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l'air.

81.

qui n'eft pastrempée, cette lame acquiert la vertu élastique, parce qu'en la battant on étreffit fes pores.

La vertu élastique de l'air eft fuffi Reffort de famment connue. On fçait que tous les bonds d'un balon ne fe font, que parce qu'en tombant le cuir s'enfonce, & comprime l'air, qui revenant par fon reffort dans l'enfoncement, d'où il s'étoit retiré, fait bondir cette groffe boule de cuir.

Les deux propriétes de l'aiman, d'attirer le fer & de fe tourner vers l'un des poles, dont la prémiére feu lement a été connue des anciens ont un même principe dans le tourbillon, magnétique qui entoure la terre.

L'Académie des Sciences d'Angleterre [o] a remarqué qu'une pierre d'aiman de foixante livres, agiffoit à neuf piés de diftance.

Saint Auguftin[p]rapporte que BaL'aiman thanaire gouverneur d'Egypte pric une gouverneur d'Egypte pric une agit au delà pierre d'aiman, & la mettant fous une des corpsesaffiette d'argent, fur laquelle il y avoit un morceau de fer, le fer fuivoit touts les mouvements qu'il faifoit faire à l'aiman, fans que l'argent qui étoit entre deux remuât. L'aimanagit fur le fer au travers du verre, & du marbre même.

A l'égard du verre, on a pouffé l'expérience plus loin. On aenfermé une aiguille a coudre dans un petit tuïau de verre, fermé hermétique ment; on l'a mis nager fur l'eau, & avec un bon aiman on l'attiroit ça & là, comme on vouloit.

Pour ce qui eft des métaux & du marbre, au delà defquels l'effet de la vertu.magnétique s'eft fait remarquer, on peut dire que les corpufcules de l'aiman n'ont pas pénétré les pores de ca

[o] Aft. philof. Mars 1666.

[p] S. Ang de civit. Dei, lib. 21. c. 4. [q] Plin. lib. 37. c. 4.

marbre, & de ces métaux qui font inacceffibles à la lumiére, mais qu'ils ont paffé autour, comme feroit la fumée d'un flambeau éteint; à moins qu'on ne veuille foutenir que les corpufcules magnétiques, étant une matière fubtile du prémier élément, font plus dé: liés & plus pénétrants que les globules du fecond élément, dont eft compofée la lumiére.

l'aiman

Pline [9], Plutarque [r], Agrippa 83. [s],& plufieurs autres fe font trompés,, Erreur fus en difant que l'aiman perd fa force, s'ila auprès de lui un diamant, ou de l'ail: ce qui a été reconnu faux par les expériences de Jean Baptifte de la Porte, d'Ulyffe Aldobrandi, de Gafpard Schot & autres. Le comte de Vérulam s'étonne à ce sujet, qu'on n'ait pas fait réfléxion, que les pilotes des vaiffeaux font grands mangeurs d'ail, & que la bouffole qu'ils ne quittent point, ne perd pas pour cela fa vertu.

L'inclinaifon de la verge de fer,ou de l'aiguille aimantée, ne doit pas être la même dans touts les climats, parce. que la ligne décrite par le tourbillon magnétique,eft beaucoup plus courbe, en approchant des poles, que vers l'équateur.

Pour s'aflurer de cette inclinaifon, fans qu'il en coute les peines & les frais d'un voïage du tour de presque toute la terre, on peut voir avec un fil de fer appliqué en diverfes maniéres fur un aiman rond, les mêmes phénoménes qui arrivent à l'aiguille de la bouffole, dans les différents climats du monde. Ainfi fans fortir de fon cabinet, on fera à l'entour d'un aiman fphérique les mêmes expériences, que les pilotes ont faites à l'en

[r] Plutarq, des prop. de table, liv. 2 quest. 7. [$1 Agripp philof occult.liv.1.ch.18.

tour de la terre. Car fi l'on porte ce fil de fer fur l'équateur de l'aiman [] il fe mettra de lui-même parallele à l'axe de l'aiman, fans nulle inclinaifon. Pofé aux poles, il fe placera comme s'il fortoit de l'aiman,& qu'il voulût en continuer l'axe: mis entre l'é quateur & les poles, il baiffera,& s'inclinera par le bout qui regardera le pole, & d'autant plus qu'il en fera plus proche de forte qu'on obfervera par la différente fituation & inclinai fon que prendra ce fil de fer fur un aiman fphérique, en le plaçant différemment à l'entour, la même fituation, & la même inclinaifon, que garde l'aiguille de la bouffole fous un même méridien, dans les différentes contrées du monde. Ce qui arrive ainsi, parceque chaque aiman eft entouré d'un pe tittourbillon de matiére magnétique, qui circule autour de fa circonférence, & qui y décrit des lignes telles qu'en décrit le grand tourbillon de cette même matiére autour de la terre. C'est pourquoi un Anglois a fort bien dit,que la terre eft un grand aiman, & qu'un aiman rond eft une petite terre. Déclinaifon Rien n'eft plus utile aux naviga. de la bouf- tions de long cours que cette découverte, au moïen de laquelle un Pilote eft toûjours orienté en pleine mer. La nature cependant jaloufe de fes myftéres n'a laiffé appercevoir celui-ci qu'avec des incertitudes & des variations, dont les caufes nous font inconnuës. Les mouvements de la bouffole ne font pas exactement réguliers.

ole.

