Page images
PDF
EPUB

pain à celui qui s'y livre avec bien moins d'inconvénients, dont un des plus sérieux est de créer des fortunes subites, d'amener une agglomération de population soumise aux fluctuations du marché. Mais revenons à Ste-Adèle.

En traversant les rangs de cette paroisse on remarque dans quelques localités de véritables crétins, tels que j'en ai vus dans la vallée de Chamouny, en Suisse. Un des caractères distinctifs de cette infirmité est le goître ou la grosse gorge, comme on dit vulgairement. Quelle est la cause de cette infortune? Des médecins supposent (la supposition est la plus fréquente des méthodes) que ce désordre est dû à la mauvaise qualité de l'eau. Quoi qu'il en soit, je vois dans les "Petites Lectures" publiées par la société de saint Vincent de Paul, à Paris, un petit article qui peut rendre service à la science et je le reproduis. Cela n'empêchera pas nos médecins de continuer à se servir de l'ellébore blanc, de la lambourde, du varec vésiculeux ou du zostère :

"Tout le monde connaît la pénible infirmité, nommée goître, il a été constaté par plusieurs expériences qu'elle disparaît par le changement du climat.

[ocr errors]

Une famille habitant le Chili et affectée de cette infirmité qui y fait de grands ravages, quitta ce pays sur l'avis des médecins, et s'embarqua pour la France; la traversée dura 110 jours. Chemin faisant, les malades ne tardèrent pas à s'apercevoir que leurs tumeurs s'amoindrissaient; elles avaient diminué de plus de moitié à l'arrivée du navire à Cherbourg. Quelques mois passés sur le continent suffirent pour la complète guérison, et depuis le mal n'a pas

reparu.

Le goître et le crétinisme règnent, on le sait, d'une manière terrible dans le Valais; en 1852, des habitants de cette contrée de la Suisse émigrèrent en Algérie pour y demander des terres à cultiver. Parmi eux il y avait un nombre si considérable de goîtreux, que l'autorité crut devoir leur assigner un cercle particulier pour leur habitation. Un an après leur établissement, le volume des tumeurs

avait diminué; en 1856 il n'y avait plus un seul malade. Voilà des faits aussi curieux que certains et qui peuvent fournir à la médecine un traitement facile pour une maladie redoutable qui traîne avec elle le rachitisme, le crétinisme, tout le hideux cortège des dégénérescences; on pense même qu'il ne serait pas nécessaire d'aller chercher bien loin la guérison, et qu'il suffirait souvent de changer de localité."

A

VIII

SOMMAIRE:

[ocr errors]

EN ROUTE POUR STE AGATHE. LA MONTAGNE DU SAUVAGE. -SES PREMIERS HABITANTS. SYSTÈME DE MI- FABRICATION DU SUCRE D'ERABLE. POTEAUX INDICATEURS. M. MARIER. STE AGATHE.

LICE.

REBOISEMENT.

[ocr errors]

LAROCQUE. LES NOTABLES. L'HOTEL GODON.
ANTOINE ET MA TANTE LILIQUE. LE LAC DES SABLES.
CROMBY.- LE COUVENT. EDUCATION
GRAMME A MÉDITER.- LE LAC MANITOU.

[blocks in formation]

[ocr errors]

LE DR MON ONCLE ABERDES FILLES.- UN PROL'ÉLEVAGE DU POISMANITOU. -CONCOURS

DISCOURS DES HONORABLES NANTEL ET

Ste Aga

L'une

Médecine indiquée, mettons nous en route pour the. Pour s'y diriger en dehors de la voie ferrée, bien entendu, on s'enfonce dans une gorge profonde que semble avoir creusée la rivière du nord; le chemin principal s'en éloigne à tort dans le Canton Morin pour s'en approcher ensuite dans le township de Beresford où est situé le village de Ste-Agathe. J'ai dit à tort, car en suivant la rivière, comme le fait la ligne du chemin de fer, on exempterait des côtes parmi lesquelles il en est de formidables. d'elles est remarquable et a été la terreur des colons. Elle s'appelle la "Montagne du Sauvage," parce qu'un sauvage Iroquois du nom de Commandeur s'y était établi il y a bien des années. Il avait bien choisi son site, le mâtin, car du haut de ce mont, on toise dix lieues à la ronde, et la vue donne sur la rivière du Nord à l'endroit où elle se divise en plusieurs branches. C'était alors un lieu de délices pour les castors, les canards, les rats musqués, etc., la plaine d'alluvion autour des lacs que forme la rivière à cet endroit est d'une fertilité remarquable.

