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vulgaire, quand il doit naître ou mourir quelqu'un de la maifon de Rozenberg. La femme blanche, en cas de naiffance, n'a rien que de blanc dans fes vêtements; en cas de mort, elle a des gands noirs. Elle paffe fort vîte dans les chambres de quelqu'un des châteaux appartenants à cette maison. Elle a au côté un trouffeau de clefs, dont elle ouvre toutes les portes fur fon paffage. Guillaume de Rozenberg s'étant allié aux quatre maifons fouveraines de Brunfvvich, de Brandebourg, de Bade & de Pernftein, la femme blanche a étendu fes apparitions à toutes les nailances & les morts qui arrivent dans ces maifons. Ce fpectreeft celui d'une dame qui fit bâ tir le château de Nehaus en Bohéme. Elle fit beaucoup travailler fes fujets, & leur promit de leur donner touts les ans un feftin dont le principal mets feroit de la bouillic: & effectivement la femme blanche de Rozenberg donne ce feftin touts les ans, le dimanche des rameaux; & il s'y trouve bien huit mille pauvres qui s'y rendent de touts côtés. Les préfages[a] des jours heureux heureux ou ou malheureux non feulement ont été malheureux obfervés par les particuliers, mais ils

16. Des jours.

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(a) Une grande partie de ce que je dis ici desjours heureux ou malheureux, eftiré des ponfées des Bayle fur les cométes.

(b) Plutarch de fratr, concord.

(c) La bataille de Crémére fur celle où farmée toute Patritienne, composée de 306. Fabiens fut taillée en pièces, fans qu'il reftat un feul homme.

(d) La journée d'Allia fut celle où les Romains furent défaits par les Gaulois; elle fur fuivie de la prise de Rome.

() Ille nefaftus erit, per quem tria yerba filentur,

Juin, à caufe de la querelle de Minerve & de Neptune. Le fénat de Rome défendit par arrêt de rien entreprendre le 18. de Juillet, jour des batailles de [c] Crémére &[d] d'Allia.

Numa deftina certains jours aux affaires, & d'autres au repos. Il appella les uns jours permis [e], & les autres défendus. Le livre qui contenoit la diftinction de ces jours, fut mis entre les mains des pontifes, qui eurent depuis l'autorité d'y changer & d'y ajouter ce qu'ils jugérent à propos. Le if de Mars[f] qui étoit fêté en l'honneur de Perenna, devint un jour funefte, & fut appellé le jour du parricide, lorfque les Vengeurs de la mort de Céfar furent devenus les maîtres de Rome, parce que Céfar fút afsaffiné ce jour-là.

Il n'étoit pas permis dans ces jours funeftés de faire aucuns facrifices ni aucunes priéres publiques aux dieux, ni de célébrer des mariages, ni de donner des repas, ni de repréfenter des jeux. Les tribunaux de juftice étoient fermés, toutes les affaires fufpenduës, & les magiftrats ni les généraux d'ar mées ne devoient rien entreprendre pour le fervice de la république. Celui qui par inadvertence contrevenoit à ces défenfes, devoit être expié, & païer une amende [g]; mais le grand pontife Scævola ne croïoit pas qu'il y

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cut aucune expiation capable d'effacer la faute de celui qui de deffein prémédité avoit violé les obfervations préfcrites au fujet des jours malheureux.

Les jours heureux au contraire é toient marqués par quelque événement fort avantageux. Ils fe célébroient par des rejouiffances. Tels étoient le jour de Ja fondation de Rome, de la levée du fiége de Rome par Porfenua, les jours d'adoption des Céfars & autres. Les Ides étoient [b] confacrées à Jupiter, les kalendes à Junon. Le 24 Février dans les années biflextiles étoit réputé malheu

reux.

Les rois d'Egypte [] regardoient le troifiéme jour de chaque femaine comme un jour funefte. Les femmes de l'ifle de S.Laurent [k] jettent leurs enfants, fi elles accouchent le Mardi,Jeudi ou Samedi.

Héfiode [7] établit qu'il y a des jours heureux & des jours malheureux: Héraclite lui reprochoit d'avoir ignoré la nature des jours qui eft toujours la même. On trouve dans quelques auteurs, des recherches fur les années climacteriques des états, fur les vingt & uniéme, quarante neuvième, foixante & troifiéme rois d'une monarchie, fur le feptićme ou neuviéme monarque du même nom. Les uns tiennent que les neuviémes années font les climactériques; Arif tide de Samos dans Aulu Gelle [m],efti. me que ce font les feptiémes. La foixante & troifiéme étoit regardée comme une Tom. I.