84.

On a pris une pierre [#] d'aiman arrondie de cent livres, & à peu près d'un pié & deai de diamètre, aïant

[t] Vallem.Phyfiq.occult.ch.5. [u]Hift.de l'Acad.des fcienc,ann, 1705. p. 8. [x] Le Pére Regnault, entret, Phyfiq, 1.

fur fa furface unéquateur & des méridiens tracés: une aiguille de bouffole, mife fucceffivement fur ces méridiens différents, a eu tantôt une déclinaison vers l'orient, tantôt vers l'occident, tantôt elle a été sans déclinaison.

la

a

Un vai sau François [x] qui alla à Chineen 1719. par la mer du Sud, trouvé une ligne fans déclinaison qui traverse la mer du Sud du feptentrion au midi, à peu près comme un méridien. Hallei fçavant Anglois trouva [y] dans un voïage qu'il fit aux terres Auftrales en 1700. quatre endroits différents, où l'aiguille aimantée ne déclinoit point. Lorfqu'il eut ces quatre points,il traça une ligne courbe affez irrégulière, autour du globe terreftre, aïant à l'un de fes côtes les endroits, où la déclinaifon feroit orientale, & à l'autre ceux où la déclinaison feroit occidentale.Il trouva pendant fon voïage toutes les obfervations conformes à fon idée, & il traça cette ligne courbe fur une carte. Il faudroit bien des expériences pour confirmer l'idée de Hallei, d'autant plus que dans un même lieu la déclinaifon ne varie pas également en temps égaux.

La déclinaifon irrégulière, qui se remarque dans l'expérience qui vient d'être rapportée, d'une aiguille de bouffole mife fucceffivement fur les différents méridiens d'une pierre d'aiman arrondie de cent livres, est attribuée aux divers mêlanges répandus irrégulièrement fur cette pierre. Or la terre eft un aiman encore plus mêlé, & qui renferme par conféquent beaucoup plus de caufes de variations.

Les changements qui fe font dans la

1. entret. 22.

[y] Hift.de l'Acad. des fciene, ann:1701, p. 9.

85.

buée par Gaffendi

cules ma

terre par de nouvelles mines de fer,
par des mines anciennes épuilées, par
des mines fituées différemment, par
la différente configuration des pores
vers la furface de la terre, par l'action
deseaux
des eaux ou des feux foûterrains font
autant de caufes, qui doivent varier
les écoulements de la matiére magnéti-
que, apporter des changements aux
propriétés de l'aiman, & par une con
féquence naturelle & évidente, caufer
des déclinaifons de la bouffole.

La penfan Gallendi attribue la pefanteur en géteur attri- néral à l'action du tourbillon magnétique, qui tournoïant fans cefle autour aux corpuf de la terre, non feulement sinfinue gnétiques. dans la pierre d'aiman, comme la féve dans une plante, mais pénétre & enveJoppe les corps groffiers par une quantité plus ou moins grande d'atomes crochus, & les force en les entrainant de s'approcher du centre. I fonde cette opinion fur une expérience fenfible, qui confifte à mettre un morceau de fer fur la main, & un aiman au deffous. On éprouve alors que le fer paroît plus péfant

86.

De l'enlé.

brins de

triques.

La philofophie des corpufcules dévement des veloppe affez clairement l'action des paille,& au- corps électriques, comme font le diatres petits mant, le fapphir, l'ambre, l'agathe, fétus par les cops élec- la cire d'Espagne, appellés électriques à caufe du petit tourbillon de la matiére fubtile qui des environne. On voit comment ces corps & plufieurs autres pierres précieufes attirent & en lévent, quand on les a frottés avec du drap, touts les petits fétus, les brins de paille, & toutes fortes de chofes extrémément légères. Ceux qui ont expliqué ces attractions par les vertus occultes n'ont rien dit; mais cette action fenfible des corps électriques peut s'expliquer par le mouYement impétueux des corpufcules

Quand on frotte cette fubftance; on en ouvre les pores, on augmente l'agitation de le matiére fubtile qui y tranfpire; & alors il fe fait une émis fion abondante d'efprits à l'entour, & une efpéce d'éruption fubite de corpufcules, dont le cours rapide chaffe l'air contigu. Cet air revenant fur lui-même par fon reffort, repouffe les petits corps électrique, qui péétrent & pouffent en retournant les chofes légères, qu'ils trouvent fur leur chemin.

