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lien [b]fur ce phénoméne miraculeux renvoie les Payens aux archives publiques..Rufin [i] fait tenir un difcours femblable à faint Lucien prêtre d'Au tioche martyrifé en 312. qui dit aux Payens: Confultez vos annales, & vous trouverez que lorsque Jefus-Chrift fouffrit fous Ponce Pilate, le foleil ceffa de paroître. Les actes publics [k] dont parlent Tertullien & S. Lucien, étoient apparemment les lettres en voiées par Pilate à Tibére. L'auteur connu fous le nom de Denys l'Aréopagite [ dit qu'étant à Héliopolis en Egypte, il remarqua l'éclipfe arrivée au temps de la Paffion de N. S. qui fuivant les regles de l'aftronomie ne pouvoit être que furnaturelle. Suidas [m] fait dire à S. Denys lui-même, en voïant cette éclipfe. Il faut que le Dieu inconnu fouffre. Thallus auteur ancien eft pareillement cité par Jules Africain, comme aïant marqué la même éclipfe de foleil. Nonobftant ces autorités, plufieurs critiques la révoquent en doute, & ont peu d'égard aux témoignages fur lefquels elle eft ap puiée. L'évanglie en difant [»] que des ténébres fe répandirent fur toute la terre, depuis la fixiéme heure jufqu'à la neuvième, ne nous oblige à croire autre chofe, finon que la Judée fut couverte de ténébres. Origéne [o] a remarqué fur ce paffage de S. Matthieu, que la Judée eft fouvent défignée dans l'écriture, fous le nom de toute la terre. Ce fçavant interpréte de l'écriture fainte, a cru que les ténébres de la Paffion furent caufées par un brouillard épais. S. Jerôme [p]dit que le foleil retira fes raifons. S. Leon [9] en

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parle à peu près de même. Sur le tremblement de terre arrivé lors de la Paffion, les commentateurs ne font pas moins partagés, les uns aïant cru qu'il fut général dans tout le monde, les autres qu'il fut particulier à la Judée.

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ou de

62.

Les éclipfes font ou totales, Eclipfes partie du corps éclipfé. La lune eft totales, ou de partie fouvent entiérement éclipfée, parce du corps que l'ombre de la terre où le globe éclipfe lunaire entre, aïant plus de latitude que ce globe, il s'y plonge entiérement, lorsqu'il eft en oppofition diamétrale avec le foleil, & il y demeure longtemps fans recevoir aucune lumiére. La lune peut auffi s'éclipfer entiérement, fans paffer par le centre de l'ombre de la terre. Lorfque la lune ne fait que frifer les bords de cette ombre, elle ne perd qu'une partie de fa lumiére, à proportion qu'elle y entre plus ou moins.

Pour le foleil, il eft rare qu'il foit entiérement éclipfé, parce que fon diamétre apparent étant à peu près égal au diamétre apparent de la lune, il faur pour rendre l'éclipfe totale, que la lune fe trouve dans fon périgée, afin que fon apparence en foit aggrandie, & que le foleil fe trouve dans fon apogée, afin que fon difque en paroiffe diminué, & que la conjonction foit centrale, ou que par les réfractions, par la parallaxe, ou par l'obliquité; elle paroiffe centrale: alors même l'obfcuriffement total ne durera que très-peu, & autant feulement que ces deux centres fe trouveront joints.

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64.

Degrés de

doigts & minutes

difque paroît plus grand dans leur périgée, que dans leur apogée ; fi l'éclipfe centrale arrive, lorfque le foleil et dans fon perigée, & la lune dans fon apogée, alors l'éclipfe eft annulaire, le difque du foleil débordant de touts côtés, & on voit un cercle lumineux autour du difque de la lune.

Pour l'ordinaire l'éclipfe du foleil l'éclipfe du foleil réctiple ex- eft feulement de quelque partie, & primés par pour en compter la grandeur, on di vife fon difque en douze doigts, & chaque doigt en foixante minutes, & on dit que le foleil eft éclipfé de tant de doigts & de tant de minutes.

65.

de l'ombre

nombre.

