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tribuée au

de Virgile, d'Horace &c, avoient été compofés dans le douziéme fiécle par de jeunes religieux Bénédictins : fur quoi Defpréaux difoit qu'il falloit que ces religieux euffent bien de l'efprit & de l'humilité.

nomie de l'ouvrage, toutes ces chofes fe font mieux fentir dans une excellente traduction que dans l'original; qu'on profite de toutes les recherchés du traducteur, qui a confulté touts les commentateurs & les interprétes, & que celui qui lit Lucien par exemple dans la traduction de d'Ablancourt, a entendu Lucien comme d' Ablancourt luimême. Mais au lieu de dire qu'en lifant une traduction, on entend l'au teur traduit, comme le traducteur l'a entendu lui-même, Perrault ne devoit il point fe contenter de dire, qu'on entend l'auteur autant que le traducteur a pû le faire entendre?

On a attribué au fçavant pére HarOpinion at-douin une opinion fi extraordinaire P.Hardouin.que bien loin de paroître digne d'un fçavant, elle peut à peine paffer pour l'opinion d'un homme raisonnable. Il s'étoit imaginé, dit-on, que touts les auteurs prophanes avoient péri dans le naufrage des lettres, & que les ou vrages que nous avons fous les noms d'Homére, d'Anacréon, de Cicéron,

[k] Siphons roi d'Egypte, furnommé fils de Vulcain, fut fils fucceffeur de Moris. Quelques-uns croient que fa fcience le fit nommer Mercure ou Hermes Trismegifte, c'est-à-dire trois fois très-grand.

[Plufieurs favants révoquent en doute qu'il y ait jamais eu d'historien du nom de Sanchoniaton. Il paffe pour plus ancien que la guerre de Troie, & pour auteur d'une histoire de Phénicie.

[m] Bérofe publia une hiftoire des Chal déens, qu'il dédia à Antiochus II. Elle finioir à l'an 267. avant Jés. Chr.

[n] Manethon avoit composé une hiftoi re d'Egypte dédiée à Prolémée Philadelphe, Ian 247. avant Jéf. Chr.

[o] Orphée étoit contemporain de l'Her cule Grec, fils d'Aloméne, un peu plus ancien la que guerre de Troie. Les vers attribués à Orphée ont été composés par Oncmacrite Athénien, qui vivoit du temps des fils de Pififrate, fous la 50, olympiade.

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d'apocry

Le grand nombre d'ouvrages fuppo Grand fés ou falfifiés a infpiré à plufieurs nombre fçavants une défiance bien fondée au phes. fujet des auteurs anciens. Les li vres de Mercure Trifmégifte` [k]; les hiftoires de Sanchoniaton [1]; de Bérofe [m], de Manethon [], les poëmes d'Orphée [o], & de Mufée [p]ont été fauffement attribués aux auteurs dont ils portent les noms.Combien de craités douteux d'Hippocrate, d'Ariftote, de Galien, de Plutarque? Le feul Annius de Viterbe eft foupçonné de la fuppofition de plus de douze auteurs,d'un Archilochus,d'unMégasthéne, d'un Manethon, d'un Bérose, des origines de Caton &c. Il pafse pour avoir compofé en même temps le texte de ces auteurs & le commentaire. Muret [q] fe divertit à tromper des SupercheIça-nieufe de

C'est la plus ancienne fuppofition d'ouvrage que nous connoifions . Ορφεὺς δὲ κατὰ τὸν αυτὸν χρόνον Ηρακλεῖ γέγοιεν, ἄλλωσε και τὰ εἰς αὐτὸν ἐπεισφερόμενα φασιν ὑπὸ Ον μακρίτες το Α'δη αίς συντετάχθαι γενομένω κατὰ τὴν τῶν Πεισισρατειδῶν ἀρχὴν, περὶ τὴν πεντηκκάςην Ολυμπιάδα. Tatian. adverf. Grac. Hérodote parle d'Onomacrite, comme d'un magicien. Herodot. Polymn.

6.

rie ingé.

1 Maret.

[p] Jules Scaliger dans fa poëtique attribue à l'ancien Mujée le poëme de Léandre

Hero. Voffius croit que c'est un ouvrage fort moderne en comparaison d'une anriquité fi reculée, & compofé depuis le qua triéme fiécle de l'ére chrétienne. Voff. de poët. Grac. c. 9.

