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85.

Distance de Mars, dans

dont la bafe eft le demi-diamétre de la terre; & on trouve par conféquent la diftance qu'il y a de la terre à cet aftre. Il n'y a que la parallaxe de la lune qui foit immédiatement perceptible, le demi-diamétre de la terre n'étant qu'en viron la foixantiéme partie de la diftance de la lune dans fon périgée, ou dans fa plus grande proximité de la terre, ce ce qui donne une parallaxe de plus d'un degré.

La parallaxe de Mars eft fi petite, on périgée, qu'on a peine à la déterminer par les obfervations les plus éxactes. Il faut prendre cette planéte non-feulement dans fon périgée, mais en même temps dans fon périhélie, ou fa plus grande proximité du foleil. La parallaxe qui a pour bafe le demi-diamètre de la terre ne donnant même aucun angle fenfible dans une auffi grande diftance,les aftronomes modernes ont cherché une parallaxe dans la feconde inégalité [u] des planétes, ou dans la différence optique qui eft entre une même planéte vûë du foleil ou vûë de la terre.

Une feconde méthode pour trouver la parallaxe de Mars fut pratiquée en 1672.On obferva en même temps à Paris & dans l'ifle de Caïenne le rapport de Mars à une étoile. Caffini pratiqua une troifiéme méthode, fur ce fondement qu'un feul obfervateur tient lieu de deux places en des lieux éloi gnés, pourvu qu'il puiffe faire dans une même nuit des obfervations féparées par un affez grand efpace de temps. Les obfervations féparées par la diftance des lieux & par l'intervalle du temps fe font accordées à déterminer la parallaxe partiale de Mars à quinze fecon

[u] On appelle prémiére inégalité des plamétes, celle qui vient de leur excentricité au foleil, & qui eft réellement dans leurs cours par rapport à cet aftre; & feconde inéga

des, & la totale ou l'horizontale à 25. fecondes.

Ona auffi imaginé de prendre la parallaxe de Venus. Pour avoir tout à fouhait, dans la méthode de comparer Venus au foleil, & de trouver fa parallaxe dans le progrès de fon mouvement, il faudroit que Venus fût en conjonction centrale avec le foleil, ce qui n'arrivera qu'en 1762.

La parallaxe d'une planéte donne celle de toutes les autres. Car les parallaxes font entr'elles en proportion réciproque des diftances; & fui. vant la régle de Képler, la distance d'une Planéte, comme il a été remarqué, fait connoître celle de toutes les autres Planétes qui ont un cen

tre commun.

186. Distance du

Par la parallaxe de Mars, celle du foleil eft déterminée à neuf fecondes foleil, fui& demie. Travail glorieux à l'efprit vanti Aca humain! D'une petiteffe prefque im- autres Alperceptible aux yeux & aux inftru- trohomes. ments, telle que la parallaxe partiale de Mars de 15. fecondes,il déduit des grandeurs énormes & immenfes. Il en infére la diftance de Mars d'onze ou douze millions de lieues dans fon périgée, la distance moïenne du soleil de trente-trois millions de lieuës, l'éloignement de Saturne décuple de celui du foleil, & la distance de toutes les autres Planétes à porportion.

Hallei a donné à la parallaxe du foleil jufqu'à douze fecondes & demie; la Hire l'a réduite à fix fecondes. Ces aftronomes n'aïant point expliqué de quelle méthode ils fe font fervis, le fentiment de Caffini, qui la fait de neuf fecondes & demie, eft le

Aaaa 2:

lité celle qui vient de ce qu'elles font vies de la terre & non du foleil. Hift. de l'acad. des fcienc, ann. 1704. p. 68, 69.

87. Suivant Ar

plus généralement fuivi .

Il [x] a calculé la diftance moïenne de la terre au foleil, fur le pié de vingt-deux mille demi-diamétres ter

reftres.

Hallei dans une differtation qu'il écrivit en 1716. eft d'avis que le paffage de Venus par le foleil, qui doit arriver en 1762. pourra donner la diftance du foleil à la terre, à une cinq centiéme partie près, & il s'en tient en attendant pour cette distance, à 16500. demi diamétres de la terre. La Hire l'a portée jufqu'à trente quatre mille trois cents foixante dix-fept de ces demi-diamétres. Quelle prodigieufe distance des calculs astronomiques! Hipparque ne comptoit que 1586. demi-diamétres de la terre. Pof fidonius 1341., Alfragan [y] évalue la distance du foleil dans fon apogée, ou dans la plus grande diftance de fon épicycle, à douze cents vingt.

