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mais la porte est ouverte, et, si vous voulez, j'entrerai doucement, pour découvrir d'où cela vient. (D. Pedre se retire sur sa porte. )

ADRASTE.

Oui, fais; mais sans faire de bruit. Je ne m'éloigne pas de toi.... (A part.) Plût au Ciel que ce fût la charmante Isidore!

D. PEDRE, à Hali, en lui donnant un soufflet. Qui va là?

Ami!

HALI, rendant le soufflet à D. Pedre.

D. PEDRE, appelant.

Holà Francisque, Dominique, Simon , Martin, Pierre, Thomas, George, Charles, Barthelemi! Allons, promptement, mon épée, ma rondache, ma halebarde, mes pistolets, nes mousquetons, mes fusils! Vîte, dépêchez. Allons, tue! point de quartier! (Il rentre chez lui, et Hali se cache dans un coin.)

SCENE VII.

ADRASTE,

ADRASTE,

HALI.

part.

JE

E n'entends remuer personne.... ( A Hali.) Hali?

Hali?

HALI, caché dans un coin.

Monsieur.

ADRASTE.

ADRASTE.

Où donc te caches-tu ?

HALI.

Ces gens sont-ils sortis ?

ADRASTE.

Non; personne ne bouge.

HALI, sortant d'où il étoit caché.

S'ils viennent, ils seront frottés!

ADRASTE.

Quoi! tous nos soins seront donc inutiles? et toujours ce fâcheux jaloux se moquera de nos desseins? HALI.

Non; le courroux du point d'honneur me prend ! Il ne sera pas dit qu'on triomphe de mon adresse! Ma qualité de fourbe s'indigne de tous ces obstacles, et je prétends faire éclater les talens que j'ai eus du Ciel!

ADRAST F.

Je voudrois seulement que, par quelque moyen, par un billet, par quelque bouche, elle fût avertie des sentimens qu'on a pour elle, et savoir les siens là-dessus. Après, on peut trouver facilement les moyens....

HALI, l'interrompant.

Laissez-moi faire seulement. J'en essaierai tant, de toutes les manieres, que quelque chose enfin nous pourra réussir.... Allons, le jour paroît; je vais chercher mes gens, et venir attendre, en ce lieu, que notre jaloux sorte.

(Adraste et Hali s'en vont.)

B

JE

SCENE VIII.

D. PEDRE, ISIDORE.

ISIDOR I.

E ne sais pas quel plaisir vous prenez à me réveiller si matin? Cela s'ajuste assez mal, ce me semble, au dessein que vous avez pris de me faire peindre aujourd'hui et ce n'est gueres pour avoir le teint frais et les yeux brillans que se lever ainsi dès la pointe du jour !

D. PEDRE.

J'ai une affaire qui m'oblige à sortir à l'heure qu'il est.

ISIDOR E.

Mais l'affaire que vous avez eût bien pu se passer, je crois, de ma présence et vous pouviez, sans vous incommoder, me laisser goûter les douceurs du sommeil du matin?

D. PEDRE.

Oui; mais je suis bien-aise de vous voir toujours avec moi. Il n'est pas mal de s'assurer un peu contre les soins des surveillans; et cette nuit encore, on est venu chanter sous nos fenêtres.

ISIDOR E.

Il est vrai. La musique en étoit admirable!

D. PEDRE.

C'étoit pour vous que cela se faisoit,

ISIDOR E.

Je le veux croire ainsi, puisque vous me le dites.

D. PEDRE.

Vous savez qui étoit celui qui donnoit cette sérénade?

ISIDORR.

Non pas; mais, qui que ce puisse être, je lui suis obligée.

D. PEDRE.

Obligée ?

ISIDORE.

Sans doute, puisqu'il cherche à me divertir.

D. PEDRE.

Vous trouvez donc bon qu'on vous aime?
ISIDORE.

Fort bon Cela n'est jamais qu'obligeant.

D. PEDRE,

Et vous voulez du bien à tous ceux qui prennent ce soin?

Assurément !

ISIDORE.

D. PEDRE.

C'est dire fort net ses pensées ?

ISIDOR E.

A quoi bon de dissimuler? Quelque mine qu'on fasse, on est toujours bien - aise d'être aimée. Ces hommages à nos appas ne sont jamais pour nous déplaire. Quoi qu'on en puisse dire, la grande ambition des femmes est, croyez-moi, d'inspirer de l'amour. Tous les soins qu'elles prennent ne sont que

pour cela et l'on n'en voit point de si fiere qui ne s'applaudisse, en son cœur, des conquêtes que font ses yeux.

D. PEDRE.

Mais, si vous prenez, Vous du plaisir à vous voir aimée, savez-vous bien. moi, qui vous aime, que je n'y en prends nullement ?

ISIDORE.

Je ne sais pas pourquoi cela; et, si j'aimois quelqu'un, je n'aurois point de plus grand plaisir, que de le voir aimé de tout le monde. Y a-t-il rien qui marque davantage la beauté du choix que l'on fait ? et n'est-ce pas pour s'applaudir que ce que nous aimons soit trouvé fort aimable?

D. PEDRE.

Chacun aime à sa guise, et ce n'est pas là ma méthode. Je serai fort ravi qu'on ne vous trouve point si belle, et vous m'obligerez de n'affecter point tant de le paroître à d'autres yeux.

ISIDOR E.

Quoi jaloux de ces choses-là ?

D. PEDRE.

Oui, jaloux de ces choses-là; mais jaloux comme un tigre, et, si vous voulez, comme un diable! Mon amour vous veut toute à moi Sa délicatesse s'offense d'un souris, d'un regard qu'on vous peut arracher; et tous les soins qu'on me voit prendre, ne sont que pour fermer tout accès aux galans, et m'as→ surer la possession d'un cœur dont je ne puis souffrir qu'on me vole la moindre chose.

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