[q] Murer dans le recueil de fes poëfies a fait imprimer la note & les vers qui fuivent. Per jocum prioribus verfibus Attii, Pofterioribus Trabeæ nomen adfcripfi, ut experirer aliorum judicia, &

Carce.

fçavants de fon temps, en donnant des vers de fa façon pour des frag ments d'anciens poëtes. Jofeph Scaliger qui donna dans le panneau,prit la chofe au ferieux, & fic une épigramme [r] fanglante contre Muret. Ceft ainfi que Michel-Ange cacha dans des mafures une ftatuë de Bacchus qu'il avoit faite, & dont il avoit rompu un doigt. Cette statue aïant été trouvée, elle fut expofée à la critique des connoiffeurs & des maîtres de l'art, & furtout de Raphaël, qui la jugea d'une antiquité trés-reculée, du temps des Phidias &, des Praxitéles. Michel-Ange aprés avoir entendu leurs differtations, les convainquit aisément d'erreur, en rapportant le morceau de doigt qu'il avoit pardevers lui..

Il eft incertain fous quel empereur Du temps Quinte-Carce a vécu. Les uns le plaQuinte cent fous Tibére, les autres fous Vefpafien. Quelques-uns le font remonter jufqu'à Augufte, attirés à ce fentiment par le bon goût de fon ftyle. Hy en a qui foutiennent que cet ou vrage doit plûtôt être regardé comme un roman, que comme une hif.

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Nam fi lamentis allevaretur dolor, Longoque fletu minueretur miferia, Tùm turpe lacrumis indulgere non foret,

Fractâque voce divûm obteftari fidem,

Tabifica donec pectore exceffet lues. Nunc hæc neque hilum de dolore detrahunt,

Potiufque cumulum miferiis adjiciunt

mali.

Afficta Trabea.

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Rumetus, fumos vendidit ille mihi.. Στο μέγα βιβλίον σον τῷ μεγάλῳ κακῷ. Here, fi querellis, ejulatu, fletibus Callimach. fragm. à Benileio collečia..

dans l'anti

tic

terre. L'empereur Caligula [] ordon. depuis l'inna que touts les mauvais auteurs fuffent vention de imprime condamnés à être jettés dans la Rhône, ou à effacer leurs ouvrages avec la langue, Pline le jeune [] plus indul gent, difoit qu'il n'y a fi mauvais livre, dont on ne puiffe tirer quelque profit.

On fe plaint du nombre exceffif des auteurs, depuis que l'art de l'imprimérie a été invente: mais on trouvera que l'antiquité a fourni un plus grand nombre de livres, fi l'on fait réflexion aux prodigeufes bibliothèques, dont l'hiftoire a confervé le fouvenir, & à ce nombre immenfe de livres dont elle nous apprend la perte. Les exemplaires étoient plus rares; mais les ouvrages n'étoient pas moins nombreux,

Pififtrate tyran d'Athénes avoit af femblé une bibliothéque plus ancienne que prefque touts les auteurs, dont nous connoiffons les ouvrages & mê me les noms. Elle fut enlevée par Xerxés, lorfqu'il brûla Athénes. Les livres furent tranfportés en Perfe: une partie de ces livres fubfiftoit au temps d'Alexandre, Seleucus Nicanor [x] un de fes fucceffeurs en renvoïa un grand nombre à Athénes. C'eft à cette bi bliothèque de Pififtrate qu'eft dûë la

[] Suet. in Calig. c. 20.

[u] Nullum effe librum tam malum qui non aliquâ ex parte prodeffet. Plin. lib. 3. epift. 5.

[x] Aul. Gell. not.Atticar, lib. 6. c. 17, [y] Cedren. hiftor, compend. Euseb.chro nic. Syncell. p. 271.

[x] Voff. de historic. Latin. [4] Quadringintà milia librorum Alexandriæ arferunt, pulcherrimum regiæ opulentiæ monumentum. Sen. de tran.. quillit, animi, c. 9.

[b] Platarq. vie de M. Antoine. [c] La Croix du Maine estime que fi les fept cents mille volumes de la bibliothéque d'Alexandrie étoient aujourd'hui imprimés, ils n'excederoiens pas le nombre

confervation des poëmes d'Homére & d'Héfiode.

