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dans les fièvres inflammatoires, bilieuses, l'angine, le scorbut, etc.

Les feuilles du framboisier, inodores et légèrement styptiques, servent en gargarisme dans les irritations de la gorge et comme détersives. Ses fleurs sont sudorifiques comme celles du sureau. Aussi je ne saurais trop recommander la culture du framboisier qui vient à merveille dans tous les terrains, et pour lequel la cendre de bois est un excellent engrais. Les pépiniéristes ont des plants d'excellentes variétés. D'ailleurs notre framboisier sauvage cultivé acquiert des qualités tout à fait remarquables. La culture en est très facile, et il se reproduit par les tiges nombreuses qui croissent à ses pieds.

Laissons là notre dissertation sur le framboisier, sans renoncer cependant aux framboises elles-mêmes qui s'étalent le long de la route et qui offrent un bon dessert à nos repas rustiques.

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Nous traversons la paroisse de St-Jérôme dont les limites sont désignées au décret du 15 novembre 1834, comme suit "bornée vers le nord-est, partie à l'augmentation de la seigneurie de Terrebonne et partie aux terres de la couronne; vers le nord-ouest, partie au Canton d'Abercrombie, et partie aux terres de la couronne; vers le sud-ouest, partie aux terres de la couronne et partie à l'augmentation de la seigneurie du Lac des Deux-Montagnes; vers le sud-est, à la seigneurie de Blainville annexant à la dite paroisse cette partie de la dite augmentation du Lac des Deux-Montagnes, qui se trouve comprise entre la rivière du Nord et la ligne nord de la paroisse de Ste-Scholastique." Moins ce qui forme la paroisse de St-Janvier, laquelle, au nord, est bornée par la ligne qui longe la profondeur des terres nord de la côte St-Pierre, et celle qui longe la profondeur des terres sud-est de la côte Ste-Marie (Décret du 24 déc. 1845); moins cette partie comprise dans la municipalité des Mille

Isles, organisée le 1er juillet 1855, qui comprend les côtes Ste-Marguerite, St-Eustache, St-Joseph et Ste-Angélique; moins cette partie comprise dans St-Colomban, c'est-à-dire cette partie de l'augmentation de la seigneurie du Lac des Deux-Montagnes qui se trouve au nord de la rivière du

Nord.

En 1845, par proclamation du 18 juin, la partie de la paroisse comprise dans le comté du Lac des Deux Montagnes fut retranchée de St-Jérôme pour les fins civiles.

Par proclamation du 4 novembre 1846, une autre partie en fut détachée pour former la paroisse de St-Janvier de Blainville.

La municipalité comprend toute la paroisse canonique (Proclamation du 22 avril 1847 et du 1er juillet 1855) à l'exception de cette partie de la côte Ste-Marie, annexée à Ste-Monique par ordre en conseil du 11 décembre 1873, et à l'exception enfin de la ville de St-Jérôme qui, par la proclamation du 7 décembre 1880, est délimitée comme suit: "du côté ouest de la rivière du Nord, s'étendant depuis la route Meunier jusqu'à la propriété d'Alphonse Bélanger inclusivement, sur toute la profondeur des terres de cette concession, y compris la propriété de Toussaint Trudelle, sise sur le côté est de la propriété du dit Alphonse Bélanger; sur la rive est de la dite rivière du Nord, elles s'étendent depuis la route de la côte St-André jusqu'à la ligne nord de la propriété de Mélassippe Longpré; comprenant dans les dites limites, outre les limites du village de St-Jérôme actuel, toutes les terres de la première concession de la rivière du Nord jusqu'à la ligne sud du domaine de Bellefeuille; et de là, en partant d'une distance de treize arpents de la dite rivière du Nord, jusqu'à la partie supérieure de l'île du dit Mélassippe Longpré, comprenant toutes les îles de la rivière du Nord, situées dans les limites ci-dessus."

Pour compléter les informations que me fournit M. C. E. Deschamps dans sa "Liste des Municipalités dans la Province de Québec," il convient de dire que le cadastre pour St-Jérôme, par proclamation du 18 octobre 1877, est en force depuis le 2 novembre de la même année.

En quittant St-Jérôme pour nous diriger vers St-Sauveur, nous laissons à notre droite Ste-Sophie, dans la seigneurie de Terrebonne, et St-Hypolite, avec son grand lac de l'Achigan, dans le canton d'Abercrombie.

