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Colonnes des enfants

CHAPITRE QUINZIEME.

Hiftoire de l'Aftronomie.

SOMMAIRE.

1. Colonnes des enfants de Seth. 2. Ancienneté des obfervations Chaldéennes. 3. De la fable d'Atlas. 4. Les Egyptiens fe vantoient de l'invention de l'Aftronomie. 5. Les Grecs s'en vantoient aussi. 6. Ancienneté de la divifion de la Sphere. 7. Démocrite le prémier a formé un fiftéme. 8. Des anciens Aftronomes. 9. D'Archimede, 10. D'Eratofthene. 11. D'Hipparque. 12. Noms des fignes du Zodiaque tirés de la prophétie de Jacob. 13. De Ptolémée. 14.. Du rétablissement de l'Aftronomie. 15. Des aftronomes modernes. 16. Cenfure du fiftème de Coppernic, & rétractation de Galilée. 17. Des lunettes, & télescopes.

L

Hiftoire de la philofophic comprend celle de l'aftronomie. Cette de Seth. hiftoire remonteroit bien haut, fi l'on prétendoit la commencer, depuis que les enfants de Seth élevérent deux coJonnes[a], l'une de pierre, l'autre de briques pour tranfmettre à leur poftérité les connoiffances aftronomiques, qui y étoient gravées. Jofeph dit qu'on affuroit de fon temps, que la colonne de pierre fe voïoit encore en Syrie. Il croit qu'un des motifs de Dieu [b] pour laiffer les Patriarches très-longtemps fur la terre, a été de favorifer les progrès de l'aftronomie.

[a] Jofeph antiq. liv. 1. c. 2. [b]Jofeph antiq. liv. 1.c.3.

2.

Ancienn

Chaldéen

nes.

Il paroît qu'aucun ancien peuple ne peut difputer la gloire de l'ancienneté té des oble & de l'excellence de l'aftronomie à la vations Chaldée. Les Chaldéens fe vantoient e d'avoir des obfervations aftronomifaivies [c], depais quatre cents foixante & douze mille ans: vanité ri dicule & abfurde! Ariftote s'atrella à Challifthéne, qui étoit à la fuite d'Ale xandre (d), pour avoir par fon moïen tout ce que les Chaldéens avoient écrit fur l'aftronomie. Callifthéne lui envoïa les obfervations de dix-neuf cents trois ans. Babylone fut prife par Alexandre, trois cents trente un ans avant Jésus-Chrift. En réuniffant ces deux nombres, on trouve que les obfervations aftronomiques des Chaldéens ont devancé l'ére chrétienne de deux mille deux cents trente-quatre ans: d'un autre côté, en fuivant le texte hébreu, & le calcul d'Ufferius, on trouve que ces obfervations Chaldéennes de 1903. ans au temps d'Alexandre, remontoient environ à l'an 11. après le déluge univerfel, quinze ans après la conftruction de la tour de Babel, que Bochard avance être la même, que la fameufe tour du temple de Bel, qui fervoit d'observatoire dans Babylone. Les avantages d'un obfervatoire pareil, & la vaste étendue des plaines, au milieu def quelles Babylone étoit fituée, ne contribuérent pas peu à rendre les Chaldéens, les plus grands obfervateurs des aftres, qui fuflent au monde.

Ils firent de cette fpéculation, un art de prédire l'avenir, à peu près dans le même temps, que les Phéniciens, retirant un fruit plus folide de la connoiffance des étoilles, s'en fervirent pour régler leurs navigations, & por

[c] Cic. lib. 1. de divinat. [d]Simplic.comment, in Ariftos, de Col.lib.2.

ter leur commerce & leurs colonies dans la plus grande partie de la terre, On peut regarder ces navigations des Phéniciens > comme un monument des plus affurés de l'ancienneté de l'aftronomie, dont Pline attribue l'inDe la fable vention [e Jaux Phéniciens.

d'Atlas.

Atlas de Libye fils de Japet fut frére de Prométhée, & fiancien que les auteurs le font aïeul du prémier Mercure par fa fille Maïa; il eft appellé grand aftronome [f] par S. Auguftin. Ona diftingué trois Atlas, celui-ci qui a donné fon nom au mont Atlas, qui eut en partage les Mauritanies, & dont la fable a dit qu'il foutenoit le ciel de fes épaules, à caufe de fes connoiffances aftronomiques; à un fecond Atlas roi d'Italie, & un troifiéme qui a régné en Arcadie.

tiens fe van

de l'aftronomie.

