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Photius. Elle mit en vers héroïques Grecs les huit prémiers livres de l'ancien teftament, & compofa des para. phrafes poètiques fur les prophéties de Zacharie, de Daniel, & d'autres prophétes. Socrate [b] rapporte qu'elle avoit compofé un poëme héroique au fujet de la victoire que l'empereur Théodofe II. fon mari remporta fur les Perfes. On lui a attribué la vie de Jéfus Chrift en centons d'Homére, qui eft venuë jufqu'à nous. Les empereurs Bafile, & Constantin Porphyrogénéte ont compofé des inftructions à leurs enfants. Les empereurs Maurice & Léon VI. ont écrit des livres fur la Tactique & fur la difcipline militaire. L'empereur Michel, furnommé Parapinace, à caufe d'une grande famine arrivée de fon temps, fut fort méprifé pour s'amufer à faire des vers pendant que les Turcs attaquoient les frontières de l'empire. L'empereur Alexis Comméne a compofe un traité des dons & des chofes facrées, qu'il a intitulé la bulle d'or. Il femble que ce titre ait été imité par l'empereur Charles IV. de Luxembourg qui l'a donné aux conftitutions impériales. Anne Comméne a compofe huit livres de l'Alexiade ou poëme en vers fur la vie d'Alexis fon pére.L'empereur Andronic Paléologue, furnommé le vieux, a fait un dialogue entre un Juif & un Chrétien fur les preuves de la religion Chrétienne. Jean V. Cantacuzéne après s'être démis de l'empire, & s'être fait moine au mont Athos, à compofé l'hiftoire d'Andronic Paléologue & la fienne. L'em

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pereur Paléologue a écrit pour l'églife Grecque contre la Latine.

Charlemagne, a écrit contre l'hérefie de Felix d'Urgel & fur la queftion des images. L'empereur Frederic II. [c] a fait des traités fur la chaffe. L'empereur Maximilien L. a compofé les généalogies de plufieurs hommes illuftres. Charles Quint [d] fut auteur d'un traitté de l'art de la guerre; & il compofa des mémoires de fon regne en François. Je m'étonne, dit Bayle [e] que ces mémoires n'aïent jamais vû le jour, puifqu'on en avoit des copies, & que Guillaume Marindo les avoit traduits en latin, à deffein de les publier inceffamment. » Tout le " monde, fuivant la remarque [f]de » Brantome, y fût accourru pour en ›› acheter, comme du pain en un mar. ›› ché en un temps de famine: & cer- " tes la cupidité d'avoir un tel livre fi beau & fi rare y eût bien mis autre » cherté qu'on ne l'a vûë, & chacun » eût voulu avoir le fien.

دو

Le roi Chilperic étoit poëte. Gregoire de Tours [g] dit que fes vers étoient pleins de licences poëtiques & irréguliers en la quantité. Il voulut ajouter des lettres Grecques [b] à l'alphabet, & il fit un livre fur la Trinité. Grégoire de Tours & Salvius d'Albi dirent fort librement à ce roi que fon livre étoit plein d'erreurs.

Vers la fin du neuviéme fiécle Alfred [] roi d'Angleterre a compofé des cantiques & plufieurs traductions & il a recueilli les anciens vers faxons qui contenoient l'hiftoire de cette na

[f] Brantome, capitain, étrang, art.de Charles-Quint.

(g) Gregor. Turon. lib. 6. cap. 46. (b) Grégoire de Tours met ces lettres au nombre de quatre C. ♪ 4. w. Aimoin n'en compte que trois d. 4. x.

(i) Fleuri, hift. eccléf. t. 11, liv.54.P.577.

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porain l'a traité avec fort peu de ména gement dans plufieurs ouvrages [n].

Le Czar Pierre 1. [o] a compofé des traités de Marine. Hoam-ti un des anciens rois de la Chine a écrit des livres de médecine, qui traitent particuliérement de la connoiffance du poulx. Armand Louis prince de Conti a fait un traité de la comédie fuivant la tradition de l'églife & les fenti

tion. Le roi Robert a compofé plufieurs hymnes & la prière au faint Efprit [k] que l'églife chante encore. Marguerite d'Orléans fœur de François I. veuve en prémiéres nôces du duc d'Alençon & remariée à Henri d'Albret roi de Navarre a compofé la Marguerite des Marguerites, & diverfes autres poëfies, & des contes à la maniére de Boccace qui font intitulés, Les nouvelles de la reine de Navarre. La reine Marie Stuard réments des péres. Gabrielle de Bourbon cita au Louvre en préfence de toute la Cour une oraifon Latine qu'elle avoit compofée.

