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vous, pour vous demander votre appui contre son injustice.... (Appercevant Adraste qui entre.) Mais je le vois paroître. De grace! Seigneur, Cavalier, sauvezmoi de sa fureur !

D. PEDRE, en montrant Isidore.

Entrez là-dedans avec elle, et n'appréhendez rien. (Isidore et Zaïde entrent dans une chambre voisine.)

SCENE X X I I.

ADRASTE,

D. PEDR E.

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D. PEDRE.

quoi! Seigneur, c'est vous? Tant de jalousie pour un François ! Je pensois qu'il n'y eût que nous qui en fussions capables?

ADRASTE.

Les François excellent toujours dans toutes les choses qu'ils font; et quand nous nous mêlons d'être jaloux, nous le sommes vingt fois plus qu'un Sicilien! L'infâme croit avoir trouvé chez vous un assuré refuge; mais vous êtes trop raisonnable pour blâmer mon ressentiment! Laissez-moi, je vous prie, la traiter comme elle mérite!

D. PEDRE.

Ah! de grace, arrêtez ! L'offense est trop petite pour un courroux si grand!

ADRASTE.

La grandeur d'une telle offense n'est pas dans l'importance des choses que l'on fait. Elle est à transgresser les ordres qu'on nous donne; et, sur de pareilles matieres, ce qui n'est qu'une bagatelle, devient fort criminel, lorsqu'il est défendu.

D. PEDRE.

De la façon qu'elle a parlé, tout ce qu'elle en a fait a été sans dessein; et je vous prie enfin de vous remettre bien ensemble !

ADRASTE.

Eh! quoi, vous prenez son parti, vous qui êtes si délicat sur ces sortes de choses ?

D. PEDRE.

Oui, je prends son parti; ct si vous voulez m'obliger, vous oublierez votre colere, et vous vous réconcilierez tous deux. C'est une grace que je vous demande; et je la recevrai comme un essai de l'amitié que je veux qui soit entre nous.

ADRASTE.

Il ne m'est pas permis, à ces conditions, de vous rien refuser. Je ferai ce que vous voudrez.

(D. Pedre va à l'entrée de la chambre où s'est retirée Zaide, qu'il en fait sortir.)

SCENE XXIII.

ZAIDE, sans voile; D. PEDRE, ADRASTE, dans un coin du Théatre.

D. PEDRI, à Zaïde.

HOLA! venez. Vous n'avez qu'à me suivre, et j'ai

fait votre paix. Vous ne pouviez jamais mieux tomber que chez moi.

ZAÏDE.

Je vous suis obligée plus qu'on ne sauroit croire ; mais je m'en vais prendre mon voile: je n'ai garde, sans lui, de paroître à ses yeux.

(Elle rentre dans la chambre voisine.)

SCENE X XIV.

D. PEDRE,

ADRAS TE.

D. PEDRE.

LA voici qui s'en va venir; et son ame, je vous

assure, a paru toute réjouie lorsque je lui ai dit que j'avois raccommodé tout.

SCENE X X V.

ISIDORE, sous le voile de Zaïde; ADRASTE, D. PEDRE.

D. PEDRE, à Adraste, en lui présentant Isidore, qu'il prend pour Zaide.

PUISQUE

UISQUE VOUS m'avez bien voulu abandonner votre ressentiment, trouvez bon qu'en ce lieu je vous fasse toucher dans la main l'un de l'autre ; et que tous deux je vous conjure de vivre, pour l'amour de moi, dans une parfaite union!

ADRAST E.

Oui, je vous promets que, pour l'amour de vous, je m'en vais, avec elle, vivre le mieux du monde ! D. PEDRE.

Vous m'obligez sensiblement, et j'en garderai la mémoire !

ADRASTE.

Je vous donne ma parole, Seigneur D. Pedre, qu'à votre considération je m'en vais la traiter du mieux qu'il me sera possible!

D. PEDRE.

C'est trop de grace que vous me faites!

(Adraste et Isidore sortent.)

SCENE XX V I.

D.

PEDRE, seul.

Il est bon de pacifier et d'adoucir toujours les choses...

L

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Ce que cela veut dire ? Qu'un jaloux est un monsre, haï de tout le monde; et qu'il n'y a personne qui ne soit ravi de lui nuire, n'y eût-il point d'autre intérêt; que toutes les serrures et les verroux du monde ne retiennent point les personnes, et que c'est le cœur qu'il faut arrêter par la douceur et par la complaisance; qu'Isidore est entre les mains du Cavalier qu'elle aime, et que vous êtes pris pour dupe!

(Elle sort, et D. Pedre aussi, pour courir à la poursuite d'Isidore.)

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