Les EP Les Egyptiens fe vantoient que l'atoient de ftronomie avoit pris naiffance chez l'invention eux & qu'ils l'avoient enfeignée aux Chaldéens gqu'ils regardoient comme une colonie fortie de l'Egypte. Ce font les Egyptiens qui ont donné à [b] chaque jour de la femaine le nom d'une planéte. Les noms de Pétofiris, & de Necepfos deux anciens aftronomes Egyptiens, font parvenus jufqu'à nous, & ils ont paffé pour les auteurs des prémiéres tables aftronomiques. Lucien[attribuë l'origine de l'aftronomic aux Ethiopiens, dont le ciel cft fans nuage.

Les Grecs s'en van

Les Grecs jaloux de l'honneur de la toient audi découverte de toutes les fciences, ont

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prétendu qu'ils étoient les inventeurs de l'aftronomie. On apprend par un paffage de Diodore de Sicile que les Rhodiens fe vantoient d'avoir porté l'aftronomie en Egypte. Les prémiéres obfervations aftronomiques ont été attribuées à Orphée par Eudemus & par Diogene de Laërce. Quelques auteurs les ont rapportées à Palaméde, ou à Atrée, & fuivant l'hiftoire ancienne de la Grèce, la réputation que cette fcience donna à Atrée [k] l'éleva à la roïauté d'Argos.Mais plufieurs auteurs Grecs ont avoué la nouveauté de cette fcience parmi eux : suivant Platon[/] Thalés a été le prémier des Grecs versé dans l'aftronomie: Ariftote témoigne [m] que les Grecs l'ont apprife des Egyptiens; & Thalés, dans fa lettre à Pherécyde, dit que le motif de fon voïage en Egypte a été d'y entretenir les fçavants aftronomes.

Cédréně [n] met Zoroaftre chef des Mages au rang des plus fameux aftronomes de l'antiquité: & Suidas [o] lui donne l'honneur d'avoir surpassé touts les autres fçavants dans les connoiffances aftronomiques. Les recherches de la chronologie moderne ont tiré Zoroaftre de cette antiquité obfcure, où il avoit demeuré fi long-temps, & elles l'ont rapproché jufqu'aux temps de Darius fils d'Hyftafpe.

C'eft environ dans le même temps qu'on attribue à Pythagore [p], d'avoir découvert l'obliquité du zodiaque, quoique l'honneur de cette in A a 2

[k] Strab. lib. z.
[1] Plat.in Epinom.
[m] Ariftot, de cœl. lib. 2.
In] Cedren. hiftor, compend.

[] Suid. in vocib. Mayoi, A'spo opiα, Ζωρίας της

[p] Plutarch, de placis, philofophor 1. 2.

G. 12.

6.

Ancienneté

Sphere.

vention foit revendiqué par Anaximan dre [9], fuivant Pline, & fuivant quelques auteurs, par Oenopides de Chio.

L'aftronomie avoit déja fait beaude la divi- coup de progrès dans la Gréce, puiffion de la que dès le temps de Thalés contemporain de Pythagore, mais beaucoup plus âgé, la fphére étoit divifée en fes cinq cercles, l'équateur, les deux tropiques, & les deux cercles polaires. Thalés [r] obferva les aftres, & prédit les éclipfes du foleil. Pline[s]rapporte que Thalés annonça l'éclipfe du foleil, qui arriva la quatriéme année de la quarante-huitiéme Olympiade, fous le régne d'HaIyattés, pére de Cræfus. Eufébe[] parle auffi de cette prédiction.

7.

Démocrite

féme.

8.

Atronomes.

Démocrite acquit une grande répuformele pretation, en réduifant la defcription de mier un ly- l'univers en un fyftéme, dans le traité qu'il intitula le Diacofme. Il avoit écrit plufieurs autres livres d'aftronomie, dont il ne nous refte que le titre. Bion difciple de Démocrite fat Des anciens affez verfé dans la connoiffance de la fphére, pour avancer qu'il devoit y avoir des régions, où le jour & la nuit étoient chacun de fix mois. Il y a un traité de la fphére, qui porte le nom d'Empedocle, mais qui eft d'un auteur récent. Philolaus Pythagoricien, contemporain de Platon, fut le prémier [3 qui expliqua les apparences céleftes, par le mouvement de la terre: il eft le véritable au teur du fyftéme [ x ] renouvellé

par

le

cardinal Cufa, & développé par Copernic.

