propheta omnibus eis nomina vocat. De quibys quidem nominibus plurima in libellis qui appellantur Enoch, fecreta continentur & arcana: fed libelli ipfi non videntur apud Hebræos in autoritate haberi.

[b] Eufeb. praparat. evangel, lib. 6. [c] Legi in tabulis cœli quæcunque contingent vobis,& filiis veftris. Euseb. loc. citat.

[d]Gaffarel curiofités inoüies,ch.12. & 13. [e] Et tabefcet omnis militia cœlorum, & complicabantur, ficut liber cœli. Ifai. c. 34. v.

53.

des grands

Plufieurs fçavants doutent [f]que le livre Quadripartite où Ptolémée traite d'aftrologie judiciaire, foit véritablement de cet auteur; ils n'y reconnoiffent ni fa façon de penfer, ni fon style..

Mais fi les aftrologues nous en imEntêtement pofent au fujet des auteurs qui ont pour l'aftro-traité de cet art, ils peuvent fe van logie. ter à jufte titre du foible que les fouverains & les grandsont témoigné dans touts les fiécles, pour les chiméres de l'aftrologie.

Lycurgue par une de fes loix dé. fendit [g]aux Lacédémoniens de com. battre avant la pleine lune.

Tibére étoit fort adonné [b]à l'aftrologic: la plupart de les fucceffeurs, Caligula, & furtout Domitien en fu

rent auffi fort entêtés.

L'empereur Adrien [i]écrivoit de fa main le prémier de Janvier, tout ce qui devoit lui arriver pendant le cours de l'année; & en celle où il mourut, on trouva que les prédictions n'alloient que jufqu'au temps de fon trépas.

Caracalla examinoit [k] les figures généthliaques de ceux qui tenoient le prémier rang dans l'Empire. Il jugeoit ainfi de leur bonne ou mauvaise volonté à fon égard, élevant les uns, abbaiffant les autres, jufqu'à en faire mourir quelques uns fur ce malheureux fondement.

Mathias Corvin roi de Hongrie n'entreprenoit rien que guidé par les af. trologues. Louis Sforce duc de Milan, prenoit en tout leurs avis. Le pape Paul III. fort curieux d'aftrologie judiciaire donna un évêché à Luc Gauric célébre astrologue.

Dans la cour de Catherine de Mé.

[f] Bodin, de la républ, liv,4,ch.z. [g] Lucien, de l'aftrologie: [6] Suet in Tibc.69.

dicis, où cependant le gout des fciences régnoit, les dames confultoient fur toutes leurs démarches, les aftrologues qu'elles appelloient leurs barons.

Le maréchal de Biron qu'Henri le Grand nommoit le plus tranchant inf trument de fes victoires, avoit une extrême crédulité pour toutes les prédictions des aftrologues: & Henri le Grand lui-même ordonna àla Riviére fon prémier médecin & grand faiseur d'horofcopes, de travailler à celui du dauphin, qui fut depuis Louis XIII.

Jean Morin médecin & profeffeur roïal de mathématique à Paris, fe fit un accès par l'aftrologie chez les cardinaux de Richelieu & Mazarin, l'un & l'autre fort prévenus pour l'astrologie judiciaire. Le cardinal Mazarin donnoit à Morin une penfion de deux mille livres.

Le cardinal de Richelieu ne partit pour le voiage de Perpignan, qu'après. avoir confulté cet oracle aftrologique. Le comte de Chavigni fecretaire d'Etat régloit par les avis de Morin toutes fes marches, & ce qu'il regardoit comme le plus important, les heures des vifites qu'il rendoit au cardinal de

Richelieu.

Toutes les affaires de conféquence à la Chine fe décident par les obfervations aftrologiques. Bernier dans la relation des états du grand Mogol, témoigne que la plupart des Afiatiques confultent les aftrologues dans toutes leurs entreprifes. Tavernier dit la même chofe des Perfes, & il rapporte qu'en 1667. le roi de Perfe étant malade, les médecins & les aftrologues convinrent enfemble d'une heure propice pour recommencer les cérémonies

[i] Spartian.in Adrian.

[k] In excerptis Conftantini, p.757.

54.

Prédictions de l'aftrologie.

55. Des Chal

xandre.

de fon couronnement, & qu'ils changérent le nom du prince.

L'aftrologie tire encore plus de vanité d'un grand nombre de prédictions célébres, que l'hiftoire a rapportées.

Les Chaidéens avoient averti [Alédéens à Alexandre de ne point entrer à Babylone, où ce conquérant mourut. Il eut assez d'égard à leur prédiction, pour s'eloigner d'abord de cette ville, mais la force de fa deftinée l'y ramena, perfuadé par les philofophes Grecs, & entr'autres par Anaxarque, que toute la fcientoute la fcience des Chaldéens n'étoit que vanité. Spurinna prédit à Céfar [m], que les De Spurin- Ides de Mars le menaçoient d'un grand danger. Le matin de cette journée-là, qui fut celle où Céfar fut affaffiné, il dit à Spurinna en raillant: Eh! bien, Spurinna, voilà les Ides arrivées : Elles font arrivées, répondit Spurinna, mais elles ne font pas paffées.

