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24.

trologie

nommé le conciliateur, Géber, Agrippa, Bartholomée de Parme, Gérard de Crémone, Hannibal Rémond de Vérone, Olivier de Malmesbury, Peucer & quelques autres. Albert le Grand [] femble traiter la Geomantie, comme une fcience qui peut avoir quelque utilité, mais nous avons deja obfervé qu'on a attribué à Albert le grand plufieurs ouvrages qui contien nent des puérilités & des fuperftitions indignes non feulement de cet illuftre prélat, mais du moins éclairé des philofophes.

fred's Agrippa [y] voulant rendre les prédictions plus faciles, a donné une ménumérique thode purement numérique, pour fuppléer à l'incertitude du moment de la nativité, aux erreurs des éphémérides, & à toute cette connoiffance du ciel qui demande beaucoup de travail & d'application. Il enfeigne à trouver la planéte dominante, en calculant les lettres du nom de l'enfant, du pére & de la mére, & divifant la fomme totale par neuf. S'il refte un, c'est le foleil: s'il refte deux ou fept, c'eft lalune; s'il reste trois, c'eft Iupiter; s'il refte cinq, c'eft Mercure; s'il refte fix, c'est Venus; s'il refte huit, c'eft Saturne, s'il refte neuf, c'eft Mars. Cherchez-vous le figne divifez la même fomme par douze. S'il refte un, c'est le lion ; s'il refte deux, c'est le ver feau, &c. & Agrippa ajoute une obfervation importante, c'eft que le nombre impair marque le côté droit, & le nombre pair fignifie le côté gauche. Il eft aifé de connoître par ces préceptes, que les Géomantiens, comme prefque touts les devins, n'emploient les in

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[x] Hoc eft quod in fcientiâ géomantiæ figuræ punctorum ad imagines tales reduci præcipiuntur, quia aliter non funt utiles. D. Albert. Magu, de mineralib.

fluences céleftes que comme un prétexte général, & qu'ils ne font intervenir les planétes & les étoiles que par cérémonic & par honneur.

,

25.

attribuées

Dien..

Il fe répand de temps en temps des prédictions, dont ceux qui les debitent affurent, à l'exemple des cabalif aux bons efprits, ou tes qu'elles partent du commerce aux infpides bons efprits, ou des infpirations rations de de Dieu même. On ne peut pas. nier en général, que ces prédictions ne foient poffibles: mais il y a bien peu d'apparence de vérité. Est-il vraifemblable que Dieu communique à fes. élus pendant qu'ils font fur la terre, la connoiffance de l'avenir qui eft ignoré des anges? Le Seigneur n'a pas em-. ploié ce genre de merveilles pour manifefter la vertu des faints; & maintenant que la religion eft bien établie le monde n'a plus befoin de prophéties.

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Prophétic

Ces prédictions font ordinairement fuppofées & publiées après les événe-des, papes... ments. C'eft ainfi qu'on met fur le compte de S.. Malachie archevêque. d'Armach dans le douziéme fiécle, une fuite de prophéties de touts les papes, depuis Celeftin II. jufqu'à la fin du monde. Elle ne feroit pas bien éloignée fi l'on s'en rapportoit à ces prédictions; car il n'en refte plus que dix-neuf. Ces prophéties paffent pour. avoir été fabriquées pendant le conclave de 1590, par les partifans du car-. dinal Simoncelli, qui le défignérent: par [z] quelques mots qui avoient: rapport à Orviete fa patrie. Il fut pape fous le nom de Gregoire XIV. Les. prédictions, jufqu'au temps de ce pontife, font affez juftes, étant facile d'être Aaa 2

lib. 2. tractatu 3. cap.3..

[y] Agripp philof. occult. liv.z.ch.20. [x] De antiquitate urbis... Orviete fe nomme en Latin urbs vetus..