Eudoxe difciple d'Archytas, & dé Platon, voïagea en Egypte, pour y apprendre des prêtres, & des aftronomes du païs, ce qu'ils fçavoient de plus recherché touchant l'aftronomie, & fuivant le témoignage de Cicéron, il excella dans cette fcience. Autolycus, dont on a deux livres aftronomiques, f'un de la fphére, l'autre du lever, & du coucher des planétes, vivoit du temps d'Ariftote, qui écrivit auffi un traité d'aftronomie, & qui fit, comme nous avons vu, de grandes recherches des obfervations Chaldéennes. Ariftote en témoigna peu de fatisfaction, & marqua pour elles peu d'eftime, foit que ces obfervations envoiées par Callifthéne à Ariftote, ne répondiffent pas à la réputation qu'el les avoient, foit qu'elles fuffent peu conformes aux idées, qu'Ariftote s'étoit faites de la conftruction & de l'ar rangement des cieux. Quoi qu'il en foit, il n'eft rien refté de cette ancienne aftronomie Chaldéenne la plus célébre de toutes.

Pytheas de Marseille fut contemporain d'Alexandre le grand, & d'Arif. tote. Il fut plus géographe qu'aftronome. Strabon [y le traite de grand menteur. Pythéas a compofé un traité du tour de la terre.

Théophrafte, fucceffeur d'Ariftote dans le Lycée, écrivit un livre de l'aftronomie de Démocrite, & il fit l'hiftoire de l'aftronomie.

[9] Anaximander traditur primus fi-rovw Diog. Laërt. in Philol. gniferi obliquitatem intellexiffe, hoc eft rerum fores aperuifle. Plin. lib. 2. c. 8. [r] Eudem, ap. Diog. Laërt. in Thal. [s] Plin.lib.2. c. 12. [r] Eufeb, in chronic.

[x] Bouillaud, aftronomie Philolaïque. C'est ce qui fera expliqué plus à fond dans le chapitre de l'astronomie.

[κ] Καὶ τὴν γήν κινείσθαι κατά κύκλων

[y] Πυθέας ἀνὴρ ψευδέστατος ἐξήτασται· Strab, lib, 1.

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D'Aichi

side.

Cicéron [a] fait cet éloge de fa fphére:
Archimede, en renfermant dans la
fphére le cours du foleil, de la lune,
& des cinq planétes, a imité l'ouvra-
ge de Dieu, décrit dans le Timée de
Platon, puifqu'il a compris dans une
feule machine, des mouvements fi
différents par leur viteffe & leur len-
teur.

Ariftarque Samien eut beaucoup de réputation pour la fcience aftronomique, vers la 140. Olympiade. Il fuivit l'hypothefe de Philolaüs, touchant l'immobilité du foleil, & le mouvement de la terre: mais il outra celyftéme, foutenant que la terre feule, dans l'univers, étoit en mouvement, &que toutes les autres planétes étoient immobiles, comme le foleil. Il reste quelques fragments de lui, touchant les grandeurs & les diftances du foleil

10. D'Erato ⚫thénc.

Eratosthène de Cyréne, garde de la fameule bibliothèque d'Alexandrie fous quatre rois, les Ptolémées Evergéte, Philopator, Epiphane, & Philométor, pofféda cet emploi pendant quarante-cinq ans. Il fut excellent aftronome, géométre, & critique. Il compofa, entr'autres ouvrages, un traité de la mesure de la terre, dont il refte quelques fragments, qui font connoître qu'il avoit déterminé cette mefure avec tant de jufteffe, & de précifion, qu'il n'y a que quelques ftades de différence, entre les efpaces définis par Eratofthéne anciennement, & ceux qui l'ont été depuis peu par l'académie roïale des fciences.

que.

11.

Hipparque, dont Pline [b] fait un grand éloge, étoit de Nicée, fuivant Hippac Strabon, ou de Rhodes, felon Ptolémée. Il floriffoit environ deux cents ans après Alexandre, depuis la 153. Olympiade, jufqu'à la 163. ou de puis l'an 168. avant l'ére Chrétienne jufqu'à l'an 129. il découvrit une Archimede vivoit dans le même nouvelle étoile, compta toutes celles temps, que Conon & qu'Ariftarque. qui tombent fous la vûë, & marqua

& de la lune.

