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NOTES.

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18.- 4. "Que te met en l'esprit l'amitié," c.-à-d. que l'amitié te met. Notez dès l'abord cette tournure qui se rencontre très fréquemment en français: quand la phrase incidente (clause subordonnée) commence par un pronom relatif régime, le sujet se met très souvent APRÈS le verbe. Si l'on n'y fait attention c'est là une source féconde d'erreurs pour la traduction.

8. "Injurieux ami." Apposition; le sens est: EN ami injurieux.
9. "Avecque," pour avec; cette forme se retrouve encore assez
souvent chez les poètes du XVIIe siècle.

12. "Et, rose, elle a vécu..." Notez l'exquise délicatesse de la pensée
et de l'expression. "Rose" ici est encore en apposition.

14. "Rigueurs à nulle autre pareilles," c.-à-d. que rien au monde ne peut égaler.

15. "On a beau la prier," in vain do we beseech her.

18. "Le chaume," thatch; d'où le mot chaumière, thatch-house, cottage.

20. "Louvre," le palais des rois de France à cette époque. Maintenant le Louvre sert à contenir une des plus belles galeries d'art qui soit au monde.

Rapprochez de cette pensée, si poétiquement exprimée, les vers d'Horace (ode 4, livre 1):

Pallida mors æquo pulsat pede pauperum tabernas
Regumque turres.

20. 4. "Ne chercher plus d'autre." Il est d'usage maintenant de dire, à l'infinitif: ne plus chercher. De même plus loin, p. 21, l. 1 et 2, "ne manquer pas," "ne recevoir jamais," on dit plus habituellement: ne pas manquer, ne jamais recevoir.

5. "Qui se pourrait trouver," plus familièrement: qui pourrait se trouver La tournure employée par Descartes est plus élégante.

8. "Humeurs," c. à-d. caractères.

13. "Ceux que fait un homme de lettres" = ceux qu'un homme de lettres fait. Voyez n. 1, plus haut.

21.-3. "Que" pour à "moins que...."

=

5. "Prévention" préjugé.

10. "Qu'il se pourrait," that it would be possible.

Cet emploi de POUVOIR

français.

la forme réfléchie est élégant en

15. "Jusques à," encore employé en poésie pour "jusqu'à.”

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21.-26. "Que je ne demeurasse.... que je ne laissasse."

Ces imparfaits du subjonctif sont fort corrects. Mais de nos jours on les évite autant que possible; ils sentent le pédant. 28. "Ne pas laisser de..." doit se traduire généralement par and yet. 29. "Par provision," provisoirement, provisionally.

=

30. "Faire part," to impart.

22.-4. "Les mieux sensés." Aujourd'hui on dirait: les plus sensés. 14. "Encore que" bien que, although.

=

16. "S'ils ne vont justement"

souvent omis après SI

=

s'ils ne vont PAS justement. Pas est

20. "Tâcher à." On dit mieux maintenant: tâcher DE. Descartes du reste lui même dit plus loin: tâcher D'acquérir.

26. "Au regard de nous" = à notre égard, en ce qui nous concerne. 29. "Qu'ont les hommes" que les hommes ont. Cf. note 1, page 24. 23.-2. "En la connaissance." D'ordinaire on emploie DANS au lieu de EN devant un article.

4. "J'écris en français." Cette excuse modeste d'écrire en français montre bien l'état des esprits à cette époque où les gens dits instruits ne voulaient "croire qu'aux livres anciens" comme dit Descartes lui-même.

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MALHERBE-1. Qu'est-ce que Malherbe, et quand vécut-il ? 2. Citez un exemple de sa sévérité pour lui-même. 3. Quelle mission se donna-t-il ? -4. Qu'a-t-il écrit ? 5. Quelle œuvre 6. Quel est le sujet de cette ode? — 7. Citez une des strophes les plus remarquables?-8. Que dit l'auteur du pouvoir de la mort ?

cite-t-on surtout de lui ?

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DESCARTES. -1. Qu'est-ce qu'un classique ? 2. Quelle idée Descartes eut-il des études de son époque ? — 3. Que voulut-il ? 4. Que fit-il de son temps? 5. Quel est le but de sa méthode ? 6. Quels sont les qualités et les défauts de son style? — 7. Qu'a-t-il encore écrit ? — 8. Quel titre a-t-il reçu de la postérité ? — 9. Comment mourut-il ? 10. Quel est le point de départ de la philosophie moderne ?

Discours.-1. Où et comment l'auteur cherche-t-il à s'instruire? 2. S'est-il prescrit beaucoup de préceptes? Lesquels? — 3. Quelles règles de conduite a-t-il suivies ? — 4. Quelle raison donnet-il pour écrire en français au lieu d'en latin?

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CHAPITRE II.

PASCAL (1623-1662).-LES PENSÉES.

