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74. Explica

termenta

vins, lorf que les vi

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couteau, & allumés à la bougie, fulminent plus fort qu'un coup de moufquet. La poudre fulminante qui coute moins à faire [f], produit à peu près le même effet. Cette poudre étant échaufée dans une culiére au poids de foixante grains, fulmine auffi fort qu'un coup de canon.

دو

S'il eft vrai que l'état de la vigne intion grotef- flue fur des vins tranfportés fort loin que de la & depuis long-temps, que les vins, tion des par exemple, tranfportés en Angleterre des Canaries, de Guienne, & d'Ef enes font en pagne, fouffrent quelque agitation & fermentation, lorfque la vigne eft en fleur :: Eft-il bien croïable que ces "flottes de corpufcules [g]qui viennent » des Canaries, de Guienne, & d'Espa» gne, aillent chacune chercher fort di"ftinctement le tonneau de leur vin, "comme le chevalier Digbi femble le " faire entendre? cela paroît affez grotefque, & néanmoins cft beaucoup plus fupportable, que ces inftincts ou ces "amours naturels, que quelques uns "donnent aux corps, pour expliquer ce qui leur plaît.

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Ce phénoméne ne doit pas paroître fort embaraffant à un Phyficien. Il eft facile de rejetter également & l'explication grotefque du chevalier Digbi,

& ces inftincts ou ces amours naturels que quelques-uns donnent aux corps, puifqu'il le préfente une explication très fimple & très naturelle, qui confi❤ fte à dire que dans le temps que la vigne eft en fleur, il y a dans l'air une certaine effervefcence, qui caufe en même temps la fermentation du vin dans la tonneau, & la fermentation de la féve dans la tige & les filtres de la vigne.Cette effervefcence de l'air eft d'autant plus vraisemblable, qu'elle nous eft à nous mêmes fort fenfible par fa tiédeur. Ceft la même caufe phyfique, qui fait que la chair de fanglier falée change de faveur & de couleur [b], dans le temps du rut de ces animaux.

d'un mi

Si l'on admettoit l'explication du 75. chevalier Digbi, on pourroit à plus tion plaifanExagéraforte raifon ajouter foi férieufement à te des effets ce qui eft rapporté dans les mémoires croscope. de Trévoux [] par maniére de plaifanterie, qu'un homme avec un excellent microscope apperçut comment le feu féparoit toutes les parties du bois, fur lequel ce feu agiffoit, & les dardoit contre un filet de bœuf qui étoit à la broche, & en incifoit toutes les parties, dont les unes fe convertis foient en jus, & les autres fe tournoient en une vapeur délicate, qui remplif Rrt 2

[f] On compofe la poudre fulminante de trois parties de nitre deux parties de fel de tartre, d'une partie de foufre pilées & mêlées ensemble. Vallem, à l'endroit cité.

[g] Hift. des pratiq, fuperftit, par le Brun. rom. I. pag. 208.

[b] Vina in doliis florentem in fuâ

vite botrum fentiunt: fic obfervatumi eft, quo tempore apri in Venerem furiafque ruunt, aprinam multos ante dies vel menfes falitant, colorem ac faporem mutare. Memorabilium centuria novem. centur. 9. §. 93

[i] Mémoir, de Trév. Décembr. 1730art. 113,

76.

Explication

foit la cuifine, & chatouilloit les narines. Au fortir de la ville, ajoutoit cet homme, nous vîmes dans la campagne un liévre qu'on chaffoit; il paffa à dix pas de nous, & le regardant avec le micofcope, il me parut comme un tifon de feu qui laiffe après lui une groffe fumée. Dans un jeu de paume je fentis de l'inclination pour l'un des joueurs, & de l'averfion pour l'autre, & le microfcope me fit voir que les corpufcules que tranfpiroit celui pour qui j'avois de l'inclination, s'accrochoient avec ceux que je tranfpirois moi même; ce qui n'arrivoit pas à l'égard de l'autre. L'auteur de cet article des mémoires de Trévoux ajoute ce paffage d'Horace[k]: A de pareils récits pouvez-vous,

mes amis contenir vos éclats de rire ? La phyfique moderne fait un grand des proprié. ufage de fes corpufcules, dans l'explités de l'ai- cation des propriétés de l'aiman.

inan.