A propos d'Abercrombie qu'on me permette une digression, et ce ne sera pas la dernière, Dieu merci. C'est avec un sentiment pénible qu'on aperçoit notre province de Québec couverte de noms anglais qu'on a donnés aussi aux rues, aux villes, aux cantons. Passe encore pour Abercrombie qui est un homme célèbre, mais quand on aperçoit des noms comme Kilkenny, Howard, Wesford, Wentworth et d'autres encore plus barbares, on est à se demander comment il se fait que les Canadiens endurent un tel empiètement dans notre province de Québec si française, et qu'on ne laisse pas à Ontario le soin de glorifier ces noms, qui nous sont inconnus, quand ils ne sont pas ceux d'hommes hostiles à notre race. C'est de l'indifférence de la part de nos hommes d'autrefois, qui ne remarquaient pas que ce sont des monuments élevés en l'honneur de ces étrangers, qui n'ont eu rien à faire avec nos gloires. Cette complaisance de notre part aura pour effet de faire croire aux générations qui viennent que les Anglais nous avaient sous leur talon. Mais là où l'indifférence devient coupable, c'est lorsqu'on laisse partie de notre territoire porter les noms de ceux qui nous ont persécutés. C'est plus que de la libéralité. Et pourtant ça existe!! Il ne faut rien moins qu'apercevoir les grands noms de Montcalm, Morin, Cartier, de Salaberry, de Lorimier et autres pour empêcher la honte de monter au front et la rage de se loger au cœur !

Est-ce qu'il n'en existe pas, dans l'histoire de notre patrie, des hommes qui ont droit à la reconnaissance des Canadiens-français? Donner leurs noms aux divisions du pays serait un moyen de leur ériger des monuments. Pourquoi ne le faisons nous pas? Qu'auront à dire messieurs les Anglais? Soyons justes, mais ne soyons pas trop naïfs, et surtout n'abandonnons pas des privilèges que nous n'avons pas le droit de céder, et qui sont plus importants qu'on ne se l'imagine, puisque l'exercice de ce droit redirait que notre nationalité est maîtresse du sol et que nous sommes chez nous. Comment se fait-il qu'une poignée d'aventuriers soit venue ici nous faire la loi ? C'est parce que nous n'avons jamais eu foi en notre forcę, et que l'audace nous a supplantés. Que ceux qui sont aux affaires le sachent, les concessions ne doivent pas se faire au détriment de droits qu'il nous est libre de conserver et qui touchent de si près à notre nationalité. On dira peut-être que ces noms ont été donnés à une époque où le Haut-Canada était uni au Bas. C'est vrai pour la plupart; mais ne peut-on pas les remplacer? Que ferait à M. Doncaster, à M. Chilton ou à M. Grandison que les cantons qui portent leurs noms s'appelassent Plessis, Lartigue ou Bourget ? Est-ce que les valeureux officiers français ou nos hommes politiques dévoués, qui ont si vaillamment lutté pour nos libertés, ne valaient pas les commerçants de bois de la Rivière rouge de la Lièvre ou de la Gatineau ? Allons donc! La plupart de ceux-ci se sont enrichis des sueurs de nos voyageurs, tandis que ceux-là ont sacrifié leur vie pour le bonheur du peuple.

Je ferme ma parenthèse et je continue mon chemin vers St-Sauveur,

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VI

SOMMAIRE: LA ROUTE DE ST-JÉROME A ST-Sauveur.

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SHAW". LES ÉTRANGERS. - LES PRÉJUGÉS RELIGIEUX. - STSAUVEUR. - SA POPULATION. LETTRE DU RÉV. M. ST PIERRE. - LE CANTON MORIN. - UN TOUR DE JEUNES GENS.

La route de St-Jérôme à St-Sauveur est très poétique. Elle longe tantôt à l'est, tantôt à l'ouest, la Rivière du Nord, qui serpente à travers des collines et des plaines d'un riant aspect. Son lit est quelquefois côteleux, mais ses eaux, presque toujours calmes, réflètent la sérénité des cieux. L'étoile y scintille le soir avec l'ombre des arbres qui les rendent sombres même pendant le jour. Elles se précipitent quelquefois en bouillonnant des rochers à fleur d'eau, et forment des cascades écumantes, dont la course folâtre s'annonce au loin par un babil qui porte à la mélancolie. L'industrie a placé sur ces torrents des moulins qui mêlent leurs voix à cette clameur constante des chaussées qu'a ménagées la nature ou qu'a élevées le génie.

Comme ces cours d'eau sont bien une image fidèle de la vie, qui s'écoule tranquille ou agitée, riante ou sombre, suivant que les écueils y abondent, que le ciel s'y mire, que les rameaux bienfaisants y entretiennent une douce fraîcheur. Les passions, ces récifs de l'existence, qui sont si souvent l'écueil où se brisent les embarcations mal dirigées, ne servent-elles pas, elles aussi, quand elles sont réprimées par les digues de la raison, à faire des merveilles plus grandes encore que celles que l'on constate dans l'industrie ?

Où vont-elles ces eaux qui prennent naissance dans ces antres profonds des montagnes? Elle sortent du sein de la terre comme nous. Comme nous elles passent en faisant plus ou moins de bruit, en semant quelques bienfaits et en causant beaucoup de dégats, pour aller se confondre dans le gouffre sans fond d'un océan sans bords.

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