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LA BEAUMELLE

LABAT confiée et qu'il gonverna dignement) depuis 1693 jusqu'en 1.705, époque où il revint en Europe. Il parcourut alors le Portugal et l'Espagne, afin d'y compléter, dans les bibliothèques publiques, et à l'aide des nombreux manuscrits qu'elles renferment sur l'histoire et l'industrie commerciales de l'Amérique, les matériaux qui lui étaient nécessaires pour la relation de son voyage. De retour en France, il fut envoyé à Bologne, au chapitre de son ordre, pour rendre compte de sa mission. Peu de temps après, il voyagea en Italie, où il demeura plusieurs années.

On a de lui : Nouveau Voyage aux iles d'Amérique (S vol. in-12); Voyage en Espagne et en Italie (8 vol. in-12); Nouvelle Relation de l'Afrique occidentale (5 vol. in-12); Voyage du chevalier des Marchais en Guinée et dans les îles voisines de Cayenne ( 4 vol. in-12); une traduction de la Relation historique de l'Éthiopie occidentale (5 vol. in-12). Cet ouvrage, publié en italien par le capucin Cavazzi, est enrichi de cartes géographiques et d'un grand nombre de figures. Le père Labat y a annexé de curieux mémoires portugais: On lui doit aussi les Mémoires du chevalier d'Arvieux, ambassadeur de France à Constantinople, sur différentes parties de l'Asie et de l'Afrique, sur la Syrie, la Palestine, l'Égypte, et les côtes de Barbarie (6 vol. in-12). Dr L. LABAT.

LABBE (PHILIPPE), jésuite, naquit à Bourges, en 1607, professa les humanités, la philosophie et la théologie avec éclat, et mourut à Paris, en 1667. Il avait une érudition grande et variée; toutes les années de sa vie furent marquées par la publication d'ouvrages et de compilations fort utiles. Les plus remarquables sont la Collection des écrivains de l'histoire byzantine, commencée par lui; Nova Bibliotheca Manuscriptorum, où l'on trouve beaucoup de morceaux curieux qui n'avaient pas encore été imprimés; La Bibliothèque des Bibliothèques; une Collection des Conciles et une Bibliographie des ouvrages que les savants de la Société de Jésus avaient publiés en France dans le courant de 1661 et le commencement de 1662.

LABDANUM. Voyez LADANUM.

LABÉ (Louise), surnommée la belle Cordière, naquit à Lyon, en 1526 ou 1527. On ignore l'état et la fortune de son père, Charly, dit LABÉ. L'éducation de Louise Charly s'étendit à la musique et aux langues savantes. Elle n'avait que seize ans lorsqu'elle quitta Lyon pour se rendre à l'armée qui assiégeait Perpignan. « Louise Labé, dit Du Verdier, dans sa Bibliothèque françoise, courtisane lyonnaise (autrement nommée la belle Cordière, pour être mariée à un bonhomme de cordier), piquoit fort bien un cheval, à raison de quoi les gentilshommes qui avoient accès à elle l'appeloient le capitaine Loys. Femme au demeurant de bon et gaillard esprit, et de médiocre beauté, elle recevoit gracieusement en sa maison seigneurs, gentilshommes et autres personnes de mérite, avec entretien de devis et discours, musique, tant à la voix qu'aux intruments, où elle étoit fort duicte, lecture de bons livres latins et vulgaires, italiens et espagnols, dont son cabinet étoit copieusement garni; collations d'exquises confitures; enfin, leur communiquoit privément les pièces les plus secrètes qu'elle eut..., non toutefois à tous, et nullement à gens méchaniques et de vile condition, quelque argent que ceuxlà eussent voulu lui donner. Elle aima les sçavants hommes surtout, les favorisant de telle sorte que ceux de sa connoissance avoient la meilleure part en ses bonnes grâces, et les eût préférés à quelconque grand seigneur, et fait courtoisie à l'un plutôt gratis qu'à l'autre pour grand nombre d'écus, qui est contre la coutume de celles de son métier en qualité.

Ennemond Perrin, qu'elle avait épousé, et que Du Verdier appelle bonhomme de cordier, était un riche commerçant; il possédait de vastes ateliers et plusieurs maisons. Celle qu'il habitait était grande et commode, avec un grand jardin qui aboutissait à la place Bellecourt. C'est sur ce terrain qu'a été bâtie depuis la rue qui porte encore le nom

15 de La Belle-Cordière. Louise Labé réunissait chez elle les personnages les plus distingués, les savants et les artistes : c'était la Ninon de son temps. L'amour passait généralement pour sa passion dominante; c'est elle qui nous l'apprend dans ses vers.

Les nobles dames de Lyon criaient au scandale; elles ne pouvaient pardonner à une petite bourgeoise de les éclipser par son luxe, l'éclat de ses réunions, et surtout par les leçons qu'elle leur donnait dans ses écrits, par les reproches qu'elle leur adressait sur leur ignorance, sur la frivolité de leurs occupations, le peu de ressources de leur société, etc. Une autre femme, remarquable par sa beauté, son esprit et ses talents, partageait avec la Belle Cordière les suffrages et l'admiration des Lyonnais : c'était son intime amie, Clémence de Bourges. Elles étaient citées comme un exemple rare d'union entre deux femmes. Louise trahit son amie : elle lui enleva son amant; Clémence n'eut plus pour Louise que des paroles de haine et de mépris. Elle frondait sans pitié sa personne et ses ouvrages, que jusque alors elle avait vantés avec tout l'enthousiasme, toute l'exaltation de l'amitié; Louise garda le silence.

