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tile qu'il appella æther. N'admettant point de vuide, il fit ufage de l'æther pour remplir les interftices de touts les corps. Le grand défaut de fa Physique eft de n'avoir pas pouffé affez loin l'ufage de l'air & de l'æther; mais les principes des modernes ne lui ont pas été in

connus.

Les corpufcules d'Afclepiade étoient imperceptibles aux fens & extrémément déliés, divifibles, fragiles, fujets à augmentation & à retranchement, & à prendre de nouvelles figures par le froiffement, au lieu d'être indiffolubles & inaltérables, comme ceux de Démocrite & d'Epicure. N'eft-ce pas là exprimer parfaitement la matiére fubtile de Descartes? Afclepiade dans fon fift éme de Médecine femble avoir été le précurfeur de la Phyfique nouvelle, lorfqu'il a rejetté les explications d'Hippocrate fondées fur les qualités occultes & attractives, n'admettant l'attraction en aucune rencontre [ n ] non pas même à l'égard de l'aiman & du fer,& foutenant que tout ce qui arrive dans la nature, fe fait par le concours des petits corps,& par la diverfe difpofition des pores.

par des particules à plufieurs angles?

Ariftote [ 9 ]examine fi le feu brule par le mouvement des parties rondes, aiguës, ou pyramidales, fuivant le sentiment des philofophes de ce temps, qui fe font les auteurs de bien des chofes qu'Ariftote avoit enfeignées avant eux: comme quand il prouve la pefanteur de l'air par l'exprérience d'un balon qui péfe plus quand il eft enflé . Quoique d'autres fe fervent du même exemple, comme d'une objection à la pefanteur de l'air, foutenant qu'un baIon bien gonflé d'air, ne péfe pas plus qu'un balon affaiffé.

Lucréce[] explique la propriété de l'aiman d'attirer le fer & un autre aiman, d'une maniére affez femblable à celle de Defcartes, puifqu'il établit ces quatre principes, qu'il émane inceffamment de toute fubftance matérielle une immenfe quantité de corpuf cules: qu'aucun corps n'eft affez folide pour n'étre pas pénétré de pores & d'interftices dans toute fon étenduë: que les corpufcules ont différentes figures: que les pores ou interstices font aufsi différemment difpofés.

Théophrafte [] dit qu'il eft difficile de déterminer la caufe des différences dans le goût: fic'eft aux affections différentes des fens mêmes qu'il faut l'attribuer, ou felon Démocrite aux figures des parties qui excitent le goût. Démocrite [p] avoit expliqué que les parties globuleufes excitoient la douceur, que l'auftére étoit caufé par Phédre, accuse Anaxagore d'avoir ex- introduit les corpufcules groffiers pliqué touts les phénoménes de la na

Gaffendi & Defcartes par leurs corpufcules & leur matiére fubtile n'ont donc fait, que renouveller cette philofophie la plus ancienne de toutes, & qui a de beaucoup précédé les qualités réelles, les formes fubftantielles, les vertus occultes,les forces fympathi- traité d'im ques ou antipathiques. Platon,

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l'apre

[n] Galen, de facult, natur. lib. 1.c. 12. Cal. Aurelian. de morbis acutis & chronicis, lib.1.c.14.

[ + ] Πότερον γὰρ τοῖς πάθεσι τοῖς κατὰ τὰς αισθήσεις ἀποδοτέον, ἢ ὥσπερ Λημόκριτος,τοῖς oxμaon, or "xxoto, Theophr. de cauf. plantar.lib.6.c.1.

116,

Platon 4

chanifme

dans la rure par ture naxagore

[ρ] Δημόκριτος γλυκὺν μὲν, τὸν στρογγι λον... στρυφὸν δὲ τὸν μεγαλόσχημον τρα χὺν δὲ τὸν πολυγώνιον . Théophr. de caus plantar. lib. 6.ch.2

[q] Lep.Rapin,compar.de Platon & d'A riftote, part. 3 ch.6.'

[r Lucres. lib.6. v.907. & feq.

ture par la matiére & le mouvement. Defcartes eft juftifié fuffisamment de tout foupçon d'impiété, aïant reconnu que la matière a été créée, & aïant pofé pour principe que les loix du mouvement ont été établies par l'être fupréme avec connoiffance & deffein; il n'a donc fait que corriger en philo fophe Chrétien, ce méchanifme général que Platon regarde comme une impiété. Lorfqu'on a objecte à Defcartes, que En quoi la la philofophie qu'il donnoit pour nouhilofop hie e Descartes velle, étoit celle de Démocrite, il a iffere de fait voir [] que les principes en font fort différents.

