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Les démons ne peuvent

richelles ni

averti qu'il mourroit à Jérufalem,tomba malade dans l'abbaïe de Weftmunfter, & mourut dans la chambre appellée Jérufalem. Des devins avoient annoncé à Ferdinand le Catholique, qu'il mourroit à Madrigal, il eut beau évi-ter cette ville, il trouva la mort dans un pauvre village nommé ainfi, dont il n'avoit jamais oui parler.

28. Les démons ne peuvent procurer ni les richeffes, ni les honneurs[o],ni au procurer ni cun des biens les plus frivoles de la fortuhoaneurs, ne. Suidas rapporte cependant [p] que Pafés avoit une pièce de monnoïe qu'il faifoit revenir toutes les fois qu'il l'avoit dépensée; & quelques auteurs [9]ont avancé que la magie apprend à trouver les thréfors.

29.

fujet de la

magic.

Fables de Combien de fables & de menfonges birées au débités, au fujet de la magie! Lucien [r] fe mocque des cérémonies magiques, de la vertu attribuée aux paroles, aux dents de belette enfermées dans la peau d'un lion, aux pierres tirées du tombeau d'une vierge, & autres myftéres magiques.

Scaligers] dit que ceux qui ont recours aux cordes de pendusmeriteroient bien qu'elles ferviffent à leur fupplice. Philoftrate[] rapporte que dans un feftin des Brachmanes Indiens, les taffes pleines de liqueurs venoient s'offrir elles-mêmes; que les plats fans être apportés, fe préfentoient de leur propre mouvement fur la table; que plufieurs

Indiens fe rendoient invisibles quand ils vouloient; ques les Brachmanes s'élevoient de terre de deux coudées; qu'ils reftoient eirl'air auffi long-temps qu'il leur plaifoit; que les trépiés fe remuo. ient eux-mêmes.

Les louanges étoient regardées [u] comme dangereufes, & fufpectes de contenir des enchantements.

Dans les fragments qui nous reftent de Caton [x] l'ancien, on trouve des paroles pour guérir les diflocations ou les fractures: & Cardan marque [y] les mots qui doivent être gravés fur un anneau d'argent, pour préferver du mal caduc.

On a attribué au chant du coq, la vertu de faire difparoître [z]le fabbath. Ce chant imprime la terreur aux démons auffi-bien qu'aux lions.

Cardan traite la magie, comme un art non feulement criminel, mais très méprisable. A quoi peut fervir d'avaler du feu & de le revomir? de tirer du fang des fruits? de faire fortir de la bouche des cloux enfilés? de fe percer en apparence les bras & les mains? Que fert-il de fe mettre la pointe d'une épée nuë fur le ventre, & de la faire ainfi plier jufqu'à la garde, ou de fe la faire paffer au travers du corps? de faire voir un enfant fans tête, & enfuite une tête fans enfant, le tout vivant, fans que l'enfant foit endommagé? Et néan moins fi vous fçaviez de quelle manić.

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30.

de magie

nombre des

re les charlatans ont ces tours, vous feriez faché d'avoir donné une obole pour l'apprendre.

Lorfque nous voïons de ces opérations furprenantes, & qui paroiffent incompréhenfibles, fouvenons-nous d'un des principaux devins parmi les Hottentots, nation qui habite le Cap de Bonne-Efperance: il regarda [a] comme fon maî tre en fait de preftiges, un foldat Européen, qui avaloir de l'eau de vie enflammée dans une écuelle: ce qui ne nous cause pas le moindre étonnement, parce que nous connoiffons la nature de ce feu. Agrippa mêle dans toute fa magie les Agrippa noms des divinités Payennes.Il enfeigne opérations [b]la maniére de compofer les parfums impoffibles & les anneaux magiques, mais avec de yar le grand telles conditions, combinaisons, relacirconftan- tions & convenances, qu'il n'en peut ces qu'il pré réfulter qu'une grande vénération pour ferver. la profonde fcience du magicien, avec l'impoffibilité de le convaincre d'impofture, par l'obfervation exacte de fes préceptes. Il demande outre cela [c], me grande confiance, de n'avoirni doute de réüffir, ni aucun fcrupule dans l'efprit, de ne point héfiter; il recommande [d] une grande netteté du corps, beaucoup de frugalité dans le régime, de pureté dans les mœurs, de défintéreffement dans les affections, de bannir tout ce qui eft capable de fouiller l'efprit & le corps; enforte que l'amas de tant de circonftances excufe facilement la magie, fi aucune de fes opérations ne peut être conduite à fa fin.

fcrit d'ob

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On conte d'Agrippa, qu'étant à Hiftoire Louvain, & le diable aiant étranglé un de fes difciples en magie, Agrippa

d'Agrippa.

