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32.

médecinale

moins an

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La chimie médecinale eft encore La partie moins ancienne que la métallique. Les de la Chi- médecins Grecs [m] du quatrième fiémie eft la cle. Oribase, Aëtius, Alexandre Tralsienne. lien, Paul Eginéte, ni même les prémiers médecins Arabes du feptiéme fiécle n'ont rien écrit qui puiffe faire foupçonner, que de leur temps il fe fut introduit dans la médecine aucun reméde chimique. Avicenne le plus ancien médecin qui parle de la chimie, ne fait mention que de l'eau rofe. Mefué, qui vivoit vers le milieu du douzième fié cle, parle auffi de l'eau rofe, & diftingue expreffément celle qu'on tire par la fublimation, de celle qui fe faifoit par la fimple infufion des rofes dans l'eau commune. Il parle auffi des huiles exprimées par la diftillation, & renvoie fon lecteur aux chimiftes, l'exhortant de les fréquenter, & de prendre leurs leçons,

Un autre auteur Arabe, qui écrivoit environ dans le même temps, ne fe contente pas de faire mention de l'eau rose distillée, il enseigne de plus la ma

niére de la faire, & décrit les vaisseaux & les fourneaux, dont on se servoit pour cette diftillation. Il ajoute que la maniére de faire cette même cau, étoit déja connue chez plufieurs peuples. Il enfeigne auffi à tirer l'huile de brique, & même l'huile de camfre.

Thadée Florentin, qui vivoit dans treiziéme fiécle, & Albert le grand évêque de Ratisbonne, qui vivoit dans le même fiécle, ont montré par leurs écrits, qu'ils avoient connoiffance de la médecine chimique. Pierre d'Apon, furnommé le conciliateur, qui a vécu jufqu'à l'année 1306. a décrit quelques médicaments chimiques.

33. Le XIV.fic. cle, a été

mic.

Le quatorziéme fiécle a été l'âge d'or de la chimie; on y trouve outre le conciliateur, dont je viens de parler, & lage d'or qui en a vû le commencement, Rai- de la Chimond Lulle, Nicolas Flammel, & Arnaud de Villeneuve. L'ignorance, qui regnoit encore, étoit extrémément favorable à cet art. Mais pour donner un précis, concernant les auteurs chimiftes qui ont eu le plus de réputation, & dont la connoissance influë beaucoup fur l'idée & l'opinion de la fcience même, il faut remonter bien plus haut.

34.

Nous trouvons dans le huitiéme fié. cle un Géber que les alchimiftes & Pa- mites es racelfe lui-même ont appellé le Maître plus célé des Maîtres en l'art de chimie. L'abbé bres. Trithéme fait de Géber un roi des Indes, mais c'est une fable des fouffleurs. La verité eft que Géber étoit Grec de nation, qu'il fut prémiérement Chré

33.

De Geber.

[1] Du mot grec außi dons fe fert Diefcoride, qui vivoir dans le prémier fiécle de l'ére chrétienne, les Arabes ont fait Ambik,

par l'addition de leur article, Alambik . Mais Diofcoride fe fert du mot grec außit, pour défigner le couvercle d'un pos ou d'une coupe;

on ne trouve pas que du temps de Diofcoride

la diftillation fût connue, ni qu'en fe fervit de vaisseaux propres pour diftiller. On n'en voir aucune trace dans les écrits de Pline contem porain de Diofcoride, ni de Galien, qui a vécn environ 80. ans après ces deux auteurs.

[m] M, Freind. hift, de la médec, depuis Galien.

35. D'Héliodo

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37.

tien, & enfuite Mahometan, & qu'il vivoit dans le huitiéme fiécle, environ cent ans après le faux prophéte Mahomet. Géber n'excella pas feulement dans la chimie, il fut fi bon aftronome qu'il réforma plufieurs erreurs dans l'almagefte de Ptolémée. On peut juger de l'étendue de fes connoiffances, par le ca. talogue de fes ouvrages, recueillis dans la bibliothèque de Gefner.

Si Géber eft parmi les anciens l'auteur le plus renommé en chimie, il n'eft pas à beaucoup près le plus ancien de ceux dont on peut regarder les écrits comme affurés. Outre Zofime Panopolitain, dont j'ai déja parlé, Cédréne [n] rapporte qu'Héliodore évêque de Tricca en Theffalie, compofa un livre de la maniére de faire de l'or, & qu'il le préfenta à l'empereur Théodofe. Cet évêque eft l'auteur du roman des amours de Théagéne & de Chariclée.