Thalés [7] avoit attribué l'attrac tion de l'aiman à une ame végétative, femblable à celle des plantes. Gaffendi a fuivi cette opinion. Empedocle, Démocrite, Platon, Epicure ont expliqué cette attraction par l'écoulement des particules, qui fortant de l'aiman & du fer, s'accrochent & obligent ces.corps de s'approcher. Defcartes reprend de plus loin l'explication qu'il donne de l'aiman. Il établit pour principe qu'une infinité de corpufcules magnétiques [m] fe meuvent circulairement autour de la terre, & que la matiére fubtile entre continuellement dans le globe terreftre par un de fes poles, & en fort par l'autre. L'aiman eft environné d'une matiére fubtile femblable, qui tournoiant autour de

lui, accroche par une infinité de pétites viffes, les corps dont les pores font difpofés à fouffrir leur infinuation ; les pores de l'aiman font difpofés en maniére de petits écroux, dont l'entrée cft d'un côté, & l'iffue de l'autre : & la file de la matiére subtile, qui part d'un des poles de la terre, & eft difpofée en maniére de wiffes, rencontrant l'aiman, elle ne peut entrer dans ces pores, que du côté difpofé à la recevoir; & fortant par l'autre côté, fì elle trouve du fer ou un autre aiman, qui aïent de pareilles difpofitions, cette file de matiére fubtile y entre pareillement comme un tourbillon de petites viffes, qui obligent ce fer ou cet autre aiman de s'approher & de fe joindre: car cette matiére fubtile chaffe l'air intermédiaire, beaucoup plus groffier & moins agité qu'elle ; & cet air par la force de fon reffort revenant fur lui-même, & preffant les côtés oppofés de l'aiman & du fer, les poufle Fun contre l'autre..

C'eft cette même matiére fubtile, qui formant autour du globe de la terre un tourbillon trés délié, & mêlé aux parties groffiéres de l'air, difpofe les verges de fer, & les aiguilles de bouffole aimantées dans le même fens, & felon qu'elle fe meut elle même, & les rend paralléles aux lignes courbes, qu'elle décrit depuis l'équateur jufqu'aux poles. Ce tourbillon de matiére-magnétique autour du globe de la terre, n'eft point du tout contraire aux loix du mouvement fur lequel eft fondé le méchanifme de la nature. Le prémier élément ne peut pas toùjours s'élancer vers les régions fupé,

[k] rifum teneatis, amici? Her. [1] Diog. Laërt, in Thalet,

[m] Magnes ideo dictus, quia in Magnefiâ repertus. <

77.

Li matiére

doit plutot

me une ma

troifiéme

element.

rieures. La preffion générale de la matiére le force de refter près du centre, lorfqu'il s'y rencontre des pores difpo fés à le recevoir, & qui n'admettent pas les autres éléments. Nous avons obfervé que la matière fubtile s'infinuë par tout; & que le foleil même, qui eit au centre du grand tourbillon, en eft abondamment pénétré.

On peut donc, fi l'on veut,regarder Magnétique la matiére magnétique, comme la ère confi- matiére fubtile du prémier élément, dérée com- conformément à l'opinion Cartéfientière du ne, mais il me femble que cette matiére doit être bien plûtôt confidérée, comme la matiére du troifiéme élément, plus déliée fans comparaifon & plus agitée que l'air groffier, mais auffi plus compacte,que la matiére subtile du prémier élément: & ce qui me porte à m'écarter de l'opinion. Cartéfienne, c'eft la figure de ces corpufcules difpofés en maniére de viffes; la matiére fubtile fe préfentant à l'imagination, comme tout ce qu'il y a de plus délié dans la nature, & n'étant que la raclure du froitlement, elle paroit peu fufceptible d'une figure, en forme de ville, au lieu que l'on conçoit aifément la matiére plus compacte du troisiéme élément difpofée en forme de ville, par la figure que fes parties branchues ont contractée, dans les pores de la terre, d'où elle s'eft échapée. Car quoique les globes des planétes & du foleil même, foient compofés de l'union des parties branchuës de cette matiére plus compacte du troifiéme élément, il y a toujours une quantité confidérable de cette ma tiére, qui moins bien liée, & moins bien unie fe détache & eft pouffée hors de ces grands corps, foit par fon propre mouvement, foit par le mouve