[a] Voiage de Siam.

[b] Agripp. Philof. occult. l.1.c.44. [c] Id: loc. citat. l.1.c.66.

[d] Agripp. Philof. occuls, L.1, ch.54.

ordonna à un démon d'entrer dans ce cadavre, & de lui faire traverser cinq ou fix fois la place publique, afin que le peuple prit cette mort pour une apoplexie naturelle.

Paul Jove a écrit qu'Agrippa écoit mort à Lyon fort pauvre, & abandonné de tout le monde ; & que peu avant de mourir, il renvoïa un grand chien noir qui l'accompagnoit partout,& qu'il lui avoit ôté un collier plein de figures magiques, en lui difant: Vas, méchan te bête qui m'as perdu; & que le chien alla fe précipiter dans la Saone.

Mais il eft conftant[e]qu'il mourut à Grenoble chez le receveur des finances de la province.L'hiftoire du grand chien noir n'eft pas plus véritable. Ceux qui ont raporté jufqu'aux minuties, qui regardent ce fçavant homme, ont dic qu'il avoit ordinairement deux chiens dans fon cabinet, dont l'un s'appelloit Monfieur, & l'autre Mademoiselle.

Son livre de la vanité des fciences lui

attira beaucoup d'ennemis & de perfécutions. Charles Quint rendit fa difgrace publique;& cet homme extraordinaire, ce prodige de fçavoir, qui avoit paffé par des charges confidérables, & qui avoit eu l'eftime de tout ce qu'il y avoit d'illuftre parmi les grands & les fçavants, fut généralement décrié. Il mourut n'étant âgé que de quarante-huit ans.

Jugeme

Ne finiffons pas ce qui le regarde,fans 32. rapporter le jugement qu'il nous a laif- de la mag fé de la magie, lorfque revenu des er- par Ag reurs de fa jeuneffe, il a parlé de bon- p1. ne foi. Il appelle [ƒ ]la géomancie superftitieufe & menfongére.

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Celui, dit-il [g], qui confidé- »

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»rera les livres de magie de bien près & », avec jugement, les connoîtra aifément ,, par leurs régles & préceptes, par les cou »tumes & cérémonies dont ils traitent, » par la maniére de leurs charactéres, fi"gures & langage, ordre de leurs dif» cours,& termes ineptes, être pleins de » pures réveries & impoftures,& avoir été forgés depuis peu d'années par gens » ignorants de toute la magie ufitée entre » les anciens, méchants artifans de tout » artifice mauvais, d'un mêlange d'au» cunes cérémonies prifes de la reli»gion, avec paroles & fignes étranges » & inconnus, pour effraïer les fimples , & étourdis, les infenfés, & ceux qui » n'ont appris les bonnes lettres. Mais » nonobftant tout cela, il ne s'enfuit » pas que ces arts foient fabuleux, & qu'ils ne produifent aucun effet: car », s'il n'étoient point, & que par iceux » ou n'effectuât plufieurs chofes admi»rables, méchantes, & dommageables, » ils ne feroient pas prohibés tant étroite»ment & expreffément par les loix divi»nes & humaines, pour être du tout chaffés & exterminés de la terre. !.

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Je confeffe, ajoute-t-il [b], qu'é» tant encore jeune, je me fuis mis à écrire trois livres d'affez grand volu», me de la magie, que j'ai intitulés de » l'occulte philofophie, és quels tout ce » que je peux avoir forfait par curiofité de "2 jeuneffe, je veux bien amender par

Tom. I.