Archimède & Ptolémée n'ont trouchimede & vé que douze cents dix demi-diamé Ptolémée & tre, ou fix cents cinq diamétres de

autres.

88,

la terre pour toute la distance de la terre au foleil; Albatégni, le roi Alphonfe, & Copernic ont encore diminué le calcul de cette diftance fait par Ptolémée. Et le diamétre de la terre étant fuppofé environ de 3790. lieues de 2000. pas, comme nos lieues autour de Paris, ces différents calculs roulent aux environs de deux millions de ces petites lieuës.

Quelques Cofmographes modernes Suivant [z] n'ont fait monter la diftance de la deres terre à la lune, qu'à vingt-fix diamétres de la terre, & dix-huit fois au

quelques

[x] Mémoir. de l'Acad. des fcienc. ann. 1727. p. 84.

[y] Alfragan. element. aftronomic. c.21. [2] Le Vayer. géogr. du prince, c. 13. [a] On entend ici des lieues communes

89.

ciel des

étoiles £.

Ωμές.

tant pour la diftance de la terrè au foleil. Ce qui ne produit qu'une fomme de foixante-cinq mille lieuës Fran coifes [a], pour la diftance de la lu ne, & d'un million quatre-vingt-dix mille lieuës pour la diftance du soleil. Plufieurs fectateurs de Ptolémée & Distance da de Tycho-Brahé pour diminuer l'immenfité de l'orbite qu'ils font parcou- xes dimi rir en 24. heures au ciel des étoiles fixes, l'ont rapproché de la terre, le plus qu'il leur a été poffible, le plaçant à dix-neuf mille demi-diamétres de la terre, évalués à vingt-troismillions fept cents cinquante mille lieuës [b]. Dans cette fuppofition le diamétre de ce cercle devroit encore être de quarante-fept millions, cinq cents mille lieuës: & puifqu'il a été démontré invinciblement par Archimède, que le diamètre d'un cercle est à la circonférence, à peu près comme 7. à 22. ou pour plus de précifion fuivant les modernes, comme 113.à 355. la circonférence de l'orbite que le ciel des étoiles fixes auroit à parcourir en vingt-quatre heures, feroit environ de cent quarante cinq millions de lieuës. Mais cette diftance attribuée au ciel des étoiles fixes eft feulement à peu près femblable à celle que l'académie des fciences met entre la terre & le foleil, dont l'éloignement ne peut entrer en comparaison, & n'a aucune proportion avec celui des étoiles fixes .

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Les plus célébres[c] aftronomes mo- Diffance de dernes ont fait la diftance de Saturne Saturne deau foleil environ décuple de celle cuple de du foleil à la terre; c'eft-à-dire d'en leil. viron trois cents trente millions de

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celle du fe

9T.

Expreffions

quens.

lieuës. L'orbite de Saturne a donc environ fix cents foixante millions de lieuës de diamètre, & plus de dix-neuf cents quatre-vingt millions de lieues de circonférence. Tel eft le cercle qu'il dé crit autour du foleil en 29. ans & cent foixante-neuf jours. Une meule de moulin qui en tombant avanceroit continuellement d'une demie lieuë à cha que minute, mettroit plus d'onze cents foixante ans à tomber de Saturne fur la terre, quoiqu'elle n'eût pas à parcourir tout le demi diamétre de l'orbite de Sa

turne.

Héfiode croïoit [d] que la furface Heliode de la terre étoit le milieu entre les cieux d'Hu- & les enfers; & qu'une enclume feroit neuf jours & neufnuits à tomber du ciel fur la terre, & arriveroit le dixième jour comme auffi elle emploieroit le même efpace à tomber de la fuperficie du globe terreftre au fond des enfers Huguens exprime bien autrement les diftances des planétes, endifant que le boulet de canon qui dans fa plus gran de rapidité parcourt cent toifes en une feconde, & dont la viteffe eft comparable à celle du fon, qui fait en une feconde 180. toifes, que ce boulet, dis-je, mettroit 25. ans à arriver de la terre au foleil, cent ving-cinq ans du foleil à Jupiter, & 250. ans du foleil à Saturne.

92. Distance

Dans le fyftéme de Copernic, la terre parcourant l'orbite du zodiaque au- des étoiles tour du foleil; & cette grande diverfi. fixes. té de fituations par lesquelles elle passe dans tout le cours de l'année, n'apportant aucun changement aux apparences de grandeur des étoiles, ileft né. ceffaire d'admettre un espace inconce vable depuis la fphére de Saturne déja. fi immenfement éloigné de la terre, jufqu'aux étoiles fixes. C'eft ce qu'on a déja obfervé, & dont on va donner une idée par cette fuppofition..