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دو

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prophéte après coup; mais depuis l'application en eft extrémement forcée. On cherche le rapport de la prophétie dans le païs du Pape, dans fon nom & furnom, dans fes armes, dans fon titre de cardinalat, dans fa naiffance, fes emplois, fes prélatures, & tant d'autres circonstances, qu'il feroit bien difficile de n'y pas trouver quelque allufion ou forcée ou naturelle. On trouve dans le dictionaire de Moréri [4] cette fuite de prophéties avec leurs explications.

Cette prédiction des papes attribuée à S. Malachie, n'eft pas la prémiére qui ait été divulguée fur le même fujet. 5, Je voudrois bien, dit Montagne, avoir reconnu de mes yeux ces deux merveilles; le livre de Joachim abbé Calabrois, ,, qui prédifoit touts les papes futurs, leurs furnoms & formes ; & celui de Léon l'empereur, qui prédifoit les em», pereurs & patriarches de Gréce. « 27. Savonarole [b] avoit prédit les conde Savona- quêtes de Charles VIII. en Italie, & role fur que l'état & gouvernement de Floren

دو

دو

Prédictions

Charles

VIIL

ce feroient changés. Il dit à Philippes de Commines, que le Roi à fon retour en France fe trouveroit en grand danger, mais que Dieu le conduiroit ; ce qui défignoit la bataille de Fornouë; que Charles VIII. n'aïant pas réformé l'églife [c], Dieu avoit prononcé contre lui une fentence qui feroit bientôt exécutée; ce qui fut la prédiction de fa mort prompte. Il n'y a rien dans ces prédictions de Savonarole, que la po litique & le hazard n'aïent pû produire

très naturellemet. La fainteté de la vie, & la droiture des intentions de ce perfonnage ont été fi douteuses, que cet exemple n'a aucune force pour prouver les infpirations divines fur la connoif fance de l'avenir.

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1. Oracles les plus renommés. 2. De l'oracle de Dodone. 3. De l'oracle de Jupiter Hammon. 4. De l'oracle de Delphes. 5. De l'oracle de Trophonius 6. De l'oracle de Claros. 7. De l'oracle de Nymphée. 8. De loracle d'Amphiaraüs, & de plusieurs autres oracles. 9. Des oracles du Pérou. 10. Batiles oracles portatifs. 11. Plusieurs réponses des anciens oracles. 12. Decret du fenat au fujet de la naiffance d'Augufte. 1 3. L'in nivers étoit alors rempli de l'attente du Meffie 14. Equivoques des oracles, 15:Obfcurité des oracles.16.Des Frim & Thummim. 17. De l'Ephod. 18. Les faux oracles décrédités par

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T.

racles les

us re

la philofophie. 19-Oracles refforts de politique. 20. Mépris pour les oracles dans les auteurs prophanes. 21. De la ceffation des oracles. 22. Deux fortes d'oracles à diftinguer. 23. Les oracles rendus par les démons n'ont pas ceffé généralement en même temps. 24. Les oracles qui étoient des artifices des hommes, n'ont ceffé qu'avec l'idolatrie.

Il ya eu peu de fuperftitions auspu Ly a eu peu de fuperftitions auffi cé lébres, & qui aient féduit les peuples pendant un auíli grand nombre de fiécles que les oracles. Dans les traités de paix ou de tréves, les Grecs[a] n'oublioient jamais de ftipuler la liberté d'aller aux oracles. Aucune colonie n'entreprenoit de nouveaux établiffements [b], aucune guerre n'étoit déclarée, aucune affaire importante n'étoit commencée fans avoir auparavant confulté les oracles.

Les plus renommés ont été ceux de Delphes, de Dodone, de Trophonius, ommés. de Jupiter Hammon, d'Apollon Clarien. Suivant Hérodote [c], les deux oracles les plus anciens étoient celui de Dodone en Epire, & celui de Jupiter Hammon en Lybie.

