6. Fondements Stats comme s'ils disputoient le prix de la font d'un mauvais prognoftic. Ceft un Hippocrate [e] dit que les rêves du & regles de L'interprétation des fonges a deux ciel & des étoiles signifient,suivant leurs fripoles ronciroeri. fondements;l'expérience, lorsque les mê différentes circonftances,ou la santé , ou d'Hy sa rique. mes songes ont été suivis plusieurs fois une maladic prochaine, ou la folic;qus In fomnis, sudare tamen, spirareque læpè, vires quiete repente. busauras, dita cernant, Donec difcuffis redeant erroribus ad se. Lucres. lib. 4. [<] Arromidor, oneirocris. lib.1.6. 19. Songé qu'il avoit une cuisse de pierre , manda [n] aux devins de Chaldée , soit Gimon général [o ) Athénien étant ges à la disposicion des humeurs. Il prêc de s'embarquer sur la flotte destinée n'y a rien que de très naturel dans à porter la guerre dans l'Egypte, songea le principe de ce raifonnement, mais qu'une lyce forcen colére abbosoit convoici jusqu'où il pouslc les conséquen- tre lui, & qu'elle prononça d'une voix ces qu'il en cire. Celui, dit-il, qui humaine & très bien articuléc: Vien,car dans ses rêves voit du feu , est incom- cu nous feras plaisirà moi & à mes pecics. modé d'une bile jaune; s'il se repréa Le devin Astýphilus lui déclara que ce fente des ténébres ou de la fuméc songe lui prédisoit la mort: car il il est menacé par un bile noire. Son l'expliquoit ainsi : Le chien est en.' ger à la pluïc , déixote l'excès de l'hu- nemi de l'homme contre lequel il ab. mide; les fongesde grele, de neige, boïc; or on ne sçauroit faire un plus de glace, font connoître que la santé grand plaisir à louz ennemi, que de péche par une pituite froide. mourir Exemples Cardam [!] vic en longe une écoise Pline [p] écrit à Suétone qu'on doit : d'interpré comber dans son foier & s'éteindre aus souvent interprécer lessonges d'une ma-' toages. f-côt ; & il conmut qu'il seroic en fa- niére opposée directement à leurs appaveur auprès d'un prince, mais que rences Les ronges , suivant cette régle, cette faveur seroic de peu de durée. font infaillibles puisqu'on peut égale. Le même auteur [m] donne cet exen- ment en conje&turer le pour & le contre. ple de l'interprétation des Songes dans Plutarque (q) croit que les fonges fes régles générales. Un homme a vû d'automne ne méritent aucune attenen fonge la chùcc d'unç montagne ; une cion, parce qu'ils sont causés par le nontagire est quelque chose de grand, suc plus abondant des nourritures qu'on aioli cela se rapporce à des honines prend en cerce saison, puillants: la chûte signifie l'état d'uir Cardan enseigne que les fonges homme qui succombe, comme celui [r] qui précedent le lever du soleil se qui est privé de les biens, de sesdigni, rapporcent à l'avenir ; ceux qui artés. Cet exemple fait connoître que la rivent lorsque le soleil se léve , se science d'interpréter les fonges, n'est pas rapportent au présent; ceux qui suipas une chose li difficile qu'on pourroit vent le lever du soleil , sc rapportent fe l'imaginer. au paffé. Que les longes sont plus Nabuchodonosor ne se contentoit assurés (s) en écé & en hyver, qu'en pas d'une simple interprétation. Il de-aucomne & au printemps: au lever Hhh 2 ations des [0] Galen. de vena festione. [O] Plutarch. in Cim, : du soleil, qu'à toute autre heure de la parti sur les fonges, déclare [ 2 ] què journée. s'il eft difficile d'y trouver quelque 2. La saperstition eft encore plus bla- solidité, il n'est pas moins difficile de mable, lorsqu'elle mêle des choses méprifer entiérement tant d'exemples facrées dans les chimére. Quelques qui font rapportés pour confirmer auteurs ont avancé que les longes , leur vérité. au temps de Noël & de l'annonciation, Les malades (a} alloient coucher annoncent des choses solides & du- dans le temple d'Esculape, afin qu'il Toile rables, mais que ceux qui viennent leur indiquất er songe les remédes les fonges avec les fêtes mobiles, désignent des qu'ils devojent faire llis, suivant Diochoses variables & fur lesquelles nous doré de Sicile, indiquoit en fonge devons peu compter. dés remédes aux malades. Une fem. Pline [t] parle d'une pierre qui se' me songea [b ] qu'on lui conseilloic trouve dans la Ba&triane, & qu'il ap- d'envoier à son fils des racines de ropelle Eumetris, laquelle étant mife fier" sauvage. Le jeune homme en Tous la tête pendant le