Ptolémée Soter commença la fameu fe bibliothèque d'Alexandrie. Sous fon fils Ptolémée Philadelphe elle étoit déja compofée [y] de cent mille volu. mes. Depuis elle s'accrut immenfe ment.Tout le bâtiment qui contenoit l'ancienne bibliothéque étant rempli de quatre cents mille volumes, les li vres nouveaux qui y furent ajoûtés, furent mis dans le temple de Sérapis; & cette feconde bibliothèque qui n'étoit que le fupplément de la prémiére, contenoit trois cents mille volumes. Céfar fe trouvant en danger dans la fédition d'Alexandrie, fit [z] mettre le feu aux vaiffeaux qui étoient dans le port. L'embrafement fe communiqua à l'ancienne bibliothèque, dont les quatre cents mille volumes [4] furent confumés par les flammes. La bibliothéque d'Alexandrie fe releva de cette perte immenfe. Les deux cents mille volumes de la bibliothèque de Pergame donnés par Marc-Antoine [b]à. Cléopatre, & les autres additions,qui y furent faites, la rendirent même encore plus magnifique & plus nombreufe que n'avoit été l'ancienne [c]. Ce grand amas de livres fut brûlé

de fept mille volumes: fuppofant que les an ciens appelloient pour lors un volume, ce que nous pourrions écrire maintenant dans un cayer, ou dans le chapitre d'un livre: bil affûre que fi Paracelle qui a écrit aux environs de trois cents volumes, eút été de leur temps, ils euffent fair monter le nombre de fes ouvrages à trente mille. Biblioth. de la Croix du Maine. p. 519, mais il y a beaucoup d'apparence que la Croix du Maine fe trompe dans fes conjectures; là maniére dont Sénéque a parlé de certe bibliothéque, & le grand emplacement qu'elle occupoit, donnent lieu d'en penser différemment. Les volumes des anciennes bibliothèques étoient apparemment comme.

par les Sarafins en 642. lorfqu'ils firent la conquête de l'Egypte. Le général des Sarafins eut quelque deffein de conferver cette bibliothèque, à la prié re de Jean le Grammairien fectateur d'Ariftote;il en écrivit à Omar Caliphe, qui lui fit réponse que fi touts ces livres ne contenoient que les mêmes chofes que l'Alcoran, ils devoient être brûlés comme inutiles, parce que P'Alcoran fuffifoit, comme rempli de toutes les vérités qu'il importoit de fçavoir; que s'ils contenoient des chofes contraires, il étoit encore plus néceffaire de les brûler. Sur cette décifion, ce prodigieux affemblage d'auteurs fut livré aux flammes, & ils fervirent pendant fix mois à chauffer les bains publics d'Alexandrie.

A quels excés fut portée la vanité infenfée de Nabonaffar? Ce roi de Babylone, au rapport [d] d'Alexandre Polyhiftor & de Bérofe, ramalla toutes les hiftoires qui contenoient les régnes de fes prédéceffeurs, & les fit difparoître entiérement, afin qu'à l'avenir on commençât par lui à compter les rois de Babylone.

Hoam-Ti roi de la Chine, qui vivoit deux cents ans avant Jésus-Chrift, & qui commença à bâtir la grande muraille qui fépare la Chine de la Tartarie, entreprit de détruire touts les livres qui ne traitoient ni d'aftrologie

ni de médecine..

sexx des nôtres, les uns plus épais, les autres moins. Seroit-on bien fondé dans deux mille ans, & vouloir réduire les volumes de nos bibliotheques ane contenir que fort peu décriture, parce que Chiftoire fera mention que Paracelfe a compofé dans le xvi. μέcle 300, volumes, quoique la vie n'air éré que de 48 ans, & qu'il en ait paffé La plus grande partie dans les voiages, dans Tyoreffe, & à voir des malades? Ces trois cents volumes de Paracelfe, ou rout's les ouvrages au moins qui nous en reffent,

Budé [e I rapporte que Lucullus avoit une bibliothéque magnifique ouverte au public. Jules [f] Célar avoit chargé Varron de faire venir de toutes parts les ouvrages les plus curieux, & d'amaffer de riches bibliothéques, pour les rendre publiques. Palladius [g] compte à Rome tren te-fept de ces bibliothèques publiques, dont les plus célébres étoient l'O&avienne fondée par Augufte, la Gordienne, & l'Ulpienne fondée par Trajan.

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On lit dans Zonaras que la bibliothéque de Conftantinople, qui conte noit cent vingt mille volumes, fut brûlée fous l'empire de la Bafilifque. Dans l'Occident les lettres ont été prefque enfevelies fous les ruines de l'Empire Romain par les ravages des Barbares.

Caligula vouloit [b] abolir les ouvrages d'Homére, difant: Pourquoi ne me fera-t-il pas permis auffi-bien qu'à Platon, de bannir les poëtes de ma république? Il vouloit auffi fupprimer Virgile & Tite - Live, parce que le prémier, difoit-il, n'avoit ni efprit ni fçavoir; & que le fecond étoit un écrivain froid & négligent.