[»] Journ, des fçavdu 30, Août 1656.

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80.

Explication

cité.

Ce qui revient à l'explication fort ingénieufe, que Defcartes a donnée de de l'elati l'élafticité du corps, en difant que fi l'on plie un corps dur comme une lame d'epée, fes parties s'écartent du côté convéxe, & s'approchent du côté concave, de forte que fes pores s'étréciffent du côté concave, & s'élargiffent du côté convéxe ; & la matiére fubtile qui paffe & repaffe par ces pores, fait effort contre les parties du corps ainfi plié, pour les écarter, les refouler, & les remettre en leur premier état. Ainfi lorfqu'on tient trop longtemps un reffort dans la contrainte, l'élaftici té diminue, parce que la matiéré fub tile élargit peu à peu les pores qui avoient été retreffis. Et fi l'on bat à froid fur une enclume une lame d'acier

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Porphyre trouvant de l'impoffibilité à expliquer la vue par l'action des corps, a foutenu une opinion fort éloignée de toutes les autres: il a regardé la faculté de voir comme purement fpirituelle, n'admettant ni raions vifuels, ni efpéces vifibles, ni aucune autre chofe corporelle qui contribuë à la vifion; & il a prétendu que l'ame excitée à la verité par le fens de la vûë, mais fans aucune coopération de la part de ce fens, voit touts les objets en elle feule & au-dedans d'elle-même. Ce fentiment laiffe fubfifter toutes les mêmes difficultés, n'expliquant pas de quelle maniére le fens de la vûë eft affecté pour exciter l'ame. :

Le pére Mallebranche [e] a privé également l'ame & le corps de la faculté de voir, & il a voulu établir que l'ame ne peut rien connoître ni par l'entremife des fens, ni par réflexion fur elle même: & qu'elle ne peut appercevoir touts les objets foit fpirituels foit corporels qu'en Dieu. Il fera traité plus au long de cette opinion dans le

[d] Mirum autem eft quod in imaginibus videmus, quas fpeculare ferunt. Nanr quamvis ingentia fpecala fint, non reddunt majorem imagines, quàm funt corpora etiam breviffima objecta. In parvis autem fpecillis, ficut in pupillis oculorum, etfi magna facies fe fe opponat', breviffima imago pro modo fpeculi for

Chapitre de l'imagination & des fens:

64. Les Pay

pas fur l'e

Quelques phyficiens eftiment que la choroide eft le principal organe de la cien ne vûë [f]. D'autres foutiennent qu'on ne s'accord peut refufer à la rétine d'être le princi- gane dela pal inftrument de la faculté vifuelle, vie. Suivant ce dernier fentiment, la rétine reçoit l'impreffion de la lumiére & des efpéces vifibles: ce qu'il y a lieu de prefumer, de ce que la rétine eft un tiffu velouté de petits filets déliés, & qu'elle eft par confequent fort fenfible à des impreffions très fines, telles que font celles de la lumiére & des efpéces vifibles; & de ce qu'elle eft fituée dans le fond de l'oeil où les corpufcules vifuels doivent fe réunir après avoir traversé les humeurs. Enfuite la rétine fait paffer immédiatement dans le cerveau pár le nerf optique, l'impreffion qu'elle a reçue. Le nerf optique aboutit par une extrémité à la rétine, & fon autre extrémité va directement fe rendre dans la fubftance du cerveau, où il porte la fenfation qui a été faite par les traces de l'objet, qui s'eft peint fur la rétine, car les nerfs font les vehicules des fenfations. L'ufage que ces Phyficiens attribuent à la choroide eft d'arrêter les éfpéces vifibles que la grande finesse de la rétine laifferoit paffer, faifant à peu près à l'égard de la rétine,ce que l'étain fait à l'égard d'une glace de miroir.

