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à ce détail d'événements, qu'ils entreprennent de prédire, les régles des prédictions ne pourroient leur être connuës: car ils ne les peuvent attribuer qu'à l'expérience; c'est leur dernier retranchement; mais qu'elle peut être l'expérience des aftrologues? La neuviéme fphére fuivant Ptolémée, n'achéve fa révolution qu'en 36000. ans, la huitiéme en 7000. ans, Saturne en 30. l'état du ciel n'a pas encore été femblable en deux nativités: & cependant la moindre différence, felon eux, caufe dans les deftinées des révolutions toutes contraires; comme il arriva à Jacob & à Efaii, qui en naissant dans deux moments fi proches l'un de l'autre, avoient des horofcopes très oppofés,& eurent en conféquence de leurs nativités, des fortunes fort différentes. Comme les mélanges des raions fe Jamais d'in-font d'une infinité de maniére, fuifluences vant les bons ou mauvais afpects, & parfaitement fem fuivant l'angle que le raïon du foleil fait fur les planétes, il ne peut arriver un même mélange de tant d'influences qui partent de tant de globes fi mobiles, & qui font traversées & refléchies en tant de maniéres, quand le monde dureroit un million de fiécles. Il s'enfuit donc qu'il n'y eut ja mais d'influences parfaitement femblables, & que l'aftrologie ne peut avoir aucune expérience.

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Il n'y cus

blables.

Définition

EC.

13. Si l'on raifonne phyfiquement fur les de l'influen- influences, les promeffes des aftrologues ne paroîtront-elles pas les vifions les plus extravagantes? L'influence eft l'émanation d'une vertu invifible, qui fort des corps céleftes, & qui s'infinuant dans les corps fublunaires,les dé termine à de certaines qualités qui leur

(t) Prolem quadripartit. lib. 1. c. 2. (#)... diftat enim, quæ

Sidera te excipiant, modo primos

14.

Opinion

font imprimées. Ptolémée [] tient les influences des corps céleftes fi néceffaires, que fans elles toute fécondité dans la nature cefferoit, & le monde périroit. Paracelfe avance une opinion finguliérement ridicule,que chaque homme a deux corps, l'un phyfique & de Parace élementaire, vifible & palpable, & qui tire fon origine d'Adam; l'autre mea dear invifible & célefte, qui tire fon ori- corps. gine des aftres. Quelques-uns de fes difciples difent, que ce corps aftral eft le génie de l'homme, fon lare do meftique, fon efprit familier.

fe, que cha

que hom

Les qualités des influences se réduifent aux combinaisons différentes du chaud, du froid, du fec, & de l'humide, qui font les quatre qualités primitives. On peut croire que les qualités de l'air, les vents, le pluies, le chaud, le froid, la féchereffe dépendent des influences des Planétes. Nous ne pouvons douter que ces qualités de l'air ne foient caufées principalement par le foleil & par la lune : rés de l'air mais il faut convenir que dans ces font mieux chofes-là mêmes, les conjectures des pay fans. aftrologues font fort trompeufes, & que des af que les prédictions des gens groffiers de la campagne font ordinairement plus juftes que les leurs.

Suivant Ptolémée, les influences déterminent le tempérament, non pas en agiffant immédiatement fur le corps de l'enfant, mais par la qualité qu'elles donnent à l'air [4], que cet enfant refpire au moment de fa naiffance.

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Les quali

connues des

trologues

Les aftrologues devroient être les plus fçavants médecins du monde, 16. par la connoiffance qu'ils fe vantent, Les aft logues de d'avoir du tempéramemt. Car celui vroientit qui peut difcerner la température des les meil

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leurs mé

decins on monde.

17.

Des qualités

ces.

quatre qualités primitives, & leur mé lange, dans la conftitution du corps, fçait l'effentiel de la médecine, & il en poffederoit la partie la plus utile, quand il ne feroit qu'indiquer les véritables degrés de cette température, à celui qui connoîtroit l'ufage, & l'application des remédes.