10.

Guerre fai.

C'eft de tout temps qu'on a fait la guerre aux livres, comme aux hom-te aux limes & aux fciences [i]. Les Romains vres. ont brûlé les livres des Juifs, des C 2

font renfermés dans deux tomes in folio.

[4] Ε'πειδάν ὡς ὁ Αλέξανδρος, Βηροσ τός φησὶν οι τὰς Χαλδαίκας αρχαιολογίας περιειληφότες, Ναβονασάρος συναγάγων τας πράξεις τῶν πρό αυτό βασιλέων, ἐφανίσει όπως απ' αυτό ή καπαρίθμησις γένοιτο τῶν Xaydaiwy Bariniwy. Syncell. p. 207.

[e] Budaus, de affe, lib. 2.
[f] Suet. in Jul. Caf. c. 44.
[] Pallad. de antiq. urb. Rom.
[b] Suet. in Calig. c. 34.

Mélanges de Vigneul-Marville,t.2.p.50%

Chrétiens, & des Philofophes. Les Juifs ont brûlé les livres des Chrétiens & des Payens, les Chrétiens ont brûlé les livres des Payens & des Juifs. La plupart des livres d'Origéne & des anciens hérétiques ont été brûlés par les Catholiques. Le cardinal Ximénés à la prife de Grenade, fit jetter au feu cinq mille alcorans. Les Puritains en Angleterre au commencement de la prétendue réforme brûlérent une infinité de monaftéres, & de monuments de l'ancienne religion. Un évêque Anglois mit le feu aux archives de fon églife, & Cromwel dans les derniers temps fit brûler la bibliothéque d'Oxford, qui étoit une des plus curieufes de l'Europe.

Les extraits ont caufé la perte d'un grand nombre d'auteurs. La compilation du digefte [k] a fait perdre les ouvrages de touts les jurifconfultes de l'antiquité. Les extraits faits par ordre de l'empereur Conftantin [/] Porphy rogénéte vers le milieu du 10. fiécle fur l'hiftoire, la politique & la morale ont caufé la perte de l'hiftoire univerfelle de Nicolas de Damas,& d'une partie des livres de Polybe, de Denys d'Halicarnaffe, de Diodore de Sicile. Les abregés que le même empereur a fait faire fur les exercices de la campagne, & fur la maniére de guérir les maladies des chevaux, ont privé la république des lettres de plufieurs ancieus philofophes & médecins. Il n'eft refté de ces extraits mêmes que quelques fragments.

L'abbréviateur Juftin a fait perdre

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.

Trogue Pompée Xiphilin par l'extrait de Dion a caufé la perte de fes vingt derniers livres. Les épitomes de Florus nous ont privés d'une partie des livres de Tite-Live.Voffius [m] ju. ge au ftyle de Valére Maxime que l'original a été perdu, & que nous avons à fa place un abrégé qui peut bien avoir caufé la perte du véritable auteur. François Bacon [n]chancelier d'Angleterre & comte de Vérulam, appelloit les abbréviateurs & faifeurs d'extraits, les vers rongeurs des belles lettres.

Enfin dans les fiécles d'ignorance le parchemin étant rare, les Grecs racloient l'écriture des anciens manufcrits, pour y tranfcrire des livres d'églife. Cequi, au grand dommage de la république des lettres, fit aifparoître plufieurs excellents auteurs Grecs, dont on peut lire encore quelques mots, & même des lignes entiéres mal raturées, dans quelques-uns de ces livres d'églife manufcrits en parchemin.

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Les bibliothèques de notre temps, quoiqu'elles renferment l'ancien & le ciens moderne, n'égalent pas à beaucoup teurs prés les anciennes bibliothéques. Cel-reux. plus lat le du roi qui eft le plus magnifique af femblage de livres qui foit en Eu rope [o] ne contient pas plus de cent mille volumes imprimés.

L'hiftoire nous apprend que les auteurs de l'antiquité étoient bien plus laborieux que ceux d'aujourd'hui. Ce qu'elle raconte à ce fujet, paroît prefque incroïable. Les livres de Zoroaftre

çois I. à Fontainebleau. En remontant plus haut, on trouve que la bibliothéque du roi a été commencée à -Fontaineblean par Charles V. transférée au Louvre par Charles VI. & à Blois par Louis XII. avant que d'étre rétablie à Fontainebleau. par François I.

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