117.

elle de Démocrite.

Démocrite admettoit des atomes indivifibles; Descartes a foutenu la divifibilité à l'infini: Démocrite tenoit le vuide néceffaire; Defcartes l'a rejetté de la nature: Démocrite attribuoit de la pefanteur aux corps; Defcartes établit pour principe qu'une plus grande force centrifuge dans les corps qu'on nomme legers, repouf fe vers le centre les corps plus folides, aufquels on a attaché une idée de pefanteur: Démocrite n'expliquoit point comment le concours de fes atomes pouvoit produire les objets vifibles; Defcartes rend raifon de la formation de chaque corps, par le mouvement de ses trois élements, & il n'a imité perfonne dans ce détail des productions par le méchanifme Tom. I.

de la nature. Il a pouffé plus loin l'application des principes qui ont été connus aux anciens.

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de Defcar

autres.

Il faut convenir que le commencement de la lettre d'Epicure à Pyto- Tourbillons clés [1], enfeigne une phyfique affez tes dans femblable aux tourbillons de Defcar- Epicure & tes, lorsqu'il y eft expliqué que le monde eft refferré & contenu par les mondes qui l'environnent, & qui le preffant de toutes parts lui font pren. dre diverfes formes, fuivant qu'il leur réfifte ou qu'il eft obligé de leur céder.

Archélais [] avoit dit que le foleil eft une des étoiles. Platon [x] en foutenant que chaque étoile tourne fur fon propre centre, a fourni à Defcartes une idée encore plus précife de fes tourbillons.

Marcel Palingenius [y] qui vivoit environ cent ansavant Defcartes, avoit renouvellé le fentiment de Platon du tournoiment de chaque étoile autour de fon propre centre; & il ajoute que c'eft le mouvement circulaire de l'étoile, qui rend fa lumière petillante à nos yeux.

L'opinion Cartéfienne [z] que la matiére & l'étendue font une même chofe, eft tirée de Timée de Locres. Quand la philofophie de Defcartes parut,on le dé. cria comme un novateur;lorfque fa philofophie a été bien établie,l'accufation a changé, il eft devenu plagiaire.

V v vs

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CHAPITRE TROISIÈME.

De l'Aftronomie.

SOMMAIRE.

1. Syfteme de Ptolémée. 2. Objections contre le fyfteme de Ptolémée. 3. Rẻponfe des Ptolémiftes, & épicycles des Planétes. 4. Excentricités des Planetes. 5. Parole impie d'Alphonfe X. roi de Caftille. 6. Solution de Fracaftor, par la différence de la matière éthérée. 7.Objection fans répenfe, des différentes phases de Venus. 8. Syfteme de Copernic. 9. Prémier mobile dans le foleil tournant fur fon axe. 10. Sphère de Mercure. 11. Sphere de Venus. 12. De l'excentricité de Venus. 13. De l'apparener des Planétes directes, ou ftation naires, où retrogrades. 14.Sphère de la terre. 15. Mouvement de déclinai fon de la terre. 16. Le zodiaque eft excentrique au foleil. 17. Le globe de la terre eft elliptique. 18. Sphère de la lune. 19. Mouvement périodique de la lune. 20. Mouve ment fynodique de la lune. 21.Sphé re de Mars. 22. Sphère de Jupiter. 23. Satellites de Jupiter, & leurs révolutions. 24. Sphère de Saturne. 25. Anfes on fatellites de Saturne. 26. Tous les corps céleftes tournent fur leurs axes:quelques-uns exceptent les fatellites. 27. Les taches du difque folaire prouvent fon mouvement fur fon axe. 28. Uniformité des ouvrages de la nature. 29. De la révolution du ciel des étoiles fixes. 30. De la préceffion des équinoxes. 31. Troifiéme mouvement attribué au globe de la terre, par quelques Co