56.

naà Céfar.

57. De Nigi

vius.

Octavius pére d'Augufte [n] étant dins Figu- venu tard au fénat, & s'étant excufé fur lus à Ota- les couches de fa femme, Nigidius Figulus un des fénateurs, très verfé dans la connoiffance des cieux, lui dit: Que ce jour-là il avoit vû naitre dans fa maifon le maître de Rome. Octavius ne vouloit pas que cet enfant fût élevé, mais il confentit à le laiffer vivre, fur ce qu'on lui remontra que l'accompliffement de cette prédiction étoit impoffible.

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59. De Thra

Thrafylle étant auprès de Tibére,qui étoit alors exilé dans l'ifle de Rhodes [p], fylie à Ti il lui annonça qu'un vaiffeau qu'il ap- bére. perçut de loin portoit les ordres d'Augufte pour fon rappel. L'aftrologie pouvoit n'avoir guéres de part à cette prédiction non plus qu'à bien d'autres.

60,

De Thra

Tibére demanda un jour à ce même aftrologue [9], s'il connoiffojt fa propre fylle fuc deftinée. La réfolution de ce prince étoit lui-même. de le faire jetter dans la mer,en cas qu'il le furprit en difant quelque menfonge; car Tibére avoit mené plufieurs aftrologues fur un lieu efcarpé, d'où il les faifoit précipiter dans la mer par unefclave fort & robufte, lorsque ces aftrologues lui paroiffoient des ignorants ou des mentcurs. Thrafylle contemplant les aftres commença à douter, puis à frémir, enfin il s'écria qu'il étoit menacé d'un grand danger. Alors Tibére l'embraffant le félicita d'avoir prévû le péril, & lui donna depuis la confiance.

61. Obferva

Obfervons à cette occafion ce qu'on doit penfer des prédictions aftrologi- tion furle ques. Les unes n'ont été autorisées que prédictions aftrologipar des bruits populaires, les autres par que des hiftoriens crédules, & par des récits qui n'ont aucun fondement; le plus grand nombre a été debité après l'événement; enfin les devins ne manquent pas d'attribuer à leur fcience aftrologique, ce qu'ils peuvent découvrir par leur expérience, par les connoiffances fecrétes qu'ils ont des chofes, fur lefquelles on les confulte, ou par leur pénétration.

4

62.

Il y a lieu d'attribuer à cette derniére caufe,& non à l'aftrologie judiciaire, Découverte la découverte d'un thréfor, dont il eft for. Nnnn 3

[1] Diod. Sic. lib. 17. [m] Suet. in Jul, c. 81. [n] Dio Caf. lib. 45.

[o] Dio Caff. lib. 57. [p] Dio caff. lib. 55. [q] Tac, annal, lib.6.

61.

tion d'un

parlé dans l'hiftoire de France [r]. On voioit dans la Pouille une ftatuë de marbré aïant cette infcription: Aux Kalen des de Mai, j'aurai la tête d'or. Un Sa rafin cn donna l'explication à Robert Guifcard, en lui difant que fi au prémier de Mai on fouilloit la terre au le ver du foleil, à l'endroit où donneroit l'ombre de la tête de cette ftatue, on y trouveroit un thréfor; & le thréfor y fut trouvé..

Caligula fit conftruire fur le golphe Confruc de Baics un pont de bateaux de trois pont de ta- mille fix cents pas, qui alloit depuis teaux fur Baies jufqu'à Pouzol. Le motif qui le le golphe de Baies. porta à cette entreprise fut [s] que Thrafylle étant confulté par Tibére fur le nom de celui qui feroit fon fucceffear, & en particulier fur Caligula, -Thrafylle lui avoit répondu, que Caligula ne feroit non plus empereur,qu'il fe promeneroit à cheval fur le golphe

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qu'on le portoit au bucher, unorage furvint qui difperfa touts ceux qui avoient été chargés de ces funérailles, & le corps d'Afclétarion fut pendant ce trouble dévoré par les chiens.

66.

Un akto

difficile.

Un autre aftrologue, dit-on, fetira mieux d'affaire. Un fouverain lui aiant logue fr demandé,s'il connoiffoit le temps de fa re d'un pa propre mort, & le prince étant résolu de ne le point épargner, pour leconvaincre de menfonge,& de lui faire perdre la vie, ou la reputation: Seigneur, répondit-il, je vois clairement que ma mort arrivera deux heures avant la vôtre.

67.

fur Severe

lie.

