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MARTIN

Juin 653, il surprit le pape dans l'église de Latran, l'enleva à son peuple, l'embarqua sur le Tibre, et après trois mois de relâche dans divers ports de l'Italie, on le jeta dans l'île de Naxos, où l'attendaient les traitements les plus odieux. Il n'en sortit que pour être transporté à Constantinople, le 17 septembre 654. Là il fut donné en spectacle à la popu lace, qui l'assaillit de nouveaux outrages. Enfermé trois mois dans la prison nommée Prandearia, il en fut extrait le 15 décembre pour paraître devant le sacellaire Bucoléon. Des témoins subornés l'accusèrent d'avoir conspiré contre la puissance impériale avec l'exarque Olympius. Il fut porté sur une terrasse où l'empereur pouvait l'apercevoir, livré aux insultes du peuple, dépouillé du pallium, de tous ses vêtements, et traîné nu, enchaîné, à travers la ville, jusqu'à la prison de Diomède. Deux femmes attachées au geolier eurent pitié des souffrances et de la nudité du pape; elles le couvrirent, le réchauffèrent; l'empereur lui-même revint sur l'arrêt de mort qu'il avait prononcé, et après trois mois de captivité, le fit embarquer, le 26 mars 655, pour Chersonèse, où il arriva le 15 mai suivant. C'est dans ce lieu d'exil que la mort vint le délivrer de ses peines, le 16 septembre de la même année.

MARTIN II ou MARIN se nommait Gallésien Fallisque avant son élection, qui fut ordonnée par la faction des comtes de Tusculane; il était fils de Palomb, Français d'origine, et succéda en 882 à Jean VIII. Il avait en 869 montré quelque fermeté dans le concile où fut condamné le patriarche Photius, et ne la démentit point sur le saint-siége. Il renouvela cette condamnation, et rétablit Formose dans son évêché de Porto. C'est à peu près tout ce que l'histoire en raconte. William de Malmesbury ajoute qu'il envoya un morceau de la vraie croix à Alfred, roi d'Angleterre, et qu'à la prière de ce monarque il affranchit de tout tribut l'école des Anglais à Rome. Il mourut en 884.

MARTIN III ou MARIN II succéda à Étienne VIII en 943. Son règne de trois ans et demi fut obscur et paisible. L'histoire dit seulement qu'il s'occupa d'assister les pauvres, de réparer les églises et de pratiquer les devoirs de la religion. Il mourut le 4 août 946.

MARTIN IV (SIMON DE BRIE), Français de naissance, était né au château de Montpensier, en Touraine. Il avait été chanoine et trésorier de Saint-Martin de Tours. Fait cardinal par Urbain IV, en décembre 1261, il avait exercé deux légations en France. A la mort de Nicolas III, le conclave se tint à Viterbe, et dura six mois, par suite des intrigues des factions des Ursins et de Charles d'Anjou. Celle-ci, que dirigeait le cardinal Annibaldi, triompha par la violence. Martin IV, élu par elle le 22 février 1281, se fit prier un moment; on fut même obligé de déchirer son manteau pour le revêtir des ornements de la dignité pontificale, mais il se résigna bientôt. Il n'osa cependant paraître à Rome au miieu des deux factions qui s'y disputaient l'autorité. Il fallut pour l'y décider que ses amis engageassent le peuple à lui confier les fonctions de sénateur. Plus tard, Martin IV conféra cette dignité à Charles d'Anjou, et le couronna à Orvieto comme roi de Sicile, le 12 avril 1281. Son dévouement pour ce prince le porta jusqu'à prononcer l'excommunication et la déposition de Michel Paléologue, dont Charles convoitait les États. Mais l'empereur de Constantinople se vengea cruellement de cette insulte, en aidant les menées de Jean de Procida, qui aboutirent au massacre connu sous le nom de vepres siciliennes. Charles, dont la flotte était déjà prête à faire voile pour l'Orient, vint demander justice à Martin IV du meurtre de ses soldats; et les Siciliens lui envoyèrent de leur côté des ambassadeurs pour protester de leur obéissance au saint-siége, quoiqu'ils se fussent donnés à Pierre d'Aragon. Le pape n'écouta que les plaintes de Charles. Gérard Bianchi, de Parme, cardinal de Sabine, monta par ses ordres sur la flotte française; et les foudres de l'Église furent lancées sur les Siciliens et le roi d'Aragon. Mais il eut la douleur de voir échouer tous ses projets, et, témoin de la mort de Charles d'Anjou, de la destruction de

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sa flotte, de la captivité de son fils, de l'impuissance des anathèmes contre l'Aragonais, dont il avait en vain donné les États à Philippe le Hardi, il mourut le 28 mars 1285, à Pérouse.

