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me célefte. De la terre à la lune il y a cent vingt fix mille ftades [s] ce qui fait un ton. De la lune à Mercure, il n'y a que la moitié de cette distance, ou un demi ton; de Mercure à Venus un autre demi ton; de Venus au foleil, un ton & demi; du foleil à la planéte de Mars, un ton; de Mars à la planéte de Jupiter, un demi ton; de Jupiter à Saturne, un demiton; de Saturne au ciel des étoiles fixes, encore un demi ton. Ce qui compofe en tout depuis la terre jufqu'aux étoiles fixes, la valeur de fix tons pour toute l'étendue de la fphére; & c'étoit de ces fix tons, qu'étoit compofé le prétendu concert, que Pythagore entendoit. Pline [] faifoit monter le nombre des tons à fept, mettant un ton & demi, de Saturne au ciel des étoiles fixes.

Cicéron & Macrobe ont auffi donné une étendue de fept tons [#] à l'harmonie de ce concert. De fi grands mouvements, dit Cicéron, ne peuvent fe paffer dans le filence, & il eft naturel que les extrémités aïent des fons oppofés, comme dans l'octave. Le ciel des

[s] Par le ftade, on entend une mesure de 125. pas géométriques, ou de 62 5. piés .

[r] Pythagoras ex muficâ ratione appellat tonum, quantum abfit à terrâ luna ab eâad Mercurium, fpatii ejus di midium & ab eo ad Venerem fere tantumdem : à quâ ad folem fefquiplum: à folead Martem tonum, id eft, quantum ad lunam, à terrâ: ab eo ad Jovem dimidium, ab eo ad Saturnum dimidium, & inde fefquiplum ad figniferum: ita feptem tonos effici, quam diapafon harmoniam vocant, hoc eft univerfitatem concentûs. Plin. lib. 2. c. 22.

[u] Qui intervallis disjunctus imparibus, fed tamen pro ratâ parte ratione dif junctis, impulfu & motu ipforum orbium efficitur, & acuta gravibus temperans, varios æquabiliter concentus efficit.Nec enim filentio tanti motus incitari pof

étoiles fixes doit donc exécuter le deffus, & la lune la partie de la baffe. C'est cette origine célefte de la Mufique, qui a éclairé les fçavants hommes lefquels par la mufique inventée & introduite parmi nous, fe font élevés jusqu'aux cieux. Cicéron ajoute que ce nombre de fept tons eft la clef de toutes les chofes naturelles.

Agrippa [x], qui ne fçavoit pas plus d'aftronomie que les anciens, a embraffé la même opinion de la mufique célefte, fondée fur les mêmes confonances, & les mêmes mouvements & diftances des planétes. Mais l'aftronomie du dernier fiécle, par les changements qu'elle a faits aux rapports d'éloignements entre les planétes, a interverti tout l'ordre du concert, ou plutôt en a anéanti jufqu'à l'idée.

99.

Differentes

feur du gio

Il n'y a pas eu moins de contradictions fur la groffeur des globes, que opinions fur leur diftance. Suivant les derniéres fur la gro obfervations de l'académie des fcien- be folate. ces [y], le foleil eft un million de fois plus gros que la terre.

Alfragan [z] ne croit le foleil plus
grand

funt : & natura fert, ut extrema exaltera parte graviter, ex alterâ autem acutè fonent. Quam ob caufam fummus ille cæli ftellifer curfus, cujus converfio eft concitatior, acutè excitato movetur fo. no, graviffimo autem hic lunaris & infimus. Nam terra nona immobilis manens imâ fede, femper hæret complexa mundi medium locum. Illi autem octo curfus, in quibus eadem vis eft modorum, feptem efficiunt diftinctos intervallis fonos: qui numerus rerum omnium fere nodus eft ; quod docti homines nervis imitati atque, cantibus aperuerunt fibi reditum in hunc locum. Macrob. in fomn. Scipion. lib. 2 c.1. [x] Agripp.philof, occult. lib. 2. c. 26. [y] Hift. de l'Acad. des fcienc, ann. 1706. p. 99.

[z] Alfragan. element. aftronomic, c. 22.

grand que la terré que cent foixante- la groffeur de Jupiter furpaffe mille fois fix fois.

Des aftronomes modernes [a], ne donnent au foleil que quatre centstrente-quatre fois plus de groffeur qu'à la

terre.

Un nouvel aftronome de Coppenhague prétend avoir calculé au jufte que le foleil eft cent neuf mille deux cents foixante&dix fois plus gros que la terre. Suivant [b] M.de Fontenelle, la terre ar la grof- eft foixante fois plus groffe que la lune, ur de la d'autres modernes [c] ne donnent au globe de la terre que quarante cinq fois plus de groffeur qu'à la lune.

