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mille fois

Lu fon.

la lumière, le chemin qu'elle fait dans l'efpace du diamétre de l'orbite de la terre, étant évalué à une durée de fept minutes & demie ou de 456. fecondes, & cette diftance ou le diamétre de la terre étant eftimé fur le pié de foixante-fix millions de lieues, la lumiére parcourt environ cent trente mille lieues dans une feconde.

Sur le fondement de ces mêmes écliLe progrés de la lumie-pfes des fatellites, Huguens dans fon refix cents traité de la lumière, conclut qu'elle fe plus vite tranfmet environ fix cents mille fois que celui plus vite que le fon, dont le progrès eft de cent quatre-vingts toifes dans le temps d'une feconde. Les propriétés de la lumiére, fuivant Ifac Voffius [z], font d'échauffer, de produire les couleurs, de porter & de répandre partout les efpéces vifibles des objets, de changer la difpofition des pores dans les corps qui reçoivent fes raïons, de caufer ainfi la fécondité des germes & les effets les plus falutaires à la fanté jufqu'à rappeller quelquefois & ramener entiérement la chaleur naturelle.

Eforts de

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Où ne fe portent point les efforts de la nouvelle la nouvelle Phyfique? Boyle a prétenBylique du pouffer les expériences jufqu'à dé terminer & calculer [a] le poids de la flamme. Dans un nouvel effai d'optique on a fupputé quel affoibliffe, ment eft caufé à la lumière par la tranf. parence des corps; on y a déterminé l'épaiffeur qu'il faudroit donner aux corps tranfparents pour les rendre opaques. On a compté les degrès de diminution que fouffre la lumiére par les

Tom. I.

différentes hauteurs des maffes d'eau & d'air, on trouve, par exemple, que l'eau de la mer doit perdre toute fa tranfparence lorfqu'elle a 256, piés de profondeur, & que nous ferions plongés dans une nuit continuelle, fi l'athmofphére de notre globe confervoit la même densité & épailleur, qu'il a ici bas, pendant deux cents vingtfept lieues communes.

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té visuelle,

Les Phyficiens ont eu des opinions Differentes fort oppofées fur la maniére, dont'explications la faculté de voir peut être exercée. de la facul Les Stoïciens l'expliquoient par l'émiffion des raïons vifuels qui partent des yeux. Galien [b] ajoûtoit à l'émiffion des efprits vifuels, la jonction de l'air extérieur, qui leur fert comme d'un inftrument › par lequel ils difcernent les objets vifibles, en forte que l'air eft aux efprits vifuels ce que les nerfs font au cerveau. Les Epicuriens ont fait confifter la vûë dans la chute des raïons vifuels fur les objets, & dans le renvoi de ces raions par les objets vers les yeux. Les Pé ripatéticiens dans l'infinuation & la réception des efpéces visibles au, dedans des yeux. Empedocle a compofé la vifion en partie des raions lumineux, & en partie des images ou efpéces vifibles. Démocrite foutenoit que les objets visibles produifoient leur image dans l'air, que cette image en produifoit une feconde, la feconde une troifiéme toûjours plus petite; & qu'enfin la derniére en produifoit une toute femblable dans Qqq

[x] If. Voff. de vit. & propriet, lucis,p.3. [a] Robert, Boyle, de flamma ponderabi. litate. Idem, de ponderabilibus partibus flammas.

[b] Galen. in Hippocr. prognoftic.comment. 1. text. 23. Idem de Hippocr. & Platon, decretis. lib.7.c.5. Idem de ufu partium, lib 19. &lib. de oculis.

l'œil. Platon, pour former la vi, pour former la vifion, faifoit concourir enfemble l'émiffion des raïons vifuels, la rencontre des images ou efpéces vifibles, & la tranfparence lumineufe de l'air intermédiaire. Hipparque repréfen. toit les yeux embraffants les objets par leurs raions vifuels, comme les mains s'étendent vers les objets. Les Géométres fe trouvant bien dépourvus de leur certitude ordinaire, ont imaginé despyramides ou des cones doubles. La pyramide extérieure, qui vient de l'objet, a fa bafe dans la prunelle; & des raïons de cette pyramide il s'en forme une feconde, oppofée par la base à la prémiére, & dont le fommet aboutir à un point de la rétine. Ainfi le jugement que nous faifons de la diftance des objets eft tiré par une efpéce de Géométrie naturelle, du plus ou du moins d'étendue qu'ont les angles des raïons vifuels.