MARTIN V (OTHON DE COLONNE) était Romain de naissance et de l'illustre famille de Colonne. Référendaire sous Urbain VI, nonce en Italie sous Boniface IX, cardinal de la création d'Innocent VII, légat de Jean XXIII dans l'Ombrie, il fut enfin élu pape, le 11 novembre 1417, pendant le concile de Constance, après une vacance de deux ans et demi. Il succéda tout à la fois à Jean XXIII, à Grégoire XII et à l'antipape Benoit XIII, qu'avait déposés le concile. Le supplice de Jean Huss et de Jérôme de Prague fut le premier événement de son pontificat; après quoi il congédia les prélats, et partit le 16 mai 1418 pour Rome, malgré les prières de l'empereur Sigismond, qui voulait le fixer en Allemagne. Son voyage fut une longue suite d'ovations. Il séjourna trois mois à Genève, quatre à Mantoue, deux ans à Florence. Dans cette ville il reçut la soumission de Jean XXIII et celle du général Braccio de Pérouse, qui s'était emparé de Rome, où il entra enfin le 22 septembre 1420, aux acclamations d'un peuple fatigué d'un aussi long schisme. Le refus qu'il fit de ratifier l'adoption d'Alfonse d'Aragon par Jeanne, reine de Naples, lui attira l'animadversion de la cour espagnole, où le vieux Pierre de Luna (Benoît XIII) s'était retiré. La mort de cet antipape ne finit point la querelle. La cour d'Aragon lui en suscita un autre dans la personne de Gilles Muñoz, qui se laissa introniser à Peniscola, sous le nom de Clément VIII. Alfonse ne s'en tint point à cette ridicule cérémonie; il fomenta des révoltes en Italie contre le pape et les partisans de Louis d'Anjou, qui lui disputait le royaume de Naples, et Martin V usa de son côté des armes ordinaires du saintsiége. Mais l'habileté du cardinal de Foix rétablit la paix entre les deux puissances; et vers la fin de mai 1429 Alfonse et son fantôme de pape se soumirent à la cour de Rome. Muñoz en fut récompensé par l'évêché de Majorque. Alfonse Borgia reçut celui de Valence, pour prix des soins qu'il avait donnés à cet accommodement.

Pendant ce discord, Martin V s'était occupé de réformer les mœurs des cardinaux, de réunir les Églises grecque et latine, d'apaiser le différend des ducs de Brabant et de Glocester, que Jacqueline de Mainaut avait épousés tous deux, et qui s'en disputaient la possession l'épée à la main. Il avait purgé le territoire de Rome des brigands qui le désolaient, réparé les églises et les édifices de sa capitale, reconquis la Romagne et la Marche d'Ancône sur les rebelles des deux pays. Mais il avait essayé vainement de soumettre les hussites et wicléfites de Bohême par les armes de l'empereur Sigismond et des princes allemands. Le belliqueux évêque de Winchester, qu'il avait promu au cardinalat en 1426, avait levé une grosse armée; elle avait été mise en déroute le 21 juillet 1427 par les Bohêmes; et Martin V fut contraint de dévorer sa colère. Il s'efforça vainement de réconcilier le roi de Pologne Wladislas avec le grand-duc de Lithuanie, son frère, et de tourner leurs armes contre les hussites. La guerre civile continua en Pologne; et la croisade prêchée par le légat Julien, cardinal de Saint-Ange, ne donna à Sigismond qu'une armée dont les Bohêmes firent encore justice. Il songeait à ouvrir le concile qu'il avait convoqué à Bâle, quand une attaque d'apoplexie l'enleva, le 20 février 1431. VIENNET, de l'Académie Française.. MARTIN (Le Beau). Voyez SCHOEN.

MARTIN (CLAUDE), major général au service de la Compagnie britannique des Indes, naquit à Lyon, en 1732. Son père était tonnelier. Comme les enfants du pauvre, Claude apprit à lire et à écrire; mais ce qui ne s'apprend pas au collége, ce que l'éducation refuse presque toujours aux enfants des riches, le génie, la nature le dispensa généreusement au jeune Martin; il n'avait pas eu de maîtres, et il savait les mathématiques. A vingt ans, dominé par un pressentiment secret, il s'arrache aux embrassements de sa mère, part

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fèvre, et de bonnes éditions annotées et commentées de nos principaux auteurs, un Essai sur la vie et les ouvrages de J.-B. Bernardin de Saint-Pierre, et un des meilleurs ouvrages moraux de notre époque, l'Éducation des Mères de famille (Paris, 1834), qui fut couronné par l'Institut. Sa veuve mourut la même année que lui.

comme simple volontaire, dans la compagnie des guides du | qu'il prit à la publication des Classiques français de Legénéral Lally, fait dans l'Inde la guerre de 1756, et déserte ensuite ses drapeaux pendant le siége de Pondichéry. Cette trahison, que vingt-neuf hommes ordinaires sur trente auraient payée de leur vie, devient pour lui la source d'une immense fortune. Le gouverneur de Madras le nomme souslieutenant, et lui confie le commandement d'une compagnie formée de prisonniers français : envoyé avec ce corps dans le Bengale, il fait naufrage, échappe à une mort presque certaine, et arrive à Calcutta, où le conseil général lui accorde un brevet de capitaine de cavalerie. Une carte des États du nabab d'Aoude, qu'il lève sur l'invitation de ce prince, lui gagne son affection, et il est fait surintendant général de son arsenal. Dès lors Martin n'a plus qu'à former des désirs pour les voir réalisés. Un palais somptueux, décoré de tout le luxe de la féérie orientale, s'élève pour lui dans la ville de Lucknow: là des fêtes telles que l'imagination la plus poétique peut les rêver viennent bercer mollement l'heureux favori. Sur les bords du Gange, une maison fortifiée à l'européenne protège ses trésors, et lui offre encore en cas de malheur un asile assuré. La péripétie ordinaire dénoue ce drame commencé dans l'échoppe d'un artisan et terminé dans un palais de satrape. Martin meurt en 1800, laissant une fortune de 12 millions, sur lesquels il lègue par testament 700,000 francs à sa ville natale, autant à Calcutta, autant à Lucknow, sommes destinées à créer dans chacune de ces localités une maison d'éducation pour les enfants pauvres des deux sexes, et sur les revenus desquelles il veut qu'on prélève encore de quoi venir en aide aux Lyonnais prisonniers pour dettes, ainsi qu'aux indigents de Lucknow, de Chandernagor et de Calcutta. Le fils du tonnelier n'oublie pas non plus ses esclaves et ses eunuques; il leur accorde la liberté, et son lit de mort est arrosé des larmes de la reconnaissance.