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■ne.

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planétes.

Ariftarque anciennement [d] a dit que la lune étoit foixante & dix neuf fois plus petite que le globe de la terre. Alfragan [e la cru qu'elle étoit 39.fois plus petite que la terre.

Mercure, felon Ozanam, eft vingt Tes autres deux mille fois plus petit que la terre; fi l'on s'en rapporte à Lansberge, il n'eft que douze fois plus petit.

Venus,felon les uns, eft vingt-huit fois plus petite que la terre; felon d'autres, elle eft trente- fept fois plus petite: mais fuivant Bion, dans fon recueil de l'ufa. ge des globes, Venus a quarante-trois fois plus de groffeur que la terre.

Les uns affurent que Mars eft plus gros que la terre d'un tiers, & d'autres qu'il eft plus gros de la moitié. M. de Fontenelle [f] dit que Mars eft environ quatre fois plus petit que la terre. Caffini met une proportion de 27. à 125. entre Mars & la terre.

L'opinion d'Huguens eft que Jupiter cft quatre cents fois plus gros que la ભી terre. M. de Fontenelle [g] eftime que

Tom. I.

[a] Phyfig.de Robault, part.2.c.12. [b] M. de Fontenelle, dans les mondes, troifiéme feir, p. 141.

[c] Phyfig.de Rohault, part. 2. c. 12. [d] Plutarch, de facie lunari.

celle de la terre.

Saturne eft, felon quelques uns, 79. fois plus gros que la terre; felon d'autres 91. fois; felon d'autres 30. fois feulement; mais felon d'autres quatre mille fois.

702.

Calculs

Alfragan a calculé d'une maniére différente la groffeur de touts les corps d'Alfregan. céleftes. Il avance que le diamètre de Mercure eft à celui de la terre, comme un à dix-huit; celui de Venus,à celui de la terre, comme un à trois & un tiers; le diamétre de Mars, à celui de la terre, comme un & un fixiéme à un; celui de Jupiter à celui de la terre, comme quatre & demie & un feiziéme font à un; & le diamètre de Saturne à celui de la terre, comme quatre & demi font à un.

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Nos pro

notre igno

C'est ainsi que plus on fait de progrés 104. dans une fcience,plus l'objet auquel ten- grés nous dent nos travaux, femble s'éloigner de découvrent nous. Plus on acquiert de connoiffance, rance. plus on s'apperçoit de l'étendue de cel les qui manquent. Et comme le fçavant femblable à l'ambitieux ne regarde jamais derrière lui, plus il apprend, plus il ignore. Ses découvertes lui offrent des travaux de plus en plus inépuifables, il demeure convaincu de la maxime de Socrate, qu'il ne fçait autre chofe, finon qu'il ne fçait rien.

Képler foutenoit [b], qu'il n'y a au-
Bbbb

[e] Alfragan.elément.astronomia.c.22. [f] M.de Fontenelle, dans les mond, quatrième foir, p. 174.

[g] M.de Fontenell au même endroit.p.180. [h] Képler.in myfter, Cosmograph.

τος. Etoiles in. nombra

bles.

106.

Ancien cal

proportion,ni de la grandeur du difque, ni du brillant de la lumiére entre le foleil & les étoiles fixes. Huguens au contraire fonde fes calculs aftronomiques comme nous l'avons obfervé fur la reffem. blance parfaite du foleil & des étoiles. Tout le fyftéme de Képler intitulé le myftére Cofmographique,eft traité par Huguens [i] de beaux fonges femblables à ceux de Pythagore & de Platon.

La quantité d'étoiles eft innombrable. La Genéfe les compare [k] aux grains de fable de la mer.On en découvre touts les jours de nouvelles au moïens des telefcopes de Galilée. Il y a même telles étoiles nouvellement découvertes, comme celle qui eft à la tête d'Orion, qui ne font pas tant de nouvelles étoiles, que des groupes ou plûtôt des monceaux

d'étoiles.

Hipparque obferva mille vingt-deux cul des étoi- étoiles, & leur affigna leurs longitudes & latitudes.

les.

Alfragan[] diftingue fix claffes d'é toiles fixes, par rapport à leurs différentes grandeurs. Il en met 1 5. dans la prémiére claffe, comme la canicule, le vau tour, le cœur de lion: 45.dans la fecon de, de la grandeur de la petite ourse 208.dans la troifiéme: 474.dans la quatriéme: 217, dans la cinquième : & 63. dans la fixiéme ; parmi ces derniéres, il en compte neuf obscures, & cinq nébuleufes, comme celles qui font dans la tête d'Orion, & dans la gueule du lion:en tout mille vingt deux étoiles. Alfragan ajoute[m] que les étoiles de la prémiére grandeur, furpaffent de 107. fois le globe terreftre,celles de la feconde gran deur de 90. fois; celles de la troifiéme

[i] Chriftian, Hugen. Cofmotheor.lib.2.p. 131.

