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DU MÉDECIN MALGRÉ LUI.

GERONTE, vivant à la campagne, dans un Château qui lui appartient, a une fille à marier, nommée Lucinde, et qu'il veut donner à un certain Horace, parce qu'il est riche; mais qu'elle n'aime pas, parce qu'elle aime un certain Léandre, de qui elle est aimée aussi; mais qui a moins de fortune présente que son rival, attendant celle qui lui peut venir de la mort d'un de ses oncles. Pour se soustraire au mariage qu'elle redoute, Lucinde a feint d'être subitement att quée d'une maladie qui l'a rendue muette. Gé ronte a fait appeler plusieurs Médecins, qui n'ont pu découvrir la cause de cette prétendue maladie, ni en guérir l'effet supposé. Il a envoyé dans les environs un de ses domestiques de confiance, nommé Valere, avec Lucas, mari de la nourrice d'un petit garçon, nouveau né, qu'il a, afin de

atta

tâcher de découvrir quelqu'un qui eût un secret pour rendre la parole à sa fille. Dans un village où ils passent, le fagotier Sganarelle, homme débauché, ivrogne, mais qui a demeuré autrefois au service d'un Médecin, auquel il a accroché quelques mots de médecine, et qui a appris, dans sa jeunesse, quelques mots de latin, qu'il cite, à tort et à travers, vient d'avoir une querelle avec Martine, sa femme, qu'il a battue, en présence d'un de leurs voisins, nommé Robert. Martine veut se venger de cet affront; et voyant Valere et Lucas qui ont l'air d'être en peine de ne pas pouvoir trouver ce qu'ils cherchent, elle leur demande quel est le sujet de leur inquiétude; et, dès qu'elle l'a appris, il lui vient une idée singuliere, au moyen de laquelle elle compte faire punir son mari des coups qu'il lui a donnés. Elle fait croire à Valere et à Lucas que Sganarelle est un habile Médecin, qui a des secrets merveilleux contre les maladies les plus désespérées; mais qui a la manie d'aimer mieux s'amuser à faire des fagots, dans la forêt voisine, que d'entreprendre des cures, qui lui seroient faciles, et quelquefois l'entêtement de ne vouloir

pas convenir qu'il soit Médecin, à moins qu'on ne le batte. Valere et Lucas le rencontrent. Ils veulent lui persuader qu'il est Médecin, et l'emmener avec eux pour guérir la fille de Géronte. Sganarelle, fort surpris de l'erreur où ils sont, essaie à les en tirer; mais ils n'écoutent rien, et le forcent, à coups de bâton, à se laisser conduire chez Géronte, au nom duquel ils lui promettent beaucoup d'argent, s'il parvient à faire recouvrer la parole à sa fille. La douleur et l'espérance du gain réunies font céder enfin Sganarelle, qui endosse une robe de Médecin, et va ordonner à la prétendue malade des remedes extravagans, pour l'ordonnance desquels il est très-bien payé par Géronte. Léandre, dans un entretien secret qu'il a avec Sganarelle, lui apprend la cause de cette maladie supposée, et le met dans ses intérêts, par des présens. A la faveur d'un habit d'Apothicaire, Sganarelle l'introduit auprès de Lucinde, à qui la parole revient, dès qu'elle le voit. Géronte croit que c'est l'effet des remedes ordonnés par Sganarelle. Cependant, Léandre, sous prétexte de faire faire un tour de jardin à la malade, l'enleve; et Lucas, les ayant apperçus s'enfuir,

en avertit Géronte, qui veut faire pendre le faux Médecin. Martine, instruite de tout, vient l'encourager à mourir. Mais Léandre ramene Lucinde à son pere, en lui apprenant qu'il reçoit à l'instant des lettres qui lui donnent la nouvelle de la mort de son oncle, dont il est l'unique et riche héritier; ce qui le met pour la fortune au même état que son rival. Géronte lui accorde enfin Lucinde, à qui il pardonne son stratagême, et à Sganarelle la part qu'il a pu y avoir. Celui-ci se raccommode avec sa femme, retourne faire des fagots, et se console de la peur qu'il a eue d'être pendu, et des coups de bâton qu'il a reçus, par l'argent que lui ont donné Géronte, Léandre et quelques paysans, qui l'ont pris un moment pour Médecin, et qui l'ont consulté

comme tel.

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