[b] Macrob. Saturnal. lib 1.c 15.
[i] Plutarq. d'Ifis & Ofiris.
[k] Le Vayer, lestr. 105.
[1] Héfiod. de dieb. & oper.

[m] Pericula quoque vitæ fortunarumque hominum, quæ climacteras Chaldæi appellant graviffima quæque fieri affirmat Ariftides Samius feptenariis, Aul Gell, lib.

3.c. 10.

des plus dangereufes, a caufe du nombre de fept multiplié par neuf. Augufte fe félicitoit de l'avoir paffée. La grande climactérique eft la quatre-vingt-unićme, ou le produit de neuf multiplié par neuf. Platon mourut dans cette année. La quarante deuxième, qui eft le produit du nombre de fix multiplié par fept, étoit appréhendée de quelques-uns.Saumaife a compofé un traité,pour prouver que les années climactériques [n] ne font en rien différentes [o] des autres, & ne méritent pas une attention plus particu liére.

On lit dans Tacite [p] & dans l'hiftoire de France [9] les obfervations fuperf titieufes qui furent faites fur la mort d'Augufte & fur celle d'Henri III.

Les officiers de l'armée de Lucullus voulant le détourner de donner battaille le jour [ ]que les Cimbres avoient taillé en piéces une armée Romaine, & lui repréfentant que ce jour avoit été mis au nombre des jours funeftes; Eh! bien, changeons fon deftin, reprit Lucullus, en le rendant heureux par notre victoire:& ce jour-là même il défit Tigranés roi d'Arménie.

Aléxandre répondit fur les bords du Granique, à ceux qui lui représentoient que les rois de Macédoine ne mettoient jamais leurs armées en campagne au mois de Juin; qu'il n'y auroit déformais qu'à appeller ce mois le fecond mois de Mai.

Valentinien [s] aiant été élu empe-
Ggg

[n] Le nom de Climastérique vient de κλίμαξ. Scala.

[o] Salmafius, de annis climactericis. [p] Tac. annal. lib 1.

[g] Mézer.à la fin du regne d'Henri III. [r] Ce jour étoit le 6. m d'Oftobre

[S] Nec videri die fecundo, nec prodire in medium voluit, biffextum vitans ebruari menfis tum illucefcens, quo ali

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reur, ne voulut pas le montrer en public le 24 Février d'une année biffextile parce qu'il avoit reconnu en quelques occafions que ce jour étoit malheureux aux Romains. Charles Quint étoit perfuadé, ou vouloit perfuader aux autres, que ce même jour 24 Février étoit pour lui un jour de bonheur, de victoire & de toute forte de profpérités.

Thymoléon gagna fes plus fameufes batailles [] le jour de fa naiffance. Solyman II. remporta la victoire de Mohacs, prit la ville de Belgrade, l'ifle de Rhode, & la ville de Bude le 29 Août. C'eft l'effet de la politique (dit Bayle) de femer des opinions qui peuvent être avantageufes en certains temps & en certains lieux. Un général fe fert des circonftances du temps & du lieu pour encourager les troupes. Il leur repréfente que c'est à pareil jour, ou dans le même champ de bataille, que les ennemis furent battus, & qu'il faut foutenir la gloire de la nation; & cependant le général ennemi exhorte fes foldats à effacer la honte de la même journée, & à venger les manes de ceux dont on voit encore les offements. Le principal ref. fort de la politique eft de fçavoir ménager les paffions des hommes.lls reçoivent des impreffions des remarques les plus frivoles. Henri III. regardoit le jour de la Pentecôte comme celui de fes profpérités. Les Turcs ont confiance au mois d'Août; c'eft apparemment à caufe des événements glorieux arrivés à Sélim & à Solyman II. dans ce mois là. Leünclavius affure qu'Ufuncaffan ne combattit contre Mahomet II. que fur l'efpérance du Mercredi, par laquelle il fut déçû.

Sixte Quint aimoit le Mercredi, joúr. auquel étoient arrivés touts les événements les plus heureux de fa vie; fa naiffance, fa profeffion de Cordelier, fa nomination à la charge de vicaire général de l'ordre, fa promotion au cardinalat, fon élévation à la papauté. Philippe roi. de Macédoine apprit trois événements fort heureux, le jour même qu'il célébroit la fête de fa naissance. Il reçut en même temps les trois nouvelles, que fes chars avoient remporté le prix aux jeux Olympiques ; que Parménion avoit battu les ennemis; & qu'Olympias fa fem. me étoit accouchée d'Alexandre.