Il femble que nous aïons une preuve fenfible que la vifion s'opére en nous par la réception des efpéces vifibles au dedans de nos yeux, & non par l'émiffion des raïons vifuels. Fermez

les yeux après avoir regardé le foleil, vous voïez une lumière dont l'éclat s'efface peu à peu, prenant fucceffivement différentes couleurs, comme le rouge, le verd, le bleu, le violet. N'eft-ce pas une marque qui approche de l'évidence, que la violence des raïons folaires s'infinuant dans l'organe de la vûë avec une force qui le bleffe, y fait des impreffions, dont l'effet dure long-temps après avoir même fermé le paffage de la lumiére? Prenez un œil de bœuf nouvellement tué, dont on ait ôté les peaux qui font à l'oppofite de la prunelle, à l'endroit où eft le nerf optique mettez à leur place quelque

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morceau de papier affez mincè pour être tranfparent, & placez cet œil au trou d'une fenêtre en forte que la prunelle foit à l'air, & que le derrière de l'œil foit dans la chambre, qu'il faut bien fermer; alors on verra toutes les couleurs des objets qui font hors de la chambre, répandues fur le fond de l'œil; & ces objets paroiffent peints à la renverfe: ce qui eft vraisemblablement commun aux yeux de l'hom me & de touts les animaux. Cette expérience, en faisant connoître que l'objet extérieur qui occafionne la fenfation de la vûë, vient fe peindre au fond de l'œil, confirme l'opinion Péripatéticienne de la réception des efpéces vifibles au dedans des yeux. Mais la maniére dont la faculté de ce fens peut être exercée n'en devient pas plus intelligible.

Quel Phyficien pourroit expliquer comment une infinité de raïons & de couleurs différentes, qui fe croifent en un point, tranfmettent par ce même point toutes leurs différentes impreffions fans fe confondre ? De quelle maniére comprendre que toutes les efpéces de ce grand nombre d'objets qui font dans le ciel & fur la terre fe puissent réduire à un point d'où elles font apperçues, puifque ces efpéces vifibles étant matérielles font impénétrables, touts les Phyficiens convenant que l'impénétrabilité eft de l'eflence de la matiére? N'eft-il pas contre toute apparence de vérité, que les efpéces vifibles de touts les objets qui peuvent être apperçus, fe rencontrent dans chaque point des efpaces immenfes, d'où l'on peut appercevoir ces objets ? Eft-il conce

vable que ces espéces vifibles fe groffiffent ou fe diminuent , pour Le proportionner à chaque point de vifion plus proche ou plus éloigné Si l'on regarde cet objet avec un microscope , comment l'efpéce visible devient-elle tout d'un coup cinq ou fix cents fois plus grande ? Où prend t'ello de quoi s'accroître fi fort en un inftant D'ailleurs, fuivant les régles de la perspective, l'objet doit être réellement différent pour qu'il puisse être apperçu, tel qu'on veut qu'il apparoifle les objets ne produifent donc pas des espéces qui leur reffemblent N'eft-il pas incomprehenfible qu'un corps envoie des espéces vifibles hors de foi de touts côtés, qu'il en rempliffe continuellement de fort grands efpaces tout à l'entour, & avec une viteffe inexprimable, fans que ce corps foit entiérement diffipé, fans qu'il foit même diminué fenfiblement ?

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Pourquoi certains corps qui ont beaucoup d'action comme l'air, ne pouffent-ils au-dehors aucone de ces images qui leur reffemblent ? Ou pourquoi n'ont-ils pas la force de les pouffer fort loin comme le vifargent? Au lieu que certains corps les plus durs & les plus refferrés, & qui ont le moins d'action, comme les diamants, pouffent leurs cfpéces vifibles à une extrême dif

tance?

