De suivre le juste parti; Depuis que, pour sauver sa terre, Soit que, près de Seine et de Loire Mais quoi! ma barque vagabonde L'unique but où mon attente Croit avoir raison d'aspirer, C'est que tu veuilles m'assurer Que mon offrande te contente : Donne-m'en, d'un clin de tes yeux, Un témoignage gracieux; Et, si tu la trouves petite, Ressouviens-toi qu'une action Ne peut avoir peu de mérite Ayant beaucoup d'affection. Ainsi de tant d'or et de soie Les poëtes doivent éviter ces mots propres des arts, et dire les choses figurément. (MÉN.) Ton âge dévide son cours, Quand la faveur, à pleines voiles, VII. A LA REINE, SUR LES HEUREUX SUCCÈS DE SA RÉGENCE'. 1610. Nymphe qui jamais ne sommeilles Quand son Henri, de qui la gloire 1 Henri IV était tombé sous le fer parricide de Ravaillac, le 14 mai 1610, et Marie de Médicis, sa veuve, avait pris les rênes de l'État, attendu la minorité de son fils, depuis Louis XIII. En considération de cette ode, la reine fit à Malherbe une pension de 1,500 livres, somme importante alors. 2 On a dit pendant longtemps, soit en Espagne, soit en France, Calis et Cadis indifféremment. Mais, suivant Ménage, le dernier est plus conforme à l'étymologie: Cadix vient du latin gades, et le latin gades, du punique gadir, qui signifie une haie. Qu'on allait voir une saison Qui ne pensait que les Furies Et que nos malheurs seraient pires Toutefois, depuis l'infortune Au delà des bords de la Meuse, O reine qui, pleine de charmes * Busiris était un tyran d'Égypte fameux par ses cruautés. Son histoire est si connue, que ce serait abuser du loisir des lecteurs que de la rapporter ici. Quis aut Eurysthea durum, aut illaudati nescit Busiridis aras? Isocrate, dans son oraison intitulée la Louange de Busiris, dit que Hercule et Busiris n'ont pas vécu en même temps; ce qu'il prouve par le témoigagne des historiens. Mais, outre qu'il y a eu plusieurs Hercules, et qu'il peut y en avoir eu un du temps de Busiris, les poëtes, comme nous l'avons déjà dit, sont obligés de suivre la Fable, et non l'histoire. (MÉN.) 2 La ville de Juliers, reprise par le maréchal de la Châtre, joint au prince Maurice de Nassau. 3 Fuir est aujourd'hui monosyllabe. Les deux frères de qui la guerre Ne cessa point dans le tombeau. C'est en la paix que toutes choses Ce sera dessous cette égide Et, surmontant leur espérance, Les Muses, les neuf belles fées Fait signe de les avouer, En cette hautaine entreprise, N'ont point un si riche tableau. La guerre de Thèbes entre Étéocle et Polynice, fils d'OEdipe. 2 Ce mot est très-beau. Il vient du latin fata, fate; et ainsi il convient bien aux Muses. Les poëtes s'en servent aussi en la signification des Nymphes. (MÉN.) 3 Ville d'Élide dans le Péloponèse, près du fleuve Alphée, ou, de cinq ans en cinq ans, on célébrait les jeux olympiques C'est un des proverbes des Grecs, que les portes des Muses sont ouvertes à tout le monde : ἀνεῳγμέναι μουσῶν θύραι. (MĖN.) 2 Lequel est banni de la poésie. Malherbe pouvait dire : au nombre de qui l'on me range; mais son vers n'eut pas été si harmonieux. Du reste, il est à remarquer que, dans toutes ses poésies, il ne s'est servi de lequel qu'en cet endroit, et dans l'ode à M de Bellegarde. (MÉN.) 3 Racan disait que cette ode n'avait ni commencement ni fin, et ne la regardait que comme un fragment. 4 On a critiqué ce vers comme présentant à l'esprit une idée obscène. Les anciens ont repris de même arrige aures, dans Térence, et arrigere animos dans Salluste. Il faut avoir l'imagination extrêmement gátée pour trouver dans les auteurs de semblables.ordures. Quod si recipias, nihil loqui tutum est, dit Quintilien, au sujet de celui qui trouvait une obscénité en ces mots de Virgile: incipiunt agitata tumescere. (MÉN.) Fleuve de Lydie très-fréquenté par les cygnes, s'il faut en croire les poëtes. On dirait aujourd'hui du Caïstre. 