Les Espagnols font portés pour le Vendredi. Henri VII. roi d'Angleter re l'étoit [#]pour le Samedi .

La vanité de ces remarques fe prouve par les exemples contraires. Nous avons vû que la victoire de Lucullus contre Tigranés eft du même jour au quel les Romains avoient été défaits par les Cimbres. Pompée fut tué [x] le meme jour qu'il avoit triomphe de Mithridate. Ventidius [y] vengea la défaite des légions Romaines, par une grande victoire qu'il remporta fur les Parthes le même jour du mois de Juin, auquel Craffus avoit été vaincu & tué quatorze ans auparavant. Platon, le roi Attalus, Alexandre le Grand, & quelques autres font morts le jour de leur naiffance. Léon X. pape fut facré le même jour auquel un an auparavant il avoit été fait prifonnier. Le jour célébre par la victoire de Louis XII. à la Giradadda, mit le comble à l'affliction de la France par l'exécrable parricide d'Henri le grand.

quoties rei Romanæ fuiffe cognôrat infauftum. Amm. Marcell. lib. 26. [1] Cornel, Nep. in Thymol [u] Bacon, vie d'Henri VII.

[x] Dio caff lib. 42.

[y] Dio Caff. lib.49. Entrop. lib.7.in init. [x] Bodin, républiq. liv. 4 p. 407.

Bodin [z]a recueilli plufieurs grands événements arrivés au mois de Septembre. Cet auteur n'aïant marqué que les quantièmes de ce mois, j'y ai fupléé les dates des années. Le monde fut créé au mois deSeptembre. La bataille d'A&tium décida de l'empire de l'univers pour Auguite le a Septembre de l'année de la fondation de Rome 723, avant l'ére vulgaire Chrétienne 31. Paul Emyle prit Perfée, & réduifit le roiaume de Macédoine en province Romaine, le 3. Septembre, l'an de Rome 586,avant Jefus.Chrift 168.Le même jour 3 Septembre de l'année de l'ére vulgaire 1541, Solyman II. prit Bude (d'autres auteurs rapportent la prife de Bude par ce fultan au 29 Août de cette même année 1541) Le même jour 3 Septembre de l'année 710,Roderic vaincu par les Maurespérit en Espagne avec l'élite des Vifigoths. A pareil jour de ce mois de l'année 1510, Louis XII. prit Milan & le duc Louis Sforce. Le même jour 3 Septembre de l'année 1535, Charles Quint fe rendit maître d'Alger, fuivant Bodin, mais cet auteur devoit dire que Charles Quint s'empara [a] du fort de la Goulette & de Tunis, car cet empereur ne fut jamais maître d'Alger. Le 4 Septembre de l'année 1566, Solyman II.mourut devant Zigeth, & le 7 l'armée du défunt Sultan prit cette ville. Le 7 Septembre de l'année 79, Tite prit Jérufalem; le 8 Septembre de l'année 1541,Sigifmond roi de Pologne remporta une grande victoire fur les Mofcovites. Le 9 Septembre de l'année 1513, les Ecoffois furent batttus par les Anglois,qui tuérent Jac

[a] Chronique abregée de Jean du Tiller évêque de Meaux.

[b] Soliman II.náquit en Septemb.1490. mourus en Septemb. 1566. Charles V. étoit né dans le mois de Septemb. 1499. & moùruð en Septemb, 1558.

ques IV. roi d'Ecoffe, & la fleur de la nobleffe Ecoffoife; l'onzième Septembre de l'année 1261, les Paléologues reprirent Conftantinople fur les François qui avoient tenu cet empire pendant 56 ans. La journée de Marignan en laquelle François I. vainquit les Suiffes, eft le 13 Setembre 1515: le même jour 13 Septembre de l'an 1529, l'armée des Turcs affiegea Vienne; le 17 Septembre de l'an 1356, l'armée du roi Jean fut défaite, & le roi fut pris par le prince de Galles à la bataille de Poitiers; le 17 Septembre de l'année 1568, Henri roi de Suéde fut dépouillé de fon autorité, & mis en prifon par fes fujets; le 28 Septembre de l'année 1395,Bajazeth vainquit les Chrétiens en la journée de Nicopolis, & à pareil jour de l'année 1187, Saladin prit Jérusalem, & en chaffa les Croifés. Les empereurs Tibére, Vefpafien, Tite, Domitien, Aurélien, Théodofe, Gratien, Bafile II. Con ftantin V. Leon IV. le duc Rol, l'empereur Frédéric III. dit le Pacifique; les rois Pepin, Louis le Jeune, Charles V. ou le Sage, Philippe III, roi de Navar. re, font morts dans le mois de Septembre. Solyman II. & Charles Quint étoient nés[b],& font morts dans le mois de Septembre. On peut ajouter à ces exemples la naiffance & la mort de Louis le Grand dans le même mois. Les empereurs Augufte [<]& Marc Antonin [d], & le roi [e] François L. font nés dans le mois de Septembre. Finiffons cet article par l'événement fi intéreffant pour la France & pour toute l'Europe l'heureuse & augufte naiffance de monGgg 2

