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8.

Differentes opinions

re Trifmé

de la période Julienne, & l'an 5373.
de la période Louife.

voïage d'Egypte, & les conférences avec les prêtres Egyptiens, étoient les meilleures préparations, qu'on pût apporter à l'étude de la philofophie. Solon voïagea en Egypte [1], pour en tendre leurs leçons. Thalés [m] fit le même voïage, pour conférer avec eux. 11 confeilla à Pythagore de fuivre cette route, & Pythagore ne borna pas fes voïages à l'Egypte, il pénétra jufques daus les Indes [n], pour entendre les Gymnofophiftes. Démocrite, & Platon

Il eft impoffible de concilier, ce que les auteurs ont dit de Mercure Trif1ur Mercu- mégifte. Quelques-uns ont écrit, qu'il gifte. a régné en Egypte, & qu'il eft le même que Siphoas, furnommé fils de Vulcain, & qui a été fils, & fucceffeur de Maris. Le pére Kircher [g] dit qu'il étoit confeiller & fecrétaire d'état du roi Mefraïm, & il lui attribuë l'invention [b]des lettres hiéroglyphiques. Le pére Kircher ajoûte aprés Suidas [i][o] allérent auffi s'inftruire en Egypte, que Mercure a été furnommé Trifmé en forte qu'on ne peut refufer aux fçagifte, parce qu'il a connu & enfeigné vants Egyptiens, la gloire d'avoir forle myftére de la fainte Trinité. On mé les plus illuftres philofophes de la trouve prefque autant de fentiments Gréce. Les prêtres Egyptiens tombédifférents fur Mercure Trifmégifte, rent depuis dans l'ignorance, & Straqu'il y a d'auteurs, quien ont parlé. bon [p] rapporte qu'étant en Egypte, on ne put lui montrer aucun prêtre verfé dans ces difciplines, dont les anciens Egyptiens étoient inftruits, & que toutes les connoiffances de ces genslà fe bornoient a quelques cérémonies de leur religion.

Une ancienne tradition porte,que la géométrie a été inventée par les Egyptiens [k], pour reconnoître les limites de leurs terres, aprés les inondations du Nil. Il refte plufieurs monuments de ces hieroglyphes mystérieux des prêtres d'Egypte, qui ont été fi célébres dans l'antiquité. Les philofophes Egyptiens diftinguoient quatre éléments: on croit qu'ils expliquoient les caufes phyfiques des éclipfes: & qu'ils avoient connoiffance du fyftéme aftronomique, fuivant lequel la terre tourne autour du foleil. Ils foûtenoient l'im mortalité de l'ame,& la métempfychofe: ils adoroient le foleil fous le nom d'Ofiris,& la lune fous le nom d'Ifis.

Les Grecs étoient perfuadés, que le

[g] Athan. Kircher, Oedip. Egyptiac. 1.
1. Syntagm. 1. de regib, Maypt. p. 86.
[b] Ib.1.2. part. 2. claffi 10 6.2.
[i] Suid. in voc. Ερμῆς ὁ γερισμεγ. &
Athan. Kircher. in Obelifeo Pamphilio. lib.5.
C-3.p. 404.

[k] Hrodot. Enterp.

Philof

phie des

L'hiftoire des Affyriens n'eft pas moins ténébreuse, que celle d'Egypte, Chaldens fur la connoiffance de la philofophie. Parmi les peuples qui compofoient le puiffant roiaume d'Affyrie, les Chaldéens étoient regardés comme un peuple de fages.Cicéron les appelle les plus anciens fçavants [9] du monde.

10.

Quelques auteurs ont foûtenu, que Des Phen l'origine de la philofophie Grecque de- ciens. voit être rapportée aux Phéniciens.Ces peuples defcendoient de Sidon fils de

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[q] Suntque Chaldæi antiquiffimum

[/] Plat.in Crit. & in Tim. Platarch, de doctorum genus, Cic, de divinar, lib.x.

17.

Chanaan, qui étoit fils de Cham, un des trois fils de Noé. Le fentiment, qui place en Phénicie la fource de la philofophie Grecque, eft appuie fur de fortes raifons. Cadmus fouverain de Thébesen Egypte, mais fils d'Agénor Phénicien, aiant paflé en Grèce, pour chercher fa fœur Europe, qui avoit été enlevée par Jupiter, fonda Thébes de Béotie, & porta aux Grecs les fciences des Phéniciens. C'eft lui qui donna aux Grecs les prémiéres notions des lettres, & de l'art d'écrire.

C'est de lui [ ] que nous vient cet art ingénieux,

De peindre la parole, & de parler aux

yeux:

Et par les traits divers des figures tra cées,

Donner de la couleur & du corps aux

pensées.