sommeil, con même temps aïant été morda d'un vertit les fonges et des prédictions' chien enragé, & aïant reçu une letere très solides & très affurées. Cela eft de fa mére qui lui faisoit part de ce d'une autre importance que l'effet du songe, ufa de ces racines, & fut gacæur d'un singe ; qui est tel, au rapport ranti de la rage. de Cardan[u], que s'il est mis sous la Une autre femme qui avoit une intête d'un homme qui dort, il lui fait fiammation Ec} à une des mammelles, voir en fonge des bêtes féroces fongea qu’un agneau la tettoit. Ee len- Touts les préceptes de l'Oneirocri- demain elle prit du plantain , qu'on tique ne méritent pas plus de croïan- appelle en Grec '[d], langue d'agneau; ce, que ce qu'Homére & Virgile [.x} & l'aïant appliqué fur fon fein, elle ont dit , que les fonges passent par en fut guérie . deux portes différentes, l'une d'y- « Une colombe [e] apprit à Afpalie voire, & c'est le paffage des fonges dans un de fes rêves, le moïen de gué trompeurs : Vautre de corne, par la- rir une grosse loupe qu'elle avoit au quelle passent les fonges véritables , menton. Une grande marque du soin Sur quoi [y] l'auteur des dialogues des Dieux pour moi, dit l'empereur d'Oracius Tubero, reléve merveilleu. [f] Marc Antonin, ] c'est que dans sement l'avantage d'avoir des cornes mes fonges ils m'ont enseigné des reen la tête , d'autant qu'on peut s'affurer médes pour mes maux, & particulié. de la vérité de ses fonges. rement pour mes ver tiges & pour mon Aristote embarraflé de prendre un crachement de fang. [] Plin. lib. 37. 6. 12. ) (4) Cardan, de fubftrilit. lib. 18. [x] Sunt geminæ fomni porræ: qua rum altera fertur -Cornea, quâ veris facilis datur exitus umbris: Altera , candenti perfecta nicens ele phanto; Sed falfa ad cælum mittunt in fomnia manes.. Virg. Æneid. lib. 6. [p] Dial, d'orat. Tuber, T. 2. dial, da mariage. [2]Ούτι καταφρονήσαι ραδιον,έτε πεισθήναι Ariftor.de divinar per forn. [a] Jamblichide myter. [6] Plin.lib. 25.2. 2. [c] Artemidor oneirocrit,lib.4.c.24. [4] Αρνόγλωσσών. [c] ci. Ælian.variar hiftoriar. lib. 12.6.1. [f] Réflex, l'emp, M, Anton. liv, , S. Clément d'Alexandrie (8) n'a fa mort impunie ; que l'hôte après pas dédaigné de rapporter une guéri- l'avoir tué venoic de cacher son corps Ion qui arriva en longe, sur laquellé dans du fumier : & l'ami assassiné supil intervint un jugement badin de Boc- plioit son ami de se trouver de grand choris roi d'Egypte. Un jeune homme matin à la porte de l'hôtellerie , avant écant convenu de prix avec une cour. qu'on eûc emporté le corps hors de la tilanne pour facistaire la passion qu'il ville. Cet ami troublé d'un songe fi avoit pour elle, il longca la nuit qu'il terrible, accourut à l'hôtellerie des la en avoit obtenu tout ce qu'il défiroit, pointe du jour; & aïant trouvé un & guérit si bien sa phantaisie, que le chartier prêt à emmener un chariot , lendemain illa renvoia. Sur l'avis que il lui demanda ce qu'il y avoit dedans, cette femme eut de l'illusion qui l'a- Lechartier prit la fuite, le morc fuc voit privée de sa récompense, elle de- retiré de dessous le fumier, & la chose manda en justice la somme convenuë: aïant été examinée, le maître de sur quoi Bocchoris prononça que le jcu- l'hôcellerie fut convaincu & condamné ne homme vuideroit la bourse au soleil, au dernier supplice, atin que cette courtisane, put prendre Un phyficien moderiie [] prétend pour son paiement l'ombre de l'argent que ce longe peut être expliqué d'une quien sortiroit. maniére naturelle par le mouvement Alexandre vic en songe [b] l'herbe des corpuscules; & que cet homme dont il guéric Pcolémée fils de Lagus. qu’on alfallinoic répandoit dans l'air, Tertullien [i] rapporte comme un soit par ses cris, foit par une transpifait véritable ; qu'Achille guérit :e1 ration violente & forcée, des impref. songe un Athléce nommé Cléonynie: lions capables de s'éteudre aflez loin, & il se sert de cet exemple & de quels pour aller jusqu'à fon ami, qui devoit ques autres semblables, pour réfuter y être plus sensible que perfonne, par l'incrédulicé Epicurienne. le rapport d'un long commerce d'amiDeux amis qui voingeoient ensem- cié. Quelle opinion, d'imaginer que ble [k], étant arrivés à Mégare, l'un des corpuscules viennent raconter les d'eux alla loger dans une hôtellerie, circonstances d'un meurtre! un pareil & l'autre chez unami. Ce