Quoique l'éclipfe de lune foit cenDiftinction frale, la lune ne devient pas entiére& de la pé- ment imperceptible. Il faut diftinguer deux fortes d'ombres, une ombre véritable & une pénombre. Suivant les ex périences d'optique fr], l'ombre d'un globe expofé en plein foleit, fe ter mine environ à cent dix diamètres du globe; mais l'ombre véritable ne s'étend qu'à quinze ou feize diamétres; tout le refte n'eft qu'une pénombre.b

La longueur de l'ombre de la terre cft: donc de cent dix diamétres de la terre, c'eft-à dire de trois cents trente mille lieuës, mais l'ombre véritable de la terre ne s'étend qu'à quinze ou feize diamétres de la terre ou environ c'est-à-dire à quarante-cinq ou quaran te huit mille lieues la lune qui eft beaucoup plus éloignée, & dont la diftance eft environ de quatre-vingt-dix millelieues, n'eft jamais pendant les éclipfes que dans la pénombre, où quelques globules de raions de lumiére pénétrent des deux côtés du cône, à améfure qu'il va en s'étréciffante

66,

Utilité

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Rien n'a tant inftruit les aftronomes des éclipfes, que les obfervations des éclipfes, Celles du foleil les ont convaincus que la lune étoit plus proche de la terre que le foleil. Celles de la lune leur ont [r] Mémoir.de Pacad.des fcienc,ann. 1723.

fait conoître la route qu'elle tenoit, & leur ont appris que fon globe étoit beaucoup plus petit que celui de la terre: & comme les autres Planétes ne s'éclipfent point dans l'ombre de la terre, ils ont reconnu que puifque cette ombre n'atteignoit pas la Planéte de Mars, elle devoit fe terminer en pointe, & aller en fe retréciffant depuis fa bafe; que parconféquent la terre étoit plus petite que le foleil; & que les autres Planétes étoient plus éloignées de la terre que la lune, qui eft quelquefois enveloppée dans l'omIbre de la terre.

ples pro

chronolo

Il feroit à fouhaiter que les hifto- 67. riens euffent marqué avec exactitude Les les éclipfes arrivées dans les mêmes pres à rec années, que les évenements dont ils terla parlent, car les aftronomes fçachant le gie. point précis de toutes celles qui font arrivées, fi l'on pouvoit combiner les faits hiftoriques avec elles, on rectifieroit toutes les chronologies dans la plus extrême justesse.

Centtrente ans avant l'ére Chrétienne, Hipparque calcula les éclipses du foleil & celles de la lune pour l'efpace de fix cênts ans. Ceft fur fes obfervations que Ptolemée à fondé la conftruction de fes tables.

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Venus &

Mercure

des

taches dans

Lorfque Venus paffe fous le foleil dans le neud dont fa route coupe l'écliptique, elle ne fait pas comme la paroiffent lune, une éclipfe de foleil, à caufe de commer la petiteffe de fon diamétre; on la voit le difque comme une tache obfcure dans le dif- du foleil. que du foleil. Mercure le plus fouvent ne peut être vû à cause de ses fréquentes conjonctions avec le foleil: lorsqu'il paffe fous le foleil, & qu'il eft fans laLitude, on le voit dans le difque du foleil, comme une petite tache noire.

Touts les aftronomes font d'accord fur cette explication des éclipfes. Touts les phénoménes conformes aux raip. 13. & 118.

69.

Opinions nfenfées

fes.

Nicias & l'armée A

[], & toute fon armée. La fuite de cette terreur fut que Nicias & la flot- thénienne. te différérent leur départ, que l'armée des Athéniens fut taillée en piéces & que Nicias perdit la liberté & la vie.

fonnements en démontrent la certitude. Le point précis des éclipfes paffées eft connu avec autant de précifion, que celui des éclipfes futures. Et il y a peu d'exemples dans les fciences, qui puiffent faire mieux difcerner la verité de l'opinion.