Etienne le chimifte dédia un traité de D'Etienne la chryfopée, ou de la compofition de l'or, à l'empereur Héraclius.

38. D'Artephius.

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On attribuë deux livres, au célébre Artephius, dont la très longue vie a paffe pour une merveille de l'art. Le prémier de ces livres, eft intitulé, La clef de la fagefle; il y enfeigne les moïens de compofer la pierre philofophale: traité au jugement des chimiftes, fi utile, que Jean Pontanus, un des plus vifionnaires parmi eux, avoue qu'il n'auroit jamais connu fans lui, quels doivent être les degrés du feu, principal agent de la chimie. Le fecond livre d'Artephius traite des charactéres des planétes, de la fignification des

mouvements & du chant des oifeaux, des vertus des plantes, de la pierre philofophale, & du moïen de prolonger la vie, fi bien mis en pratique par l'auteur.

Cardan a tranfcrit ce dernier traité dans fon feiziéme livre de la variété; & le jugement qu'en a porté [o] ce critique fi infenfe lui-même, eft conçu en ces termes: Que peut-on penfer de plus inepte, que de prétendre enfeigner par de fimples paroles, ce que Néron n'a pû connoître, ni par tant de dépenfe; ni par tant de facrifices, ni en faifant venir des mages du fond de l'Arabie?

le.

39.

De Rai

Raimond Lulle, & Arnauld de Vil. leneuve font au nombre des auteurs; mond Lul pour lefquels les chimiftes ont le plus de vénération. La connoiffance de la pier re philofophale fut vraisemblablement attribuée au prémier, parce qu'il fut l'inventeur où le receveur de l'impôt, qu'Edouard III. mit fur les laines, qu'on tranfportoit d'Angleterre dans le Brabant. Raimond Lulle n'étoit pas toûjours occupé de chimie, ni de fa nou velle dialectique. Il fe donna de grands mouvements, & fit plufieurs voiages, auprès des papes, & de Philippe le Bel, pour parvenir à la réuffite de trois propofitions, qu'il avoit fort à cœur; la prémiére, que touts les différents ordres de chevalerie fuffent unis en une même congrégation; la feconde, que les ouvrages d'Averroes, qu'il ne pouvoit fouffrir, fuffent fupprimés; & la troifiéme, qu'on établît de nouveaux monaftéres, dans toutes les parties du monde, où l'on apprit les langues étrangères, à tous ceux qui voudroient Kkkk 2

[n] Cedren, hift. compend. in Theod. [] Quidnam ftultiùs excogitari potest, ut quod Nero tantâ impenfâ, tot immolationibus, deductis ex Arabiâ magis,

impetrare non potuit, hic verbis fimplicibus oftendere promittat? Cardan, de rerum varietase, lib, 16,

40.

neuve.

fe confacrer à la converfion des infidéles. Il attribuoit fes découvertes à des révélations divines.

Arnauld de Villeneuve paffa pour le de Ville plus habile médecin de fon temps. Il fçavoit les langues Grecque, Latine, & Arabefque. Il emploïoit fort heufement les remédes chimiques; il acquit de grandes richeffes, & fut en faveur auprès des papes, qui avoient établi leur demeure à Avignon. On dit qu'il fit de l'or, en préfence de Raimond Lulle. On l'a accufé d'avoir le prémier effaïé la formation d'un homme, par des moïens chimiques. Poftel lui attribue le livre des trois impofteurs; mais les fçavants font perfuadés, que ce livre n'a jamais exifté, & qu'il n'a eu de fonde ment, que dans un mot impie de l'empereur Frédéric II.

Flammel.

Le vulgaire a attribué de tout temps De Nicolas les fortunes éclatantes, à des caufes extraordinaires. La pierre philofophale de Nicolas Flammel, fut d'avoir tenu les registres des Juifs [p], avant qu'ils fuffent chaffés de France, & leurs biens confifqués dans le même quatorziéme fiécle. Flammel, qui avoit la connoif fance de toutes leurs affaires, alla trouver leurs débiteurs, & compofa avec eux, à la charge de ne les pas dénoncer. C'est ainsi qu'il amassa des fommes immenfes pour ces temps-là.