[k] Genef.c. 15. v. 5.

[1] Alfragan.element, aftronomic, c. 19. [m] Alfrag. ib. c. 22,

de 72,fois; celles de la quatrième de 54. fois; celles de la cinquième de 33. fois; celles de la fixiéme de 18. fois.

107.

de Doavel

Le catalogue de Ptolémée contient 1016. étoiles. Hipparque en découvrit Apparition une nouvelle,depuis Hipparque jufqu'à les étoiles. Tycho Brahé, aucune hiftoire certaine n'a rapporté l'apparition de nouvelles étoiles fixes.

George Pachymére[n] témoigne à la vérité qu'une étoile parut en plein midi fous le regne d'Andronic Paléologue; mais il ajoute que les aftronomes la prirent pour la planéte de Saturne.

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De l'étoile

rut aux

On doute fi l'étoile qui apparut [] miraculeufement aux Mages, a été vûë miraculeupar les Payens. Calcidius dans fon com- le qui apamentaire fur le Timée de Platon en a Mages. parlésmais c'eft peut-être fur le rapport des auteurs Chrétiens. Tycho-Brahé eftime [p]qu'elle ne fut apperçuë que des Mages. Cette étoile produite hors des regles ordinaires de la nature, a celfé de luire, lorsque les Magesfurent arrivés à Béthleem.

En l'année 1572. il parut une nouvelle étoile dans la conftellation de Caffiopée, fur laquelle Tycho fit un fçavant traité en deux volumes [q] & mon_ tra qu'elle avoit été placée parmi les fixes au deffus de la région des planétes.

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109. Différentes inions

&ée.

paroiffoit, en forte qu'elle égaloit les étoiles de la quatrième grandeur.

Les découvertes curieufes de l'aftronomie font une compenfation dans l'hiftoire de l'efprit humain, avec les fables debitées à ce fujet: comme lorfque Sanchoniaton cité par Eufébe [s] a avancé qu'Aftarté trouva une étoile tombée de l'air, & que l'aïant ramaffée, elle la confacra dans un temple de Tyr.

Il y a plusieurs opinions fort différentes fur la voie lactée, cette trace lumiar la voie neufe qu'on remarque dans le ciel pendant une nuit feraine du nort au midi; fuivant quelques Pythagoriciens, c'eft la trace d'une voie embrafée par quelque aftre; felon d'autres philofophes, c'est une ancienne route du foleil, qui en a changé depuis; il y en a qui ont foutenu que c'étoit une réflexion des raions du foleil, Ariftote a dit que c'étoit une exhalaifon féche & fort abondante qui s'enflammoit; Poffidonius une confiftance de feu épaiffe & ferrée; Démocrite la fplendeur de plufieurs étoiles trop éloignées de nous, & trop voifines entr'elles pour que nos regards puiffent les diftinguer. Ce dernier fentiment a prévalu,& a été fuivi des aftronomes modernes, qui ont remarqué que les Plaïades font un effet à peu près femblable, paroiffant fe toucher prefque, à en juger par nos obfervations.

M. Derham [Jattribue la voie lac tée & la blancheur qu'on y remarque,

non feulement à la lumière du gránd nombre d'étoiles fixes qui font dans cet endroit, mais en partie[ pour ne pas dia re principalement ] aux réflections de cette lumiére par leurs planétes, qui entremêlent & confondent les raïons de leurs étoiles ou foleils refpectifs, & produifent cette blancheur, qui eft plûtôt la couleur de la lumiére refléchie de notre lune, que de la lumière directe de notre foleil.

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Plufieuts

toient ani

Non feulement les Stoïciens [] foutenoient que toutes les étoiles étoient ont cru que animées, mais ils les regardoient même les aftres écomme autant de divinités. Les Ro- més. mains facrifioient [x]à la canicule des chiens, dont le poil tiroit fur le rouge. S. Auguftin [y] propofe cette question, fi les aftres font conduits fimplement par des efprits, ou s'ils font animés par eux comme nos corps le font par nos ames: & il ne veut rien décider fur une question qui lui paroît fi incertaine.

Ariftote & Avicenne ont cru, fuivant S.Thomas [z] que les aftres étoient des corps animés; & S. Thomas ne s'éloigne de leur fentiment, qu'en ce qu'ils attribuent aux altres l'éternité du mouvement, ce qui eft, dit-il, contraire à la foi; & par où il fait entendre que la foi ne lui paroît en rien blessée par l'autre partie de ce sentiment.

