Page images
PDF
EPUB

un aveu que tous ceux qui entroient dans le temple venoient faire, que la Divinité eft le feul être vrai, éternel, & immuable. Platon (p) appelle Dieu ce qui eft, ce qui exifte, faifant enten dre que Dieu feul exifte véritablement, & mérite le nom d'être.

Le fentiment d'une divinité fuprême eft répandu dans tous les ouvrages de Platon: il répéte en plufieurs endroits que tout eft plein de la Divinité. Il la fait ainfi parler (9): Nul ne peut me connoître, s'il ne veut me reffembler..... Les dieux fe font fentir au cœur, & fe cachent à ceux qui ne les cherchent que de l'efprit feul. Il représente la terre entiére (r) comme le temple de la divinité, & il enfeigne (s) que la juftice accompagne Dieu éternellement: qu'elle eft la vengerelle de ceux qui abandonnent fa loi. Il dit dans le Timée, qu'il eft difficile de trouver l'auteur de l'univers, & que, quand on l'a trouvé, il n'eft pas permis de le découvrir au peuple, ni de divulguer ce qu'on en penfe. crainte d'une deftinée femblable à celle de fon maître Socrate, fait qu'il mêle dans tous fes ouvrages les fables des faux dieux.

Ariftote dans le feptiéme livre de fa Métaphyfique s'élève à la connoiffance d'un prémier être. Dans le douzième livre il en parle comme de la prémiére caufe, de la caufe univerfelle, & il ne laiffe aucun lieu de douter qu'il ne foit perfuadé de fon unité. Dans le livre

[blocks in formation]

quatorziéme, il pofe pour principe qu'il n'y a qu'un feul prémier moteur & plufieurs dieux fubalternes,qu'il faut réduire tout à une feule substance primitive & à plufieurs fubftances fubordonnées qui gouvernent fous elle: que Dieu est une intelligence fouveraine, qui agit avec ordre, proportion & deffein; & qu'il eft la fource du bon, du beau & du jufte.

Ariftote écrivit à Alexandre [t]: Ce que le capitaine eft dans le vaiffeau, la loi dans la Ville, dans le char celui qui le conduit, le monarque dans l'état, le général dans l'armée, Dieu l'eft dans l'univers.

Pythagore [) enfeignoit que Dieu a pour corps la lumiere, & pour ame la vérité.

Euripide difoit que Dieu voit tout (x), & eft invisible. Thalés (y) interrogé, fi les hommes pouvoient cacher leurs actions à Dieu,répondit que Dieu connoiffoit jufqu'à leurs penfées.

Que fert-il, dit Sénéque, (z] de tromper les hommes? on ne peut tromper Dieu : il pénétre dans nos cœurs & découvre nos plus fecrétes pensées.

Les Mages Perfans définifoient le grand dieu Oromafe [a], le principe de lumiere, qui a tout operé & tout produit.

Mercure Trifmégifte [b] a enfeigné que Dieu n'a point eu de commencement, & qu'aiant produit toutes chofes, qu'il n'a pû être produit.

[x] Τὸν κι άνθ ̓ ὁρῶντα, κ' αὐτὸν ἐκ ὁρώμενον. [y] Diog. Laert. in Thalet. Val. Max. lib.7.c. 2.

[2] Quid enim prodeft aliquid ab homine effe fecretum? nihil Deo claufum eft; intereft animis noftris & cogitationibus mediis intervenit. Sen. epist. 83.

Præclarus, eximius, omnia intuens, omnia etiam exaudiens. Plin. lib. 2. c. 6. [a] Plutarq, d'Ifis & d'Ofîris. [b] Lactant. inftit. lib. 1. c. 7.

lité de la terre, les vaftes feins des mers, le foufle impétueux des vents font fes ouvrages. Les foibles mortels, fuivant les égaremens de leur cœurs, ont cherché des confolations dans leurs maux en fe faifant des dieux d'airain, de pierre, d'or,ou d'yvoire;& leur fuperfti tion leur a perfuadé qu'ils trouveroient du foulagement dans les facrifices qu'ils adreffoient à ces fauffes divinités.