Le phyficien viendra-t-il à bout, je ne dis pas d'expliquer, mais de concevoir comment cette infinité d'efpéces vifibles peut frapper l'œil, fans confondre leur grandeur, leur couleur, leur diftance? Comment

ces corpufcules lumineux ont-ils une roideur fi inflexible, qu'ils ne reçoivent aucune altération de l'air le plus agité, & préfentent à la vue les objets immobiles, en nageant d'une maniére tranquille au milieu des vents?

L'expérience à laquelle on a don né le nom de chambre obfcure [c], a quelque chofe de merveilleux, & qui tient de l'enchantement. On fait un trou dans une muraille qui ait vûë fur un jardin, fur un marché, ou fur un autre lieu, fort diverfifié par le nombre & la couleur des objets. On met dans ce trou uné lentille de verre on peut fe contenter d'un des verres d'une lunet te enfuite on obfcurcit la chambre, & on approche du trou où eft le verre une grande feuille de papier blanc. On voit touts les objets, qui font dans ce jardin ou dans ce marché, venir fe peindre, & fe placer fur ce papier blanc ; & ces petits phantomes imitent touts les mouvements qui font dans les objets. On voit les oifeaux voler, les hommes marcher hommes marcher, les fleurs avec tout l'émail de leurs couleurs ; & tout cela eft fi bien repréfenté, que fi l'on avoit le temps de deffiner ce qu'on apperçoit, on auroit les copies d'après nature, tracées en miniature par la nature même. Cependant touts ces raïons lumineux fi dif tincts fur le papier, fe font réunis, coupés, croifés & traversés en une infinité de maniéres en paffant au foïer du verre, ce qui ne leur a point fait perdre leur couleur, ni la détermination du mouvement Qqq 2

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[[ Vallemont Phyfiq, occulte,

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l'œil. Platon, pour former la vifion, faifoit concourir enfemble l'émiffion des raïons vifuels, la rencontre des images ou efpéces visibles & la transparence lumineufe de l'air intermédiaire. Hipparque représen. toit les yeux embraffants les objets par leurs raïons vifuels, comme les mains s'étendent vers les objets. Les Géométres fe trouvant bien dépourvus de leur certitude ordinaire, ont imaginé despyramides ou des cones doubles. La pyramide extérieure, qui vient de l'objet, a fa bafe dans la prunelle; & des raïons de cette pyramide il s'en forme une feconde, oppofée par la base à la prémiére, & dont le fommet aboutir à un point de la rétine. Ainfi le jugement que nous faifons de la diftance des objets eft tiré par une efpéce de Géométrie naturelle, du plus ou du moins d'étendue qu'ont les angles des raïons vifuels.

Il femble que nous aïons une preuve fenfible que la vifion s'opére en nous par la réception des espéces vifibles au dedans de nos yeux, & non par l'émiffion des raïons vifuels. Fermez les yeux après avoir regardé le foleil, vous voiez une lumiére dont l'éclat s'efface peu à peu, prenant fucceffivement différentes couleurs, comme le rouge, le verd, le bleu, le violet. Neft-ce pas une marque qui approche de l'évidence, que la violence des raïons folaires s'infinuant dans l'organe de la vûë avec une force qui le bleffe, y fait des impreffions, dont l'effet dure long-temps après avoir même fermé le paffage de la lumié

re? Prenez un œil de bœuf nouvellement tué, dont on ait ôté les peaux qui font à l'oppofite de la prunelle, à l'endroit où eft le nerf optique mettez à leur place quelque

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morceau de papier assez mince pour être tranfparent, & placez cet œil au trou d'une fenêtre en forte que la prunelle foit à l'air, & que le derrière de l'œil foit dans la chambre, qu'il faut bien fermer ; alors on verra toutes les couleurs des objets qui font hors de la chambre, répandues fur le fond de l'œil; & ces objets paroiffent peints à la renverfe : ce qui eft vraisemblablement commun aux yeux de l'homme & de touts les animaux. Cette expérience, en faisant connoître que l'objet extérieur qui occasionne la fenfation de la vûë vient fe peindre au fond de l'œil, confirme l'opinion Péripatéticienne de la réception des efpéces vifibles au dedans des yeux. Mais la maniére dont la faculté de ce fens peut être exercée n'en devient pas plus intelligible.

