cœur 14. fois en une heure, ou 576.fois chaque jour. parties inté lang. Les modernes prétendent auffi déFigure des couvrir la figure des parties intégrangrantes du tes du fang. Ils affurent qu'ils les voient avec le microscope; qu'on voit le fang, par exemple, couler dans les artéres & dans les veines des nageoires d'un poiffon, comme de petits grains d'un rouge noirâtre, qui font emportés dans une liqueur claire & tranfparente. Leeuwenoek [f]a même difcerné la figure de ces grains, en a déterminé la groffeur, & une des plus célébres académies de l'Europe admira fon adreffe, fa pénétration & la conftance dans ces recherches. Suivant les découvertes ou les conjectures de cet auteur, les parties du fang humain font autant de globules, qui ne font que vingt-cinq mille fois plus petits qu'un grain de fable; chacun d'eux eft compofé de fix autres; chacun tourne fur fon centre; ils font molets, flexibles & pefants; & de là vient que dès que le fang eft hors des veines, & que la férofité dans laquelle nagent fes globules, s'eft un peu refroidie, & a perdu fon mouvement, ils tombent au fond du vaif. feau, ils s'affaiffent, ils s'applatiffent les uns fur les autres, & laiffent audeffus d'eux ce fluide plus fubtil, qui [f] Obfervations faites avec le microscop】 fur le fang, le lait, le fel c, communiquées 75. Flofies des and leur procuroit toute leur agitation. Ariftote a penfé des prémiers que fenti, le fang fe faifoit au cœur, ce qui avoit renouve été rejetté comme une erreur; & qui enfin s'eft trouvé véritable par les expériences. Le canal thorachique, dont on a attribué la découverte à Pecquet en 1651. fe trouve dans un livre imprimé à Venife en 1561. composé par un médecin de Rome, nommé Barthélemi Euftache, Alméloveen prétend prouver qu'Hippocrate & Galien ont connu les voies lactées, dont on a attribué la découverte à un médecin Italien nommé Afellius; & que ces deux anciens médecins ont connu pareillement le canal pancréatique, dont la découverte a été attribuée à Virfungus anatomifte de Padouë en 1642. CHAPITRE CINQUIEME De la Chimie . SOMMAIRE. 1. Divers objets des chimistes. 2. Albert le grand a cru la tranfmutation des métaux poffible. 3. Définitions de la chimie. 4. But général de la chimie. 5. Des cinq principes des chimiftes. 6. Divifion des fels en acides & alkali. 7. Explication de lafermentation. 8. Contradictions fur la qualité du vif-argent. 9. Différentes routes pour chercher la pierre philofophale. 10. Découvertes utiles de la chimie . 11. Supercheries des chimistes. 12. Raifonnements les plus fpécieux des chimistes. 13. Analogie du vif-argen: & de l'or. 14. Objection contre la chimie. 15. En fuppofant le fecret de teindre le mercure, ce ne feroit que de l'or apparent. 16. Si la tranfmutation étoit poffible, il ne pourroit y avoir de profit. 17. Exemples de la tranfmutation. 18. Longue vie d'Arrephius. 19. Différence de Por potable commun & du philofophique. 20. Vertus de la femence aurifique. 21. De la Palingénéfie. 22. Impiétés & inepties des chimistes. 23. Leur obfcurité affectée. 24. Prophanations des mysteres par les chimistes. 25.La Toifon d'or expliquée par la pierre philofophale. 26. S. Dominique, Albert legrand, & S. Thomas mis au nombre des chimistes. 27. Le pere Kir. cher attribue la chimie aux patriar. ches,& à Salomon. 28. Etymologie de chimie. 29. Auteurs fuppofés des livres de chimie. 30. De l'ancienneté de la chimie. 31. Preparation ufitée par les Grecs, approchante de l'alambic. 32. Lapartie médecinale de la chimie eft la moins ancienne. 33. Le quatorzième fiécle a été l'âge d'or de la chimie. 34. Des chimiftes les plus célébres. 35. De Geber. 36. D'Hélio dore. 37.D'Etienne. 38. D'Artephius. 39. De Raymond Lulle. 40. D' Arnauld de Villeneuve. 41. De Nicolaus Flammel. 42. De Jacques Cœur.43. De Paracelfe. 