Les corps électriques attirent done les brins de paille, & autres petits fétus, comme l'aiman attire le fer, avec ces différences: qu'il ne faut point frotter l'aiman, autour duquel il circule toujours un athmosphere abondant de matiére magnétique; que l'aiman n'attire que le fer, ou un au tre aiman, parce qu'il n'y a que le fer ou un autre aiman, qui ait fes pores difpofés à recevoir la file des corpufcules magnétiques; que ces corpufcules difpofés en forme de peti tes vifles, doivent être plûtôt rapportés à la matiére plus compacte du troifiéme élément, qu'à la matiére fubtile du prémier: au lieu que l'action des corpufcules éléctriques n'étant produite que par leur agitation, fans que leur figure yait aucune part, & confiftant fimplement à pouffer l'air, & lorsqu'ils font repouffés par le reffort de l'air, à entraîner avec eux les brins de paille, & autres fétus qu'ils rencontrent, cet effet convient à la matiére fubtile; que le tourbillons magnétique laifle en repos les brins de paille, & autres petits fé tus, parce qu'étant continuel, il eft en paix avec l'air dans lequel il s'infinue, jufqu'à ce que la file de ses corpufcules rencontre un autre aiman

ou

87.

Differences ons ma ériques électriques.

des tourbi ⚫lons mag

tragies

Ja nature.

ou du fer, au lieu que le petit tourbillon électrique faifant, lorfque le corpseft frotté, une fortie fubite & impétueufe, dérange l'équilibre de l'air, dont le ref. fort cause l'enlèvement du fétu: enfin que le tourbillon magnétique bien plus abondant & plus fort étend auffi beaucoup plus loin la fphére de fon activité, pénétre les pores du verre, & tranfporte fes impreffions au-de-là même des corps les plus folides.

88. İleft vraisemblable que le magnétifEfpéce de nagnétifme me des corps ne regarde pas feulement général dans l'aiman, le fer, & quelques corps électriques, mais la plupart des corps d'une maniére plus ou moins fenfible [z]. C'eft de là qu'il arrive que l'eau mouille le verre, & que le mercure ne Je mouille point. Delà deux gouttes d'eau fe confondent l'une avec l'autre, dès qu'elles font proches l'une de l'autre, ou au prémier contact.

phyficiens

caufe ce qui

-Le défaut d'un grand nombre de PhyDéfaut de ficien a été de s'attacher tellement à une quelques opinion particuliére, & favorite, qu'ils de rappor- attribuent à une caufe unique ce qui eft ter à une l'effet de plufieurs caufes, qui concoueft l'effet de rent au même phénoméne. C'est ainfi plufieurs. que les tremblements de terre ont été rapportés par Anaxagore à l'air; par Empedocle au feu; par Thalés, & Démocrite à l'eau; par Ariftote & Théophrafte aux vents; par Afclepiade à des chutes, ou des ruines dans des cavernes foûterraines. Aucun de ces philofophes ne fe fût apparemment trompé, s'il eût donné la caufe qu'il foutenoit, non comme unique, mais comme faifant partie de celles, qui contribuoient aux tremblements de terre. 2. Tom. 1.

90.

nes diffé

Ariftote [a] a expliqué l'origne des Origine des fontaines, par un air condensé ou par fources & des vapeurs qui s'étant élevées du fond des fontaide la terre, rencontrent des rochers en remmene forme de voutes, s'y épaiffiffent en pe- expliquée. tites goutes, & fe réduifent en eau. Mais la terre ne peut pas contenir afsez d'air, pour fournir des eaux à toutes les fources, & à toutes les rivières. D'autres philofophes attribuent fes fources aux eaux de pluïe, ou de neige fondue, qui après avoir pénétré les pores de la terre, & les fentes des rochers, fe ramaffent dans des carriéres, comme dans des réfervoirs, & fortent enfuite par des canaux foûterrains, pour fe répandre fur la terre. Cette caufe ne peut pas encore être générale; on lit dans la fainte écriture qu'il ne pleut jamais fur les montagnes de Gelboë; il y a beaucoup de païs, où il ne tombe jamais de pluie, on y trouve cependant des fources; & fi l'on y fait des puits, ils fe rempliffent d'eau. Sénéque dit [b] que la pluie eft absorbée par la prémiére couche de la terre, & qu'elle eft toute confumée, avant que de pénétrer fort avant. Les eaux de pluïe, ou de neige fonduë ne defcendent pas d'ordinaire [c] à la profondeur de feize pouces,jufqu'au tuf ou jusqu'à la glaife, en affez grande quantité,pour former le plus petit amas d'eau fur un fond folide: & une partie de ces eaux forme les torrents, qui enflent les riviéres pour peu de temps; une autre partie s'évapore;& une grande quantité fe diffipe dans l'entretien des plantes.