Eufebe [] nous a confervé cette belle définition de la Divinité par Zoroaftre. Dieu eft le prémier des incorruptibles, éternel, non engendré : il n'eft point compofé de parties ;il n'y a rien de femblable ni d'égal à lui. Il eft auteur de tous biens, le plus excellent des êtres, &la plus fage des intelligences ; le pére de la justice & des bonnes loix,inftruit par lui feul,fufffant à lui-même,& prémier producteur de la nature. Mais comme la raifon n'a par elle-même qu'une clarté mêlée de beaucoup de ténébres, Zoroaftre commence ce paffage par dire que Dieu a la tête d'un éper vier. Varron [d] a fort approché d'une véritable connoiffance de la Divinité, lorfqu'il a reconnu que Dieu eft une ame univerfelle, qui gouverne l'univers. Cicéron [e] donne une définition femblable de la Divinité.

Nous voïons clairement, dit faint Cyrille [f], que Pythagore foutenoit qu'il n'y a qu'un feul Dieu, principe & caufe de tout, qui éclaire tout, qui anime tout, de qui tout émane, qui a donné l'étre à tout, & qui eft l'origine du mouvement.

- Zénon [g] a enfeigné qu'il n'y a qu'un feul Dieu éternel, & qui a conftruic l'univers.

Grotius a confervé un fragment de Sophocle qui eft admirable fur l'Idolâ trie [b]. Dans la verité, il n'y a qu'un Dieu feul, Seigneur du Ciel & de la terre. La fplendeur des aftres, la ferti

[c] Eufeb. preparat.evang. lib. 1. c. 7.
[d] Varr.ap.S.Aug.de civit. Dei lib.4.c 31.
[e] Mentem folutam quamdam ac
liberam, fegregatam ab omni concretione
mortali,omnia fentientem & moventem,
ipfumque præditam motu fempiterno.
Cic.Tufcul. quaft, lib. 1.

[f]S. Cyrill, contraJulian. lib. 1.
[g] Zen.ap Diog Laert, in Zen.
[6] Lἷς τῶις ἀληθείαισιν εἰς ἰστινθείς,
Ος ἔρανον τ' ἔτευξε καὶ γαῖαν μακρὶν

Les dieux habitent avec moins de plaifir dans le ciel, dit Hiéroclés[i], que dans l'ame des juftes, quieft leur vrai temple.

Saint Paul infinue dans fa prédication à Athénes, dit Saint Clement Alexandrin [k], que les Grecs connoiffoient le vrai Dieu. Il fuppofe que ces peuples adorent le même Dieu que nous, quoique ce ne foit pas de la même maniére. Il ne nous défend pas d'adorer le même Dieu que les Grecs; mais il nous défend de l'adorer de la même façon. Il nous ordonne de changer la miniére de notre culte, & nullement l'objet.

Proclus [] cite ce paffage de la théologie d'Orphée; L'univers a été produit par Jupiter: l'empyrée,le profond tartare, la terre & l'Océan, les dieux immortels & les déeffes, tout ce qui eft, tout ce qui a été, tout ce qui fera, étoit contenu originairement dans le fein fécond de Jupiter & en eft forti. Jupiter eft le prémier & le dernier, le commencement & la fin; tous les êtres Gg 3

Πέντε τε χαροπὸν διδμα, κ' ανέμων βίας,
Θνητοὶ δὲ πολλοί καρδίαν πλανώμενοι
Ιδρυσόμεσθα σημάτων παραψυχάς
Θεῶν ἀγάλματ' ἐκ λίθων ἢ λαλκέων
Η χρυσοτεύκτων ή λεφαντίνων τύπως.
Θυσίας τετέτοις καὶ καλὰς πανηγύρεις
Τέυχοντες, όπως έυσε βεῖν νομίζομεν.
Sophocl, in excerptis Grotii

[i] Hierocl. aurea carmina.
[k] S. Clem. Alex. ftromat, lib. 1.
[!] Procl, in Tim.