perniciens. 32. Avantages du fyftème de Copernic, fur celui de Ptolé mée. 33. Comparaison du mouvement de la terre fur son axe avec le mouvement incompréhensible du ciel des étoiles fixes. 34. Objections contre le fyfteme de Copernic. 35. Réponfe des Coperniciens. 36. Autre objection. 37. Réponse. 38. ObjeEtion plus forte de la diftance prodigieufe des étoiles. 39. Réponse. 40. Objection des expreffions de l'écriture. 41. Réponfe. 42. Systéme de TychoBrahé. 43. Objections contre le fyfte me de Tycho-Brahé. 44. Différentes opinions fur le ciel des étoiles fixes. 45. Réponse des fectateurs de TychoBrahe. 46.Replique des Coperniciens. 47. Le méchanifme général de la nature ne se trouve que dans le fyféme de Copernic. 48. Quatrième fyfteme de Longomontan. 49. Cefyfréme, quoique fort aifé à foutenir, eft demeuré affez obfcur. 50. Le fyfeme de Copernie pris des anciens. 51. Explication des éclipfes.5 2. Des différens quartiers de la lune. 53. Caufe de l'eclipfe de lune. 54. Caufe de l'éclipfe de foleil. 55.Pourquoi les éclipfes de foleil & de lune n'ar rivent pas à toutes les conjonctions

oppofitions? 56. Route du fo leil dans l'écliptique. 57. Ecart de la lune par rapport à la rou te du foleil. 53. Ce qu'on appelle latitude de la lune. 59. Tems & occafions des éclipfes. 60. Eclipfes de foleil plus rares & plus courtes que

celles de lune. 61 Des ténébres de lapaffion. 62. Eclipfes totales, on de partie du corps éclipfè. 63. Ecli pfe au foleil annulaire. 64. Degrés de l'éclipfe exprimés par doigts & minutes, 65. Distinction de l'ombre de la pénombre. 66. Plufieurs

"

couvrir la distance des fixes. 96. Du demi-diamètre de l'orbite de la ca nicule. 97. Nous n'avons que des notions relatives de la grandeur & de la petiteffe. 98. Du concert de Pythagore. 99. Différentes opinions fur la graffeur du globe falaire. 100. Sur la groffeur de la lune. 101. Des autres Planétes. 102. Calculs d'Alfragan. 103. Groffenr incom prehenfible des étoiles. 104. Le progrés dans les fciences nous découvre nôtre ignorance. 105. Les étoiles font innombrables. 106. Ancien calcul des étoiles. 107.Apparition de nouvelles étoiles. 108, De l'étoile miraculeuse qui apparut aux Mages 109. Différentes opinions fur la voie lactée. 10. Plusieurs ont crû que les aftres étoient animés, 111. Diverfise d'opinions fur les Cométes. 112. Opinion d'Aristote. 113. Opi. nion de Longomontan, 114. L'opi nion de Longomontan paroît la plus fimple. 115. Les Cométes arrivent fréquemment. 116. Prédictions des Cométes. 117. Chute d'une pierre dans le fleuve Egos prédite par Anaxagore, 18. Les anciens étoient fort bornés dans leurs connoissances astronomiques. 119. Opinions anciennes fur le foleil. 120. Sur les étoiles, 121, Sur la voie lactée. 122. Sur la lune, 123. Aftronomie des fauvages.

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connoiffances aftronomique's tirées des éclipfes. 67. Les éclipfes combinées avec les faits bistoriques, pourroient rectifier la chronologie. 68.Venus & Mercure, au lieu d'eclipfer le foleil, paroiffent comme des taches dans fon difque. 69.Opinions infenfees fur les éclipfes. 70. La fraïeur canfee par ane eclipfe fait périr Nicias, & l'armée Athénienne. 1. Politique d'Agathoclés. 72. Explication d'une é clipfe par Périclés.7 3.Phyficiens fufpects d'impiété, 74. Une éclipfe qui avoit été annoncée par Thales, fér pare deux armées. 75. Trait de ftu pidité fur la lune. 76. Un Curé dit à fes paroiffiens, que l'éclipfe eft remife à quinzaine. 77. Enorme di ftance des opinions aftronomiques. 78. Fautes & contrariétés dans les éphé mérides. 79. Différentes hypothefes fur le lieu du zodiaque, où le foleil fut placé à la création du monde. 80. La terre fatellite de la lune. 81. De l'opinion que les aftres ne font plus dans les mêmes régions 82. Systéme de M. le Chevalier de Louville d'une révolution attribuée à l'éclipuque. 83. Règle de Kepler. 84. Ufuge de la parallaxe. 85.Diftance de Mars dans fan périgée. 86, Distance du foleil fuivant l'Académie. 87. Suivant Archimede & Ptolémée. 88.Suivant quelques modernes, 89. Quelques fectateurs de Ptolémée & de Tycho-Brahé diminuent la diftandérée fous un feul point de vue. 'Aftronomie ne doit pas être confice du ciel des étoiles fixes. 90.Distance de Saturne décuple de celle du foleil, 91. Expreffions d'Hefiode & d'Hu guens fur la distance des cieux. 92, Idée de la distance des étoiles fixes. 93. Le télescope diminue les étoiles fixes, an lien de les groffir, 94. Opinion ancienne fur les étoiles fixes. 95. Expérience d'Huguens pour dé