Au deffus du portrait de Nicolas Flammel, qui fe voioit fculpté en pierre, au cimetière des Innocents à Paris, il y avoit écrit: Je vois d'ici moult mer veilles. On prétendit que ces merveil

les étoient gravées en lettres hiéroglyphiques, fur une pierre de taille, visà-vis du portrait. Cette pierre fut enlevée, dit-on, par des Allemands, qui vinrent exprès de leur païs, & dont le voïage fut apparemment mal païé. Il y a un petit traité de chimie, fous le nom de Nicolas Flammel.

42.

ques Cou

Jacques Cœur, feigneur de S. Fargeau,ne doit pas être mis au nombre des De Jac auteurs de chimie, mais au nombre de ceux, qui ont passé pour avoir été prodigieufement enrichis par elle. Jacques Cœur, qui dans le quinziéme fiécle, gagna de grands biens par le commerce & par la banque, a eu la réputation en fon temps & depuis, d'avoir poffédé le fecret de la pierre philofophale.

43.

De Para

Paracelfe, qui eft aujourd'hui le zénith & le foleil levant des alchimistes, celle. nacquit en 1493. à Finfidlen en Suiffe, près Zurich. il faifoit gloire de détruire la méthode de Galien.Il apoftrophe les médecins dans un de fes ouvrages, en leur difant [9]: La nature entiére viendraà mon fecours, pour m'aider à noier dans le lac de Pilate toute votre aftronomie, & les éphémérides de vos faignées. Je veux que mes fourneaux mettent en cendres Efculape, Avicenne & Galien; & que touts les auteurs,qui leur reffemblent, foient confumés jufqu'aux derniéres particules, par un feu de réverbére.

On a raconté de Paracelfe, qu'étant allé avec Albert Bafa, médecin du roi de Pologne, pour voir un malade prêt à expirer, il commença par inviter ce malade à dîner pour le lendemain, &

[p] Biblioth. de la Croix du Maine, Nicolas, p. 343.

art.

9] Quidquid intrà utrumque polum continetur, id mihi auxilio erit, ut aftronomiam veftram ac phlebotomandi ephemerides in lacum Pilati fubmergam ip

faque adeo alchimia noftra fculapium veftrum, & Avicennam, ac Galenum, fcriptorefque quofcunque alios exurendo in Alkali excoquet, ac in reverberio ad fæces ufque noviffimas rediget. Paracelf. prafat. Paragrani

lui donna en même temps trois goutes d'un élixir dans du vin. Ce qui lui fit paffer une très bonne nuit, & le mit enétat de dîner le lendemain avec Paracelfe. On dit qu'il réuffiffoit furtout à guérir les ulcéres les plus invétérés.

Il faifoit gloire de paffer pour magicien, il fe vante dans les écrits [r], d'avoir reçû des lettres de Galien datées desenfers, & d'avoir difputé dans le veftibule de ces lieux ténébreux, contre Avicenne, fur l'or potable, fur la teinture des philofophes, la quinteffence, la pierre philofophale, le mithridate, & la thériaque.

Il fe vantoit de pouvoir prolonger la vie de l'homme, pendant plufieurs fiécles, & mourut âgé de 47.ans, en 1541. [s] Il étoit fort pauvre, ainfi qu'il paroît par fon inventaire, quia écé imprimé avec fon teftament. S'il fçut faire de l'or, comme fes partifans l'ont publié, il s'eft auffi peu prévalu de fa fcience, pour s'enrichir,que pour prolonger fes jours.

Les chimistes ont dit [] de Paracelfe, que depuis Noé, aucun homme n'avoit approché de fes connoiffan

ces, & qu'il étoit le monarque de la médecine. Un autre a foutenu que Paracelfe fçavoit tout ce qui peut être fçu [u] dans la nature.

Guntherius en porte un jugement moins favorable. J'avoue, dit-il [x], que Théophrafte Paracelfe eft untrès habile chimifte, & qu'il a mis dans fes livres plufieurs excellentes choses; mais il eft fàcheux qu'il y en ait mêlé un grand nombre de frivoles & de fauffes; outre qu'il a répandu une fi grande obfcurité fur les meilleures, qu'il n'y a perfonne qui puiffe entendre ce qu'il dit, ni en profiter.

Sennert [y] a moins de ménagement pour Paracelfe. Ce patriarche des chimites, dit-il, n'a nulle méthode dans fa doctrine, c'est un vrai barbare, qui a déclaré la guerre à toutes les bonnes lettres.