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Quel Phyficien pourroit expliquer comment une infinité de raions & de couleurs différentes, qui fe croifent en un point, tranfmettent par ce même point toutes leurs différentes impreffions fans fe confondre ? De quelle maniére comprendre que toutes les efpéces de ce grand nombre d'objets qui font dans le ciel & fur la terre, fe puiffent réduire à un point d'où elles font apperçuës, puifque ces efpéces vifibles étant matérielles font impénétrables, touts les Phyficiens convenant que l'impénétrabilité eft de l'eflence de la matiére ? N'efl-il pas contre toute apparence de vérité, que les efpéces vifibles de touts les objets qui peuvent être apperçus, fe rencontrent dans chaque point des efpaces immenfes, d'où l'on peut appercevoir ces objets Eft-il conce

fement du corps fonore, ou un certain nombre de vibrations de fes par ties infenfibles mifes en reffort les unes aprés les autres par la répercuffion. Le progrès du fon n'approche pas de la rapidité de la lumière. En une feconde il parcourt 180. toifes & par confequent en une minute il en parcourt dix mille huit cents, & il feroit en un heure plus de deux cents quatre-vingt trois lieuës communes de France, fi nul obftacle étranger ne s'oppofoit à fon cours.

On peut connoître à peu près, quelle eft la diftance de la foudre, en remarquant combien de fois le poulx bat, entre l'éclair & le bruit. Bat-il fix fois le tonnerre eft environ à fix mille pas. Cinq fois ? à cinq mille pas. Car le fon, qui ar rive par un progrés fuccefif, eft par ti de l'endroit où eft le tonnerre, au même inftant que l'éclair paroît; & felon les obfervations de l'acadé mie roïale des sciences, il fait environ mille pas pendant un battement de poulx, ou dans une fe conde. La chute du tonnerre eft auffi promte que l'éclair, & prévient le bruit. On ne peut être ef fraïé d'un coup de tonnerre, dit dit Sénéque [b], que lorsqu'on eft déja, échapé au danger.

C'est une expérience de l'académie des, fciences, qui eft très remarquable, que le moindre bruit & le plus violent, ne parcourent qu'une même diftance dans le même intervalle de temps, & que le fon n'a pas plus de vitesse au commence

:

ment lorfqu'il eft dans toute fa for ce qu'à la fin lorfqu'il eft prefque entierément diffipé. Si le bruit d'un canon porte à dix mille toifes, & ce-i lui d'un moufquet à deux mille, & que touts deux partent à la fois, ils arriveront à deux mille toifes en mê me temps; & le coup de moufquet fera auffi-tôt entendu à cette distanceque le coup de canon.

Ce phénoméne du fon eft caufé, parceque dans le fon fort au commencement, & dans le fon affoibli à la fin, les vibrations des parties infenfibles, leurs compreffions, & dilatations emploient des temps égaux. Les vibrations du fon fort font à la vérité plus grandes : celles du fon affoibli font petites à propofition; mais les grandes & les petites fe font dans des temps égaux. L'exemple des pendules elt la preuve de cette explication. Si le pendule a plus de force & de viteffe, il a auffi plus de chemin à faire de même fi l'excés de force comprime davantage les parties infenfibles qui contribuent au fon, elles font plus de chemin en s'éloignant, & en fe rapprochant pour reprendre par leur reffort leur prémiére extenfion; & par une raison contraire, dans le fon affoibli elles font moins de chemin pour revenir fur elles-mêmes. Ainfi le fon produit par ces contractions & dilatations, doit faire un égal progrés quoiqu'il ait plus ou moins de force. Il y a feulement quelque différence, quoique très petite, dans Q¶¶

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[6] Nemo unquam fulmen timuit, nifi qui effugit, Sen, natural, queft, lib. 2. c. 59.

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