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tric ordinaire, plufieurs rapports entre elles; & ces rapports connus don

nent prife à l'Algébre, qui achève enë fuite la folution des théorèmes.

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Mais les principes du fyftême de l'infini s'éloignent de la jufteffe & de la précifion géométrique. Par exemple, le cercle & le polygone d'une

infinité de côtés ont deux propriétés oppofées. Dans le cercle tous les raions tirés du centre à la circonférence font néceffaitement égaux: dans le polygo

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l'apothéme ne peut être conçu égal aux raïons. Que quelque Alexan. dre tranche ce nœud plus difficile à démêler que le nœud Gordien. Comme la Médecine emploie les poifons à la compofition des remédes, ou comme dans la politique, le Machiavé lifme tend à des fins légitimes par des voies injuftes, dans la Géométrie nouvelle, le fyftême de l'infini arrive à des découvertes certaines par des fauffes fuppofitions, ainfi qu'il eft ordinaire Jans l'arithmétique, & dans l'algébre. A la vérité le défaut d'exactitude & de précision de cette méthode ne peut être fenfible dans la pratique.

Je fçai bien que les foutendantes des arcs dans le polygone d'une infinité de côtés étant plus petites qu'aucune partie affignable, la différence du raion & de l'apotéme eft auffi plus petite qu'aucune partie affignable: mais tant que les idées de cercle & de polygone fub. fiftent leurs propriétés ne peuvent être anéanties. L'infiniment petit, fuivant les géométres, eft une différence

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dans les grandeurs fi réelle, quedans une progreffion qui va en diminuant à l'infini, foit qu'il s'agiffe de nombres ou de figures, le prémier terme eft tou jours plus grand que la fomme de touts ceux qui le fuivent, accumulés à l'infini: & par conféquent, fuivant leurs principes, dans le polygone d'une infinité de cotés infcrit au cercle, l'apò téme eft plus court que le raïon. & ce polygone ne peut jamais être un cercle.

et au confondre les prémiéres notions de la géométrie, que de regarder les points comme des lignes, fuivant le principe du fyftéme de l'infini, qui confidére les courbes comme compo. fées de petites lignes droites. Au refte ces fortes d'objections ne diminuent en rien les avantages du fyftéme de l'infini.

wallis ne s'eft pas contenté de l'infini: il a attribué aux hyperboles, certains efpaces plus qu'infinis. [ƒ] Il femble que ces hyperboles de la Géométrie fympathifent affez avec les hyperboles de la Rhétorique.

[f] L'éclairciffement de l'efpace plus qu'infini de Wallis,eft qu'on doit entendre un elpace fini. Hift. de l'Arcad. des Scienc. ann. 1706. p. 50. Varignon a trouvé de la contradiction dans l'idée d'un efpace plus qu'infini. Les Philofophes qui foutiennent la divifibilité à l'infini, admettent des infinis plus grands les uns que les autres,c'eft à-dire, compofés de parties qui confervent entr'elles les mêmes relations &

proportions de grandeur & de petiteffe: mais Wallis feul a dit que des efpaces étoient plus qu'infinis. Ce qu'il prend pour l'expreffion d'un efpace plus qu'infini,n'eft pas même celle d'un infini, fuivant Varignon, mais feulement d'un efpace fini, qui eft à la vérité le complément d'un efpace infini. Mémoir. de l'Acad. des feiene. ann, 1706.p. 13.

CHAPITRE SECOND.

De la Phyfique ancienne & moderne.

SOMMAIRE

du Chapitre fecond.

1. La Phyfique n'est qu'un effai de conjectures. 2. La Phyfique eft fans axiomes. 3. Socrate fe mocquoit de la Phyfique 4. Un Système de Physique eft un roman. 5. Er. reurs des Philofophes fur la nature en général. 6. Définition de la nature. 7. Les explications de l'ancienne Physique étoient des fons vuides de fens 8. Principe de la privation dans Ariftote. 9. Paralogisme d'Aristote fur la forme. 10. Contrariétés des Phyficiens fur les éléments. 11. Proportion décuple de pesanteur entre les éléments. 12. Explication des cing corps réguliers de Platon. 13. Explication des éléments de Defcartes. 14. Analogie de l'air & de Peau. 15. Deux principales opinions fur le feu. 16. Opinion fingulière d'Ifac Voffius fur le feu 17. Opinion d'Agrippa de l'effet du feu fur les fprits. 18. Explication donnée 1 par Ariftote des quatre qualités élémentaires primitives. 19. Défauts des définitions données par Ariftote des qualités primitives