Combien cette matiére des éclipfes nous offre-t-elle de mouvements des r les écli- opinions infenfées des hommes? Les anciens fecouroient la lune dans les éclipfes par un bruit confus de toute forte d'inftruments; ce qui fe pratique encore aujourd'hui en Perfe & dans le roïaume de Tonquin, où l'on s'imagine [s] que la lune combat alors contre un grand dragon, & que le bruit fait lacher prife au dragon, & le met en fuite. Dans toutes les Indes Orientales [], on croit que quand le foleil & la lune s'éclipfent, c'eft qu'un certain démon qui a les griffes fort noires, les étend fur ces aftres, dont il veut le faifir: & vous voïez pendant de temps-là les riviéres couvertes de têtes d'Indiens, qui fe font mis dans l'eau jufqu'au col, parce que c'eft une fituation très dévote felon eux, & très propre à obtenir du foleil & de la lune, qu'ils fe défendent bien contre le démon. En Amérique on étoit perfuadé que le foleil & la lune étoient fachés, quand ils s'éclipfoient; & Dieu fait tout ce qu'on faifoit pour se rac, commoder avec eux. Mais les Grecs qui étoient fi rafinés, n'ont-ils pas cru longtemps que la lune étoit en forcelée, & que des magiciennes la faifoient defcendre du ciel,pour jetter fur les her bes une certaine écume malfaifante?

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Agathoclés dans fon trajet en Afri- Politique que [x] fut bien plus habile, car ne d'Agathopouvant diffiper l'impreffion qu'une é- clés. clipfe de lune avoit faite fur les ef prits de fes foldats, il en tira avantage par l'interprétation qu'il lui donna, en leur difant que fi l'éclipfe fût arrivée avant l'embarquement, le préfage eût été contr'eux, mais que n'étant furvenue qu'après leur départ, ce préfage menaçoit inconteftablement l'ennemi. Périclés voïant [y] fon pilote De Péritroublé par une éclipfe, la lui expli- clés. qua en lui faifant paffer fon manteau devant les yeux,

72.

73.

Plutarque dit [z] que l'on connoif- Phyficiens foit bien la caufe des éclipfes de foleil fufpects d'impiété. par l'interpofition de la lune,mais qu'on ne pouvoit comprendre par l'oppofition de quel corps la lune perdoit fa lumiére. L'écrit d'Anaxagore qui expliquoit les diverses phafes de la lune, & fes ombres, étoit encore tenu fort fecret, on ne le communiquoit qu'avec beaucoup de réferve & de précaution: car le peuple foupçonnoit les Phyficiens de réduire toutes les opérations de la divinité à des caufes purement naturelles & à des facultés fans providence.

74.

mées.

Une éclipfe de lune qui furvint pen- nedelidant une bataille entre les Lydiens & les pfe fépare Médes [4], épouvanta fi fort les deux deux ararmées, qu'elles fe féparérent, & que le combat finit. Les deux Rois Halyattés & Cyaxare réfolurent de part &d'autre, de faire la paix & de prendre des ar bitres. Les Lydiens choifirent pour le

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75. Trait de ftupidité fur la lune.

76. Un Curé

leur, Siennefis roi de Cilicie, & les Médes Nabuchodonofor, roi de Babylone, qu'Hérodote [b]appelle Labynet. Cette éclipfe [c] avoit été annoncée par Thalés. Elle arriva lezo.Septembre de la147 année de l'ére de Nabonaffar, de la neuvième année du régne de Joachim roi de Juda,601. ans avant Jefus-Chrift. Le pére [a]Del Rio & Jonfton[e]rapportent un trait de ftupidité de quelques païfans qui ouvrirent le ventre d'un âne, pour en retirer la lune, parce que cet aftre, dont il avoient vû l'image dans une fource d'eau bien claire, avoit difparu à leurs yeux, aïant été cachée par quelque nuage au moment que l'âne avoit été y boire.

Quoiqu'on foit fort inftruit depuis dit que le longtemps de la caufe des éclipfes, on dit clipfe eft re-néanmoins [f], que l'éclipfe de foleil, mifeà quin- qui arriva le 1 2. Août 1654. répandit

Zaine.

77.

une fi grande confternation dans quel ques endroits de la campagne, où l'on avoit tenu à ce fujet des difcours effraïants, qu'un Curé ne pouvant fuffire à confeffer touts fes Paroiffiens, prit le parti de leur dire au Prône, qu'ils ne fe preffaflent pas tant, & que l'éclipfe étoit remife à quinzaine.

Il s'en faut bien, qu'il ne puiffe y a Enorme voir, dans touts les calculs aftronomi

ques.

distance des ques, la même jufteffe & la même préaftronomi- cifion, que dans ceux des éclipfes. On trouve, entre les opinions des aftrono mes, des distances auffi énormes, qu'en tre les efpaces immenfes, qu'ils préten dent mefurer.