Le pére Pétau place Cadmus, dans le vingt-fixiéme fiécle de la création du monde, vers le temps de Jofué. Aprés un intervalle de huit à neuffiécles, Phérécyde qui fut le maître de Pythagore,puifa fon fçavoir dans les écrits[s] des Phéniciens. Thalés chef de la fecte Ionienne, & le fondateur de l'école de Milet, la plus ancienne chez les Grecs, êtoit Phénicien, foit qu'il fût né en Phénicie,& qu'il eût quitté fa patrie,pour s'établir å Milet avec fon père Nélée, foit qu'il fût né à Milet, mais d'une famille originaire de Phénicie.

Ariftote prétendoit [], que les Mages Perfans l'emportoient, par l'ancienneté,fur les fçavantsde toutes les autres nations. Les Mages admettoient deux

[r] Phænices primi, famæ fi creditur, aufi

Manfuram rudibus vocem formare figuris. Lucan.

[3] Διδαχθῆναι δὲ ἀπ ̓ αυτῇ Πυθαγόραν

principes, Oromafe auteur du bien,& Arimanius auteur du mal. Ils étoient perfuadés, qu'il y auroit une oppofition éternelle entre ces deux principes, jus qu'à la fin du monde : qu'alors le bon auroit le deffus fur le mauvais, & qu'aprés cela chacun d'eux auroit fon monde féparé en propre, fçavoir le bon principe fon monde, & touts les gens. de bien avec lui, & le mauvais auffi fon monde, & touts les méchants avec lui. Ils croïoient que la lumiére étoit le véritable fymbole du bon principe, & les ténébres du mauvais ; & c'eft pour cela, qu'ils adoroient toûjours le prémier devant le feu, & particuliérement devant le foleil,comme étant la plus pure lumière. Ils enfeignoient la réfurrection, ils défendoient de bâtir des temples aux dieux,& de les représenter par des images. Ils joignoient une vie austére à leurs préceptes:ils étoient vêtus de blanc, couchoient fur la dure, & fe nourriffoient de légumes, & de fromage. Prideaux [n] prétend que l'origine, & l'étymologie du nom de Mage, vient de l'impofteur Smerdis, qui s'empara du roïaume de Perfe, en paffant pour Smerdis fils de Cyrus, & qui fut affaffiné aprés avoir été reconnu par une de fes femmes, au défaut de fes oreilles, qui lui avoient été coupées pour quelque crime; que dans la langue, qui étoit alors en ufage dans la Perfe, le nom de Mage fignifioit un homme qui a les oreilles coupées, & que ce nom fut donné depuis aux docteurs, & aux philosophes, du nombre defquels étoit l'impofteur.

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ayos, durordien équivas, nar NYUTP
λόγος, αυτον δὲ ἐκ ἐχηκέναι, κατηγητών
ἀλλ ̓ ἑαυτὸν ἀσκῆσαι, κτησάμενον τὰ φοινίκων
βιβλία. Φερεκ
áréxpupa ßißria. Suid. in voc. Ospex.
[] Arift. ap. Diog. Laërt. in procem.
[u]Prid.hift, des Juifs part.1.liv.3.p. 318.

12.

Differentes

Zoroastre a été le chef des Mages: opinions fur il a paffé chez quelques-uns [x] pour Zoroastre l'inventeur de la magie, & de l'aftrologie. Il ne fe peut rien de plus frivole, que tout ce qui a été débité touchant ce merveilleux perfonnage. On raconte, qu'il vivoit dans le feu. Il a été l'auteur de l'ancienne religion des Perfes, dont le culte extérieur le raportoit à cet élément. Il vivoit,felon Xanthus le Lydién [y], fix cents ans avant l'expédition de Xerxés en Gréce; felon Suidas [z], cinq cents ans avant la guerre de Troïe; felon Plutarque [a], Hermippus [b], & Hermodore le Platonicien, cinq mille ans avant la prife de Troïe; felon Eudoxe [c], & Ariftote, fix mil le ans avant Platon,Grégoire de Tours [d] prétend que Zoroastre eft le même que Cham fils de Noé,& il obferve que le nom de Zoroaftre fignifie étoile vi vante. Monfieur l'abbé Banier [e]croit que Zoroastre eft le même que Mef raïm fils de Cham. Juftin au commen. cement de fon abrégé de Trogue Pompée, rapporte que Zoroaftre étoit rot de la Bactriane, & qu'il fut tué dans une bataille contre Ninus roi des Affyriens. Plufieurs auteurs [f] tiennent, qu'il y a eu deux Zoroastres,à fix cents ans de diftance; que le prémier vivoit vers l'an du monde deux mille neuf cents, & le fecond entre le commencement du régne de Cyrus, & la fin de celui de Darius fils d'Hyftafpe.