Elle eft compofée de conjectures, & de calculs; d'hypothéfes vraisemblables & de découvertes folides; d'opinions, & de vérités. Sous l'un & l'autre de ces regards, elle montre l'étenduë & la pénétration de l'efprit humain. Il décide par cette fcience de la forme de l'univers, il en augmente, ou en ref

Systéme de Ptolémée.

ferre les limites, il arrange & tranfporte le cieux à fon gré, felon les differents fyftémes qu'il y établit.

Celui qui a été fuivi par le plus grand nombre d'aftronomes, & pendant la plus longue fuite de fiécles, eft le fyftéme de Ptolémée; & quoiqu'il foit aujourd'hui détruit fans reffource par les obfervations des modernes, il eft néceffaire de l'expliquer ici, puifque c'est une des parties des plus célébres. de la science aftronomique.

Ptolémée plaçoit dans le centre de P'univers, le globe compofé de terre & d'eau que nous habitons. L'air en. veloppe ce globe, & au deflus de l'air Ptolémée avoit imaginé une fphére de feu. Au deffus de la fphére de feu, il avoit établi toutes les Planétes, au de. Fà defquelles il mettoit les étoiles fixes, qu'il prétendoit être emportées touts les jours d'Orient en Occident par le mouvement du prémier mobile, & il fuppofoit que les Planétes, outre le mouvement commun & général du prémier mobile, qui les entraînoit en vingt-quatre heures autour de la terre, avoient un mouvement particulier & même contraire, fuivant lequel elles tournoient autour de la terre d'Occident en Orient, achevant leurs révolutions dans des efpaces de temps différents, non par une ligne paralléle à l'équateur de la terre, mais en biaifant, & en décrivant une efpéce d'écharpe autour du globe terreftre. La fphère de la lune placée immédiatement au deffus de l'élément du

[a]On dit que les Planeres font directes,lorf. que le foleil felon le fyftéme de Ptolémée, & de Tycho-Brahé ou la terre felon lefyftéme de Copernic paroiffent devancés par elles dans l'écliptique,de l'Occident vers l'Orient,fuivant l'or dre des fignes du zodiaque;les Planétes font ap. pellées Stationnaires,quand elles femblent s'ar. rêterdans le même endroit du ciel, & les aftro

feu, & dans la région la plus voifise de la terre, décrivoit autour d'elle le plus petit cercle de touts ceux des Planétes en vingt-fept jours, fept heures & 43. minutes. Au deffus de la lune Mercure dans le 2. ciel Venus dans le 3. & le foleil dans le 4.tournoient autour de la terre en un pareil efpace de temps, qui eft de 365.jours f. heures & 49.minutes. Mais comme les deux Planétes de Mercure & de Venus paroiffent à l'égard du foleil quelquefois directes [ a ], quelquefois ftationnaires, & quelquefois rétrogrades, & que leur globe paroît quelquefois plus petit & quelquefois plus grand, il a fallu pour expliquer ces apparences, inventer des épicycles, qui ont foutenu pendant long-temps ce fyftéme. Les fectateurs de Prolémée étoient donc obligés de foutenir que ces Planétes, outre le mouvement général qui les emportoit en vingt-quatre heures d'Orient en Occident, & la révolution annuelle qui leur faifoit parcourir l'écliptique, avoient un troifiéme mouvement fuivant lequel elles décrivoient un épicycle [b], c'est-à-dire un cercle autour du centre de leur ciel, ou de leur fphére.

Prolémée dans le 5. ciel plaçoit Mars qui achéve fa révolution en un an(ainfi qu'il eft dit à la page 270. de ce même volume) en un an trois cent vint & un jours & dans le 6. ciel, la fphére de Jupiter qui emploie onze ans, trois cents treize jours & dix-neuf heures, à parcourir fon orbite [c], il affignoit

nomes les qualifient rétrogrades, lorsque par comparaison au mouvement au progrés du foleil,on de la terre, elles paroiffent reculer vers l'Occident.

[6] Epicycle eft un mot grec,qui fignifie un cercle ajoute à un autre cercle.

[c] L'erbite d'une Planéte eft la ligne que le centre de cette Planéte décrit dans le ciel par

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