29

Les Payens

foient un feul Dieu

émanent de lui: il eft le pére primitif, & la Vierge immortelle: il eft la vie, la caufe & la force de toutes chofes: il n'y a qu'une feule puiffance, un feul Dieu, & un feul roi univerfel de tout. Nous lifons dans Origéne [m]qu'en Egypte les philofophes avoient des notions fublimes fur la divinité, & qu'ils ne les communiquoient au peuple que fous l'enveloppe des fables & des allégories. Toutes les nations Orientales, ajoute-t-il, cachent le fens énigmatique de leur Religion fous les fables mystérieuses qu'ils débitent.

Arnobe introduit les Payens fe reconnoif plainant de l'injuftice des Chrétiens. C'est une calomnie, difent-ils, de nous fuprême imputer le crime de nier un Dieu fupré me: nous appellons Jupiter, le trèsgrand & le tres-bon, nous lulédions nos plus fuperbes édifices & nos Capitoles, pour marquer que nous l'exaltons au deffus de toutes les autres divinités. Les Payens, dit iactance [], qui admettent plufieurs dieux, croient cependant que ces divinités fubalternes préfident tellement à toutes les parties de l'univers, qu'il n'y a qu'un feul recteur & gouverneur fupreme: de là il fuit que toutes les autres puiffances invifibles ne font pas des dieux, mais des miniftres, ou des députés de ce Dieu unique, très grand & tout

[m] Orig. contra Celf. lib 1.
[n] Arnob. adversùs gentes, lib. 1.
[o] La Fant. inftit. lib 1.c.5.

[p] Eufeb. praparat.evangel. l.3.c. 3. Tq Nam & fic plerique difponunt divinitatem ut imperium fummæ dominationis effe penes unum,officia ejus penes multos velint Tertull. apologet.

[r] S. Aug. de civit. Dei lib. 4. c. 11. Le fentiment des Payens de ne reconnoître qu'u ne feule divinité fupréme eft encore expliqué, dans une lettre de Maxime à S. Augustin, & dans la rép. de S. Augustin, epift.Maxim. Ma daur.ad Aug. & Aug. ad Maxim Madaur, epift. 16. 17. edit. Benedict.

[4] Εἷς δὲ ὧν, πολυώνυμος ἐστι κατανομα.

puiffant, qui les a conftitués pour exécuteurs de fes volontés. Eulébe ajoute [p), que les Payens reconnoissoient un feul Dieu qui remplit tout, qui préfide à tout, qui pénétre tout; & ils croïoient [q] qu'étant préfent d'une maniére invifible, c'eft avec raifon qu'on l'adore dans les ouvrages vifibles & corporels.

S. Auguftin [r] réduit auffi le Polythéifme des Payens à l'unité d'un feul principe. Jupiter, dit-il, eft felon les philofophes, l'ame du monde, qui prend des noms différents fuivant les cffets qu'il produit. Dans les espaces étherées, on l'appelle Jupiter; dans Tair, Junon; dans la mer, Neptune; dans la terre, Pluton; dans les enfers, Proferpine, dans l'élément du feu, Vulcain; dans le foleil, Phoebus; dans les devins, Apollon; dans la guerre, Mars; dans la vigne, Bacchus, dans les moitions, Cérés, dans les bois, Diane; dans les fciences, Minerve. Toute cette foule de dieux & de déeffes ne fout que le même Jupiter, dont on exprime les différentes vertus par des noms différents.

Ariftote [s] enfeigne qu'il n'y a qu'un Dieu, à qui fes différents attributs ont fait donner plufieurs noms. On trouve le même fentiment répété dans Sénéque [t] & dans Pli

ζόμενος τοῖς πάθεσι πᾶσιν. Ariftot.de mundo.c.7.