Pascal eut une vie assez tourmentée dans sa courte durée. Dès son enfance, à cause de sa santé délicate, son père ne lui fit étudier que les classiques; mais son penchant le portait vers les mathématiques. On raconte toujours ce fait que, à l'âge de douze ans, pour s'amuser il reconstruisit sans livres les premiers éléments de la géométrie. Laissé libre, il s'adonne tout d'abord aux mathématiques et, jeune encore, fait des découvertes remarquables dans les sciences.

Bientôt incapable de travail soutenu, il se retire du monde, chez les solitaires de Port-Royal. (1) C'est là que, à la sollicitation de ses amis, il écrit les Lettres provinciales, série de pamphlets d'une ironie mordante et d'une logique terrible contre les Jésuites. Ensuite, pour lui-même autant que pour le monde, il jette sur le papier les réflexions que lui inspirent les sujets les plus importants pour l'homme: la nature de l'homme, ses faiblesses, son avenir, la nécessité de la religion.

A lire ces Pensées sans savoir le nom de l'auteur, on croirait volontiers entendre un écrivain du XIXe siècle, tant il est moderne, mais un écrivain du plus beau génie. Le style est admirable, plein d'éclat, vif, alerte, expressif au plus haut degré, et en même temps d'une lucidité parfaite.

On comprend que Pascal, ayant été malade presque toute sa vie, ait plutôt des idées pessimistes comme on dit maintenant.

Il faut lire tout le livre des Pensées, qui d'ailleurs est assez court. En voici quelques extraits.

LE JUSTE MILIEU.

Nos sens n'aperçoivent rien d'extrême. Trop de bruit nous assourdit, trop de lumière nous éblouit, trop de distance et trop de proximité empêchent la vue, trop de lon

1. Espèce de couvent, non loin de Versailles, où s'étaient retirés plusieurs hommes religieux illustres, notamment les Arnauld et les Sacy.

gueur et trop de brièveté obscurcissent un discours, trop de plaisir incommode, trop de consonances déplaisent. Nous ne sentons ni l'extrême chaud ni l'extrême froid. Les qualités excessives nous sont ennemies et non pas sensibles nous ne les sentons plus, nous en souffrons. Trop 5 de jeunesse et trop de vieillesse empêchent l'esprit : trop et trop peu de nourriture troublent ses actions trop et trop peu d'instruction l'abêtissent. Les choses extrêmes sont pour nous comme si elles n'étaient pas, et nous ne sommes point à leur égard. Elles nous échappent ou nous à elles. 10 Voilà notre état véritable. C'est ce qui resserre nos connaissances en de certaines bornes que nous ne passons pas; incapables de savoir tout, et d'ignorer tout absolument. Nous sommes sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants entre l'ignorance et la connaissance; et, 15 si nous pensons aller plus avant, notre objet branle et échappe à nos prises; il se dérobe et fuit d'une fuite éternelle.

FAIBLESSE ET GRANDEUR DE L'HOMME.

L'homme n'est qu'un roseau le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers 20 entier s'arme pour l'écraser; une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt; et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien.

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Ainsi toute notre dignité consiste dans la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever, non de l'espace et de la durée. L'homme est si grand que sa grandeur paraît même en ce qu'il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. Il est vrai que c'est être misérable que de se 30 connaître misérable; mais c'est aussi être grand que de connaître qu'on est misérable. Ainsi toutes ces misères

prouvent sa grandeur. Ce sont misères de grand seigneur, misères d'un roi détrôné.

L'HOMME DÉSIRE ÊTRE ESTIMÉ.

Nous avons une si grande idée de l'âme de l'homme, 5 que nous ne pouvons souffrir d'en être méprisés, de n'être pas dans l'estime d'une âme. Et toute la félicité des hommes consiste dans cette estime.

Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et notre propre être nous voulons vivre dans l'idée 10 des autres d'une vie imaginaire, et nous nous efforçons pour cela de paraître. Nous travaillons incessamment à embellir et conserver cet être imaginaire et négligeons le véritable. Et si nous avons ou la tranquillité, ou la générosité, ou la fidélité, nous nous empressons de le faire 15 savoir afin d'attacher ces vertus à cet être d'imagination.

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VANITÉ DE L'HOMME.

L'orgueil nous tient d'une possession si naturelle au milieu de nos misères et de nos erreurs, que nous perdons même la vie avec joie, pourvu qu'on en parle.

La vanité est si ancrée dans le cœur de l'homme, qu'un goujat, un marmiton, un crocheteur se vante et veut avoir ses admirateurs, et les philosophes mêmes en veulent. Ceux qui écrivent contre la gloire veulent avoir la gloire d'avoir bien écrit, et ceux qui le lisent veulent avoir la 25 gloire de l'avoir lu; et moi qui écris ceci, j'ai peut-être cette envie, et peut-être que ceux qui le liront l'auront aussi,

Nous sommes si présomptueux, que nous voudrions être connus de toute la terre, et même des gens qui viendront 30 quand nous n'y serous plus ; et nous sommes si vains, que l'estime de cinq ou six personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente.

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