MARTIN (JEAN-BLAISE), célèbre chanteur de l'OpéraComique, né à Paris, en 1769, était le petit-fils d'un peintre du même nom, dont le talent a été célébré par Voltaire. Fort jeune encore, il se fit remarquer par sa jolie voix et son talent sur le violon; mais n'ayant pu, à ce double titre, se faire admettre à l'Académie royale de Musique, il entra au théâtre de Monsieur à sa formation, en 1789, et en 1794 au théâtre Favart, où il brilla jusqu'en 1823. A cette époque il se retira du théâtre pour vivre d'une modeste pension de retraite, emportant avec lui la réputation du plus habile chanteur qu'on ait entendu à l'Opéra-Comique. Trois ans après il reparut à Feydeau, où il ne fit qu'une courte apparition. Rentré de nouveau dans la retraite, on le vit avec surprise en sortir encore une fois, en 1834, pour jouer, à l'âge de soixante-cinq ans, le principal rôle de l'opéra d'Halévy intitulé La Vieillesse de Lafleur. Martin mourut le 27 octobre 1837, à La Ronzière, près de Lyon, chez Elleviou.

Martin avait été jusqu'en 1819 premier récitant de la chapelle du roi, et depuis professeur de chant déclamé au Conservatoire. On a de lui plusieurs romances et un opéra, Les Oiseaux de Mer, joué au théâtre Feydeau, en 1796.

MARTIN (LOUIS-AIMÉ), né à Lyon, en 1786, d'abord destiné par ses parents au barreau, y renonça pour se livrer à son goût pour les lettres. En 1809 il vint à Paris, et y vécut dans la gêne jusqu'à ce que ses travaux littéraires lui eussent acquis une position indépendante. Les Lettres à Sophie sur la physique, la chimie et l'histoire naturelle, publiées en 1810, établirent promptement sa réputation. En 1813 il fut chargé d'un cours d'histoire à l'Athénée, et attaché l'année suivante à la rédaction du Journal des Débats. Il fut nommé en 1815 secrétaire rédacteur de la chambre des députés, professeur de belles-lettres à l'École Polytechnique en remplacement d'Andrieux, et bibliothécaire à Sainte-Geneviève. Élève et ami de Bernardin de Saint-Pierre, Aimé Martin voua à sa mémoire un culte religieux. 11 épousa sa veuve, adopta sa fille, Virginie, et le défendit constamment contre toute attaque littéraire et philosophique. It mourut en 1847. On lui doit, outre la part considérable

MARTIN (JOHN), né en 1789, est un des peintres dont s'honore le plus l'Angleterre. Il ne fut connu en France que vers 1828. Le Déluge, La Destruction de Ninive et Celle de Babylone, Le Festin de Balthazar, Josué arrêtant le soleil, Le Peuple hébreu quittant l'Égypte, frappèrent vivement tous les esprits. On s'étonnait de la hardiesse, de la grandeur épique de ces compositions, de ces puissants contrastes d'ombre et de lumière, de ces perspectives immenses, de cette architecture colossale, de ces énormes blocs de granit que couvraient des fourmilières d'êtres humains. Ce n'était pas cependant les tableaux mêmes de Martin que l'on avait sous les yeux, ce n'était que leur reproduction à l'aqua-tinte; mais cette circonstance, qui eût nui à tout autre, le servait admirablement. On put en juger en 1835, quand parut au salon le tableau du Déluge. On demeura froid en face de cette œuvre dont on avait tant de fois admiré la gravure. Le succès de Martin avait été trop rapide et trop grand pour être durable. Dès 1837 on se refroidissait pour lui à Londres comme à Paris; cependant, il a acquis et conservé la réputation d'un peintre vraiment original, ne relevant que de son imagination, et ayant rendu avec un effet puissant des scènes grandioses. Martin est mort dans l'île de Man, en février 1854, ne laissant qu'un modeste héritage. Il avait consacré une fortune considérable à des travaux d'utilité publique pour l'assainissement de la Tamise et l'embellissement de la ville de Londres.