Je reprends les principes des aftrodes influen- logues. On ne peut douter des influen ces du foleil [x], fources de la fécon dité de toute la nature. Cette influence eft toujours favorable par elle-mé me, mais cette vertu féconde étant reçûë, & renvoïée par un aftre trop fec & trop froid, ou trop fec & trop chaud, ce qui étoit un principe de vie, devient par fa corruption un principe malfai. fant [y]. Comme un bon vin filtré au travers d'un linge empoifoné; de même l'influence, qui fort du foleil, étant portée par le raïon de fa lumière fur le corps de Mars, la chaleur excef. five & trop féche de cette planéte cor rompt ce principe de vie. Au contraire, lorfque le raion du foleil porte par un bon afpect fon influence fur une planéte, dont la chaleur & l'humidité font tempérées, telle qu'eft Jupiter, la bonté de cette planéte fortifie encore la bénignité de l'influence du soleil, & la rend plus heureuse

18.

Qualités de la lune.

19.

Le globe de la lune a beaucoup d'humidité [z], foit qu'il y ait quantité de mers fur fa furface, foit que dans la matiére dont il a été formé, il foit entré plus de corpufcules humides.

Saturne par les deux qualités de De Saturne froid & de fec, eft reconnu pour la

[x] Neceffe eft folem, qui moderatur noftra moderantes, omnium quæ circa nos geruntur, fateamur autorem. Macrob. faturnal. l.ș. c. 17.

[y] Les astrologues font téméraires da vancer, qu'il y a des planétes malfaifan

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21.

Mars augmente la chaleur des raions De Marsdu foleil, qu'il renvoie aux autres planétes & fur la terre, avec des influen ces arides, malignes, & brûlantes. Sa couleur paroît ardente & rougeâtre, ce qui porte à croire que la matiére dont il eft compofé, eft comme une espéce d'argile fulphurée, ou comme ces fables rouges, qu'on trouve en cer taines contrées, & que fa furface n'est arrofée d'aucunes eaux.

La planéte de Venus a moins de chaleur, & plus d'humidité que Mars; elle refléchit les raions du folen plus LII 3

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22. De Venus.

23.

féconds qu'elle ne les a reçus. Elle eft communément moins bienfaifante que Jupiter; fur quoi il y a une diftinction à faire: torfque la conjonction fe fait dans fon apogée, elle eft encore plus bienfaifante que Jupiter,parce qu'alors elle nous renvoie les raions du foleil heureufement témperés, & par une réfraction moins éloignée que celle de Jupiter: mais lorsqu'elle eft jointe au foleil dans le périgée, elle a très peu de pouvoir, parceque le foleil n'illuminant alors que la partie, qui n'eft pas vûe de la terre, elle ne peut ren. voier que les raions déja rompus, qu'el le reçoit des autres aftres. Sa puiffance se rétablit peu à peu, & fa bénignité augmente par les quadrats. La vivacité dont elle renvoie la lumière du foleil, jufqu'à petiller comme les étoiles fixes, & produire de l'ombre, fait connoître qu'elle doit être fort folide, unie, avec quantité d'eaux fur la furface; & que fa fuperficie eft d'un blanc mêlé de cou. leur d'or: ce qui opére le petillement du raïon. dur

De Mercure,

- Mercure eft d'une nature fort va ́riable, parceque faisant en très peu de temps fa révolution autour du foleil, dont il n'eft éloigné que d'environ vingt-huit degrés, & les forces chan geant fuivant la manière dont il reçoit & refléchit les raions du foleil, il fe fait en lui un changement continuel de puiffance & d'action; car quand il est en conjonction dans fon périgée, il ne peut nous renvoïer que les raïons, qu'il reçoit des autres planétes, dont il n'a pas la force de changer les influen ces ; & c'est par cette raifon, que les aftrologues conviennent, qu'il prend ai

[] Divifitque aquas quæ erant fub firmamento ab his, quæ erant fuper firmamentum, Gen. c 1. v.7.