[ocr errors]

Cette "Montagne du sauvage nous offre au sud une montée de quelque vingt arpents, rocailleuse, et tout à fait impraticable à des charges tant soit peu pesantes. L'hono

rable M. Beaubien, qui s'était préoccupé pendant tout sou voyage de la possibilité de faire arriver un chemin de fer jusqu'au fin Nord, avait constaté qu'il était facile de contourner cette effroyable montagne. Et la preuve, c'est qu'après l'avoir montée il fallait la descendre. De fait du côté du

[ocr errors]

Nord où elle plonge à pic dans cette plaine qu'arrose la rivière, elle forme un vrai casse-cou où le vertige prend. Cette "Montagne du sauvage était vraiment un obstacle à la colonisation, et je suis sûr que plusieurs colons se sont découragés en la gravissant. Dame! c'est sérieux, aussi, quand on voit les chevaux avec la moindre charge, s'arrêter à toutes les perches et quelquefois refuser d'avancer. Souvent le pauvre colon, qui amènait quelques cents livres de provisions, était obligé d'en décharger une partie pour revenir la reprendre après avoir conduit l'autre au sommet. Il fallait avoir une dose de courage plus qu'ordinaire pour ne pas se désespérer. Cette muraille a beaucoup intrigué mon compagnon, M. Beaubien, et longtemps après il répétait qu'il fallait à tout prix trouver les moyens de dévier de cette voie. Aussi l'un de ses premiers soins a-t-il été de recommander au gouvernement de chercher un autre passage dans la gorge où coule la rivière. Et c'est mainte nant un fait accompli.

En gravissant ces montagnes je me suis reporté en Italie, où toutes les villes sont perchées sur des élévations, qui leur permettaient de se défendre contre les villes voisines, toujours en guerre entre elles dans l'antiquité. Je me suis rappelé ces marches que l'on faisait le sac au dos, le giberne aux reins, la carabine sur l'épaule, le bidon au côté, sur ces routes chaudes des Etats Romains, et que le soir après 8 ou 10 lieues de marche, il nous fallait gravir l'une de ces montagnes pour caserner dans les couvents des moines de la localité ou le château fort de la garnison. Et je me faisais une réflexion : tous ces points de nos montagnes que

la nature a élevés au-dessus de fossés profonds, sont de vraies fortifications que la nature a pris soin d'ériger. Cette chaîne des Laurentides, qui s'étend du golfe au lac Supérieur, offre des points stratégiques que l'art militaire pourrait utiliser à peu de frais. On fait de grandes dépenses pour former une milice. C'est un joli jeu, et chacun sait combien notre milice est effective. Moi j'ai rêvé aux colonies militaires. Et mon système est bien simple vous, gouvernement, vous ouvrez un bureau de recrutement pour engager cent, cinq cents, mille jeunes gens, que vous retenez pour trois, quatre ou cinq ans, et vous les envoyez à une ferme que vous vous êtes réservée dans un canton où s'élèvent des points naturels de stratégie. Là, vous avez un professeur expérimenté d'agriculture et un commandant de place avec le personnel d'officiers convenables, surtout un officier instructeur. Ces jeunes gens, loin des villes, et par conséquent des dangers qui s'y rencontrent, seront occupés pendant certaines heures, à apprendre le métier des armes et pendant certaines autres, à l'agriculture. Ils construiront, avec le temps, des forts, des redoutes, qui rendront formidables ces travaux faits de longue main, en temps de paix, en vue de la guerre. Si vis pacem, para bellum. Pour le prix que vous dépensez pour jouer au soldat, vous formerez des générations de jeunes gens agronomes et militaires, et vous rendrez le pays redoutable aux ennemis du dehors, contre lesquels il peut être appelé bientôt à résister, surtout quand il sera émancipé; chose qui doit nécessairement arriver un jour ou l'autre, puisque les peuples, pas plus que les individus, ne sont destinés à vivre continuellement en tutelle; et les progrès de notre pays, la sagesse de sa conduite, l'intelligence dans les affaires nous font présumer que bientôt il demandera poliment à sa tutrice de lui abandonner l'exercice de ses droits; et quand l'heure de l'indépendance sonnera,

« PreviousContinue »