Prideaux [g] eft d'un fentiment fort oppofé à ceux de touts ces auteurs. Il avance qu'il n'y a eu qu'un Zoroaftre,

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& il le place fous Darius I. fils d'Hyf tafpe. Il lui donne une origine Juive, & le fait domeftique du Prophéte Daniet. Il entre dans un grand détail de la conformité de fa doctrine, avec la foi de Moife. Thomas Hyde [b] profeffeur en Hébreu, & en Arabe à Oxford, qui entendoit l'ancien Perfan & le moderne, s'étoit offert de donner une édition des œuvres de Zoroastre dans fa langue originale, avec une verfion Latine, & l'on vouloit l'aider dans les frais de l'impreffion. Eufébe [i]nous a tranfmis quelques principes de la doctrine de Zoroastre. Prideaux raconte ainfi fa mort. Zoroastre aïant entrepris de faire embraffer fa religion à un roi Scythe, & aïant emploïé à cet effet l'autorité de Darius, le prince Scythe indigné, qu'on voulût lui faire la loi, dans une affaire de cette nature,fe jetta dans la Bactriane avec une armée, battit les troupes de Darius, & tua Zoroaftre, avec touts les prêtres de sa fecte qui l'accompagnoient,& qui étoient au nombre de 80.

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[d] Cregor. Turon, lib. 1.c.5.

[e] M. l'abbé Banier, explicat. hiftoriq. des fabl. entret. 4. p. 124. [f] Plin.lib. 30. c. 1.

[g] Prid. hift. des Juifs.part. 1.liv.4. [b] Th.Hyd. de relig, veter, Perfar.c..

[i] Eufeb, prap.evang, lib.x. c.7.

Des

14.

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Cléarque a écrit que les Gymnofophites.phiftes philofophes Indiens furent les difciples des Mages. Ces philofophes des Indes & de l'Ethiopie, qui ont auffi porté le nom de Brachmanes, étoient en li grande réputation de fageffe & de doctrine, que Pythagore, Démocrite, Anaxarque, Pyrrhon, & autres philofophes pénétrérent juf. qu'aux Indes pour les aller entendre [k], & fe ranger au nombre de leurs difciples. Les Gymnofophiftes paffoient trente-fept ans dans l'étude, & dans la retraite. Ils adoroient une fouverai, ne intelligence répandue dans tout Funivers. Ils enfeignoient la métemp. fychofe; ils méprifoient la mort, le plaifir,& la douleur. Ils faifoient profeffion de la plus éxacte justice, & de la temperance la plus auftére. Les maladies paffoient chez eux pour hontéu fes, parce qu'ils les regardoient comme la fuite de la débauche. Pline dit de ces Gymnofophiftes [7], que depuis l'aurore jufqu'au coucher du foléil, ils contemploient cet aftre avec des yeux fixes & immobiles, & que dans les plus grandes chaleurs de l'année, ils fe tenoient pendant tout un jour, tantôt fur un pié, tantôt fur l'autre au milieu des fables brûlants.

[k] Cl. Elian.variar, hiftoriar. lib 4. c. 20. Suid.in Democr. Diog. Laërt, in Democr. in Pyrrhon. Jamblich, in Pythag.

[1] Philofophos eorum, quos Gymno fophiftas vocant, ab exortu ad occafum perftare contuentes folem immobilibus oculis; ferventibus arenis, toto die alternis pedibus infiftere. Plin. lib.7.c.2.

[m] S. Aug.de civit, Dei, lib.8.c.g.

Des philo

L'Afrique, ou la Libye a eu auffi 15. des philofophes trés-anciens. S. Augu- fophes Liftin]m] en parle fous le nom de phi- byens. lofophes Libyens, ou Atlantiques. Ils portérent ce dernier furnom, parce qu'ils reconnoifoient Atlas pour leur chef. Plufieurs ] lui ont attribué l'invention de l'aftronomie. Il s'adonna principalement [o]à la contemplation des altres, d'où vint la fable débitée par les poëtes, qu'Atlas foutenoit le ciel de les épaules. Son nom fut donné à une montagne fort élevée.

