: res. Par là les fibres acquiérent une flexibilité, qui en facilite les vibrations; & le fang fubtilife & comme broïé par la fréquente percuffion de ces mêmes fibres, parcourt avec plus de vitelle les routes embarraffées d'une circulation, qui doit le porter jufqu'aux derniers replis de ce labyrinthe de vaiffeaux. Il réfulte de tout cela plufieurs avantages, qui contribuent à maintenir la machine dans le meilleur état,où elle puifle être, la digeftion des aliments en eft plus parfaite; les glandes deftinées à féparer du fang certaines liqueurs utiles ou fuper flues,en confervent leur tiffûre plus ou verte; les efprits animaux tiennent les filets nerveux dans une tenfion proportionnée aux besoins de ces mêmes filets; ceux-ci en reçoivent d'autant mieux l'influence du fuc nourricier qui doit S'infinuer dans leurs pores; les voies de la tranfpiration infenfible, qui eft comme le dernier terme de cette admirable méchanique, en deviennent d'un commerce plus libre; en un mot le corps fe procure par l'exercice un embonpoint, une foupleffe, une force, & une légére. té, qu'il attendroit en vain des autres reffources, aufquelles il a recours pour fa confervation. Un exercice varie doit être beaucoup plus fain. La nature fe fait une habitu de d'un même exercice toûjours continué. Il n'y a que quelques parties du corps qui en profitent, & peutêtre mê me au préjudice des autres. Efculape ordonnoit [z] de faire beaucoup d'exercice, de monter à cheval, de chaffer, de faire des armes ; & il prefcrivoit à chacun fuivant fon tempérament & fes forces, l'efpéce & la quantité de mouvements dont il devoit ufer. Il paffe pour l'inventeur de la médecine [z] Galen. de fanit. tuend, lib. 1. c. 8. [2] Αιέπ' ἄκρον ἑνεξίαι σφαλερά, Hippocr. fes naturelles, comme dans les morales. L'oifiveté eft la caufe des défordres. En occupant l'activité de la nature, on l'empêche de fe porter au mal. Ce principe eft excellent pour maintenir la fanté, pourvû qu'on évite les diffipations exceffives de la chaleur & de l'humidité radicale.C'eft ce même principe, qui doit convaincre de l'utilité du travail & de l'exercice. 66. veHer l'air. L'ancienne médecine recommandoit 11 et fain qu'on tint la chambre d'un malade bien de renoufermée, ce qui peut être d'une très dangereufe conféquence, & pour le malade, & pour ceux qui le gardent. Car il eft certain qu'il arrive à l'air de la chambre en peu de jours, ce qui arrive à l'eau d'un bain, qui fe falit & fe cor. rompt en peu d'heures. Il eft fain en quelque état qu'on foit, de renouveller de temps en temps l'air de fa chambre; & il eft important pour un malade, que l'air qu'il refpire, foit calme, modérément chaud, purifié par du feu, fans mauvaife odeur, & renouvellé de temps en temps. Cardan [c] eft d'avis que l'air renfermé & fans mouvement fuffit pour donner la pefte. Un air bien tempéré eft avantageux, fuivant Ariftote, non [6] Valere pancraticè. [c] Cardan, de fubtilir. lib. 2. feulement au corps, mais à l'entendement. Pétrarque [d] prétend que l'air le plus ferein, n'eft pas le plus falutaire, & que les climats nébuleux de l'Occident font préférables pour la fanté. 