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bes en Egypte, il y en eut une qui alla dans la Lybie, où elle donna lieu à l'établiffement de l'oracle de Jupiter Hammon; l'autre s'étant arrêtée fur les chênes de la forêt de Dodone, apprit aux habitants des lieux voifins, que l'inten tion de Jupiter étoit qu'il y eût un oracle en cet endroit. Herodote [e]explique ainfi cette fable: Il y eut autrefois deux prêtreffes de Thébes, qui furent enle vées par des marchands Phéniciens. Celle qui fut vendue en Gréce, alla s'établir dans la forêt de Dodone, où les anciens habitants de la Gréce alloient en foule chercher du gland. Elle y éleva une petite chapelle au pié d'un chêne, à l'honneur du même Jupiter dont elle avoit été prêtreffe. C'eft là où s'établit peu à peu cet ancien oracle, qui devint fi fameux dans la fuite.

La maniére dont fe rendoient ces oracles de Dodone, elt fort finguliére [f]. Il y avoit un grand nombre de chaudrons fufpendus à des arbres auprès d'une ftatuë de cuivre, auffi fufpendue avec un fouet à la main. Le vent venant à l'agiter, elle frappoit le prémier de ces chaudrons, & le mettant en mouvement, touts les autres étoient ébranlés, & rendoient un certain fon qui duroit très long-temps; enfuite de quoi l'oracle parloit.

Del'oracle

L'oracle de Jupiter Hammon étoit établi dans des déferts, au milieu des fa- de Jupiter bles brûlants de l'Afrique. Cet oracle dé. Hammon clara à Alexandre, que Jupiter étoit fon pére. Après plufieurs queftions, ce conquérant aiant demandé fila mort de fon A aa 3

[d] Nemorumque Jovique maxima
frondet

Efculus, atque habitæ Graiis oracula

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pére étoit fuffisamment vengée, l'oracle répondit [g] que la mort de Philippe étoit affez vengée, mais que le pére d'A. lexandre étoitimmortel.

C'eft à l'occasion de cet oracle, que Lucain met de grands fentiments dans la bouche de Caton. Après la battaille de Pharfale, lorfque Céfar commençoit à être le maître du monde, Labienus difoit [b]à Caton: Puifque nous fommes à portée de confulter un oracle fi célébre, apprenons de lui à régler notre conduite pendant cette guerre. Les dieux ne s'expliqueront plus volontiers pour perfonne, que pour Caton. Vous avez. toujours été ami des dieux; aïez la confiance d'entretenir Jupiter. Inftruifezvous de la deftinée du tyran, & du fort de notre patrie, fi nous devons conferver notre liberté, ou perdre le fruit de la

[g] Quint.Curt. lib. 4. c. 7..

[b] Maximus hortator fcrutandi voce: deorum

Eventus Labienus erat: fors obtulit, inquit,

Et fortuna viæ tam magni numinis ora, Confiliumque Dei. Tanto duce poffumus uti

Per Syrtes, belique datos cognofcere cafus.

Nam cui crediderim fuperos arcana da

turos.

Dicturofque magis quam fancto vera. Catoni?

Certè vita tibi femper directa fupernas. Ad leges, fequerifque Deum; datur ecce loquendi

Cum Jove libertas; inquire in fata nefandi

Cefaris, & patriæ venturos excute mo,

res:

Jure fuo populis uti legumque licebit, An bellum civile perit?tua pectora fa crâ Voce reple: duræ faltem virtutis ama

tor,

Quære quid eft virtus, & pofce exemplar honesti.

Ille Deo plenus, tacitâ quem mente ge rebat,

Effudit dignas adytis è pectore voces. Quid quæri, Labiene, jubes? an liber in

guerre;ce que c'est enfin que cette vertu à laquelle vous vous êtes dévoué, & quelle eft fa récompenfe. Caton plein de la divinité qui étoit au dedans de lui, rendit à Labienus une réponse digne d'un oracle. Sur quoi voulez-vous, Labienus, que je confulte Jupiter à luidemanderai-je s'il vaut mieux perdre la vie, que la liberté ? fi la vie eft un bien véritable? fi la vertu dépend de la fortune? nous avons au dedans de nous, Labienus, l'oracle qui peut répondre à toutes ces queftions. Rien n'arrive que par l'ordre de Dieu: ne lui demandons point, qu'il nous répéte ce qu'il a fuffilament gravé dans nos cœurs. La vérité ne s'eft point. retirée dans ces déferts, elle n'eft point. engravée dans ces fables. Le fejour de Dieu c'eft le ciel, la terre, & la mer, & les cœurs vertueux. Dieu nous parle par

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4.