MARTIN (BON-LOUIS-HENRI), historien, est né le 20 février 1810, à Saint-Quentin, où son père était juge au tribunal civil. Destiné à la carrière du notariat il vint étudier le droit à Paris; mais il y renonça bientôt pour se lancer dans la littérature. Nous ne parlerons pas des romans qu'il écrivit seul ou en collaboration : ils sont tombés dans un juste oubli. Son goût pour l'étude de l'histoire le porta vers des travaux plus sérieux. Vers 1832 il conçut avec M. Paul Lacroix le plan d'une histoire de France, qui se composait d'une série d'extraits des principaux chroniqueurs; cette publication, annoncée en 48 vol., s'arrêta après le tome [er (1828, in-8°), et ne porta point de nom d'auteur. M. Henri Martin la reprit seul et ne la signa qu'à partir du tome X (1834-36, 16 vol. in-8o, fig.). A peine l'avait-il terminée qu'il la refondit sur un plan plus vaste et avec des matériaux plus abondants; cette entreprise qui fit de son Histoire de France un livre original, devint l'œuvre de sa vie entière. Après avoir consacré plus de quinze ans à une première édition (18381853, 18 vol. in-8°, fig.), il en prépara une seconde (18551860, 15 vol. gr. in-8°), qu'il remania complètement, surtout pour les parties relatives à la religion des Gaulois, aux événements du moyen âge, aux institutions féodales et à l'histoire du dix-huitième siècle. Cette œuvre, une des plus laborieuses de notre temps, a été honorée d'un prix spécial de l'Académie des inscriptions et du premier prix Gobert. Après la révolution de 1848, M. Henri Martin, qui appartenait au parti démocratique, fut chargé provisoirement de la chaire d'histoire moderne à la Sorbonne. Sous l'empire il se renferma dans ses travaux de cabinet. Élu maire du 16e arrondissement au lendemain du 4 septembre, il exerça avec beaucoup de modération et de courage ses difficiles fonctions pendant le siége de Paris. Le 8 février 1871 il fut nommé l'un des représentants de la Seine à l'Assemblée nationale, où il siège dans les rangs de la gauche républicaine. D'autres ouvrages de cet écrivain méritent d'être mentionnés, notamment: Histoire de la ville de Soissons (1837-1838, 2 vol. in-8°), en société avec M. Lacroix; De la France, de son génie et de ses destinées (1867, in-12), et Daniel Manin (1859, in-8°).

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MARTINEAU (Miss HARRIET), née le 12 juin 1812, à
Norwich (comté de Norfolk), d'une famille d'origine fran-
çaise, est la fille d'un fabricant aisé, et, comme ses sept
frères ou sœurs, reçut une bonne éducation. La faiblesse
de sa santé, la surdité dont elle avait été frappée dès sa plus
tendre jeunesse et un vif attachement pour son frère contri-
buèrent beaucoup à lui inspirer l'amour des lettres et à don-
ner une direction sérieuse à ses pensées. Ses débuts comme
écrivain remontent à 1821, et elle cédait alors uniquement
au désir de communiquer ses idées et ses impressions; mais
bientôt les revers qui vinrent frapper sa famille la contrai-
gnirent d'y chercher des moyens d'existence.

Ses nombreux ouvrages ont presque tous en vue l'amé.
lioration de la société; nous citerons: Illustrations of po-
litical Economy (9 vol., 1832-34), en forme de récits;
Poor Laws and Paupers (1834), amère critique de la légis-
lation anglaise sur le paupérisme; Society in America (3 vol.
1837) et Retrospect of western travels (3 vol., 1838), con-
sacrés tous deux à des descriptions de l'Amérique du Nord,
qu'elle avait parcourue en 1836; Health, husbandry and
handicraft (1861). On a en outre d'elle les romans Deer-
brook (1839), et the Hour and the Man (1840); les Forest
and game-law tales (3 vol., 1846), où elle peint les abus
de la législation anglaise en matière de forêts et de bracon-
nage; Life in the sick-room (1844), suite d'esquisses pleines
de pensées ingénieuses et d'observations psychologiques;
plusieurs livres d'éducation, comme: Five years of youth
(1823), Household Education (1849), et sur la religion, par
exemple Traditions of Palestine; enfin, une foule d'ar-
ticles de journaux et de revues. Un voyage en Égypte, en
Arabie et en Palestine, qu'elle entreprit en partie pour des
motifs de santé, lui fournit l'occasion de publier Eastern
life, present and past (3 vol., 1848). Elle s'est aussi essayée
avec succès dans le champ de l'histoire, comme le prouve
son History of England during the thirty year's peace
(2 vol., 1851). Les ouvrages de miss Martineau se distin-
guent par la solidité et la clarté, ainsi que par un style vif,
animé et souvent poétique; elle y développe, tant en poli-
tique qu'en religion, des opinions libérales et avancées.

MARTINET, marteau moins pesant que ceux qui don-
nent la première façon au fer extrait de la mine, mais trop
lourd pour être manœuvré par le bras d'un seul forgeron,
en sorte qu'il faut recourir à une machine pour le mettre
en mouvement. On l'emploie dans le cas où on a besoin
d'une percussion plus modérée et plus rapide que celle des
gros marteaux de forge, et pour façonner les fers de petite
dimension.

Le martinet est enfin une espèce de fouet qui est formé
de plusieurs brins de corde ou de lanières de cuir attachés
au bout d'un manche, et dont les pédagogues se servaient
pour corriger les enfants.

MARTINET (Ornithologie), genre d'oiseaux que
l'on a classés d'abord avec les hirondelles, en raison
des analogies qui semblent prescrire cette réunion; cepen-
dant, quelques différences remarquables autorisent aussi
Ja formation d'un groupe distinct où les espèces de mar-
tinets seront placées. Leur bec, aussi court que celui des
hirondelles, est plus large et plus fendu; leurs pieds sont
à peine visibles, et l'on a cru qu'ils n'en avaient point,
comme l'indique la dénomination de cypselus apus, par
laquelle on désigne le martinet noir. Ces oiseaux parais-
sent organisés pour un vol perpétuel, et en effet ils ne
se posent que rarement, et pour un temps assez court, ex-
cepté celul de l'incubation. Ce mouvement excessif abrège
sans doute leur vie. Dès qu'ils sont sortis du nid, loin de
prendre aucun accroissement, leur poids diminue à mesure
que leur existence se prolonge; en sorte que les plus jeunes
individus sont les plus gros, en raison de l'embonpoint
qu'ils n'ont pas encore perdu.