67. des Il y a des températures d'air plus favorables les unes que les autres, ou contraires à certaines parties du corps. L'air de l'Attique [] étoit mauvais pour les jambes,celui de l'Achaïe pour les yeux. Un auteur moderne à expliqué deChryftalli- puis peu dans une lettre [f] la nature fels conte des fels contenus dans l'air, & la ménus dans thode de découvrir leurs figures & leurs qualités. Il indique la maniére dont il a chryftallifé ces fels, & la forme des microscopes, dont il s'eft fervi enfuite pour examiner leurs figures, & l'arrangement de leurs parties. Ces obfervations peuvent conduire à une connoiffance très utile de la qualité de l'air, & des maladies qui en dépendent. l'air. 68. culation des hu meurs. Plus on s'efforce de pénétrer dans la De la cir- connoiffance de la nature, plus on rencontre de doutes. Les uns s'attachent aux faveurs & aux propriétés des aliments & des remédes; ceux qui font cette étude, emploient les termes impofants, d'amers, d'acides, d'alkali, de fulphureux, de falins, fans connoître ni où réfident ces qualités, ni quelle eft leur puiffance. Ces termes réuffiffent fort, les hommes étant encore très difpofés, comme ils l'étoient du temps de Pline [g], à donner leur confiance à ce qu'ils n'entendent pas, & à méprifer ce qu'ils comprennent. [d] Non ferenum omne ftatim optimum, immò verò provincias nebulofas ferenis effe falubriores, & in hoc Occidentem prælatum Orienti legimus. Petrarch. [e] Attide tentantur greffus, oculique in Achæis Finibus; inde aliis alius locus eft inimicus Les autres font dépendre toute l'aeconomie animale du reffort des folides, qui font les nerfs, les artéres, les viscéres, les muscles; & ils foutiennent que le fang, le chyle, la bile, & toutes les humeurs ne reçoivent leur mouvement & leur qualité, que de l'action & du reffort des folides. 69. Diverfes opinions tion. Les médecins ne s'accordent pas mieux fur les principes de la digeftion, l'objet le plus important à connoître, puifque fur la digel'origine principale des maladies eft un chyle aigre, mal-digéré, crud & groffier. Hippocrate, Galien & Avicenne font d'avis, que la digeftion des aliments fe fait par la chaleur de l'eftomac & par la coction; mais les os fe digérent en trois heures dans l'eftomac d'un chien, & l'eau bouillante dont la chaleur eft beaucoup plus grande, ne peut les diffoudre dans le même temps. Ceux qui boivent à la glace, ou qui prennent des liqueurs glacées, prétendent même que leur digeftion en eft aidće: tre l'affaifonnement, la mixtion & la température, que demande cette fermentation? Comment pourra-t-elle perfuader que les principes qu'elle prefcriroit à cet égard, convinflent à chaque eftomac en particulier? Ces membranes n'en feroient-elles pas plûtôt percées & déchirées? On a trouvé dans les ventricules de quelques animaux, des os amollis par le milieu, tandis qu'ils étoient encore très durs par lesextrémités, qui devoient néanmoins avoir été bien plus expofées au frottement que le milieu. On voit les enfants digérer des viandes, qui ne pourroient être digérées par les hommes faits. Eft-il poffible que ces enfants aient les membranes de l'eftomac plus dures, ou qu'ils aient plus de force dans les mufcles qui doivent fervir à la trituration? Enfin on voit quelquefois que les mêmes perfonnes, qui digérent les viandes les plus folides, ne fçauroient manger de certains fruits, fans en fouffrir des indigeftions. Le broïement de ces fruits, qui font fort tendres, fe feroit-il plus difficilement que celui des viandes les plus dures? Untroifiéme avis rejettant la coction & la trituration, attribue la digeftion des aliments à la fermentation & à la diffolution. Ces derniers médecins prétendent que les acides émanés des glandes de la bouche & de l'eftomac, & les fucs bilieux & pancréatiques mêlés enfemble altérent & changent tout ce qui defcend dans l'eftomac, dont la digeftion s'achève dans les inteftins. Le levain de ces parties hétérogénes s'infinuë dans les aliments, les diffout & les fépare. Mais fi cela fe paffe ainfi, quand eft-ce que la médecine parviendra à connoîTom. I. [i] Celf.prafat. lib. 1. [k] Bayle républ.des lettr. Juin 1684.art. 2. Septemb. 