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cette mienne rétractation. Toutefois, j'y ai au moins tant profité, que j'ai, appris à fçavoir diffuader les autres d'y mettre leur étude. Partant qui- „ conque préfumé de vouloir deviner,,, non par la vertu & felon la vérité de Dieu, mais par des vertus diaboliques, & par des opérations des,, efprits malins, ceux qui fe vantent,, de faire des miracles par vanité de ma- „ gie, exorcifmes, enchantements, com-,, pofitions amoureufes & attraïantes, & autres artifices diaboliques & en,, exerçant idolâtries frauduleufes,éblouif-,, fent les yeux, & font appercevoir des phantomes, qui bientôt après, s'évanouiffent: touts ceux-là, dis-je,,, avec Jannés, Mambrés, & Simon le magicien, feront deftinés au feu en „ perpétuel tourment.

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La magie, fuivant Pline [i], pre- Triple lien nant fa fource de la médecine, a em-de la magie. prunté des forces de la fuperftition, & elle s'eft appuïée fur les mathématiques. C'eft le feul art qui ait réuni en foi trois puiffances des plus impérieufes; & par ce triple lien, elle a affervi les fens, & s'en eft tellement renduë maîtresse qu'elle s'eft établie par tout,& que dans l'Orient elle commande aux rois.

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La réalité de la magie eft attestée le droit Romain [k'], par le droit Romain [k], par le droit ca- la magie. non [, par les conciles, dont du Perray [m] a recueilli les décifions à ce

Y y

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fujet, par les ordonnances de nos [] rois. Elle eft prouvée par les témoignages les plus refpectables de S. Auguftin [], de S.Thomas, & de touts les peres de l'églife. Les auteurs les plus célébres [p] ne l'ont point révoquée en doute: & ce qui rend cette vérité incontestable, c'eft qu'elle fe trouve dans plufieurs endroits de la fainte écriture, comme dans ce qui eft rapporté des mages de Pharaon, de l'histoire de Tobie; de la Pythoniffe d'Endor;du roi Manadés[9],qui confulta les demons fur l'avenir, fit des Pythons, & multiplia les arufpices.

1

Les Proteftants croient la réalité de la magie. Jacques I. roi d'Angleterre, dans fa démonologie, dit que les prêtres, même ceux qu'il nomme Papiftes, peuvent expulfer les démons; & il explique les preuves néceffaires, pour convaincre un homme juridiquement du crime de magie. Voëtius [] rapporte dix preuves de la réalité de la magie: 1. les té moignages de l'écriture; 2. l'hiftoire; 3.o les decrets des conciles; 4. le con fentement unanime des péresi 5. le confentement unanime de touts les théologiens de toutes les feces; 6. les loix des puiffances féculiéres, & les fentiments des Jurifconfultes; 7.0 l'expérience générale, 8. le confente ment unanime des peuples de toute forte de religions; 9. le droit canon; 10. les relations qui viennent des dif

Afiaftiques, liv. 5. th. 7.

[n] Fontanon, liv.4.tit.6.La Marre traité de la Police.come 1.liv.3.tit. 7. La derniére de ces Ordonances eft du mois de Jaillet 1682.

[] S. Aug. de civit. Dei, lib. 10.6.11. &paffim in operib.

[] Dumoulin fur la coûtume de Paris, S-43.in verb. qui dénie le fait. n. 138. Th raus, de damoniacis. Delrius in difquifitio nib.mag Pfellus de operation. damonum Íhéophile Raynaud en fon traité deftigmatismo [a

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35.

Bekker

traire aux

Pour le miniftre Bekker [], ila traité de Dithéïftes & des Manichéens, croit le fentiment tous ceux qui ajoutent foià la réali- de la réal té de la magie, comme gens qui crai-réde la ma gnant la puiffance de Dieu, & celle du gi con diable, admettent deux dieux ou deux principes principes, l'un bon & l'autre mauvais. dela foi. Cet auteur, par des explications forcées qu'il donne aux paffages de la fainte écriture, prétend montrer qu'elle ne contient point l'existence des bons ni des mauvais anges; il va jufqu'à foutenir que le fentiment dela réalité de la magie eft contraire à la fainte écriture, & ne peut fubfifter avec les fondements de la Religion Chrétienne: & qu'il n'y a ni raison naturelle, ni révélation, ni expérience qui donnent lieu d'attribuer aux démons- ni aux forciers les effets qu'on eftime communément procéder d'eux. Il traite [x] les poffeffions démoniaques de maladies extraordinaires, que Jesus

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36.