44. De Van-Elmont. [4] Homo eft animal credulum & mendax. [6] D.Albert. magn. de Alchim. I. miftes. noncer (4) la fupercherie & la jets desChiE nom feul de chimie femble an- Divers obcrédulité des hommes. Mais quelque décriée que foit la recherche de la pierre philofophale,touts les chimiftes n'en font pas également détrompés. Leurs opinions & leurs vûës font fort différen. tes. Les uns fe propofent uniquement de faire de nouvelles découvertes dans la connoiffance générale de la nature; les autres confidérent la chimie comme une fourçe de remédes, & mettent leur étude à les préparer; d'autres ont pour objet la tranfmutation des métaux, & s'appliquent à la recherche de la pierre philofophale, 2. Albert le la tranímu Albert le Grand [b]croïoit la tranf mutation des métaux poffible,en les pu- grand a cru rifiant & féparant tout ce qu'il y a d'im- tation des pur.Il appelloit le plomb un or lépreux, métaux expreffion qu'il difoit être tirée d'Arif possible. tote. Il pofoit pour principe général que toute les métaux tirent leur origi ne du vif-argent & du foulfre. Suidas a défini la chimie[c] un art de compofer l'or & l'argent. On fe fert communément du mot [c] Χημεία ήτε ἄργυπε ε'χρυσες κατασ' xeven. Suid, in voce Xnja. 3. Definitions de la chi mie. toutes les propriétés fpécifiques du mixte, dont elle a été extraite, que les chimiftes appellent Mercure, semence, quintellence, ame du fujet, Protée, argent aqueux, efprit miné ral &c. Par le Mercure confidéré comme principe, on n'entend pas un vif-argent actuel, mais cette partie liquide, dont je viens de parler, ou l'humide radical qui eft dans touts les corps naturels. Sa partie inflammable eft le foulfre. Ce principe actif de la chimie eft donc une fubftance oleagineufe, liquide, inflammable. Elle fait la diverfité des couleurs & des odeurs : elle adoucit l'acrimonie des fels, l'acrimonie des fels, lie les autres parties, & conferve les corps où elle abonde. 6. Divifica alkali. Le fel chimique eft le troifiéme principe actif. C'est la partie de l'effence féminale, où la féchereffe domine. Cette fubftance féche & plus ou moins acide, entre dansla compofition de touts les corps. On divife les fels en acides & alkali. Les acides font comme des petits dards pointus, rol- des fels ca des, longs, tranchants. Les alkali font acides & des corpufcules pius groffiers, terreltres, poreux, & fpongieux, comme des fourreaux propres à recevoir les acides: les alkali font proprement ce qui fermente, les acides font le ferment. La matiére fubtile chargée des acides s'infinuë dans les alkali, dont Explication elle heurte & brife les petites cellules, mentation, & avec le fecours du reffort de l'air elle les écarte de touts côtés : c'eft dans ce mouvement intérieur des parties infenfibles que confifte la fermentation, que quelques modernes ont regardée comme le principe phyfique univerfel, réduifant touts les éléments à ces deux efpeces de fel alkali & aci de la fer On ignore la qualité du vif-argent, tions fur la qui eft le fujet le plus ordinaire, fur qualité du lequel la chimie s'exerce. Les uns le vif-argent. tiennent chaud, fuivant le fentiment de Galien, de Rhafis, de Diofcoride: d'autres difent qu'il eft froid, comme Avicenne, & Matthiole. Paracelfe croit qu'il eft froid en dedans, & chaud en dehors: Pierre d'Apon, qu'il eft froid comme aqueux, & chaud comme fulphureux. de. Car les particules infenfibles of frent un champ libre à l'imagination, qui n'y trouve aucun obftacle. Mais en eft-on plus avancé, lorfqu'on s'eft déterminé à la préférence des quatre éléments; ou de la matiére fubtile, globuleuse, & branchuë,ou des atomes, ou des deux fels acide,& alkali; ou des cinq principes chimiques; ou des corpufcules animés, & des petits cirons? & quel danger n'y a-t-il point de fonder des opérations réelles & fenfibles, fur des principes fi inconnus ? 1 Différentes Les Alchimiftes cherchent la pierre routes pour philofophale par des routes entièrechercher la ment oppofées, & il y a autant de lefophale. fentiments différents fur la compofition du grand œuvre, qu'il y a de perfonnes qui y travaillent. pierre phi polite fonde ce fentiment, fur ce que le métal engendre le métal, comme un animal engendre fon femblable, comme une plante produit une autre. plante de la même espéce & que les générations doivent fe faire dans le régne du minéral, comme dans les deux autres. Roger Bacon eft d'avis que cette effence prétieufe doit s'extraire d'ailleurs, que de l'or & de l'argent qui ne peuvent la fournir. D'autres affurent qu'elle eft en touts lieux, qu'elle eft renfermée dans tous les êtres, que c'est le principe actif, univerfel, répandu dans toute la nature, que cependant la pierre philofophale fe trouve d'une maniére plus prochaine, & plus parfaite dans l'or. Jean d'Epagnet, & Arnauld de Villeneuve foutiennent que l'or feul peut produire la femence aurifique, & l'argent la femence argentifique & le Cofmo Géber tient qu'il y a trois principes productifs des métaux, l'argent vif, le foulfre, & l'arfenic. Philalette dans fon