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leur. 24. De quelle maniére l'ame reçoit les fenfations. 25. Les efprits animaux niés par quelques Anatomiftes. 26. Belles pensées d'Ariftote fur la Physique. 27. Sentiments partagés fur la divifibilité à Pinfini. 28. La Phylique humilie Tefprit. 19. Queftion du vuide fort debattue. 30.Contrariétés des Phyficiens fur les effences ou propriétés 31. Différents fentiments fur le mouvement 32. Les Philo, fophes ftationnaires nioient le mouvement. 33. Solution par l'expérience. 34. Solution par le raisonnement. 35. Autres objections de Sextus Empiricus. 36. Repentir de Diodore. 37. D'autres ont nié le repos, 38. Campanella avance que toutes les parties de la matiere font animées & fenfibles. 39. Définitions du mouvement. 40. Divifions du mouvement. 41. Caufes de la continuation du mouvement. 42. Des loix générales du mouvement. 43. Opinion Cartéfienne d'une quantité de mouvement toujours égale 44. Paradoxe qui résulte de cette opinion. 45. Refutation de cette opinion. 46. Différents principes fur le mouvement & le repos. 47. Opinion d'Archimede fur les forces mouvantes 48. La nouvelle Physique ariduit touts les mouvements à l'impul fion. 49. L'attraction rétablie en dernier lieu par quelques Philofophes. 50. Mechanique des tourbillons de Descartes 5.1. Contradiction dans ·le fyftême de Descartes. §2. Le fe

20. Epreuve de la bonté des décond des méchanisme; qu'il emploie

finitions. 21. Ce que la nouvelle Phyfique entend par les qualités primitives. 24. Explication des fenfations de l'ame fuivant les modernes, 23. Définition de la dona

eft préférable. 53. Propofition d'une réforme du fyftême, par la quelle les tourbillons font confervés. 54. Formation & arrangement des Planetes fuivant l'hypothese proposée. 55. De

Popinion que les autres Planétes font babitées.56.Formation des corps particuliers, fuivant l'hypothese Cartéfienne. 57.Explication Cartéfienne des couleurs. 8.Différents sentiments des philofophes fur les couleurs. 59. Obfervations fur la lumière. 6o. Calcul du progrés de la lumiére. 61. Le progrés de la lumière fix cents mille fois plus vite que celui du fon. 62. Efforts de la nouvelle Physique. 63. Différentes explications de la faculté visuelle. 64. Les Phyficiens ne s'accordent pas fur l'organe de la vue. 65. Obfervations fur le fon. 66. Phenomènes extraordinaires au fon. 67. Exemples de portées fort lointaines du fon. 68. Répétitions multipliées par quelques échos. 69. Effets furprenants des corpufcules infenfibles. 70. Petiteffe inconcevable des corpufcules. 71. Les effets de la baguette ne peuvent être expliqués physiquement. 72. Explication de l'effet de la poudre à canon. 73. De l'or fulminant, & de la poudre fulminante. 74. Explication grotefque de la fermentation des vins,. lorfque les vignes font en fleur .75. Exagérations plaifantes des effers d'un microscope. 76. Explication des propriétés de l'aiman.77. La matiére magnétique dois plutôt être confidérée comme une matiére du troisième élément. 78. Pourquoi l'aiguille de la bouffole doit être aimantée. 79. Le changement des pores ôte an fer la vertu que l'aiman lui a communiquée. 80. Explication de l'élasticité 81. Reffort de l'air. 82.L’aiman agit audelà des corps les plus durs. 83. Erreur fur l'aiman. 84. Déclinaifon de la bouffole. 85. La pefanteur attribuée par Gaffendi aux corpufcules magnétiques. 86. De l'enlèvement des brins ✅· de paille & autres petits fétus par les