Nous n'avons en France que deux espèces de martinets:
l'une, de la taille de l'hirondelle des fenêtres, et qui se
rapproche des habitations; et l'autre, beaucoup plus grande,

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qui se loge volontiers dans les carrières, partout où des
coupures verticales du terrain lui permettent de se laisser
tomber en sortant de son nid, et de prendre l'essor avant de
toucher la terre, car s'il était placé sur une table il lui
serait impossible de s'élancer sur ses pieds, si courts, et de
faire usage de ses grandes ailes. Les martinets ne sont pas
remarquables par l'éclat et la variété de leur plumage;
fe blanc, le noir et le gris, les recouvrent modestement.
Leur vie laborieuse, presque privée de repos, est cepen-
dant aussi utile à l'homme que celle des hirondelles, car
ils ne subsistent qu'aux dépens des insectes, dont ils contri-
buent à limiter la multiplication. Outre les services qu'ils
nous rendent, et qui méritent certainement de notre part
quelques témoignages de bienveillance, on doit aussi leur
tenir compte du spectacle agréable de leurs évolutions aé-
riennes.
FERRY.

MARTINET (ACHILLE-LOUIS), graveur en taille-douce,
né à Paris, le 21 janvier 1806, reçut d'abord de son père,
peintre et dessinateur distingué, les premières notions de son
art. Il entra ensuite dans l'atelier du graveur Pauquet; mais
il y fit peu de progrès. Par bonheur, M. Forster l'ayant
pris sous sa direction, le fit entrer dans l'atelier de Heim,
où il avança si rapidement que M. Forster l'engagea à se
présenter au concours de gravure qui s'ouvrit en 1826.
M. Martinet y remporta le deuxième grand prix. Quatre ans
après il obtint le premier grand prix, et partit pour Rome.
Malgré un état presque permanent de fièvres et de maladie,
il se livra en Italie aux plus sérieuses études, exécuta de
nombreux dessins et mit au jour l'une des plus riches es-
tampes françaises, le portrait de Rembrandt d'après ce
peintre. L'Institut lui décerna pour cet envoi de Rome la
récompense testamentaire de Mme Le Prince, et, par dé-
rogation expresse, permit l'émission de vingt épreuves seule-
ment de cette estampe dans le commerce, où elle est très-
rare et très-recherchée aujourd'hui.

De retour à Paris, M. Martinet se livra avec passion à la
gravure, et son œuvre est déjà aussi nombreux que brillant;
nous citerons parmi ses productions: La Vierge au chardon-
neret, La Vierge au palmier, La Vierge à la Rédemption,
Le Sommeil de Jésus, d'après Raphael; le portrait du
Pérugin, d'après ce maître; Marie dans le désert, et
Charles Jer, d'après M. Paul Delaroche; La Fille du Tin-
toret, d'après M. Léon Cogniet; les portraits du chancelier
Pasquier, du général Cavaignac, du père Ravignan, de
Mme Viardot, de M. Forster, etc. M. Martinet a obtenu une mé-
daille de deuxième classe à l'Exposition universelle de 1855. I!
se rattache aux maîtres de l'art sans en suivre aucun d'une
manière absolue. Si sa taille n'est pas en général aussi
méthodique que celle de Bervic et de Richomme, elle est
du moins plus légère et plus tendre. Son dessin est d'une
exactitude minutieuse; son burin, d'une douceur suave,
excelle surtout à rendre Raphael. Sa touche est fine, déli-
cate et pleine de charme.
L. LOUVET.

MARTINEZ DE LA ROSA (FRANCISCO), célèbre
comme homme d'Etat, comme orateur et comme poëte,
est né à Grenade, le 10 mars 1789. Lors de l'invasion de sa
patrie par les armées françaises, en 1808, il défendit avec
succès dans la presse les principes de l'indépendance.
Mais la cause nationale ayant eu le dessous dans cette
lutte, il dut se réfugier à Cadix avec les cortès, qui l'en-
voyèrent à Gibraltar, où il obtint des Anglais les armes et
les munitions qui manquaient aux Espagnols; secours grâce
auxquels ils purent infliger à l'ennemi la cruelle leçon de
Baylen. Cette victoire permit à la junte centrale de venir
se réinstaller à Madrid, et Martinez de la Rosa fut alors
envoyé en mission à Londres, voyage qu'il mit à profit pour
étudier de près le mécanisme du gouvernement constitu-
tionnel. C'est à Londres, en 1811, qu'il publia son poëme
épique Zaragoza, dont le sujet est l'héroïque défense op-
posée en 1809 aux Français par la population de cette ville.
Revenu en Espagne, il accompagna de nouveau les cortès
dans leur fuite à Cadix; et trop jeune encore alors pour

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chaque coup le double de ce qu'on a perdu sur le coup précédent. Ce qui fait assez vite des sommes énormes. Il se dit par extension de diverses manières de risquer son argent que certains joueurs imaginent et qu'ils poursuivent avec plus ou moins d'opiniâtreté.

MARTINGALE (Équitation), large courroie qui s'adapte au menton du cheval et correspond aux sangles. Des écuyers s'en servent encore pour assurer la tête du cheval qui bat à la main, ou pour ramener le nez de celui qui l'éloigne trop, qui porte au vent, selon l'expression consacrée. On s'est imaginé à tort que l'emploi de ce moyen pouvait servir à corriger le cheval qui aurait le défaut de se cabrer. A notre avis, la martingale n'a que des résultats fåcheux : elle gêne les mouvements du cheval, elle s'oppose à l'action qu'on veut lui transmettre, elle est incompatible avec les principes de la véritable équitation, dont tout l'art consiste à souinettre avec des fils de soie, pour ainsi dire, le cheval à toutes les volontés de l'homme et à l'assujettir à une obéissance entière. BAUCHER, professeur d'équitation.