Diferen

Chrift & les apôtres guériffoient mira. culeufement; & il dit que Notre Seigneur, & les auteurs facrés de l'évangile, en parlant des poffédés, fe font accomomdés aux façons vulgaires de parler. Ce fyftême de Bekker a été traité de vifionnaire par les gens mêmes de fa communion.

Les démons ont infpiré aux homtes espéces mes différentes efpéces de magie égalede magie ment abominables & menfongéres

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11 eft plus utile qu'on ne le croit communément, de dévoiler ces ridicules myftéres. Les fçavants ont été punis d'avoir trop méprifé l'effronterie & la crédulité: ils ont paffé pour des Nécromanciens, non feulement dans les temps des plus épaiffes ténébres de l'ignorance, mais au commencement même du dernier fiécle. En Pannée 1611, Vatan, homme de qua. lité, riche & bien allié, fut[y] accufé de magie, parce qu'il faifoit imprimer fon commentaire fur le dixième livre des éléments d'Euclide.

L'Hydromantie fe pratiquoit diffé remment. On mettoit dans un vafe un anneau fufpendu avec du fil, & fi la chofe devoit réuffir, l'anneau de fon pro pre mouvement frappoit le vafe, & faifoit entendre plufieurs coups. Telle a été l'hydromantie attribuée à Numa,& dont Varron & S.Auguftin [zJont fait mention. Une autre maniére de pratiquer l'hydromantie,étoit de jetter dans Feau trois petites pierres ; fi elles fe mouvoient en rond d'elles-mêmes, c'étoit une marque de bonheur. On ob. fervoit auffi les mouvements, les bouilJons, la couleur, & touts les accidonts de l'eau. L'hydromantie fait auffi voir dans une fontaine ou dans un verre, les chofes qu'on défire de fçavoir.

[] Mercur.Franc, au commencement de Pan 1612.

[zWarr.ap.S.Ang de civit, Dei,lib.7.c. 35.

Mais il faut apporter certaines difpofi tions, qui ne fe rencontrent qu'à certains jours & à certaines heures; il faut ajouter foi à l'opération, & de plus être doué d'une certaine faculté naturelle & privilégiée, qui n'eft pas donnée à tout le monde; en forte qu'à moins d'être entiérement prévenu de fa propre folie, ou d'avoir le cerveau troublé de fraïeur, on ne voit jamais rien. Cette efpéce de divination fe vante d'avoir été inventée & pratiquée par Jofeph le patriarche, dont il eft dit : Le verre[a]que vous avez dérobé,eft celui-là même dont mon maître se sert pour les augures.

La Lécanomantie fe pratiquoit en cette forte: On mettoit dans un poëlon plein d'eau des pierres précieufes, & des lames d'or & d'argent, gravées de certains characteres, pour offrande aux démons; & après les avoir conjurés par certaines paroles, on leur propofoit la question fur laquelle leur réponse étoit attendue. Alors il fortoit du fond de l'eau une voix baffe,femblable à un fifflement de ferpent, qui contenoit le réponse.

L'Aëromantie fe fervoit de toiles pliées fur la tête, & d'une urne au deffus pleine d'eau. Si l'eau, après la prononciation de certaines paroles, fe mettoit à bouillir, c'étoit une marque de réuffite.

La Gaftromantie plaçoit, entre plufieurs bougies allumées, des vafes de verre ronds, & pleins d'eau claire; & après avoir invoqué & interrogé les démons tout bas, on faifoit regarder attentivement la fuperficie de ces vafes par un jeune garçon ou par une jeune femme groffe, & ils voïoient la réponfe dans des images tracées, par la réfraction de la lumiére fur le verre. Une autre efpéce de gaftromantic fe pratiYy 2

[a] Scyphus, quem furati eftis, ipfe eft in quo bibit dominus meus, & in quo augurari folet, Gen. c. 44. V. Se

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