Charles Quint regarda Paracelfe comme un vifionnaire, depuis la propofition que cet alchimiste lui fit de l'enrichir par la chimie.

45,

Van-Elmont a eu une grande reputation par cet art chimique. Il fut arrêté De Van[z] dans les prifons de l'inquifition, à Elmont. caufe du foupçon qu'on eut,que le mer Kkkk 3

[r] Paracelf. in prafat. Parngrani, in thefauro alchimia.

[s] On voit cette épitaphe de Paracelfe, dans l'églife de fains Etienne de Salzbourg: Conditur hic Philippus Theophraftus infignis medicinæ doctor, qui dira illa vulnera, lepram, podagram, hydropifim, aliaque infanabilia corporis contagia, mirificâ arte fuftulit, ac bona fua in pauperes diftribuenda collocandaque honoravit. Anno 1541. die 24. Septembris vitam cùm morte commutavit.

[r] Crellius, prafat. Chim.

[#] Scivit quidquid in rerum naturâ fuit fcibile. Scheunemannus, in hydromantiá Paracelficá, c. I.

[x] Guntherius, de veteri & nová medicina tum cognofcenda tum facienda, r. 1.p. 651.

[y] Magnus Chimiftarum pater Paracelfus cujus philofophia peccat magnâ præceptorum quodia & infolentiâ terminorum, quæ omnibus bonis artibus bellum indixit. Sennert,de inventorib.& cultorib. Chimia, c.4.

[z] Rapin, t. 2. réflex.fur les philofophes,

S. 18.

veilleux fuccès de fes remédes étoit au deffus des forces de la nature. Sa méthode la plus univerfelle étoit la sympathie & antipathie des fimples, & des minéraux qu'il entendoit bien.

Patin compare ceux, qui prétendent allier Hippocrate & Galien,avec Paracelfe & Van-Elmont à cet empereur [4], qui avoit dans fon cabinet les portraits de Jésus-Chrift, de Vénus, & de Flore.

Ceux qui voudront avoir une connoiffance plus détaillée des auteurs de chimie, n'auront qu'à confulter le recueil de Borel, intitulé,La bibliothéque chimique.

CHAPITRE SIXIEME.

De l'Aftrologie judiciaire.

SOMMAIRE.

1. L'homme feroit fort à plaindre, s'il connoifoit l'avenir. 2. De l'invention de laftrologie judiciaire. 3. Ses com. mencements ont été physiques & rai. fonnables. 4. Divifion du zodiaque en douze conftellations. 5. Noms des fignes du zodiaque. 6. Combien les principes de l'aftrologie font frivoles. 7. Noms des conftellations. 8. Attention d'Anguste pour la rencontre des béliers. 9. Différents principes des Spheres. 10. Lesfignes du zodiaque

ne font plus fous les mêmes étoiles.xx. De l'expérience prétendue des aftro. logues. 12. Il n'y eut jamais d'influen. ces parfaitement femblables. 13.Dé. finition de l'influence. 14. Opinion de Paracelfe, que chaque homme a deux corps. 15. Les propriétés de l'air font mieux connues des païfans, que des aftrologues. 16. Les aftrologues devroient être les meilleurs médecins du monde. 17. Des qualités des influences. 18. Qualités de la lune, 19.De Saturne. 20. De Jupiter. 21. De Mars. 22. De Venus. 23.De Mercure. 24. De l'humidité des Planétes, 25. Objection contre le déluge. 26. Les corps font foumis aux différentes dominations des Planétes. 27. Les roïaumes & les couleurs &c.partagés entre les corps céleftes. 28. Des douze maifons. 29. Les espaces des maisons réglés différemment. 30. Des maisons angulaires,fubfequentes, &tombantes. 31. Rapports & propriétés des maifons. 32. Les propriétés des maifons affignées différemment. 33. Des

afpects ou familiarités. 34. Des qua

tretriplicités. 35.De la partie de for tune. 36. Des cinq aphétes. 37. De la tête, & de la quenë du dragon.38. Des influences des étoiles fixes.39. De Timpulfion fecréte de confulter. 40. Manière de prédire le temps des évé. nements. 41. Seconde pratique pour connoître le temps des événements. 42. Reflexion de Verulam. 43. L'aftrologie ne peut donner la connoissance du tempérament.44.Plufieurs caufes contribuënt au tempérament. 45. Qualifications générales des tempéraments.

[ a ] Alixandre Sévere. Lamprid. in Alex, Sever,

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