Si deux hommes, dont l'un feroit placé fur la terre, & l'autre fur le foleil obfervoient en même temps une étoile, les deux lignes tirées depuis ces deux hommes jufqu'à l'étoile, ou leurs raïons vifuels ne pourroient former d'angle. Si un autre homme placé fur cette étoile pouvoit contempler à la fois notre foleil, notre terre, & les trente trois millions de lieues qui les féparent, tout cela ne lui paroîtroit que comme un point.

pe diminuë

fixes.

Cette inconcevable diftance eft confirmée, parce que Saturne éclipfe les Le telefoétoiles, & que le Telescope [e], qui les étoiles groflit deux cents fois le globe apparent de Saturne, loin d'augmenter les étoiles fixes, les diminue, en les dépouillant de leur raionnement & de leur Aaaa 3

[d] Heliodus altitudinem coeli, & mentis compertum eft, quæ in balifticis Tartari profunditatem æquis fpatiis de Merfennus memorat; cùm fonus eo temfiniens, novem dierum noctiumque lapfu pore ad centenas octogenas extendatur. ferream ficudem è cælo dimiffam,ad ter- Aro igitur, fi ex terrâ ad folem tantâ illâ ram decimâ pervenire fcribit, ac tanto celeritate globus continue feratur, fere quoque tempore è terræ fuperficie caden- annos 25. effe infumpturum, antequam tem ad Tartara ferri. Nos verò nonincu-iter hoc peragat: ut perinde à jove ad fodis lapfum, fed continuam potius celeri tatem globi ex majore tormento emiffi huc adhibebimus; quam fingulis horæ le cundis fcrupulis five arteria pulfibus centum circiter hexapedas conficere experi

lem centum viginti quinque annis opus habeat, à Saturno ducentis & quinquaginta. Chriftian. Hug. Cofmoth. lib 2. p. 124.

[e] Hift de l'Acad. des fcienc. ann.1717. p. 63.

94.

ancienne

les fixes.

fcintillation trompeufe, laiffant à peine [f] à celles qui ont plus de grandeur apparente, un diamètre de quelques fecondes.

Avant l'invention des Télefcopes, Opinion on croïoit que l'univers étoit refferré sur les étoi-dans des bornes beaucoup plus étroites. Alfragan [g] place les étoiles fixes à la même diftance que l'apogée de Saturne, & il croit ce ciel éloigné feulement de vingt mille cent dix demi-diamétres de la terre, & c'eft fur ce pié là qu'il calcule le circuit de tout l'univers, ou le plus grand cercle de la sphère uni

verfelle..

Fracaftor dans fon traité des Homocentriques, dit[b] que les étoiles n'ont pas un mouvement propre & particulier, mais qu'elles font entrainées par les cieux aufquels elles font attachées. On s'imaginoit que les étoiles fixes étoient toutes placées dans le ciel étoi lé, qu'on appelloit firmament, àégale diftance de la terre, qui étoit regar dée comme le centre du monde ; & on fe figuroit ces étoiles comme autant de cloux d'or,fichés dans une voute azurée. Un avantage des télescopes d'une certaine grandeur est [i] d'appercevoir les Planétes & les fixes en plein jour,& même dans le méridien avec le foleil. Huguens [kne pouvant prendre le Expérience diamétre des étoiles fixes pour le compour la di- parer à celui du foleil, parce que les fance des étoiles ne paroiffent que comme des points lumineux, il imagina de difpofer une lunette de forte qu'il diminua par elle le difque & la lumière du foleil jufqu'à l'apparence de la canicule, ou

95.

d'Huguens

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d'une autre étoile de la prémiére grandeur, faifant ce raifonnement également folide & ingénieux, que fi par les régles de la dioptrique il réduifoit le dif que du foleil à l'apparence de grandeur & de lumière de la canicule, ce feroit comme s'il tranfportoit le foleil à la diftance de cette étoile, en fuppofant que la canicule & le foleil font deux globes égaux en grandeur & en lumiére.