vademecum, appelle l'arfenic une lune de race faturnienne, qui a contracté mariage avec un dieu belliqueux, qu'il nomme auffi le foleil des philofophes, & par lequel il entend l'or & l'argent commun, qu'on peut véritablement appeller le foleil de bien d'autres espéces de gens que les chimiftes. L'arfenic, fuivant Philalette, eft un troifiéme principe, une fubftance moïenne, corporelle à l'égard du mercure, & fpirituelle à l'égard de l'or & de l'argent. Riplée dans fes douze portes, admet auffi trois principes productifs des métaux, le mâle rouge, la femme blanche, & l'efprit de vie qui les unit. Artephius enfeigne la même doctrine, tantôt fous les noms du foleil, de la lune, & du mercure, tantôt fous ceux du roi, de la reine, & du bain, entendant par le roi ou le foleil, l'or & l'argent; par la reine ou la lune, l'arfenic; par le mercure ou le bain, le mercure animé, ou l'efprit féminal & aurifique. Flammel explique aufsi trois fubftances, par l'énigme des deux dragons, fur lefquels Jafon verfa le jus préparé par Médée. Plufieurs efpérent trouver la pierre philofophale par l'action du feu fur le mêlange de l'or, de l'argent, & du mercure commun. D'autres mettent l'origine de la pierre au ciel, & dans tes influences céleftes: & il s'en trouve d'affez fublimes, pour s'attacher à une quinteffence extraite des raïons du foleil, & de la lumiére, fource de l'or potable, & de la poudre de projection, ou de la pierre philofophale. Ils ne promettent pas moins [d] que de rajeunir l'homme par l'un, & de lui procurer des richeffes inépuifables par l'autre. 10. Découver · Mais la préfomption outrée, ou la tes utiles de mauvaife foi de quelques alchimistes la Chimie ne doit pas préjudicier à une science,qui a fait de très utiles découvertes, & qui peut en faire touts les jours encore. Car il arrive quelquefois, comme dit Quintilien [e], que celui qui fe propose un objet exceffif, & auquel il ne parvien dra jamais, fait dans fon chemin des progrès imprévûs,& auxquels il n'avoit jamais penfé. Vérulam cftime que nulle fcience n'eft fi capable de faire connoître la nature, que la chimie. Les alchimistes convaincus le plas Supercheries des fouvent de leur propre ignorance, ne Chimistes cherchent qu'à dupper, & à embarquer des gens riches. Ils colorent leur pauvreté de quelque menfonge honnête: & après avoir excufé leur mifére le mieux qu'il leur eft poffible, ils étalent les richesses inépuifables en idées, qu'ils ont en leur difpofition. C'eft le cas d'appliquer la réponse [f] d'Ennius. Il fe mocquoit de quelques devins de fon temps, qui demandoient II. [d] Quis dubitat quin omne fit hoc rationis egeftas? Lucret, lib.1. [e] Evenit nonnunquam, ut aliquid grande inveniat, qui femper quærit, qui femper quærit, quod nimium eft. Quintil. inftit.lib.2.c.12. [f] Cic. de divinat. lib.1. [g] Hermann. Boerhaave de chemiâ er une drachme, pour enfeigner des thiréfors cachés, & leur difoit, qu'il la leur. donnoit de bon cœur à prendre fur ce qui fe trouveroit par leur moïen. Les chimiftes eux-mêmes [g], tels que Roger Bacon, André Libavius Jean Bohnius, Robert Boyle, Herman Boerhaave, & plufieurs autres ont publié, & condamné les abus de cet art. Beaucoup d'auteurs [b]fe font égaïés à décrire les artifices de ces alchimiftes. plus altérés par les befoins de la nature, que par leurs fourneaux. Cédréne[] rapporte qu'un impofteur qui fe difoit chimifte, après avoir trompé plufieurs perfonnes, eut la hardieffe de préfenter à l'empereur Anaftafe un mords de cheval, qu'il difoit d'or maffif, & garni de pierreries;mais que l'empereur aïant découvert que le tout étoit faux, le fit enfermer dans une prifon, d'où il ne fortit jamais. Un autre chimifte aïant dédié à Léon X. un livre, dans lequel il fe vantoit d'enseigner la maniére de faire de l'or[k], ce pape lui envoïa une gran de bourfe vuide, & lui fit dire que puifqu'il fçavoit faire de l'or, il n'avoit befoin que d'un lieu, où il put le ferrer. On conte qu'un alchimifte avoit une verge de bois ou de fer creuse en dedans, remplie de limaille d'or & bouchée avec un peu de cire, ou de la fciure fine du même bois. Il la mettoit dans le creufet, fous prétexte de remuer rores fuos expurgante. [b] Erafin. in colloq. Agripp. de vanit. fcientiar.c.yo. Barclaïus in Euphorm. fatiric. part.1.Mémoir de l'Acad. des fcienc.ann,1722 Naudé, apol.ch.12.14.17.18.20. [i] Cedren, hift. compénd.in Anaft.imper. [k]Bayle républ.des lettrJuin 1684.art.6. |