24.

netes.

fément la nature des autres planétes, avec lefquelles il a des familiarités ou des configurations. Il eft de lui-même fec & chaud, en forte que s'il n'eft humeeté par l'afpect de Venus, de Jupiter, ou de la lune, il renvoie les raions du foleil.defféchés, & fes influences ne peuvent être que nuisibles, lorsque sa chaleur eft augmentée par un raïon malin de Mars, ou par les influences féches de Saturne. - L'humité des planéteseft fondée par De Thumi les aftrologues, fur deux paffages de la dité des piaGénefe: il eft dit dans le prémier [a], que Dieu fépara les eaux, qui étoient dans le ciel, de celles qui étoient audeffous: or ces eaux du ciel ne peuvent être dans des réfervoirs plus naturels, & plus probables, que dans les planétes. Le fecond paffage [b] porte, que dans le temps du déluge univerfel, toutes les cataractes du ciel furent ouvertes; ce qui s'entend vraisemblablement des amas d'eaux contenus dans les planétes, & d'autant plus que la colonne d'air, fuivant plufieurs phyficiens, ne Objection contrepefant que 3.1. piés & demi d'eau contre le toute cette colonne d'air convertie en vertel. eau ne pouvoit couvrir la terre, que jufqu'à la hauteur de trente & un piés & demi dans toute fa furface, ce qui n'eût fait que baigner le pié des montagnes & eût été bien différent de cette hauteur des eaux du déluge, qui furpafférent les plus hautes montagnes de quinze coudées.

Cette objection eft d'une petite importance dans une occasion miraculeufe, qui a été, non un effet naturel, mais un effet de la toute puiffance de Dieu. Cependant le Pelletier voulant

[6] Et cataractæ cæli apertæ funt. Gen. c. 7. v. 11.

25.

déluge un

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y répondre d'une maniére phyfique [c], & n'aïant pas imaginé, comme les aftrologues, de faire venir au fecours de la colonne d'air convertie en eau, toutes les eaux contenues dans les réfervoirs des autres planétes, il a nié la pefanteur de l'air, fuivant l'opinion d'un grande nombre de phyficiens modernes, & il a foutenu que les expériences, par lesquelles on a pré tendu prouver que la colonne d'air ne contrepéle que 31. piés & demi d'eau, ne doivent pas s'expliquer par la pefanteur de l'air, mais par l'action de la matiére fubtile, qui étend ou refferre Pair plus ou moins épais & groffier; que c'est donc le reffort de l'air & fa force élastique, qui produit les effets attribués à fa pefanteur, que par conconféquent on ignore quelle eft la pefanteur de la colonne d'air, & quel volume d'eau lui eft équivalent.

Jean François Pic [d] comte de la Mirandole fe mocque de ces prétendues propriétés, & de cette humidité des planétes. Toute cette hypothéfe de Ptolémée, dit-il, qui fert de fonde ment à l'astrologie judiciaire, eft plus digne des railleries, que des réfutations férieufes des philofophes.

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Mais accordons aux aftrologues, que les planétes & leurs influences aient les qualités qu'ils leur attribuënt, comme ces influences ne confiftent en autre chofe que dans les altérations différèntes, & les divers mélanges du chaud & du froid, du fec & de l'humide il eft inconcevable que ces qualités matérielles, qui ne peuvent qu'échauffer, reffroidir., deffécher, ou humecter, i-puiffent coopérer à la fortune, ou à L'infortune, caufer des exils, des pri

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fons, des morts violentes, des emplois, du bonheur dans le commerce, à la guerre, dans le mariage, & toutes autres chofes que les aftrologues fe mêlent de prédire.