dernier vit usage des corpuscules n'est pas moins en dormant que son compagnon de frivole que les qualités occultes de coïage le supplioit de venir à son se, l'ancienne physique. vours, parce que l'hôte vouloic le Artaban frére de Darius, & oncle tuer. Il fut assez ému de ce rêve pour de Xerxés, vouloit détourner son ne s'éveiller; mais aïant regardé ce pref- veu de porter la guerre en Gréce[m]. sentiment comme un longe facheux Xerxés lui conta fes fonges; & pour qui n'avoit aucune apparence de véria eflaïer fi Artaban en auroit de femblaté, il se rendofmic. Auili-côt son come bles, il lui ordonna de prendre les pagnon lui apparut une seconde fois, habits roïaux, de s'asseoir sur le crôpour lui dire que puisqu'il ne l'avoic“ ne, & de coucher dans le lit où Xer. pas secouru, il ne laissát pas au moins xés avoit coutume de coucher. Arca Hhh 3 [g] S. Clem, Alex stromat.lib.4. [h] Strab. lib. 15. Plutarch.in Alex.Cic. de divinar. lib. 1. Q. Curr. lib.9.6.8. Tertul. de anima, 6.46. [k] Cic. de divinas, lib.j. ban répondit : Ce je ne sçai quoi qui troisiéme jour, & sa prédiction fut vérivous envoie des longes, n'est pas allez fiée. Dans le moment que Platon fut pré. simple pour conclure que je fuis vous, fenté à Socrate: Voilá , dit Socrate, le parce qu'il me verra dans votre lit. cygne que j'ai vû en songe. C'est que So. Xerxés, malgré cette raison voulut être crate avoit vû endormant un jeune cyobéïi, Artaban cuc les mêmes conges gne couvé dans fon sein,quis'étoit élevé que le roi, & ne s'oppola plus à la avec une rapidité d'aigle dans les airs, guerre contre les Grecs. qu'il remplissoit des doux accents de la Cambyse fils & successeur de Cy- voix. Alexandre[p] longca qu'il étoit alrus, aïant fongé que son frére Smerdis failiné par Calander qu'il n'avoit jamais montoit sur le trône, il le fit mourir, vû;& Callander étant arrivé peu après & peu après un Mage qui fe dic Smer. de Macédoine , Alexandre dit que Čafdis, s'empara de la monarchie des Per fander étoic celui-là même qui lui avoit fes à la faveur de ce nom. apparu en dormant. L'empereur Claude fit mourir Ap- Pendant le fiége de Tyr, Alexandre pius Silanus. [n], sur l'accusation vit en fouge un Satyre. L'explication concertée entre Mellaline & Narcyfle , fut qu'il se rendroit maître de cette plaqui soucinrent qu'ils avoient été avertis cele mot Satyre lignifiant [9] en Grec, en songe en même temps d'une conju. Tyrestà toi. Dans la douleur violente ration de Silanus contre l'empereur. que ce conquerant ressentit après le Antigonus ažant songéco]que Mithri- meurtre de Clicus,il n'y eut qu'une condate recucilloit une moiskon d'or,cemo- solacion qui parut le coucher,& lui faire parque jaloux & défiant résolut fa perte, quitter la résolution qu'if avoit prise de & confia son dellein à son fils Demetrius, fe tuer lui-même:c'est que le devin Ariaprès avoir pris de lui fe ferment de n'en itandre falfura qu'il avoit vûen fonge rien dire.Ce jeune prince qui aimoic Mi- la mort de Clicus avant qu'elle arrivat, thridate le mena promener sur lerivage & qu'ainsi elle étoit l'effet du destin, deila mer & après l'avoir regardé criste & non pas le crime d'Alexandre ment, il écrivit sur le sable avec la poin- Aftyage vit en dormant [r) un te de fon javelot: Fui. Cetavis.conferva ceps de vigne fortant de Mandane fa les jours de Mithridate,qui se fauva dans. fille , qui ombrageoit toute l'Asie, & te Pont où il fut élo roi. Ses descendants ce rêve fuc le prognostic de la naisance y régnerent longtemps.Sa maison a por- &dis conquêtes de Cyrus. té le nom des Arfacides,à cause d'Arlacés: Pyrrhus [s] avant que de donner l'af. quien etoit la tige. laut à Lacédémone, fongea qu'il lanLorsque Socrate eut entendu en songe çoit des foudres sur cette ville, & qu'il un versto] d'Homére, qui signifie: Dans la metroit toute en feu. Il s'éveilla en trois jours vous arriverez dans cette fer- sursaut ; & transporte de joie, il conta aile contrée, il prédit la mort pour le le longe à touts les officiers. Le seul [n] Suer. in Claud.c.37. Ηματί καν τριτάτω φδλην ερίβωλοα ίχοι To] Ces deux histoires de l'empereur Claude od Antigone ne sont pas rapportées ici comme des exemples: des prognostics qui fe font reno contrés dans les fonges, mais de l'opinion qu'on avoir de leur vérité. [o] Plar, in Crit. heme il. 1. v. 363.. [p] Val. Max.lib.1.6.7: |