[Illos verò altiffimos viros error ifte non tenuit..... fed eumdem quem nos Jovem intelligunt cuftodem rectoremque univerfi, animum ac fpiritum, mundani hujus operis dominum & artificem, cui nomen omne convenit. Vis illum fatum vocare? non errabis:hic eft ex quo fufpenfa funt omnia, caufa caufarum. Vis illum providentiam dicere? recte dices: eft enim, cujus confilio huic mundo providetur, ut inconcuffus eat, & fuos actus explicet. Vis illum naturam vocare? nom peccabis:eft enim ex quo nata funt omnia, cujus fpiritu vivimus, Vis illum vocare

30.

vinité dans

aton.

në [x]. La théologie Egyptienne eft expliquée de la même maniére par Plutarque [x]. Les Philofophes, dit-il, honorent l'image de Dieu, quelque part qu'elle fe montre, même dans les êtres dépourvûs de fentiment, & à plus forte raifon dans ceux qui font animés. On doit donc approuver,non ceux qui adorent ces créatures, mais ceux qui par elles remontent jufqu'à la divinité.Quoiqu'il n'y ait qu'une divinité & une providence, ajoute-t-il enfuite,on lui donne différents noms, & on lui rend différents honneurs, felon les loix & les coutumes de chaque païs.

Mais S. Auguftin [y] prouve que cette excufe des Payens ne peut juftifier leur idolâtrie.

Platon, pour prouver l'existence euve de la de Dieu, fe fert de ce raisonnement adopté depuis par le plus grand nombre des Philofophes, qu'aucun être ne pouvant le donner le mouvement à lui-même, c'est une néceffité de reconnoître un prémier moteur. 37. Gaffendi, dans le grand nombre de Du confen- preuves qu'on peut rapporter de l'exime des ftence de Dieu, s'arrête à deux: fçaommes à voir, l'harmonie de l'univers, & le condivinité. fentement general des peuples. Les philofophes payens ont connu & emploïé ces deux preuves. Le confentement unanime de tous les hommes à

-ment una

connoître

mundum? non falleris: ipfe enim eft totum quod vides, totus fuis partibus inditus, & fe fuftinens vi fuâ. Sen. natur. queft.lib.z C.45.

Tot appellationes ejus poffunt effe,quot munera. Hunc & Liberum patrem, & Herculem ac Mercurium, &c. Sen. de be nef. lib. 4. c.7.& 8.

Omnem iftam ignobilem deorum turbam, quam longo ævo longa fuperftitio congeffit, fic adorabimus, ut meminerimus cultum ejus magis ad morem quàm ad rem perti

nere. Sen.

[u] Plin. lib. 2. c. 7.

[x] Plutarch. de Ifid. & Ofirid. [y] S. Aug. de civit. Dei, lib. 4. c. 11.

reconnoître la divinité, eft la preuve de fon existence, fuivant Platon dans le dixiéme livre des loix. La nature, dic Cicéron [z], conduit touts les hommes à connoître qu'il y a des dieux.

Il eft auffi abfurde qu'impie, de dire que la crainte des foudres [a] a fait imaginer les dieux, puifqu'au contraire c'eft la connoiffance innée de Dieu qui a fait redouter les foudres, comme des menaces de la colere divine, quoique ces météores ne foient que l'effet des loix générales, & de l'ordre univerfel de la nature:

On ne peut regarder ce vers qu'un poëte moderne a mis dans la bouche d'un impie:

La crainte a fait les dieux, l'audace a fait les rois.

que comme un renversement de l'ordre naturel. C'eft le fentiment de la divinité, commun à tous les hommes, qui a fait la crainte des dieux & du tonnerre: c'est la nature elle-même qui a fait les rois, par l'exemple de l'empire paternel; & l'audace, qui peut être devenue depuis légitime, a fecoué leur joug, lorfque les peuples ont paffé fous des formes de gouvernement moins anciennes & moins naturelles.

La preuve d'une verité, fuivant Sénéque [b] & Cicéron [c], à laquelle

[z] Omnes duce naturâ eo vehimur ut deos effe dicamus. Cic. de nat. deor. lib, 1. [4] Primus in orbe deos fecit timor; ardua cœlo

Fulmina cùm caderent. Petron. [6] Veritatis argumentum eft aliquid omnibus videri, tanquam deos effe,quod omnibus de diis opinio infita fit;nec ulla gens ufquam eft adeò leges extra morefque pofita, ut non aliquos de os credat. Sen. epift. 117.