de

[•] Octave nâquit le 22. Septemb.de l'am de Rome 691.avant l'ére Chrétiene 63.

[d] M. Antoninnâquit le 12.Septemb.l'an de l'ére Chrétiene 86.

[e] François 1, nâquis le 12. Septembre L'an 1494.

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Suivant la divifion que j'ai faite des Des noms différentes efpéces de préfages, il me refte à parler des noms. Je ne répéterai point ce que j'ai expliqué dans le chapitre de la cabale, touchant la vertu attribuée à la valeur numéraire des lettres, j'obferverai feulement que l'o. pinion fuperftitieufe de cette forte de préfages n'a pas fait moins d'impreffion fur lesefprits, que celle des jours heu

reux ou malheureux.

Cicéron [f] raporte que dans les enrôlements des foldats Romains, on avoit foin de mettre à la tête quelque nom, qui parut heureux & de bon préfage. Les cenfeurs en faifant le dénombrement des citoïens, commençoient toujours par quelque nom favorable, comme Salvius, Valerius; dans les facrifices ceux qui conduifoient la victime de voient avoir des noms,qui euffent rapport à quelques fignifications de bon augure. Quand on procédoit à l'adjudication des fermes publiques, on nommoit le Lac Lucrin le prémier, à caufe de la conformité de ce nom propre avec le mot qui exprime le gain dans la lanque Latine.

w

Regillianus fut élû empereur, parce que fon nom parut de bon préfage, & bien fonnant à l'oreille. Céfar allant faire la guerre à Scipiom en Afrique, mena avec lui un'officier [g] qui portoit le nom de Scipion. Il étoit d'une bran. che affez obfcure de la famille des Sci

pions, on le furnommoit Salatton Céfar voulut en être accompagné, & lui donna du commandement, à cause de l'opinion populaire, que les Scipions étoient invinciblesen Afrique.

à

Ona obfervé que l'empire d'Orient commencé & fini par un Constantin, & que l'empire d'Occident a commencé & fini par un Augufte.

Le nom propre des villes étoit tenu fecret [b], de peur que les ennemis ne puffent en évoquer les divinités tutélaires. Le nom propre & fecret de Rome étoit Valentia. Valerius Soranus tribun du peuple [i] fut crucifié, pour avoir divulgué ce nom myftérieux.

Le marquis de Marignan défit les troupes Françoifes commandées par Strozzi, dans un lieu appellé Gallicile. Les ambasadeurs de France préférérent Blanche de Caftille, pour être femme de Louis VIII. leurs maî tre, à fa fœur Urraca, à cause de la douceur du nom de Blanche.

Brantome[Jobferve que touts ceux qui ont porté le nom de Nemours, ont été de grands capitaines. Il dit en traitant des femmes galantes, que l'empereur Sévére fe confoloit des débauches de fa femme, à caufe de la fatalité attachée au nom de Julie; & que les dames qui portent certains noms qu'il ne veut pas dire pour le refpect de la religion, font plus fujétes à fe livrer aux plaifirs de l'amour.

La paix conclue à Chartres ne paffa jamais pour ftable & affurée

[f] In delectu militum primi vocabantur, qui erant pulchri nominis. Cic. de divinat. lib. 1.

[g] Dio Caff. lib. 42. in fin.

[b] Romani deum in cujus tutelâ urbs Roma eft, & ipfius urbis latinum nomen ignotum effe voluerunt. Macrob. Saturnal.

lib.3.c.9.

[i] Tribunus plebis id aufus nominare, in crucem fublatus eft. Var. in fragm. ¿ Serv.comment in lib. Æneid. 1.

[] Brantom homm, illuftr, art, de M. de Nemours.

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