MARTINEZ DE LA ROSA pouvoir être élu député, il fut nommé secrétaire de la commission de la liberté de la presse. C'est pendant le siége de cette ville qu'on représenta de lui sur un théâtre improvisé une comédie (Lo que puede un empleo), et une tragédie (La Viuda de Padilla), véritable pièce de circonstance et toute politique, qui excita le plus vif enthousiasme. Martinez de la Rosa rentra à Madrid avec les cortès victorieuses, et fut alors élu député par sa ville natale, comme zélé défenseur de la constitution de 1812. Mais au retour de Ferdinand VII sur son trône, en 1814, il eut à choisir entre la déportation et l'abjuration de ses principes politiques. Placé dans une telle alternative, il n'hésita pas un seul instant, et alla alors passer six années dans les Presidios de Gomera, sur la côte d'Afrique. Rendu à la liberté par la révolution de 1820, il représenta de nouveau Grenade à l'assemblée des cortès. Mais les souffrances qu'il avait endurées pour la cause de la liberté n'avaient en rien diminué la modération de son caractère; aussi lorsque, devenu ministre en 1821, il s'efforça de concilier les partis extrêmes, se vit-il accusé de modérantisme et même de trahison par ses anciens amis politiques; et ce ne fut qu'au péril de sa vie qu'il échappa à la fureur de la populace déchaînée contre il lui. Après la restauration du pouvoir absolu en 1823, refusa de pactiser avec lui, et préféra s'en aller de nouveau vivre en exil. Il habita alors Paris pendant huit ans, sauf une courte excursion qu'il fit en Italie, et il vécut presque exclusivement occupé de travaux poétiques et littéraires, et y entreprit aussi une édition de ses ouvrages (5 volumes, 1827). En 1830 il obtint du gouvernement de Ferdinand VII l'autorisation de revenir habiter Grenade, et en 1833 la capitale. En 1834 Marie-Christine lui donna mission de constituer un cabinet et de rédiger un projet de constitution. Convaincu que la constitution de 1812 ne convenait plus au temps actuel, il espéra donner tout au moins satisfaction aux hommes modérés des deux partis par l'Estatuto real, octroyé par la régente à son instigation. Mais alors il se vit plus que jamais en butte aux attaques des hommes exaltés de toutes nuances, et force lui fut d'abandonner le ministère lorsque éclata dans les provinces basques un soulèvement provoqué par la suppression de leurs fueros; mesure juste en elle-même, mais profondément impolitique. En 1840 il jugea même prudent de revenir habiter Paris, où plus tard il fut accrédité en qualité d'ambassadeur d'Espagne. Rentré de nouveau dans sa patrie, il fit partie du cabinet présidé par Narvaez; mais il s'en sépara en février 1846, et le 1er novembre 1847 il accepta encore une fois les fonctions d'ambassadeur en France. Rappelé de ce poste en 1851, il reprit son siége dans la première chambre, qui l'élut pour président, et où il défendit les principes constitutionnels contre la réaction violente des hommes alors placés à la tête des affaires. Il conserva ce poste jusqu'à sa mort, arrivée, le 7 février 1862, à Madrid.

Comme littérateur, Martinez de la Rosa s'est essayé dans presque tous les genres. Ses meilleurs ouvrages sont sa tragédie Edipo, son drame La Conjuracion de Venecia, et sa comédie La hija in casa y la madre en la mascara, productions où, comme dans tous ses autres ouvrages d'ailleurs, on reconnaît visiblement l'influence de l'école française. Son poëme didactique El Arte poetica, se distingue par de l'élégance et de la précision, mais manque de profondeur et d'originalité. Le style et l'harmonie sont aussi le grand mérite de ses poésies lyriques, parmi lesquelles on remarque surtout son Éloge sur la mort de la duchesse de Frias. Son tableau historique, Hernan Perez del Pulgar (Madrid, 1833), est une imitation maniérée des écrivains da seizième siècle. Son roman Isabel de Solis (1837) n'a point répondu aux espérances qu'on en avait conçues. Son Histoire de la Révolution française, Esperitu del Siglo ( 10 vol., Madrid, 1835-1851), n'est guère qu'une imitation du célèbre ouvrage de M. Thiers. Martinez de la Rosa a été secrétaire perpétuel de l'Académie royale.

MARTINGALE (Jeu). Elle consiste à ponter à

MARTINI (GIAMBATTISTA), connu sous le nom de Père Martini, compositeur de mérite et musicien érudit, né à Bologne, en 1705, parcourut dans sa jeunesse une partie de l'Europe et même de l'Asie. Entré de bonne heure dans l'ordre des Franciscains, il se livra avec ardeur, au retour de ses voyages, à l'étude théorique de la musique: dès 1725 il avait obtenu les fonctions de maître de chapelle dans le couvent de son ordre établi à Bologne; et il continua à les remplir jusqu'à sa mort. De son école, la plus savante qu'il y eût alors en Italie, sont sortis un grand nombre d'artistes célèbres. Ses compositions religieuses sont toujours fort estimées ; cependant il est encore autrement célèbre par son Saggio fondamentale pratico di Contrappunto sopra il canto fermo (2 vol., Bologne, 1774) et par sa Storia della Musica (3 vol., 1775-1781). Par suite de l'ardeur extrême qu'il apportait à l'étude, il finit plus tard par être sujet à des accidents lethargiques, qui duraient parfois trente heures de suite. Le père Martini mourut en 1784.