Charles IX. a fait un poëme fur la chafe & quelques autres poëfies. La reine Marguerite de Valois a laiffé des poëfies & des mémoires.

Henri le grand [] a traduit les com mentaires de Céfar, & Cafaubon affu re que ce monarque avoit commencé des commentaires de fa vie. La guerre des Suiffes décrite dans le premier livre des commentaires de Céfar a été traduite [m] par Louis le grand.

Henri VIII. roi d'Angleterre obtint le titre de défenfeur de la foi par fon traité des facrements contre Luther. La reine d'Angleterre Elifabeth a traduit des auteurs Grecs & Latins, & entr'autres quelques tragédies de Sopho, cle. Jacques I. roi d'Angleterre a écrit plus en docteur qu'en roi. Il a compofé des livres de controverfe contre Vorftius & contre les cardinaux du Perron & Bellarmin. Scioppius auteur contem

Montpenfier femme de Louis de la Trimouille [p] a compofé plufieurs ouvrages de pieté dont il eft parlé dans la bibliothéque de la croix du Maine.

La maison de Foix [9] a paffé pour lettrée & fçavante. Gafton Phoebus comte de Foix à écrit fur la chasse. La maifon du Bellai a produit plufieurs auteurs. Du Bellai de Langei a acquis beaucoup de gloire pour n'avoir pas moins bien fervi François I. de fa plume que de fon épée. Le duc de Rohan a

laiffé un traité des interêts des pripe ces, & un autre du parfait capitaine. Berthrand de Salignac de la MotheFénelon a décrit le fiége de Metz. L'a miral de Coligni a compofé l'hiftoire du fiége de S. Quentin. Brantome fi connu par fes ouvrages, & Montréfor auteur des mémoires de la minorité de Louis XIV. étoient de la maison de Bourdeille. Il fe préfente une foule d'auteurs d'une nobleffe diftinguée & faifant profeffion des armes. Les maré D 2

[*] Veni, fancte Spiritus, & emitte magnæ Britanniæ regis oppofitus; dans cœlitus &c.

[Cafaub. prafat. ad Polyb.

[m] Cette traduction a été imprimée à 'Paris, en 1651. infol, avec des figures L'édition qui eft unique, eft rare. M. L'A bé Lenglet du Fresnoi, méthod. d'étud. Thift. t. 2. p. 481.

[n] Dans celui qui eft intitulé: Ecclefiafticas autoritati fereniffimi D. Jacobi

celui qui eft intitulé: Collyrium regium Britanniæ regi graviter ex oculis laboranti muneri miffum; dans celui qui eft intitulé Corona regia.

[o] Eloge du Czar Pierre I, bist, de l'Acad. des scienc. ann. 1725.

[p] Biblioth, de la Croix du Maine, art. Gabrielle.

[g] El de Montagne, liv. 1, 6, 25.

16. Les lettres

par les Bar

Atacle aux

taires.

chaux de Tavanne, d'Eftrées & de Grammont, Caftelnau, Monluc, DuPleffis-Mornai, d'Aubigné, le duc de la Rochefoucault, la Chatre, Beauvau, du Chatelet, Clermont de Monglas, Buffi-Rabutin, la Fare &c.

Les nations Barbares regardoient au regardées contraire les lettres comme un obbares com- ftacle aux qualités militaires. Les Scythes s'étant emparés d'Athénes du tems vertus mili- de l'empereur Claude II. raffemblérent tout ce qu'ils purent trouver de livres les bruler; mais ils en furent détournés par la remontrance [r] de P'un d'entr'eux qui leur repréfenta qu'il étoit à propos de conferver ces fortes de chofes pour amollir le cou rage de leurs ennemis.

17. ques récom

Magni penfes de quelques Içavants.

pour

Les Goths repréfenterent à leur reine Amalafunte, que l'éducation qu'el. le donnoit à fon fils Athalaric convenoit pas à un roi des Goths[s]; que la fcience ne peut fe rencontrer avec la valeur; qu'elle fetourne en timidité & baffeffe de courage; qu'on doit éloigner de l'indolence des lettres, & livrer entiérement aux exercices des armes un jeune prince destiné à être un grand capitaine, & que celui qui eft accoutumé à avoir peur d'une férule, aura. peur à plus forte raifon d'une épée

en

Il en eft de la fortune des gens de lettres à peu près, comme de la confidération des fciences. Les uns ont été récompenfés fort libéralement, les autres avec beaucoup de talents & même de réputation ont été réduits à une

[r] Cedren. hiftor. compend.