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A a 3

deprehendit ; ejufque motu, quo die
fulfit, ad dubitationem eft adductus, an
moverentur eæ, quas putamus adfixas.
Idemque aufus rem etiam Deo improbam,
annumerare pofteris ftellas, fideraque ad
normam expangere, organis excogitatis,
per quæ fingulorum loca & magnitudines
fignaret, cœlo in hæreditate cunctis
relicto. Plin. lib. 2. c. 26.

la grandeur, & la fituation de chacune, aïant inventé des inftruments propres pour ces obfervations: mais au moïen des nouveaux télescopes, on a découvert plus d'étoiles dans la feule conftellation d'Orion, que les anciens n'en avoient apperçu, dans toute l'étendue des cieux. Prolémée a confervé plufieurs obfervations d'Hipparque fur les équinoxes. Hipparque commenta les Phénoménes d'Aratus, & montra en quoi Aratus s'étoit trompé en fuivant Eudoxe.

Parmi les aftronomes qui font venus depuis, on remarque Geminus de Rhodes, dans la 178. Olympiade, Sofigéne, dont Jules Céfar fe fervit pour la réformation du Calendrier, Agrippa Bithynien, dont parle [c] Ptolémée, Andromachus de Créte, Menelais fous Trajan, & Théon de Smyrne. Théon fut le chef d'une fecte d'aftronomes, dont l'opinion étoit, pour ainfi dire, la contrepartie de l'opinion d'Hipparque, & de fes fectateurs. Voici de quoi il s'agiffoit: les aftronomes ont marqué, fur la face convexe du globe, ce qu'ils avoient vu dans la face concave du ciel. Ainfi la face du globe artificiel étoit propre ment l'envers & le rebours de la face du ciel. Delà il s'enfuivoit un dérangement général; car ce qui étoit à la gauche fur le globe, de même que dans les miroirs. Théon, pour remédier à ce defordre, vouloit que l'on peignît les conftellations, aïant le derriére de leurs corps tournés vers nous, Hipparque les avoit fait repréfenter, fur la furface du globe, telles qu'elles

[c] Ptolem. Almag. lib. 7. c. 3. [d] Tit. Liv. lib. 44. [e]. ... media inter prælia femper Stellarum cœlique plagis, fuperifque vacavi. Lucan. lib. 10. [f] Tres autem fuerunt fecta; Chal

paroiffent dans le ciel à nos yeux, & comme on les voit de la terre. Ce dernier fentiment a prévalu.

Pappus, contemporain de Théon floriffoit dans le quatriéme fiécle, fous le régne de Théodofe le grand. Il étoit d'Alexandrie, & compofa deux ouvrages importants qui fe rapportent plus à la géographie qu'à l'aftronomie, l'un une defcription de toute la terre, l'autre une defcription des riviéres d'Afrique.

Les anciens Romains n'avoient eu que des connoiffances très-groffiéres de l'aftronomie. Les défauts des Calendriers de Romulus, & de Numa, & le peu d'ordre qu'il y eut jusqu'à la réformation faite par Céfar, marquent l'incapacité en cette science, des pontifes à qui il appartenoit de régler les années. L'an 580. de Rome, Sulpitius Gallus [d] commandant de la feconde légion, dans la guerre contre Perfée roi de Macédoine, avertit les foldats que la nuit fuivante il y auroit une éclipfe de lune, qui dureroit deux heures: & leur en expliqua les causes.

Jules Céfar s'appliquá beaucoup [e] à l'aftronomie & au milieu de fes expéditions militaires, il donna toujours une partie de fon temps à l'étude de cette fcience.

Pline [f]diftingue quatre fortes de fectes aftronomiques la Chaldéenne, l'Egyptienne,la Grecque, & la quatriéme ajoûtée par Jules Céfar, qui régla Tannée fur le cours du foleil, avec le fecours de Sofigéne.

Manilius, qui vivoit fous Augufte,

dæa, Ægyptia, Græca: his addidit quar. tam apud nos Cæfar Dictator,annos ad folis curfum redigens fingulos, Sofigene perito fcientiæ ejus adhibito, Plin. lib.

18.6. 25.

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