MARTINIQUE, une des Petites Antilles, située entre Sainte-Lucie et la Dominique, au midi de la Guadeloupe, par 14o 37' de latitude moyenne et 63° 25' de longitude occidentale. Elle a 64 kilom. de long, 28 de large, et 98,782 hect. de superficie. Le dernier recensement (1865) porte sa population à 152,810 individus (non compris les fonctionnaires publics et 1,509 hommes de garnison), y compris les anciens esclaves affranchis en 1848. Des bords de la mer, le pays monte progressivement jusqu'à la région centrale, couronnée de pics élevés et d'origine volcanique, parmi lesquels on distingue surtout au sud le Piton du Vauclain; au centre, la Montagne pelée (1,350 mètres) avec un cratère effrayant; et à l'extrémité nord-ouest, le mont Carbet (1,207 mètres). On y trouve quelques sources thermales, parmi lesquelles celles des Pitons du Fort-Royal est la plus fréquentée. Cette partie de l'île est occupée par des forêts que la liane aux mille formes rend à peu près impénétrables. Dans les éclaircies que laisse leur végétation vigoureuse, on trouve de vastes savannes, dont les herbages épais offrent au bétail une abondante nourriture. Toutes les eaux qui arrosent l'ile descendent de ces lieux élevés, quelquefois sous la forme de petites rivières, avec un cours de quelques kilomètres, telles que la Lézarde, presque toujours sous celle de ruisseaux, que les pluies parfois tropicales transforment en torrents dévastateurs. On trouve quelques plantations dans les vallées de la région moyenne, mais elles s'étendent presque toutes dans la région basse. Diverses circonstances ont imposé le choix de cette position, qui est loin cependant d'être la plus agréable, puisque ici le climat, q , qui est généralement très-chaud, le devient encore plus par le peu d'agitation de l'atmosphère, et qu'en ontre on voit s'y développer les fièvres et les autres maladies engendrées par les miasmes des marais ou par l'humidité que produit la grande quantité d'eau tombée pendant l'hivernage. C'est une époque de mort pour les hommes et pour les

MARTINIQUE plantes. Elle commence le 15 juillet, et dure jusqu'à la fin de septembre. Le thermomètre à l'ombre varie entre 26 et 36°. Les vents sont alors très-variables, la mer extrêmement clapoteuse, et il survient souvent des raz de marée, des ouragans terribles, des tremblements de terre, qui bouleversent et détruisent tout. Celui de 1845, notamment, exerça les plus effroyables dévastations, et coûta la vie à un grand nombre d'individus. Vers le 15 octobre commence la saison sèche on l'été, qui dure près de neuf mois; la température se tient alors entre 21 et 25o.

Les terres cultivées occupent (en 1865) 33,139 hectares, dont 19,514 sont plantés en canne à sucre, 534 en café, 543 en cacao, 348 en coton, 16 en tabac, 12,179 en diverses plantes alimentaires. Les savannes occupent 23,940 hect,, les forêts 18,085, les landes 23,618. Le capital des propriétés tant foncières que mobilières est estimé à plus de 82 millions de fr.; elles donnent un revenu d'à peu près 19 millions.

La France importe à la Martinique, en produits du sol et de l'industrie, pour une valeur de 28 à 29 millions de fr.; les exportations s'élèvent à plus de 20 millions. Cette colonie est administrée par un gouverneur assisté d'un conseil privé, d'un conseil général, de trois chefs d'administration et d'un contrôleur colonial. Elle envoie depuis 1871 deux députés à l'Assemblée nationale. Il y a deux tribunaux de première instance à Fort-Royal et à Saint-Pierre, et un préfet apostolique. L'ile est divisée administrativement en 2 arrondissements (Fort-de-France et Saint-Pierre), 9 cantons (l'Anse d'Arlet, la Basse-Pointe, Fort-de-France, Lamentin, Marin, le Mouillage, le Saint-Esprit, Saint-Pierre, la Trinité), et 25 communes ou quartiers. Il y a dans la colonie 78 établissements d'instruction publique et 15 salles d'asile.

Le Fort-de-France, jadis Fort-Royal, résidence du gouverneur et des autorités supérieures, est une assez jolie ville. de 11,424 habitants, dont la fondation date de 1672; elle est située sur la côte occidentale, au fond d'une baie, avec un port excellent, que défend le fort Saint-Louis. On y remarque la belle place de la Savanne. Son principal édifice est l'église paroissiale. Saint-Pierre, jolie ville, située également sur la côte occidentale, à 30 kil. nord-ouest de Fort-de-France, fut fondée en 1635, et est le centre de tout le commerce de l'île. Elle s'élève au pied d'une chaîne de inornes, et est divisée en deux parties par la petite rivière du Fort, que traverse un beau pont de pierre. Sa population est de 21,934 âmes. Sur la côte orientale, on trouve la Trinité, bourg de 6,131 âmes. Mentionnons encore Lamentin, bourg de 11,156 habitants, centre commercial fort actif, et Macouba, sur la côte septentrionale, aussi célèbre par son tabac que l'Anse d'Arlet pour son café.