16. Des Thra

Parmi les nations de l'Europe, les Thraces vantoient l'ancienneté de leurs ces. philofophes. Orphée, qui le prémier adoucit les mœurs farouches des hom mes, par les doux fons de fa lyre, & encore plus par l'humanité de fes préceptes, étoit natifde Thrace. Ces philofophes reconnoifloient Zamolxis pour leur chef, il fut auffi le législateur des Thraces: & les Gétes lui offrirent des facrifices, comme à un dieu. Diogéne de Laërce [p]dit, que Zamolxis fut efclave de Pythagore, & il cite Hérodote. On trouve à la vérité dans cet hiftorien [9], que Zamolxis paffoit pour avoir été efclave de Pythagore, mais il ajoûte peu aprés, qu'il le croit beaucoup plus ancien que Pythagore: & c'eft ce que Diogéne de Laërce a fupprimé, comme contraire au fentiment,qu'il foûtient que la philofophie a commencé chez les Grecs, avant que

d'être connue des autres nations. O 3

[n] Plin.lib.7.6. 56. [o].... Cytharâ crinitus Iopas Perfonat auratâ, docuit quæ maximus Atlas.

Hic canit errantem lunam, folifque labores. Virg. Ænoïd. lib.1. [p] Dieg. Laert. lib.8. [g] Herodos. Melpom

17.

Des Drui des.

Dans l'antiquité la plus reculée, il n'y a point eu de philofophes plus cé lébres que les Druides [r]. Cicéron [s], & Céfar[] comprennent touts les fages des Gaules, fous ce nom. Strabon [], & Ammien Marcellin [x] les divifent en trois efpéces, des Bardes ou des poëtes, des prêtres uniquement occupés des chofes de la religion, & de ceux qui faifoient toute leur étude de la nature & de la morale. Le préfident des Druides portoit au col l'image de la vérité. Si l'on ajoûte quelque foi à l'histoire de Bérofe, ouvrage fuppofe par Annius de Viterbe, Dis ou Semno thés le prémier roi des Gaulois, & Druïus leur quatrième roi, duquel les Druides ont tiré leur nom, ont précédé, d'un grand nombre de fiécles, la connoiffance de toute difcipline chez les Grecs. Cette ancienneté de la phi lofophie Gauloise eft confirmée par un passage d'un ouvrage perdu d'Ariftote, cité par Diogéne[] de Laërce. Arif tote dit que les Gaulois ont été inftruits anciennement par des fages, appellés Semnothéens, ou Druides. Ramus [2] foûtient que la philofophie a commencé chez les Gaulois, & que les plusan ciens des philofophes, ont été les Druides. Il nous refte de leur philofophie, qu'ils enfeignoient la piété en vers les dieux, le zèle pour la patrie, la valeur, la fermeté, & le mépris de la mort. Ils regardoient les lettres,

Pline tire Létymologie de Druide du mor Grec&us qui fignifie chêne. Plin.lib. 16.c.44. [s] Cic. de divinar. lib. 1. [] Cafar, de bell, Gall. lib.6. [n] Strab. lib.4.

[x] Amm, Marcell, lib.15.

[r] Diog. Laërt. in procem.
[x] Ram.de morib. veter. Gallor.

[4] Atque hoc maximè ad virtutem excitari putant, metu mortis neglecto. Caf, de bell, Gall, lib.6.

comme ennemies de la mémoire, préférant la tradition à l'écriture, & ne laiffant aucuns écrits, afin que leurs préceptes demeuraffent gravés plus profondément dans les efprits de leurs difciples. Ils enfeignoient l'immortalité de l'ame, & la métempfychofe : & cette opinion, fuivant Céfar [a], rendoit les Gaulois fort courageux.Les Druides habitoient dans le fond des forêts, pour lesquelles ils avoient une vénération fuperftitieufe: ils étoient les juges de la nation. Leur affemblée la plus célébre étoit au païs[b] Chartrain. Les Bardes[c] habitoient prin. cipalement dans l'Auvergne, & dans la Bourgogne. Leur profeffion étoit d'écrire en vers les actions des [d] grands hommes, & de les chanter au fon d'un inftrument, qui ressembloit affez à la lyre. On trouve encore des veftiges des Druides, dans Tacite, fous l'empire de Vitellius, & il y a même apparence, qu'ils fubfiftoient fous le pontificat de faint Grégoire puifque ce pape écrivant à la reine Brunehaut, la prie de faire ceffer les facrifices, que quelques-uns de fes fujets offroient aux idoles, & le culte qu'ils rendoient aux arbres.

Ondécouvrit en 1598. prés de Dijon, le tombeau de Chyndonax chef des Druides, avec cette infcription, qui eft un des plus curieux monuments [el de l'antiquité. Dans le bocage de

[6] In finibus Carnutum confidunt in luco confecrato. Cafar de bell, Gall,lib.6. [c] Strab. lib.4.

[d] Vos quoque qui fortes animas belloque peremptas.

Laudibus in longum vates demittitis

@vum.

Plurima fecuri fudiftis carmina, Bardæ. Lucan. lib. 1.

[ε]Μίθρας ἐν ὀργάδ χῶμα τὸ σῶμα καλύ

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