ISIDORE. Certes, voulez-vous que je dise? vous prenez un mauvais parti; et la possession d'un cœur est fort mal assurée lorsqu'on prétend le retenir par force! Pour moi, je vous l'avoue, si j'étois. galant d'une femme qui fût au pouvoir de quelqu'un, je mettrois toute mon étude à rendre ce quelqu'un jaloux, et l'obligerois à veiller, nuit et jour, celle que je voudrois gagner. C'est un admirable moyen d'avancer ses affaires; et l'on ne tarde gueres à profiter du chagrin et de la colere que donne à l'esprit d'une femme la contrainte et la servitude. D. PEDRI. Si bien donc que si quelqu'un vous en contoit, vous trouveroit disposée à recevoir ses vœux ? ISIDOR E. il Je ne vous dis rien là-dessus. Mais les femmes enfin n'aiment pas qu'on les gêne; et c'est beaucoup risquer que de leur montrer des soupçons, tenir renfermées. D. PEDRE. et de les Vous reconnoissez peu ce que vous me devez; et il me semble qu'une esclave que l'on a affranchie, et dont on veut faire sa femme.... ISIDORE, l'interrompant. Quelle obligation vous ai-je si vous changez mon esclavage en un autre beaucoup plus rude; si vous ne me laissez jouir d'aucune liberté, et me fatiguez, comme on voit, d'une garde continuelle? D. PEDRE. Mais tout cela ne part que d'un excès d'amour. ISIDORE. Si c'est votre façon d'aimer, je vous prie de me haïr! D. PEDRE. Vous êtes aujourd'hui dans une humeur désobligeante et je pardonne ces paroles au chagrin où vous pouvez être de vous être levée matin. SCENE I X. HALI, habillé en Turc, et faisant plusieurs révérences ♣ D. Pedre; D. PEDRE, ISIDORE. D. PEDRE, à Hali, TREVE aux cérémonies. Que voulez-vous? HALI, se mettant entre D. Pedre et Isidore, se tournant vers Isidore à chaque parole qu'il dit à D. Pedre; et lui faisant des signes pour lui faire connoître le dessein de son maître. Signor (avec la permission de la Signore ) je vous dira? (avec la permission de la Signore) que je viens vous trouver avec la permission de la Signore ) pour vous prier (avec la permission de la Signore) de vouloir bien (avec la permission de la Signore....) D. PEDRE, l'interrompant. Avec la permission de la Signore, passez un peu de ce côté. (D. Pedre se met entre Hali et Isidore.) HALI. Signor, je suis un virtuose. D. PEDRE. Je n'ai rien à donner. HALI. Ce n'est pas ce que je demande. Mais comme je me mêle un peu de musique et de danse, j'ai instruit quelques esclaves qui voudroient bien trouver un maître qui se plût à ces choses; et, comme je sais que vous êtes une personne considérable, je voudrois vous prier de les voir et de les entendre, pour les acheter, s'ils vous plaisent, ou pour leur enseigner quelqu'un de vos amis qui voulût s'en accommoder. ISIDORE, à D. Pedre. C'est une chose à voir, et cela nous divertira.... (A Hali.) Faites-les-nous venir. HALI, appelant. Chala bala!...( A Isidore.) Voici une chanson nou velle, qui est du tems. Écoutez bien Chala bala! ..(Appelant.) SCENE X. ESCLAVES TURCS, D. PEDRE, ISIDORE, HALI. UN ESCLAVE, chantant, à Isidore. « D'UN cœur ardent, en tous lieux, Un amant suit une Belle; » Mais d'un jaloux odieux, >> Fait qu'il ne peut que des yeux » S'entretenir avec elle. >> Est-il peine plus cruelle Pour un cœur bien amoureux ? » (A D. Pedre.) Chiribirida ouch alla, Star bon Turca, Non aver danara, Se pagar per mi, Parlara, parlara, Tivoler comprara. PREMIERE ENTRÉE DE BALLET. (Danse des esclaves.) L'ESCLAVE, à Isidore. « C'est un supplice, à tous coups, » Mais, si d'un œil un peu doux, » La Belle voit son martyre, Chiribirida ouch alla, Star bon Turca, Non aver danara Ti voler comprara, Far boller caldara, Ti voler comprara. 11. ENTRÉE DE BALLET. (Les esclaves recommencent leurs danses.} D. PEDRE, chantant. « Savez-vous, mes drôles, |