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l'impoffibilité du vuide: Leucippe Démocrite, Xénophane, Epicare, Mé trodore; Lucrece [], Gaffendi dans le dernier fiècle, & tout récemment Newton, ont foutenu la néceffité du vuide.

Ariftote[d]rejettoit le vuide, mais avec une exception, difant qu'il falloit qu'il y eût hors du monde affez de vuide pour que le ciel, qui eft de nature de feu pût refpirer. Ariftote [e] avoit puifé cette opinion dans la philofophie de Pythagore. Les philofo phes qui ont admis le vuide, mêloient enfemble le plein & le vuide, mais Newton a foutenu en dernier lieu, que les efpaces céleftes étoient entiérement vuides de toute matiére; fentiment qu'il ne propofe pas, comme une hypothéfe, mais [f]qu'il veut faire paffer pour une verité incontestable. Cette matiére fubtile que les Cartéfiens font le principe de toute fécondité, & le lien néceffaire à la communication de touts les mouvements, Newton l'a regardée comme propre à caufer, fi elle exiftoit, un engourdiffement général dans la nature. Les anciens & les modernes ne font pas plus oppofés dans leurs fentiments, que les modernes le font en

ne peut foutenir. Quelque création [blou quelque deftruction qu'on fuppofe, on conçoit toujours très diftinctement de l'éten" duë ou de l'espace, qui a été, qui eft, " & qui fera toujours, & qui ne peut " pas ne point être. Or être néceffaire, » être éternel, & avoir toujours été, font des attributs qui conftamment ne conviennent point à la matière. Voilà donc encore les deux partis armés de démonf. trations, & qui prétendent combattre fous les enfeignes de l'évidence.

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Chryfippe compofa un traité pour prouver qu'il n'y a point de vuide dans Ja nature; Hermés Trifmégifte, Thalés, Empédocle, Zénon, & touts les Stoïciens, Defcartes, & le plus grand nombre des modernes ont foutenu

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[b] Le P. Daniel dans le voïage du monde de Defcartes, part. 4. p. 512. [c] Eft igitur nimirum quod ratione fagaci

Quærimus, admixtum rebus quod inane vocamus. Lucret.

[d] Ariftot. ap. Plutarch, de placit, philo fophor. lib.1.c. 18.

[e] Stob, eclog. Phyfic.c. 22.

[f] Omnino neceffe eft ut fpatia cœleftia omni materiâ fint vacua, Nevrion, optic. p. 313.

49. L'attraction

tus attractives. La Phyfique Cartéfien ne a réduit les différentes efpéces de mouvements au feul mouvement d'impulfion, en obfervant que lorfqu'un corps fe meut, l'air ou la matiére qu'il pousse devant foi, eft contrainte de fe retirer des deux côtés, pour remplir fucceffivement la place des corps, qui ont eux-mêmes remplacé le vuide, que le prémier corps en mouvement laiffoit derriére foi, lorfqu'il a commencé de s'avancer en ligne droite.

Ainfi l'eau ne coule point d'une bouteille de verre qui eft pleine, dont le col eft long & étroit, fi vous la renverfez perpendiculairement, parceque dans cette fituation de la bouteille, feau ne peut déterminer aucun corps, à venir prendre fa place, dans l'inftant même qu'elle la quitte: mais dès que vous inclinerez cette même bouteille, & qu'une petite ligne d'air pourra s'infinuer à côté de l'eau, l'écoulement de cette eau ou de toute autre liqueur, suivra à proportion de l'efpace que l'air remplira.

Le fyftême des attractions qui parétablie en roiffoit détruit par le Cartéfianifme, dernier lieu a été renouvellé en dernier lieu par par quel Newton & quelque autres Phyficiens ques philoLophes. Anglois. Mais ce terme dans leurs écrits n'a pas plus de fignification que dans ceux des anciens ; & les uns n'expliquent pas davantage que les autres, comme des vertus attractives peuvent agir naturellement. Car il ne s'agit pas d'un corps, qui en attire un autre par l'accrochement, comme lorfque j'attire quelque chofe avec la main, ou lorfqu'un cheval traîne un fardeau, ou lorfque des corpufcules en attirent d'autres par leur accrochement invifible: les Phyficiens comprennent ces fortes de mouvement fous le terme de mouvements d'impulfion; il

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s'agit par les vertus attractives de quelque chofe qu'on n'explique pas, ( & que je n'ai garde d'expliquer, puifque je ne l'entends pas qui fait qu'un corps va trouver un autre corps. Après tout il faut avouer que fouvent les explications forcées des corpufcules, aufquels les Phyficiens donnent telle figure, & tel mouvement qu'ils jugent à propos,ne coutent pas plus de travail, & n'ont auffi rien de plus fatisfaifant, que les qualités occultes des anciens.

cartes.