[s] Procop, de bell. Gothic, lib. 1. c. 2. Gratus Alexandro regi magno fuit ille

Chærilus, incultis qui verfibus & male natis,

Rettulit acceptos regale numifma Philippos. Hor.

[u] Athen. liv. 5. c.7.

[x] Sedeo inter fufpiria & lachrymas.

extrême mifére, Charilus aïant compofé un poëme des victoires des Grecs fur Xerxés, Archelaus roi de Macedoine récompenfa chaque vers d'une piéce de monnoie valant environ deux louis d'or. Horace [] le confond avec un mauvais poëte de même nomi qui vivoit du temps d'Alexandre le grand. Hiéron roi de Syracufe récompenfa de mille muits de blé une épigramme [] qu'Archimelus poëte Athénien compofa fur un navire que ce roi avoit fait construire. Virgile & Horace furent en faveur auprès d'Augufte, qui difoit fur l'afthme du prémier & fur la fiftule lachrimale du fecond [x]: Je n'ai pas le pouvoir de garantir des foupirs & des larmes. Caracalla fit compter à Oppien pour chaque vers de fon poëme de la pêche une pièce de monnoie d'or : ce qui fit nommer ces vers dorés.

Charles V. donna une charge de maître des requêtes pour une traduction de la cité de Dieu de faint Au guftin: & Budé dans fes commentaires de la langue Grecque, dit que François I. lui donna une même charge en confideration de l'intelligence qu'il avoit du Grec. Andrelinus raconte dans fa dixième éclogue [y] qu'aïant recité fon poëme fur la conquête de Na. ples en préfence de Charles VIII. il en reçut un fac d'or qu'il pouvoit à peine porter fur fes épaules. Le même adreffe à Jean Ruizé thréforier de France fous Charles VIII. un remerciement d'une

[y] Nefcio quâ noftri captus dulcedine cantâs

Ipfe fuit; fulvi faccum donavit & æris,

Vix iftis delatum humeris, cun&tofque per annos

Penfio larga datur, qualem non lentus habebat

Tityrus umbrofis recitans fua gaudia fylvis.

-forte penfion que ce roi lui faifoit spaïer.broncol, aah, alre

René Choppin obtint des lettres de nobleffe, il y a environ deux cents ans, pour fon livre du domaine, & mille piftoles pour la prémiére partie des commentaires fur la coutume d'Anjou. Amyot eut l'abbaie de Bellofane pour une traduction du roman d'Héliodore. Il fut depuis grand aumônier de France.

Charles IX. donna à Des Portes huit cents écus d'or pour la comédie du Rodomont. Henri III. lui fit préfent d'une fomme de trente mille livres pour mettre au jour un fort petit nombre de fonnets. Le même auteur ob tint de l'amiral de Joyeuse une abbaïe pour un feul fonnet. La peine qu'il prit à faire des vers, dit Balzac [z], lui acquit un loifir de dix mille écus de rente,mais c'eft un dangereux exemple: ce loifir de dix mille écus de rente eft un écucil contre lequel les efpérances de dix mille poëtes fe font brifées.

Le cardinal de Richelieu donna fix cents livres à Colletet pour fix vers: ce qui fit dire à ce poëte: 'Armand, qui pour fix vers m'as donné fix cents livres.

Que ne puis-je à ce prix te vendre touts mes livres.

Ce cardinal.donna encore une autre fois cinquante piftoles de fa propre main au même Colletet pour deux vers feulement de fon monologue des Thuil

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leries; ajofitant obligeamment que le roi n'étoit pas affez riche pour paier tout le refte de cette pièce.

gens de ier

Les exemples des fçavants malheu- 18. Mifère du reux font en bien plus grand nomplus grand brefa]. Il n'y a point d'art quelque mé nombre des chanique qu'il puiffe être, qui ne pro-res mette une récompenfe plus fure, plus promte, & plus ample que les belles lettres.

Cléanthés gagnoit fa vie à puifer de l'eau. Xylander fçavant commentateur, Alde Manuce, Jean Bodin, Agrippa, la Fontaine font morts dans une extrê me mifére. Le Taffe à été réduit à la néceffité de mendier fa vie. Il demande un écu dans une lettre à Jean Licinio. Charles Etienne eft mort en prifon pour dettes. Vaugelas ne fortoit point de l'Hôtel de Soiffons, de peur d'être arrêté par fes créanciers [b]. Du Ryer & [c] Baudouin avoient un marché fait avec leurs libraires à trente fols la feuille des traductions, à quatre francs le cent des grands vers, & à quarante fols le cent des petits.