1684. art. 1. Décemb. 1684, art. 13.Octob. 1685. art. 6. Harvé a mis à la tête de fon livre de la génération: Ex ovo omnia. [1] Diod. Sic lib. 1. [m] Ariftot, ap. Jul. Scalig, adverf. Cardan, de fubtilit, exercit. 268. Les fentiment de Pliftonicus affez femblable à celui de la diffolution, explique la faculté de digérer par la [ i ] putréfaction. Toutes ces opinions font. également fauffes fuivant Afclepiade, dont le fentiment étoit qu'il ne fe fait point de digeftion, & que les aliments fe portent & fe diftribuent par tout le corps, cruds & comme on les a pris. Erafiftrate & fes fectateurs par une opinion affez femblable à celle d'Afclépiade, doutoient fi la bile se produit dans le corps, ou fi elle eft contenuë dans les aliments. བྷ. Incertitu On ne trouve dans la médecine qu'incertitudes & contrariétes, fur la ma- des fur la niére dont fe fait la génération. Plu- génération. fieurs modernes [k]ont adopté le fyfté me général des œufs, beaucoup d'autres l'ont rejetté. Les Egyptiens croïoient [/]que la mére ne contribuoit en rien à la génération de l'enfant, & ne lui fourniffoit que la nourriture. Sentiment fuivi par [m] Ariftote & par plufieurs autres [n]philofophes. Lucréce [o] dit que c'eft tantôt le pérc, & tantôt la mére, qui contribuë le plus à la génération : ce qui fe connoît à la reffemblance plus marquée, que l'en, fant tient de l'un ou de l'autre. Hhhh [n] Plutarch. de platit.philof. lib. 5.c. 5. [o] Semper enim partus duplici de femine conftat; Atque utri fimile eft magis id, quodcunque creatur, Ejus habet plus parteæ quâ: quod cernere poffis, Sive virum foboles, five eft muliebris Lucret. imago. Sentiments des tes. Dans la médecine, comme dans la renouvel- phyfique, on a qualifié de nouvelles dé1és donnés couvertes, plufieurs fentiments renoudécouver vellés des anciens. Les plus fçavants médecins ont été en difpute, fi la circulation du fang a été connuë d'Hippocrate, ou fi elle a été une découverte d'Harvé en 1628. Almélovéen [p] cite plufieurs paffages d'Hippocrate, pour prouver que cet ancien médecin a connu la circulation. Comme dans des pelotons, dit Hippocrate, [9] les fils reviennent les uns fur les autres, de même dans le corps, il fe fait un circuit, qui fe termine, où il a commencé. Hippocrate dit[r] que les veines portent dans tout le corps les efprits, le cours du fang, & le mouvement; qu'il en part plufieurs d'une feule, dont il ne connoit ni le commencement ni la fin, parce qu'un cercle n'a ni fin ni commencement. Quand la bile entre dans le fang, dit-il, [f] elle dérange la confiftence du fang, & trouble fon cours. .זי 72. De la circu a tion du fang. Almeloveen[]cite plufieurs autres paffages d'Hippocrate, & des paffages de Galien, pour prouver qu'ils ont connu la circulation du fang.On trouve en plufieurs endroits des ouvrages d'Hippocrate [], les termes de circulations, de tournoïer, de tournoiment. D'au tres auteurs pour ne pas attribuer à Hippocrate une découverte qu'ils ont prétendu réservée au fiécle précédent ont expliqué cette circulation d'Hippocrate, comme le faifant par les mêmes [p] Theodor.Jansson, ab Almelov, invent. nov-antiq.