Obferva

Le fens de l'ouie a donné bien de l'exercice a la fubtilité des Phy- tions le ficiens. Le fon [g] eft un frémif- fon.

matur. Hic profectò aliquid latet. S Aug. epist. 3. ad Nébridium, in edit. Benedict.

[e] Recherche de la vérité du P. Malkbranche.

[f] La choroide est une extenfion de la piémére, qui entourne l'œil.

[g] Neuv.entret, Phyfiq, du P. Regnaud.

fement du corps fonore, ou un cer. tain nombre de vibrations de fes parties infenfibles mifes en reffort les unes aprés les autres par la répercufparla fion. Le progrès du fon n'approche pas de la rapidité de la dumière. En une feconde il parcourt 180. toifes & par confequent en une minute il en parcourt dix mille huit cents, & il feroit en un heure plus de deux cents quatre-vingt trois lieuës communes de France, fi nul obftacle étranger ne s'oppofoit à fon cours..

On peut connoître à peu près, quelle eft la diftance de la foudre, en remarquant combien de fois le poulx bat, entre l'éclair & le bruit. Bat-il fix fois le tonnerre eft environ à fix mille pas. Cinq fois à cinq mille pas. Car le fon, qui ar rive par un progrés fuccefif, eft par ti de l'endroit où eft le tonnerre, au même inftant que l'éclair paroît; & felon les obfervations de l'acadé mie roïale des fciences, il fait en viron mille pas pendant un battement de poul ou dans une fe conde. La chute du tonnerre eft auffi promte que l'éclair, & prévient le bruit. On ne peut être effraïé d'un coup de tonnerre, dit, Sénéque [b], que lorsqu'on eft déja, échapé au danger.

,

C'est une expérience de l'académie des fciences, qui eft très remarquable , que le moindre bruit & le plus violent, ne parcourent qu'une même diftance dans le même intervalle de temps, & que le fon n'a & que le fon n'a pas plus de vitesse au commence

ment lorfqu'il eft dans toute fa for ce qu'à la fin lorfqu'il eft prefque entierément diffipé. Si le bruit d'an canon porte à dix mille toifes, & ce-i lui d'un moufquet à deux mille, & que touts deux partent à la fois, ils arriveront à deux mille toifes en mê me temps; & le coup de mousquet fera auffi-tôt entendu à cette distance que le coup de canon.

1

Ce phénoméne du fon eft caufé, parceque dans le fon fort au commencement, & dans le fon affoibli à la fin foibli à la fin, les vibrations des parties infenfibles, leurs compreffions, & dilatations emploient des temps égaux. Les vibrations du fon fort font à la vérité plus grandes : celles du fon affoibli font petites à propofition; thais les grandes & les petites fe font dans des temps égaux. L'exemple des pendules elt la preuve de cette explication. Si le pendule a plus de force & de viteffe, il a auffi plus de chemin à faire de même fi l'excés de force comprime davantage les parties infenfibles qui contribuent au fon, elles font plus de chemin en s'éloignant, & en fe rapprochant pour reprendre par leur reffort leur pré. miére extenfion; & par une raifon contraire, dans le fon affoibli elles font moins de chemin pour revenir fur elles-mêmes. Ainfi le fon produit par ces contractions & dilatations, doit faire un égal progrés quoiqu'il ait plus ou moins de force. Il y a feulement quelque différence, quoique très petite, dans ૦૬૧ ૩

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[4] Nemo unquam fulmen timuit, nifi qui effugit, Sex, natural, queft, lib. 2. c. 59.

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