6 Malherbe invoquait peut-être les Muses dans une strophe qui n'est pas venue jusqu'à nous, mais peut-être aussi a-t-il cru sa pensée assez clairement exprimée pour n'avoir pas besoin de les nommer ici. Les rayons d'or étinceler; Et chargez de perles vos têtes, Quand le sang bouillant en mes veines D'un amoureux en cheveux gris? Non, vierges, non : je me retire Aussi bien, chanter d'autre chose Entre les rois à qui cet âge C'est-à-dire, vous chantiez mes peines en soupirant. Tous nos poêtes français, tant anciens que modernes, se sont servis du mot soupirer en la signification active, pour plaindre. Les poetes italiens ont aussi usé de sospirare en la même signification; ce qu'ils ont pris comme nous des Latins : Te tenet: absentes alios suspirat amores. * Les serments des poêtes sont comme ceux des buveurs: autant en emporte le vent. Saurait-on excuser le crime De ne régner pas comme il faut 1? Ce n'est point aux rives d'un fleuve Ainsi quand la Grèce, partie Ainsi, conservant cet empire I Expression familière et prosaïque. ( MÉN. ) 31 2 Malée, aujourd'hui Capo Malio, dit Sant' Angelo, promontoire de Laconie, fameux par plusieurs naufrages. 3 Ce nom, sur l'origine duquel on n'est pas d'accord, se donne à sept étoiles réunies et placées dans la constellation du Taureau. Suivant l'opinion la plus vraisemblable, il dérive de Tev, qui signifie tourner en rond; et c'est ainsi que l'année a été appelée λtív par Hésiode; suivant la plus commune, Pléiades dérive de π, qui signifie naviguer; et cette opinion est fondée sur ce que le lever des Pléiades étant vers la fin du printemps et le commencement de l'été, elles marquent par leur lever le temps propre à la navigation. (MÉN.) 4 Fleuve de Thessalie, ainsi nommé, parce que son cours était toujours paisible, mol, et à l'abri du vent. 5 Le navire Argo, qui porta Jason dans la Colchide, et dont Valérius Flaccus a dit : Venturos canit errores, canit et Jovis iras Les poêtes ont feint que ce navire parlait, parce qu'il était fait des chènes de Dodone, qui rendaient des oracles. (MÉN.) Du temps de Ménage, on regardait encore le mot navire comme plus noble au féminin qu'au masculin. Il a depuis perdu le premier de ces deux genres. Les Cyanées, appelées aussi par les anciens Symplegades, et aujourd'hui les Pavonares, sont deux écueils très-dangereux, voisins du Bosphore de Thrace, l'un en Europe et l'autre en Asie. 7 Jason. Et, ternissant le souvenir Aussitôt que le coup tragique Qui n'ouït la voix de Bellone, Qui ne voit encore à cette heure Tous les infidèles cerveaux Dont la fortune est la meilleure Ne chercher que troubles nouveaux, Et ressembler à ces fontaines Dont les conduites souterraines Passent par un plomb si gâté, Que, toujours ayant quelque tare 2, Au même temps qu'on les répare L'eau s'enfuit d'un autre côté? La paix ne voit rien qui menace Expression normande. On dit conduits, et à la cour, et à Paris, et dans les autres provinces. (MĖN.) 2 Ménage regardait ce mot comme indigne de la majesté de l'ode. 3 Les Furies ont été appelées Euménides, non par antiphrase, comme l'ont pensé quelques grammairiens, mais parce que Minerve les adoucit en faveur d'Oreste, après qu'il eut été absous, dans l'Aréopage, du meurtre qu'il avait commis en la personne de sa mère. (MÉN. ) 1 Les Italiens disent indifféremment Filli, Fille, Fillide et Fillida. Nobis non licet esse tam disertis. Nous ne disons que Phylis. (MEN.) Les six derniers vers de cette strophe sont admirables, et respirent toute la grace et toute la douceur de Virgile. M. le duc du Maine les appelait un beau paysage. 2 Cette hyperbole est excessive, et le mot rues manque de noblesse. (MÉN.) 3 De conquærere, conquistare, conquærire, composés et synonymes de quærere, nous avons fait les mots conquerre, conquêter et conquérir le dernier seul nous est resté. Bras de mer entre l'Hellespont et le Pont-Euxin. C'est aujourd'hui la mer Blanche. ou mer de Marmara. |