De touts les mouvements le prémier Méchanique qui fe préfente à l'imagination, le plus des tourbil naturel & le plus fimple,c'est le mou- lons de Dei vement en ligne droite, & il produit néceffairement le mouvement circulaire. Car en fuppofant qu'il y ait quelque portion de la matière qui fe meuve en ligne droite, il eft néceffaire qu'une partie de la matière qui fe trouve dans le lieu, où cette prémiére partie de matiére va fe rendre, fe meuve cir culairement, pour prendre la place que l'autre quitte. Si l'on conçoit un très grand nombre de mouvements directs dans toute l'étenduë de l'univers, c'eft une conféquence naturelle, que touts corps fe faifant obstacle les uns aux autres,confpirent touts par leur mutuelle action & réaction à le mouvoir par un mouvement circulaire, dans lequel tout corps qui fe meut en rond, tend, felon l'origine de ce mouvement, à décrire une ligne droite, & s'il fe dégage, il ne manque jamais de s'échaper par la tangente du cercle.

Ces principes de méchanique font clairs & folides, & parfaitement conformes aux loix générales du mouvement. L'ufage que Defcartes en a fait, a quelque chofe de grand & de magnifique, qui a furpaffé de bien loin les penfées de tours les autres Phyfi

ciens; mais ce beau génie fe reffentant

tion fi choquante, qu'on a peine à fc de la foibleffe attachée à la condition la perfuader. Voici en quoi elle con humaine,eft tombé dans une contradi- fiste,

Tourbillons de Des Cartes

72

Contradic

Seguius irritant animos demifsa per aures
Quam que Sunt oculis

Après que Dieu a créé la matiére, tion dans le & établi les loix générales du mouvefyfteme de ment, Defcartes trouve dans ces loix

Descartes.

feules la conftruction de l'univers, mais tellement étendu & embelli audelà de tout ce qui auoit été conçu, qu'on peut bien affurer que la defcription qu'il en fait, eft le plus vafte ou vrage qui foit forti d'aucune imagination. Il enfeigne que chaque étoile

Tom. I.

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retirer des deux côtés, pour remplir
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que le prémier corps en mouvement
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DE temps il fait monter à la cir ce la matiére compacte du troi ment & la matiére globuleud. Il emploie la prémiére 'es corps folides & opaes, & la feconde à rélumiére. S'agit-il la caufe de la pemanœuvre con fpofition de fes e la matiére natiére glolus grande acte du

L'OPINION. Liv. IV. 467

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que la matiére fubtile,& la matiére glo. buleufe ont beaucoup plus d'agitation, que la matiére plus compacte, dont les parties fontrameufes & branchuës, & de figure fort irrégulière, & dans le quatriéme livre des principes, il établit cet axiome, que les parties de la matiére qui ont le plus d'agitation, font celles qui font le plus d'effort pour s'éloigner du centre, & qui ont le plus de force pour gagner la circonférence.

L'arrangement contraire que Def cartes a donné à fes trois éléments dans la ftructure des grands tourbillons, eft incompatible avec les idées naturelles & avec l'expérience, fuivant lesquelles les corps les plus déliés montent en haut, & chaßent les plus groffiers vers le centre: Jettez de l'huile dans un vafe qui eft vuide, c'eft à dire rempli feulement d'air, l'huile eft forcée de defcendre au fond, & de céder au mouvement plus agité de l'air; fur l'huile veríez de l'eau, les parties de l'huile plus déliées, que celles de l'eau, & qui parconfequent ont plus de force pour s'éloigner du centre, s'élevent au deffus de l'eau; fi vous y jettez enfuite du fable, l'eau chaffe au deffous d'elle les parties plus compactes du fable, ce dernier aura le même avantage fur le vif argent encore plus folide, & enfin l'or fondu, le plusmaffif de touts ces corps, fera précipité au deffous de touts les autres.

aire aueloigner. conterver une hypothéfe auffi orillante que celle des tourbillons de me eft pré- Defcartes, il faut néceffairement réformer un de ces méchanifmes contradictoires, & ramener la mancuvre de la nature à un principe fimple & uniforme. Or dans le choix de fupprimer l'un ou l'autre de ces deux méchanifmes, il ne me paroît pas douteux que le prémier qui pla ce la matiére fubtile au centre, & fait monter la matiére plus compacte à la Ja circonférence, ne doive être rejetté, d'autant plus qu'il eft également contraire au raifonnement, à l'expérience, aux fentiments de touts les Philofophes, & aux principes de Defcartes lui-même,qui répéte plufieurs fois dans la troifiéme & quatrième partie des principes de Philofophie;& dans le chapitre huitième du traité de la lumiére,

(p) Ignea convexi vis & fine pondere cœli

L'imagination fe revolte contre un fiftême qui met au centre les corps les plus déliés & les plus maffifs à la fuperficie. Jamais le débrouillement du chaos, a-t-il pû être concû d'une ma niére fi étrange; la defcription qu'Ovide en fait [p] eft contraire à l'arranOoo 2

Proximus eft aër illi levitate locoque.

Emicuit, fummâque locum fibi legit Ovid, meram, lib. s. in arce:

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