§.28. [q] Hippocr.de distá, lib. 1.c. 15. ap. Almelov, loc. citat. [r] Hippocr. de venis, c. 17. ap. Almelov. loc citat. [s] Hippocr de morbis, lib. 1. c. 28. ap. Almelov. loc. citat. [r] Almeloveen, citat. vaiffeaux qui portoient & rapportoient le fang, du centre à la circonférence, &. & de la circonférence au centre, par une maniére de flux & reflux, & fuivant le befoin & l'attraction de la nature : & quant à ce qui échapoit aux vaisseaux connus, il paffoit [x], felon lui, par des canaux infenfibles, & par des voies qu'on ne peut découvrir. Les anciens connoiffoient fi peu la vraie circulation du fang, qu'ils étoient dans l'opinion que les artéres ne devoient contenir aucun fang, mais feulement fervir de pasfage aux efprits animaux. Le cœur, dit Platon [y], qui eft en même-temps la fource des veines, & de ce fang qui tournoie rapidement dans toutes les parties, a été établi comme un commandant, afin que quand la colére s'allume, tout ce qu'il y a de fensible dans le corps, fe difpofe par l'ouverture de touts les pores,à écouter les me naces, & à obéir à fes commandements. Ariftote[z] regarde le cerveau com, me une mafle froide compofée de terre & d'eau, qui ne contient aucun fang, qui eft privée de fentiment, & de toute liaifon avec les autres parties du corps, Il dit [4] dans le même traité, que le fang paffe du cœur dans les veines, mais qu'il n'en vient d'aucun endroit dans le cœur. Comment ceux qui trouvent la circulation du fang dans Ariftote, s'accommodent-ils de ces paffages? Il femble donc qu'il y ait une espéce de compenfation, & que fi les moder. nes ont donné pour des découvertes L'honneur de cette découverte n'eft pas attribué à Harvé, d'un confentement unanime. Almeloveen cite un paffage d'André Cefalpinus, qui contient fort clairement la doctrine de la circulation du fang. Jean Leonicenus dit que le pére Paul Sarpi auteur de la fameufe hiftoire du concile de Trente, & qu'on appelle communément Fra Paola, découvrit la circulation du fang, & lesvalvules des veines, qu'il ne communiqua fon fecret, qu'au feul Aquapendente, qui ne fit pas difficulté de s'ouvrir à un jeune Anglois, nommé Harvé, qui étudioit fous lui à Padouë, & qui s'étant affuré de la circulation du fang par plufieurs expériences, s'en attribua la découverte. On trouve [c] que cette connoiffance de la circulation du fang eft fort ancienne parmi les mé decins Chinois. [b] Rapin, compar. de Plat. & d'Arist. part. 3. ch.6.Janus Leonicenus in metamorph. Efculap. Apollin. Theod. I anffon, ab Almeloveen, invent, nov. antiq.§. 28. La viteffe Nos modernes ont prétendu con- 73. noître la viteffe du fang dans la circu- du fang. lation. Suivant le calcul [d] de Ro. calculée. hault, il fe fait trois circulations de tout le fang dans l'efpace d'une heure. Quelques phyficiens ont donné depuis Rohault une bien plus grande rapidité au cours du fang. Je fuppofe, dit le pére Regnault [e], que la cavité gauche du cœur contient deux onces de fang. Selon les obfervations de Lower, elle peut en contenir davantage. Je fuppofe que cette cavité fe vuide à chaque battement du cœur. Une raifon entre plufieurs autres, pour le croire ainfi, c'eft qu'on voit le cœur d'une grenouille blanchir dans la fyftole, ou dans la contraction. Lifther prétend que le cœur bat 75. fois dans une minute : je fuppofe que dans une minute, il bat précisément Go, fois, c'eft-à dire, une fois chaque feconde. Cela fuppofé, le cœur battra trois mille fix cents fois par heure: car 60. fois 60, ou le quarréde 60. eft ; 600.Par conféquent dans une heure il paffera par le cœur 7200, onces de fang, puifque chaque battement du cœur en pouffera deux onces dans l'aorte; fept mille deux cents onces de fang feront fix cents fois 12.cnces, ou 600, livres de fang. Il paffera donc au travers du cœur la valeur de fix cents livres de fang en une heure, ou ce qui revient au même, 25. livres de fang pafferont par le cœur 24. fois en une heure, ou 576. fois chaque jour. Si la maffe du fang, comme le fuppofe Lower, monte à 25. livres, tout le fang paffera par le Hhhh 2 [c] Hift.dumonde de Cheureau, 8.7,liv. 9.P.379. [d] Phyfig.de Rehault, part.4. c.14. [e] Lep, Regnault, entret.phyfig.entrer, 8. |