Il fe fervit d'une tube de douze piés, où la lumiére ne pouvoit entrer que par un trou fi petit, qu'il n'excédoit pas la douzième partie d'une ligne, ou la cent quarante-quatrième partie d'un poulce: & comparant la petite portion de foleil qu'il obfervoit par ce petit trou du tube, avec la totalité du difque, il trouva qu'il avoit réduit la grandeur du difque folaire à la cent quatre-vingtdeuxième partie. Mais comme l'éclat de fa lumiére furpaffoit beaucoup en cet état la lumière de la canicule, il mit à ce petit trou du tube un verre,qui fuivant les régles de la dioptrique diminua l'activité, & le brillant de la lumiére du foleil de cent cinquante-deux parties. Alors le difque du foleil lui parut entiérement femblable à celui de la canicule, & multipliant ces deux nombres de 182. & de 152. l'un par l'autre, il trouva 27664. d'où il tira cette conféquence, qu'il avoit en quelquemaniére tranfporté le foleil à une distance 27664 fois plus éloignée de nous, en le mettant dans le même point de vûë, où eft la canicule à notre égard & que par conféquent l'éloignement du foleit eft à celui de la canicule comme 1.à

[f] Hift. de l'Acad. des fcienc. ann. 1720. 7.9.1.

[g] Alfrag.element, aftronomic. c. 21. [6] Quin & ratio omnis, & ipfe etiam fenfus docet ftellas omnes fphæris affixas

vehi. P. 116.

[i] Hift. de l'Acad. des scienc‹ ann, 1700. [k] Chriftian, Hugen. Cofmoth. lib. 2. p. 135.

95. Démi-dia

27664. ou (ce qui revient au même) que les étoiles fixes les plus proches de nous, & de la prémiére grandeur font 27664. fois plus éloignées de la terre que le foleil.

Sur ce principe il calcule [7] que fi un boulet de canon porté continuelle ment avec toute la viteffe que nous lui connoiffons, doit emploier vingt cinq ans pour arriver au foleil,ce même bou. let ne pourra arriver qu'en fix cents quatre vingt-onze mille fix cents ans à la plus proche des étoiles fixes: & il croit [m] qu'il y a encore plus loin de ces étoiles de la prémiere grandeur aux plus éloignées, qu'il n'y a de diftance de la terre à la canicule. Ce qui lui fait faire cette réflexion [ n ] que le plus grand nombre que nous puiffions représenter par nos chiffres, eft à peine un commencement de l'expreffion des gran

deurs naturelles.

Caffini par fes obfervations [o] a pouffé encore plus loin la diftance des fixes de la premiére grandeur, aïant trouvé que la diftance de la canicule devoit excéder celle du foleil 43700. fois.

Mais bornons-nous à l'opinion d'Humétre de guens. Nous avons vû que fuivant les l'orbite de mémoires de l'académie des sciences, la

la Canicu

le.

97.

vons que

terre eft éloignée du foleil de trentetrois millions de lieuës, la diftance de la terre à la canicule eft donc de vingtfept mille fix cents foixante fois [p], trente trois millions de lieuës, ou de neuf cents douze milliars fept cents quatre-vingt millions de lieuës. Son éloignement, quelque inconcevable qu'il nous paroiffe, n'approche pas de celui des étoiles moindres. En effet fi nous confidérons qu'à en juger par la Nous n'adifférente apparence de grandeur, qui des notions eft entre la canicule, & les étoiles qui la grandeur font à peine perceptibles à nos obferva- & de la pe tions, il doit y avoir une distance beaucoup plus grande entre ces étoiles & la canicule qu'il n'y en a entre la canicule & la terre, il n'y aura non feulement aucun chiffre pour exprimer ces diftances, mais encore aucune idée pour les représenter. Ce qui doit nous convaincre que nous n'avons aucune notion pofitive de la grandeur & de la petitesse, mais feulement une notion relative, & par comparaifon.

relatives de

titeffe.

98.

Du con

Le prétendu concert de Pythagore, [9] que ce philofophe fe vantoit d'en- cert de Pytendre, montre le peu de connoiffance thagore. que les anciens aftronomes avoient des diftances des planétes.

Eratofténe [r] décrit ainfi cette gam

[1] Si viginti quinque annis opus habent tormenti bellici globus, continuâ velocitate quantâ exploditur incedens, ut à terrâ ad folem perveniret, jam numerus 27664. vicies quinquies ducendus eft, atque ita fieret 691600. adeo ut penè feptingenta annorum millia infumpturus fit globus in tantâ celeritate fuâ, priufquam ad proximas ftellarum inerrantium perveniat, Chriftian. Hug. Cofmoth.lib.z. p. 137. [m] Quæfivi verò de proximis tantum. Cæteræ enim cum, ut jam diximus, iis fpatiis in ulteriora cœli recedant, ut non minora fint deinceps à prioribus ad fe

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