De l'oracle

tout ce que nous voïons, par tout ce qui nous environne. Que ceux qui font chancelants, & fujets à varier, fuivant les événements, aïent recours aux oracles. Pour moi je trouve dans la nature tout ce qui peut infpirer la plus conftante réfolution, puifque l'homme lache ne peut éviter la mort. Jupiter ne nous en diroit pas davantage. Caton parla ainfi, & quitta ces régions, fans confulter l'o

racle.

Diodore de Sicile, Plutarque, & de Delphes. plufieurs autres auteurs [ i ] rapportent qu'un troupeau de chèvres découvrit l'oracle de Delphes, ou d'Appollon Pythien. Lorfque quelque chèvre s'étoit approchée de la caverne, & avoit refpi. ré l'air qui en fortoit, elle revenoit en faifant plufieurs bonds, & fa voix rendoit un fon extraordinaire: ce qui aïant été obfervé par les bergers, ils allérent y regarder& furent faifis d'une fureur qui les faifoit fauter & prédire l'avenir. Plutarque nous a confervé le nom du berger, au quel appartenoit le troupeau de chévres, qui fit la découverte de l'oracle. Il fe nommoit Corétas. Un garde de Demetrius s'étant approché trop près de l'embouchure de la caverne,fut fuffoqué par la force de l'exhalaifon qui en fortoit,& mourut fubitement. L'orifice ou le foupirail de cet antre étoit couvert d'un trépié confacré à Apollon, fur lequel les prêtreffes appellées Pythies s'affoioient pour fe remplir de la vapeur prophétique, & concevoir l'efprit de di

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vination, & la fureur qui leur faifoit connoître l'avenir, & le prédire en vers Grecs Héxamétres. Une Pythie[k] fu¢ fi exceffivement tourmentée de cette vapeur, & elle fouffrit de fi violentes convulfions, que les prêtres s'enfuirent, & qu'elle mourut peu de temps après

fe

nius.

Paufanias []lécrit les cérémonies qui De l'oracle pratiquoient pour confulter l'oracle de Trop hode Trophonius. Tout homme qui étoit defcendu dans fon antre ne rioit de fa vie. Ce fut l'occasion de dire en proverbe[m] de ceux qui avoient l'air trifte: Il a confulté Trophonius. Platon [n] rapporte qu'Agamede & Trophonius aïant bâti le temple d'Apollon,& aiant demandé au dieu pour récompenfe, ce qu'il eftimoit de plus avantageux aux hommes, ces deux frères moururent dans la nuit qui fuivit cette priére . Paufanias [9] fait un récit fort different. Dans le palais que ces deux frères conftruifirent pour le roi Hyrieüs, ils ajustérent une pierre de maniére, qu'elle pouvoit s'enlever, & la nuit ils entroient par là pour voler les thréfors qui y étoient enfermés.Le prin ce qui voioit diminuer fon or, fans que les ferrures ni les cachets fuffent rom. pus, dreffa des piéges autour de les coffres; & Agaméde s'y trouvant arrêté, Trophonius lui coupa la tête, de peur qu'il ne le découvrit.Comme Tropho nius difparut dans le moment, on publia que la terre l'avoit englouti au même endroit [p], & l'impie fuperftition alla jufqu'à mettre ce fcélérat au rang des

[i] Diod.Sic lib.16 Plutarch.de oraculor.defectu Col. Rhodig lib.8.c.16. M. de Fontenelle, bist des oracles. hift

[k] Plutarch.de oraculor.defectu.
[1] Paufan.in Baotic.

[m] In antro Trophonii vaticinatuseft.
[n] Plat. in Axioch.

[o] Paufan, in Baotic.

[p] Hift.de l'acad,des bell,lettr.r.1.p.45.

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