26.

différentes

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Continuons d'expliquer les précep- Le corps tes de l'aftrologie judiciaire, avant que foumis aux de rapporter les objections qu'on leur dominations oppofe. Le corps humain, difent-ils, des planétes, eft foumis à différentes dominations. Suivant la tradition des Arabes [e], le foleil préfide au cerveau & au cœur, à la mouelle des os, à l'œil droit; Mercure à la langue, à la bouche, aux mains, aux jambes, aux nerfs, à l'i magination; Saturne à la rate, au foie, à l'oreille droite; Jupiter au nombril, à la poitrine, aux inteftins; Mars au fang, aux reins, au chyle, aux narines, aux paffions; Venus à la généra tion,à la chair, à l'embonpoint. Quoique la lune s'attribuë tous les membres, elle domine principalement fur le cerveau, le poulmon, l'eftomac, l'œil gauche, & la force de croître.

Hermés remarque, qu'il y a fept trous dans la tête, diftribués aux fept planétes; l'oreille droite à Saturne, la gauche à Jupiter, la narine droite à Mars, la gauche à Venus, l'œil droit au foleil, le gauche à la Lune, & la bouche à Mercure. Chaque figne du zodiaque a foin auffi des membres qui lui font fubordonnés. Pafons ce détail, pour venir à quelque chofe de plus important; c'est que Saturne a fous fon empire la mélancholie, Jupiter les honneurs, Marsla colere, le Soleil la gloire, Menus l'amour, Mercure l'éloquence, la lune les chofes qui font d'un ufage commun dans la vie.

Buxtorf [fl prétend que le naturel

[e] Agripp. philof. occult, liv... ch.22. [f] Buxtorf lexic. Talmud.

7:

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10.

27. Les roïau

tagées entre

de chaque homme fuit la planéte fous laquelle il eft né. Celui dont la nativité a été dominée par le soleil, eft beau, franc, génereux; par Venus, riche & lafcif; par Mercure, adroit & doué d'une excellente mémoire; par la Lune, valétudinaire & inconftant; par Saturne, infortuné; par Jupiter équitable & illuftre; par Mars, heureux & brave. C'est donc à tort que les influences des Mars font traitées de malignes & de contraires.

Les provinces & les roïaumes font ines, & les auffi diftribués aux influences célestes couleurs par-g]; & fuivant ce partage Mars avec les différende bélier gouverne la France. Les tes influen- couleurs même [b] appartiennent à ces des corps différentes planétes. Le noir est assigné à Saturne, le bleu à Jupiter, le rouge à Mars, la couleur d'or au Soleil, le verd à Venus, le blanc à la Lune, les couleurs mêlées à Mercure

célestes.

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crit, dans toutes fortes de pofitions de la fphére.

Ptolémée a divisé les maisons,non par égales portions du zodiaque, mais par les arcs diurnes & nocturnes, fuivant l'obliquité de la fphére,& fuivant la demeure réelle du foleil deffus & deffous la terre ce que les aftrologues Coperniciens entendent par le plus ou moins d'espace de temps,pendant lequel laterre préfente aux raions du foleil l'hémifphère que l'aftrologue a en vûë, ou ce qui revient au même, fuivant la plus grande ou la moindre étendue des arcs diurnes & nocturnes que décrit dans l'écliptique, le point du globe terref tre, que l'aftrologue considére.›

Mais pour expliquer plus clairement ce qui concerne ces douze maisons, je me conformerai à la prévention des fens, & je fuppoferai que c'eft le foleil qui parcourt l'écliptique.

Le commencement de la prémiére maifon eft établi au point du lever du foleil; de-là, fuivant le mouvement qu'ont les planétes, pour accomplir les révolutions de leurs orbites, en allant du Couchant à l'Orient, la seconde maifon est établie dans l'espace qui fuit l'afcendant au-deffous de l'ho rizon; & ainfi de fuite, en fortè que la quatrième maifon commence au bas du ciel, au point de Nadir[], ou au point précis de minuit; la feptiéme maifon commence à l'horizon Occidental, & la dixième au point de Zénith, ou au point coupé par le méridien dans le milieu du ciel.

30

Les quatre maifons angulaires, dont Des quatre les pointes font coupées par l'horizon maifons ar & le fubiéquet

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gulaires,

tes & to

bantes.

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