Une troifiéme opinion eft que les fources viennent de l'eau de la mer, par sff

(z) Hift. de l'Acad. des feiene, ann. 1724: confumitur, nec in inferiora defcendit.

P. 13.

(a) Ariftot. meteor. lib. 1. c. 13.

(b)Omnis humor intra primam criftam

Sen. quaft.natural, lib. 3.

(c) Hift, de l'Acad, des fcienc. ann. 1703.

p. 2.

des riviéres

des conduits foûterrains. Cette explication ne peut convenir aux fources, qui non feulement font au niveau, mais encore fort élevées au dessus du niveau de la mer, & des riviéres. Il faut donc Les fources avouer que les fontaines ont plufieurs & des fon- fortes d'origines. Les unes viennent de taines ont la mer, car on en trouve qui font falées plufieurs caufes. & fujétes au flux & au reflux. Plufieurs eaux douces en viennent auffi,&elles fe défalent, ou par la filtration des terres, la filtration des terres, qui brife & émouffe les pointes piquantes des fels, ou par un feu foûterrain qui fait bouillir l'eau dans les entrailles de la terre, & la réduit en vapeurs, qui fe condenfant dérechef, font converties en eaux douces.Ce fentiment eft conforme à l'expreffion de l'écriture[d]. La circulation entre les eaux de la mer, &celles des riviéres & des fontaines em. pêche, que la mer ne foit enflée par les riviéres qui y entrent continuellement; ce qui ne manqueroit pas d'arriver, puifque nous connoiffons plus de mille groffes riviéres qui fe déchargent dans

la mer.

Les pluïes & les fontes de neiges font les principes de quelques fontaines. Certaines fources naiffent & groffiffent dans les temps de pluies & de fontes de neiges, & tariffent ou diminuent après leur écoulement. La plupart des riviéres fourniffent elles-mêmes de nouvelles fources: on voit des puits augmenter ou baiffer à proportion que la Seine baiffe ou monte.

Enfin beaucoup de fources ont leur origine dans les vapeurs foûterraines, qui s'élèvent en abondance vers la furface de la terre & des montagnes,& rencontrant ces voutes froides ou des fels propres à les fixer, fe refroidiffent & fe condenfent en eau,comme on peut le re

(d) Omnia flumina intrant in mare,& mare non redundat: ad locum, unde exeunt flumina, revertuntur ut iterum fluant Ecclefiaftes, c. 1.v.7.

marquer en hiver à l'ouverture de quelques caves profondes, & comme il arrive dans les alambics.

Différentes

Alux de la

mer.

Il n'y a point de partie dans la Phy- 92. fique plus débattue par la contrariété opinions far des opinions, que le flux & reflux de la le flux & mer. Héraclite & Ariftote l'ont attribué [e] au foleil qui produit, excite, & amène les vents dont la mer eft enflée ; Platon à un foulévement des eaux qui au travers d'un grand pertuis porte ça & là le flux & le reflux dont les mers font agitées; Pythéas a rapporté le flux à la pleine lune, & le reflux au décours; Timée aux riviéres qui fe déchargent dans la mer; Seleucus le Mathématicien, qui a fait la terre mobile, a prétendu que le mouvement de la terre,op pofé à celui de la lune, & le vent tiré ça & la à l'oppofite par ces deux révo lutions contraires, caufoit le flux & le reflux. Pline [f] l'a expliqué par l'impreffion caufée aux eaux en même temps par le foleil, & par la lune.

Galilée à fait confifter la caufe du flux & du reflux,dans les différents degrés de vîteffe des deux mouvements de la terre, l'un journalier fur fon centre, l'autre annuel autour du soleil : Képler & New ton dans les impreffions, que le foleil&la lune conjointement font sur la mer, dont ils attirent les eaux par une vertu à peu près semblable à celle de l'aiman. Newton donne ce fentiment avec tant de confiance, qu'il a calculé la proportion de la force de la lune fur les eaux de la mer par rapport à l'attraction, qui fait le flux & le reflux, avec la force du foleil; & qu'il a trouvé, dit-il, que la force de la lune est à celle du soleil, comme fix & un tiers eft à un.

Un aftronome moderne trouve la (e) Plutarch, de placit, philofophor, lib.3.

c. 17.

(f) Plin.lib.2.c. 97.

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