[c] Cùm enim non inftituto aliquo,aut more,aut lege fit opinio conftituta maneat. que ad unum omnium firma confenfio;intelligi neceffe eft effe deos,quoniam infitas corum, vel potiùs innatas cognitiones ha

ileft impoffible de réfifter, c'eft le confentement unanime de toute la nature, comme fur l'existence de la Divinité. Cette connoiffance n'a point été enseignée, elle est innée: & il n'y a aucune nation affez féroce & affez barbare, pour être dépourvûë de ce fentiment.

Cette preuve qui résulte du confentement général des hommes, & qui confifte en faits, a été contestée. Cicéron fait dire à Cotta [d],qu'il croit que plufieurs nations n'ont aucune idée de la Divinité. Strabon [e] écrit des peuples de Galice & des Ethiopiens, qu'on ne voit aucune divinité adorée parmi eux. Jean Leon rapporte qu'au roïaume de Bornéo, il n'y a ni loix, ni veftige de religion. Acosta ob. ferve que les Indiens Occidentaux fe fervent du mot efpagnol dios, n'aïant en leur langue aucun terme pour exprimer la divinité. Champlain affûre que les peuples de la nouvelle France n'adoroient aucun dieu ; & cous ceux qui ont écrit du Bréfil en parlent de même. Acofta nous repréfente les Mandarins qui gouvernent la Chine fous l'autorité de leur roi, & qui contiennent les peuples dans l'observation de la religion du païs; comme n'aïant eux-mêmes point de religion, ne croiant point d'autres dieux que la nature, point d'autre vie que celle-ci, point d'autre enfer que la prifon, ni d'autre paradis qu'unoffice de Mandarin.Huet if]dit qu'il eft bien rare de trouver des nations qui n'aient pas quelque connoiffance de la Divinité: cela eft bien rare, ajoute-t-il; mais ceux-là fe

bemus.De quo autem omnium natura confentit,id verum effe neceffe eft; effe igitur deos confitendum eft.Cic.de nat.deor.l.1.

[d]Equiden arbitror multas effe gentes fic immanitate efferatas; ut apud eas nulla. deorum fufpicio fit. Cic. de nar. deor, lib. 2.

trompent, qui difent qu'il ne s'en trou

ve aucune.

On peut bien affurer au contraire que ceux-là fe trompent qui croient que ce fentiment n'est pas général, & fans exception, je ne dis pas d'aucun peuple; mais même d'un feul homme. Lorfque Cotta dans Cicéron, & Strabon difent qu'il y a des peuples qui n'adorent aucune Divinité, cela doit s'entendre au fens de ces deux auteurs, qu'il fe trouve des nations, parmi lefquelles on ne voit aucunes ftatuës. Toutes les relations modernes ne prouveut autre chose, finon qu'en plusieurs païs, on ne trouve aucun culte public de la Divinité. Il n'y a rien d'étonnant qu'on ne trouve pas un culte & une Religion établie, où l'on ne trouve pas de fociétés formées. Ce font des hommes barbares, vivant fans loix, & qui ne fe communiquent pas leurs fentiments. Ils ne peuvent avoir de culte & de Religion en commun, puifqu'ils vivent féparément & épars dans les forêts. Il fe pourroit faire même, que des peuples qui vivroient en commun n'auroient aucun culte public & général de la Divinité; car l'idée innée de Dieu entraîne bien avec foi l'obligation de l'adorer & d'élever fon cœur vers lui; mais la néceffité d'un culte public & général damande des réflexions que les barbares plongés dans l'extreme ftupidité peuvent n'avoir jamais faites.

Que l'on s'informe de ces voïageurs fi dans leurs relations ils ont eux-mêmes prétendu que le témoignage intérieur de la Divinité, gravé dans tout

[blocks in formation]
« PreviousContinue »