Ce qu'il y a de plus malheureux dans le fort des auteurs, c'eft qu'ils ne joüiffent point de leur réputation, [q] qui ne commence ordinairement qu'aprés leur trépas. Martial [d] dit à ce fu jet que fi la gloire ne vient qu'aprés la mort, il n'eft pas preffé d'en acquérir. On a cependant remarqué qu'un certain homme de Gades [f] vint exprés D 3

[c] Bailler, jugem, des fçav, som. I. pag. 446.

[d] Pafcitur in vivis livor, poft fata quiefcit. Ovid.

[] Si poft fata venit gloria non propero. Mart,

[f] Gratianum quemdam. T. Livii nomine gloriaque commotum, ad vifendum eum, ab ultimo terrarum orbe veniffe, ftatimque ut viderat, abiisse, Plin. lib. 2, epift. 3.

19. Des auteurs

Lués euxmêmes

de fon païs pour voir Tite-Live, & s'en retourna dés qu'ill'eut vû.

Plufieurs auteurs anciens & même qui fe font quelques modernes fe font donné des public ne leur louanges outrées, que le public ne leur pardonneroit pas aujourd'hui, Pindare affure que ni les orages des hyvers ni les efforts des vents ne pourront détruire les vers. Paffons ce trait à l'enthoufiafme poëtique ceux qui fuivent, font plus forts. Ariftophane [g] fe rend ce témoignage à lui-même, que fa gloire est montée fi haut, que le roi de Perfe interrogeant les ambaffadeurs de Lacédénone, aprés leur avoir de mandé quels peuples de la Grèce étois ent les plus puiffants fur mer,les quef tionna enfuite far Ariftophane, & fur les fujets ordinaires de les traits fatiriques,ajoutant que les confeils d'Aritophane tendoient au bien, & que fi les Athéniens les fuivoient, ils feroient les maîtres de la Grèce.

:

Caton l'ancien avoit l'habitude de fe louer [b]éternellement. Quand quelques citoïens avoient fait quelques fautes, & qu'on les en reprenoit, il avoit coûtume de dire: Ils font excufables, car ils ne font pas de Catons. Cicéron répéte à tout propos les louanges qu'il fe donne. Il s'élève au deffus de Romulus en plein Sénat, & dans une lettre à Atticus il dit [i]: Pourquoi me blameroit-on de me louer, s'il n'y a rien dans l'univers, qui foit auffi digne de mes louanges? Lorfqu'il fortit du confulat [k], au lieu de faire le ferment ordi

naire, qu'il n'avoit eu en vûe que le bien public,il jura que la république ne devoit fa confervation qu'à lui feul. Horace eft affûré que fa renommée durera autant que le culte des dieux [ dans le capitole. Malherbe dit à Henri le Grand :

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Arrien vers le milieu de fon prémier livre, dit qu'il a entrepris l'hiftoire d'Alexandre le Grand, par la connoiffance qu'il a d'être capable de s'en bien acquiter; qu'il a aimé les lettres dans fa plus tendre jeuneffe, & que comme Alexandre a mérité le prémier rang entre ceux qui ont commandé les armées, on ne peut lui refuser fans injustice la prémière place d'honneur parmi ceux qui fe mêlent d'écrire. Galien [m] fe compare à l'empereur Trajan.Paracelse [] s'attribuë la monarchie de la médecine, & il apoftrophe les docteurs de Montpellier, de Vienne, de Paris, touts ceux d'Italie & du Nord, &c. pour les fommer de fuivre les de leur monarque. Il ajoûte qu'un de fes cheveux eft plus fçavant que toutes

pas

[g] Ariftoph. dans les Acharn, act, 20 [b] Plutarq. vie de Caton.

[i] Si eft enim apud homines quidquàm quod potius fit laudetur, nos vituperemur, qui non potius alia laudemus. Cic. epift. ad Attic, lib. x, epist. 19.

[k] Dio, lib. 37·

[Д... ufque ego posterâ.

Crefcam laude recens, dum Capitolium

Scandet cum tacitâ virgine pon tifex. Hor.

[m] Galen. method. medend. lib. 9. 6, 8, [n] Paracelf.prafat. Paragran.

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