Il a été foutenu par Philon [a] Juif, & par [b] Origene,qui fe fonde, fur ce que Dieu dit qu'il a commandé aux étoiles. Bbbb 2

[s] Sanchoniat. ap. Eufeb. de præparat. evangel. lib. 1. c. 10.

[] M. Derham dans le difc. prélimin. de la théolog, aftronomiq.

[#] Dicunt Stoïci omnia fidera partes Jovis effe, & omnia vivere, atque rationabiles animas habere, & ideo fine controverfia deos effe. S.Aug.de civit, Dei, lib. 4.C. 11.

Αστρον ειναι φησι σῶμα θεῖον ἐξ αιθέρι Guver Saxo's. Poffiden. ap. Stob. [x] Ovid. faft. lib. 5.

[y] S. Aug.de genefi ad litter. l.2.c. ult. [x] S.Thom.opufcul.1 5. de angelis,6, 2. [a] Philo Judeus, de fomniis, de gigantibus, de mundo.

- [b] Orig de princip.lib.1.c.7. & comment. in Joann.

Diverfité

métes.

112.

Mais la plupart des péres ont tenu les aftres inanimés; le fentiment contraire a été condamné [c], & les théologiens modernes en apportent une raifon fort judicieufe,qui eft que fi les aftres é toient animés, l'excellence de ces créatures les rendroit dignes d'être honorées & invoquées même,comme les faints & les anges,pour obtenir leur interceffion. Les apparitions des cométes ont beaud'opinions coup exercé les aftronomes. Plufieurs fur les co- difciples de Pythagore ont foutenu que les cométes étoient des aftres, qui ne fe montroient qu'à certaines révolutions; Métrodore, que c'étoit une réflexion du foleil; Démocrite un concours de plufieurs étoiles mêlant leurs lumiéres; Ariftote, une confiftance d'exhaOpinion d'Ariftote. laifons féches & enflammées au-deffous du ciel de la lune; Straton la fplendeur d'une étoile enveloppée d'un nuage; Héraclide de Pont un nuage élevé, qui renvoie beaucoup de lumière; Epigene une matiére terreftre, enflammée & agitée par le vent; Boëce une partie de l'air colorée; Anaxagore des étincelles tombées du feu élementaire; Xénophane un mouvement, & un épaiffiffement de nuages qui s'enflamment; Defcartes les débris des tourbillons détruits, & qui font paffer jufqu'à nous des piéces de leur naufrage, qui errent à l'avantúre, après que leurs foleils éteints & encroutés ont perdu la force de foutenir leurs tourbillons contre les efforts & la preffion des tourbillons voisins; LonOpinion de gomontan des globes de matiére épaiffié, illuminée par le foleil, & donnant pallage au travers de leurs corps dia

113.

Longo

montan.

phanes aux raions,qui vont former der riére la cométe la queuë qui paroît toujours oppofée au foleil.

On a attribué aux Chaldéens cette opinion fur les cométes, qu'elles font des planétes à une grande diftance, qui ont un cours régulier, & qui s'éloi gnent de nous, lorfqu'elles nous paroiffent s'anéantir. Sénéque [d] ne s'eft pas éloigné de cette explication, puif qu'il a regardé les cométes comme des globes roulants dans le ciel, qui dans certains temps fe montrent & difparoiffent, & dont les obfervations fuivies pourront faire connoître quelque jour les mouvements périodiques. Sur la remarque des routes à peu prés femblables tenues par les cométes des années 1575. 1665. & 1672.on a pouffé les conjectures jufqu'à préfumer qu'en cet endroit du ciel il y a comme un zodiaque pour les cométes. M. Cassini parmi plufieurs autres fçavantes obfervations fur la cométe qui a été vûë depuis le dernier Juillet 1729. jufqu'au 21. Janvier 1730, a déterminé par où elle a dû paffer, depuis qu'elle à difparu, & où l'on pourra l'appercevoir & la chercher à l'avenir.

Le fyftéme [e] d'Appollonius Myndius, au rapport de Sénéque, étoit que les cométes font des aftres réguliers qui décrivent des cercles prodigieufement excentriques à la terre, en forte qu'ils ne peuvent être apperçus, que dans une très petite partie de leur révolution.

Il y a des Coperniciens, qui fortifiant leur opinion de celles des anciens

[c] Not.in Orig.de princip.lib.3.c.7 inedit. Gilbert. Genebrard.

[d] Sen. queft nat.lib.7.c.3.

[] Hif. de l'Acad. des fcienc. ann. 1699 p. 72.

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