L'histoire de la Martinique est celle de toutes les Antilles. Découverte en 1493, par les Espagnols, elle est restée, après de nombreuses contestations, à l'une des nations européennes qui vinrent lui disputer la possession du Nouveau Monde, qu'elle devait à Colomb. C'est le 18 juin 1635 que les deux Français L'Olive et Duplessis y plantèrent l'écusson de France, accolé à la croix de possession. Mais la multitude de serpents et d'insectes qui s'offrirent à leur vue, l'aspect menaçant des Caraïbes, les détournèrent du projet d'y fonder une colonie. Denambuc, gouverneur de SaintChristophe, devait le réaliser; parti en l'année 1635, à la tête de 100 hommes d'élite, il vint y jeter les fondements d'un établissement. Pendant plus de vingt ans, les nouveaux colons firent une guerre acharnée aux indigènes, justement indignés à la vue de l'envahissement de leur sol par des étrangers. Ce ne fut toutefois que sous l'administration de Colbert, en 1664, que l'ile, rachetée 120,000 livres à ses possesseurs, redevint un domaine de la couronne. En 1718 on y envoya du Jardin du Roi, à Paris, deux jeunes plants de caféier, qui y réussirent si bien, que soixante ans plus tard on comptait déjà plus de 8 millions de pieds de caféiers dans l'ile. Les Anglais s'emparèrent de la Martinique le 13 février 1762, puis en 1794 et en 1809; mais chaque fois ils La restituèrent à la France lors du rétablissement de la paix

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MARTYR

703 entre les deux pays. La révolution de 1848 y abolit l'esclavage.

MARTIN PECHEUR, genre d'oiseaux de l'ordre des passereaux, ayant pour caractères: Bec long, gros, droit, plus ou moins comprimé, très-rarement échancré et incliné vers le bout; narines étroites à la base du bec; tarses courts, placés un peu en arrière du corps; quatre ou trois doigts, selon les espèces. Le doigt externe étant dans le second cas presque aussi long que celui du milieu, auquel il est uni dans une grande partie de sa longueur; queue générale. ment petite. Le corps de ces oiseaux est court et épais. La tête, allongée, grosse, chez la plupart, couverte de plumes, qui forment vers l'occiput une sorte de huppe immobile, de direction contraire à celle du bec. Le plumage, tantôt mat, tantôt lustré, offre d'assez riches couleurs, où le bleu domine généralement.

Parmi les martins pêcheurs, les uns vivent aux bords des eaux et sont ichthyophages, les autres habitent des forêts touffues et humides, où ils se nourrissent d'insectes. On a donc divisé ce genre en deux sections, celle des martins pécheurs riverains, et celle des martins pécheurs sylvains, mieux nommés martins chasseurs. Ces oiseaux sont répandus sur tout le globle, et en très-grand nombre. Cependant l'Europe n'en possède qu'une seule espèce, et elle appartient à la première section. C'est le martin pécheur d'Europe (alceduipsida, L). Son bec est droit et pointu. Le dessus de son corps est d'un vert d'aigue-marine, le dessous roux-marron; sa gorge est blanche; ses joues sont rousses et vertes.

MARTRE. Voyez MARTE.

MARTYR (du grec μáprup, témoin), homme qui a souffert des supplices et même la mort en témoignage des croyances qu'il professe. On donne principalement ce nom à ceux qui ont sacrifié leur vie pour attester les faits sur lesquels repose le christianisme, et qui par ce moyen ont rendu sa propagation de plus en plus rapide. Certes, ce n'est pas un spectacle sans intérêt que celui du triomphe de la religion chrétienne et de la chute du paganisme, après un combat qui a tenu le monde attentif pendant trois cents années. Que douze hommes nés dans la plus basse condition, chez un peuple haï de tous les autres, entreprennent de changer la face de l'univers, de réformer les croyances et les mœurs, d'abolir les cultes superstitieux qui partout se sont mêlés aux institutions politiques; de soumettre à une même loi, ennemie de toutes les passions, les souverains et leurs sujets, les esclaves et leurs maîtres, les grands, les faibles, les riches, les pauvres, les savants, les ignorants, et cela sans aucun appui ni de la force, ni de l'éloquence, ni du raisonnement, mais, au contraire, malgré l'opposition violente de tout ce qui possède quelque pouvoir, malgré les persécutions des magistrats et des enpereurs, la résistance intéressée des prêtres des idoles, les railleries et le mépris des philosophes, les fureurs du fanatisme; que ces hommes, en montrant aux nations l'instrument d'un supplice infâme, aient vaincu et le fanatisme de la multitude, et l'orgueil des philosophes, et la superstition des prêtres, et l'inflexibilité des magistrats, et le despotisme des empereurs; que la croix se soit élevée sur le palais des césars, d'où étaient partis tant d'édits sanglants contre les disciples du Christ, et qu'en souffrant et mourant, ces douze inconnus aient subjugué toutes les puissances humaines, c'est dans l'histoire un fait unique, prodigieux, et qui frappe tout d'abord comme une grande et visible exception à tout ce que l'on a vu sur la terre.

L'histoire des premiers siècles du christianisme, dit Rous seau, est un prodige continuel. Il ne faut rien moins qu'une bien étrange préoccupation d'esprit pour chercher à expli quer par des moyens naturels le passage subit des orgies voluptueuses du paganisme aux souffrances atroces des chevalets, vers lesquels les premiers chrétiens se précipi taient en foule pour rendre témoignage de ce qu'ils avaient vu et entendu. On eut beau les massacrer et les proscrire,

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