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79.

fur le lieu

dent même pas fur le mouvement de la lune, qui eft le plus apparent de touts. Léovice qui a fuivi les tables Alphonfines,dont Copernic a montré les erreurs, s'eft trompé dans le calcul des grandes conjonctions. Mercator qui s'eft efforcé de rendre fon travail plus correct par les éclipfes, s'eft appuïé fur une hypothéfe qui ne peut être véritable, fuppofant qu'en la création du monde, le foleil étoit au figne du lion, fuivant l'opinion de Julius Maternus, & contre le fentiment des Arabes qui ont écrit que le foleil étoit au figne du bélier. Or, suivant Différentes Bodin [g], les uns & les autres fe font hypothes trompés; car on connoît par la loi de du fole en Moyfe, lorfqu'elle prefcrit la célébra- la création tion de la fête des Tabernacles [b], que parmi les Hébreux le prémier mois de l'année étoit anciennement celui qui répond pour la plus grande partie à notre mois de Septembre. Le Soleil étoit donc au figne de la balance, lorsque le monde a commencé. Le même mois étoit auffi le prémier de l'année chez les Egyptiens, & il eft vraifemblable que Dieu aiant créé l'homme & touts les animaux en un âge parfait, leur a auffi donné les fruits murs, & dans l'Automme du pais où le paradis terreftre étoit fitué.

Quelques aftronomes Chrétiens ont cru que, torfque le monde avoit été créé, l'apogée du foleil étoit dans le prémier degré du bélier; ce qui ne s'éfoigne pas beaucoup de l'ancienneté qu'auroit le monde, fuivant le calcul chronologique des Septante; mais il est bien à craindre, dit M. de Fontenelle [i], que ces fortes de convenances-là n'aient que le mérite de nous plaire, & que la nature he s'y affujétiffe pas.

[f] Bayle, penf. fur, la Comét,
[g] Bodin, de la répub, liv.4, c. 2,
[b] Exod.c. 12.

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aftronome déterminoit l'obliquité dè l'écliptique à 23. degrés, 49. minutes, & 10. fecondes, au lieu qu'elle eft préfentement fixée depuis environ 5o. ans, à 23. degrés, 29. minutes: d'où il fuit, qu'en prenant les obfervations de Pythéas pour fures, l'obliquité de l'écli ptique auroit diminué depuis Pychéas de 20. minutes, c'est-à-dire, d'une mipute par fiécle. Et M. le chevalier de Louville trouvant l'obliquité de l'écliptique affez conftamment dans ces derniéres années de 23. degrés, 28.minutes, 24. fecondes, il conclut qu'elle a diminué d'une demie minute à peu près en fo. ans.

Il appuie ce fyftéme, fur ce qu'aïant fait à Marseille plufieurs obfervations aftronomiques, il a trouvé une diminus tion de vingt minutes dans l'obliquité de l'écliptique, par rapport aux obfer vations que, Pytheas faifoit environ deux mille ans auparavant dans la même ville de Marfeille/1 car Fancien

Voici d'autres raifons de fes conjecu. res. Selon une ancienne tradition des Egyptiens rapportée par Hérodote, l'éeliptique, dit M. de Louville, avoit été autrefois perpendiculaire à l'équateur. Comment cette idée fera-t elle tombée dans l'efprit des Egyptiens? c'est parce qu'ils ont obfervé pendant une affez longue fuite de fiécles, que l'obliquité de l'écliptique dindinuoit toujours, ou ce qui eft le même, que l'écliptique fe rapprochoit toujours de l'équateur;car ils auront conclu de-là que ces deux cercles avoient commencé par fe couper à angles droits, & ce qu'ils auront anti conclu, ils l'auront donné pour un fait obfervé, foit afin de faire valoir l'antiquité de leur nation, dont on fçait combien ils étoient jaloux, foit par Pamour du merveilleux,ou peut-être que les Grecs auront pris pour un fait conftant, ce qui ne leur étoit donné, que comme une conjecture de fçavants.

Il y a plus, ajoute M. le chevalier de Louville, Diodore de Sicile dit que les Chaldéens comptoient quatre cents Zzz 3

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