Septime Sévére, qui fut depuis empereur [y] aiant montré la figure de fa Prédictiers nativité à un aftrologue d'Afrique, cet & fur fa homme qui fut furprisd'y trouver tant femme ja de grandeur, lui dit d'agir de bonne foi, & de lui expofer les chofes telles qu'elles étoient. Septime l'aïant affuré que c'étoit la vérité la plus exacte, l'Africain lui prédit toutes les élévations qui lui arrivérent depuis. Le même empereur époufa Julie Syrienne [z], parce qu'il apprit, que par fon horofcope, elle étoit deftinée à porter une couronne.

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l'impé atri

ce Eudo

Le pére d'Eudoxie grand aftrologue Prédiction aïant remarqué [a] que fa fille Athé du père de naïs avoit pour figure généthliaque le foleil dans le lion à la pointe du milieu xie. du ciel, avec Venus maîtreffe de la feptiéme maifon,qui fe rapporte au maria. ge, & le bafilic étoile roïale, touts en trine avec Jupiter, qui dans le fagittaire dominoit la feconde maifon, dont les biens d'acquifition dépendent, tout le refte des planétes formant des configu

[y] Spartian. in Sev.
[z] Id. loc. cit.

[a] Le nobl, tabl. des philof. liv. 6.

Il n'est fait aucune mention de cet horoscope, en parlant d'Eudoxie, ni par Socrate, lib. 6.7. c. 21. ni par Evagrius, lib, 1, c. 20. mi par Nicéphore, lib. 14. c. 23.

69. Prédiction

rations, qui ne s'oppofoient point à l'excellence de ces promeffes, il désherita cette fille fortunée, pour donner tout fon bien à fes fils, ajoutant qu'il la privoit de fa fucceffion, parce que le ciel lui deftinoit une bien plus grande fortune, que celle qui pouvoit lui prove nir du partage de fon patrimoine. Athé nais aiant été traitée fort durement par fes frères, qui fe prévalurent de ce teftament avec la plus grande rigueur,elle alla à Conftantinople demander juftice à l'empereur Théodofe II. & ce jeune monarque en écoutant fa requête & fes raifons, fut fi charmé de fa beau té & de fon efprit,qu'il l'époufa, & don na un entier accompliffement à la prédition du pére d'Athénaïs, qui étant impératrice fut appellée Eudoxie.

Etienne d'Alexandrie fameux aftrode l'empire logue, fous l'empereur Héraclius,a prédes Sara- dit la grande étendue & le haut dégré de puiffance, à laquelle parviendroit l'empire des Sarafins.

fins.

Le P.Mariana [b] rapporte qu'Alfonfe X. roi de Caftille, aiant connu par l'aftrologie judiciaire, qu'il feroit dépoffédé de fon roîaume,devint fi défiant & fi cruel, qu'il ruina fes affaires, par de nombre d'ennemis qu'il s'attira. Ileft fort poffible qu'une prédiction qui n'eft qu'une chimère, devienne un mal très réel, par la conduite qu'elle fait tenir. Bajazeth fit quartier au comte de qui fauva Nevers prifonnier, à caufe d'une prédi

70.

Prédiction

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L'archevêque de Pife [c] aïant fait ti rer fon horofcope,il lui fut prédit qu'il fur un arferoit pendu, ce qui arriva dans une fe- chevêque dition, fous le pontificat de Sixte IV.

de Pife.

72. Sur un cor

Un Boulonnois fils d'un aftrologue [d], fut averti par fon pére qu'il étoit delier de menacé d'une mort violente & publi. Boulogne. que. Le Boulonnois, quoiqu'il n'eût rien que de vertueux dans fes inclinations, pour rendre cette menace encore plus vaine, fe fit cordelier, & vêcut faintement. Cependant la ville de Boulo, gne étant divifée en deux factions, l'une des deux envoïa une ambaffade au pa, pe. Le cordelier fut du nombre des dé putés. Le lendemain de fon retour, la faction oppofée émut une fédition, & le cordelier avec les autres députés, fuc pendu fans forme de procés.

73. Léoni ne

Le médecin Pierre Léoni natif de Spo léte [e] quitta Venife où il étoit en répu- peut éviter tation, & s'établit en terre ferme, parce la destinée. qu'il reconnut à la figure de fa nativité qu'il mourroit dans l'eau. Il fut appellé pour venir traiter Laurent de Médicis qui étoit malade Léoniaffura qu'il n'y avoit rien de dangereux à cette maladié,& Laurent néanmoins étant mort, ce médecin tomba, ou fut jetté, ou fe précipita lui même dans un puits.

[6] Id foreaftra memorant portendiffe ejus artis non ignaro, fi ars eft & non potius inane mortalium ludibrium, quod à prudentibus femper accufabitur, & femper tamen patronos habebit. Ex eo ferunt fufpicacem effe redditum, atque ex metu fufceptâ crudelitate, magnam

ejus odii partem concitaffe, quæ illi calamitati fuit. Mariana de reb. Hifpanic.lib.

14. C. 5.

[e] Le nobl, tabl. des philof. liv. 6. [d] Le même à l'endroit cité.

[e] Petr. Caftellan. de vitis illuftr, medicor. in Leonio.

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