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corps électriques. 87. Différence des tourbillons magnétiques & électriques, 88. Efpéce de magnétisme général dans la nature. 89. Défaut de quelques Phyficiens de rapporter à une feule caufe se qui eft l'effet de plufieurs. 90. Origine des fources & des fontaines differemment expliquée. 91. Les fources des riviéres & des fontaines ont plufieurs caufes. 92. Differentes opinions fur le flux & le reflux de la mer. 93. Variations des Phyficiens fur la pefanteur. 94. Nouveau fyftême fur la pesanteur. 95. La pesanteur de l'air ne peut être la cause de la chute des corps. 96. Effets de la preffion on dureffort de l'air. 97.L'ex« périence de Pafcal expliquée par le reffort, & non par la pefanteur de l'air. 98. Corbeaux étouffés par la preffion de l'air. 99. Explication de la hauteur du vif argent dans le baramétre par le reffort de l'air. 100. L'air plus chargé de vapeur dans un temps ferain. 101. Laréussite des expériences eft fort incertaine, & dépend de plufieurs caufes inconnuës. 102. Effets naturels produits par leurs contraires. 103. Des Phyficiens cherchent fouvent la raison de ce qui n'eft pas. 104. Colere de Démocrite contre fachambriere.10s.Plufieurs.opinions fans fondement. 106. Des vûës perçantes au travers des corps opaques. 107. Propriété fabulenfe de la remore. 108. De la plante, appellée lunaria major. 109. Réponse ingénieuse de Plutarque. 110. De la dent d'or d'un enfant de Silefie. r. Vertu auribuée à quelques goûtes de fang. 112. Au coral.1 13.A la peau de veau marin. 114. Au figuier & au laurier. 115. Desopinions des Phyficiens madernes renouvellées des anciens .116. Platon a traité d'impiété le mécanif

La Phy.

Aque n'eft

stures.

me d'Anaxagore. 117. En quoi la
117. En quoi la
philofophie de Defcartes différe de cel-
le de Démocrite. 118. Tourbillons de
Defcartes dans Epicure. 119. Dans
Archelaus. 120. Dans Platon, 121.
Dans Palingenius.

A Phyfique n'eft le plus fouvent qu'un effai d'opinions, & de qu'un effai conjectures. C'eft un art fort ingenieux, qui réuffiffant rarement à découvrir les causes veritables des effets naturels [4], eft réduit à donner des explications, qui ne foient pas entiérement infoutnenables. Nous éprouvons, à toute heure, que les chofes qui nous environnent [b], ont bien plus été créées pour notre ufage, que pour être l'objet de nos connoiffances.

2.

La Phyfi

ne eft à la vérité beaucoup plus eftimable que l'ancienne: elle a fait d'utiles découvertes: elle s'eft éclairée du flambeau de la Géométrie : fes conféquences font foutenues par l'évidence des calculs: elle n'admet que des raifonnemens vraisemblables: elle

s'affure des faits avant que d'en expliquer les caufes: elle a emploïé heureufement les expériences, pour tirer de la nature plufieurs de fes fecrets; mais les principes de cette Phyfique moderne, les qualités primordiales qu'elle attribue aux éléments, la direction du mouvement, & la figure qu'elle fuppofe à fon gré dans les particules invifibles, ces refforts cachés qu'elle fait jouer, n'ont d'autre réalité que celle qui leur eft prêtée par les fyftêmes des Phyficiens. Pour expliquer les effets naturels & fenfibles, ils donnent une libre carriére à leur

La Phyfique eft deftituée de toute que eft lans forte d'axiomes, qui lui foient particuaxiomes. liers, & fi elle en emploie quelques-imagination fur des causes, qui échauns, ils font fujets à être conteftés. Ainfi les Péripatéticiens foutiennent que, Dieu, ou la nature, agit toujours par les voies les plus courtes; plufieurs philofophes rejettent cet axiome; & puifqu'en la création, Dieu n'a pas emploïé les voies les plus courtes, il eft fort incertain, qu'il aille toujours par le plus court fentier, aux autres opérations de la nature.

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Socrate fe

Platon, & Xénophon ont rappormecquoit deté que Socrate fe mocquoit de toula Phyque. te la Phyfique, & des contradictions des Phyficiens. La Phyfique moder.

pent à nos fens : ils arrangent ces caufes imperceptibles comme il leur plaît, inventant même des hypothéfes entiérement contradictoires, parmi lefquelles il y en a peu qui ne foient fujectes à un grand nombre d'inconveniens; & dans l'hypothèse la mieux inventée, on ne peut être affuré que l'effet qu'on fe propofe d'expliquer vienne de la caufe qu'on imagine, puifque la nature peut produire un même effet de plufieurs maniéres. Il faudroit, pour s'affurer de la vérité d'une hypothéfe, qu'il n'y eut aucu

[4]Mundum tradidit difputationi eo. rum, ut non inveniant homo opus quod operatus eft Deus ab initio ufque ad finem Ecclef.c. 3.v. 11,

[6] Quid quæris Carneades, cur hæc ita fiant? aut quâ arte percipi poffint ?

Nefcire me fateor; evenire autem teipfum dico videre.... non reperio caufam ; latet fortaffe obfcuritate involuta naturæs non enim me Deus ifta fcire, fed his tantummodo uti voluit, Cic, de divinar, lib, 1,

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