Il y a sans doute beaucoup d'exagération dans les jugements portés sur la Belle Cordière. Quelques auteurs l'ont citée comme un modèle de chasteté conjugale, d'autres comme une vile prostituée. Son mari ne lui en laissa pas moins, en mourant, la totalité de sa fortune. Elle n'eut pas le temps d'en jouir, car elle expira un an après, en mars

1566.

Ses écrits appartiennent à l'histoire littéraire du seizième siècle; ses vers manquent d'harmonie et de correction, mais se font remarquer par l'originalité des pensées. Il y a des élégies et des sonnets : c'était le goût de l'époque. Le. plus remarquable de ses ouvrages est le Débat de Folie et d'Amour, scènes dialoguées. Cette fiction a fourni à La Fontaine le sujet de sa fable L'Amour et la Folie. Les œuvres de Louise Labé ont été pour la première fois imprimées à Lyon, en 1555, petit in-8°. Cette édition est dédiée à Clémence de Bourges. A la tête du recueil figurent de nombreuses pièces de vers français, italiens, grecs et latins, en l'honneur de l'auteur. DUFEY (de l'Yonne).

LA BEAUMELLE (LAURENT ANGLIVIEL de), savant littérateur et critique judicieux, né à Vallerangue, ville du bas Languedoc, le 28 janvier 1727, et mort à Paris, le 17 novembre 1773, fut appelé à Copenhague, à l'âge de vingt-quatre ans, en 1751, pour être professeur de littérature française. Ce fut dans cette ville qu'il publia son premier ouvrage, intitulé: Mes Pensées (1751; réimprimé avec un supplément à Berlin, en 1755). Désireux de voir la cour de Prusse, il demanda un congé au roi de Danemark, qui le lui accorda avec une gratification considérable et la liberté de venir reprendre son poste quand il le jugerait à propos. La Beaumelle s'en vint à Berlin, où il n'eut rien de plus pressé que de se présenter chez Voltaire, auquel il remit un exemplaire de ses Pensées. Un passage de ce livre blessa profondément le commensal de Frédéric II, et ce fut là l'origine de la sanglante guerre de personnalités et d'injures qui éclata dès lors entre ces deux écrivains, et qui ne s'éteignit en quelque sorte qu'à la mort de La Beaumelle. Vaincu par le crédit de son antagoniste, La Beaumelle fut bientôt obligé de quitter Berlin. Il vint à Paris au mois de mai 1752, et y publia l'année suivante ses Notes sur le Siècle de Louis XIV, critique de l'ouvrage de Voltaire, qui augmenta encore le nombre des ennemis que lui avaient déjà valus plusieurs réflexions hardies contenues dans ses Pensées, et pour laquelle il fut même jeté, le 28 avril 1753, à la Bastille, d'où il sortit au bout de six mois, pour y rentrer bientôt après, par suite de la publication de ses Mémoires de Mme de Maintenon (6 vol., suivis de 9 vol. de Lettres). Nous voulons croire, pour l'honneur de Voltaire, et malgré ce qu'en ont dit ses ennemis, qu'il resta étranger à toutes ces persécutions suscitées contre La Beaumelle. Quoi qu'il en soit, il rejeta

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LA BEAUMELLE
toujours la paix, que son critique lui offrit à plusieurs re-
prises.

Retiré fort jeune à Toulouse, La Beaumelle y avait épousé la sœur du jeune Lavaisse, compromis dans la malheureuse affaire de Calas. Il oublia un moment sa querelle pour embrasser cette cause, dont la défense devait être un jour un des plus beaux titres de gloire de son antagoniste, et composa le premier mémoire qui appela l'attention publique en faveur des accusés. Il publia encore une Défense de l'Esprit des Lois (qu'il ne faut pas confondre avec celle de Montesquieu), imprimée sous le nom de Bekrinoll, et portant pour premier titre : L'Asiatique tolérant (1748): c'est son premier ouvrage; les Pensées de Sénèque, en latin et en français; Commentaire sur LaHenriade ( 1775, 2 vol.), dans lequel, ne se bornant pas à un rôle de critique, il a la prétention de refaire plusieurs chants du poëme; et son livre De l'Esprit, ouvrage posthume, publié en 1803. Enfin, il a laissé en manuscrit deux traductions, des Odes d'Horace et des Annales de Tacite. Edme HÉREAU.

LA BEDOYÈRE (CHARLES-ANGÉLIQUE-FRANÇOIS HU. CHET, comte DE), l'une des victimes de la réaction de 1815, né à Paris, le 17 avril 1786, d'une famille noble de Bretagne, alliée à celle de La Rochejaquelein, embrassa de bonne heure la profession des armes. Entré au service dans la compagnie des gendarmes d'ordonnance, il fit avec ce corps les campagnes de 1806 et de 1807. Attaché bientôt après, en qualité d'aide de camp, au maréchal Lannes, il fit avec ce chef la campagne d'Espagne de 1808, et revint avec Jui l'année suivante en Allemagne, pour prendre part à la guerre que l'Autriche nous avait encore suscitée dans ce pays. Il se distingua à Essling, où périt Lannes, fut même blessé assez grièvement à côté du maréchal, et à son rétablissement fut nommé aide de camp du prince Eugène, qui dès 1811 le fit passer chef d'escadron. La funeste campagne de 1812 lui fournit aussi de nombreuses occasions de se distinguer; en 1813, la veille de la bataille de Lutzen, Napoléon l'appela au commandement du 112e de ligne. Vers la fin de cette même année, il épousa Mlle de Chastellux. Jusqu'au dernier moment, il ne cessa de donner à l'empereur des preuves de dévouement, et quand Paris se trouva investi par l'ennemi, il vint se mettre à la disposition du maréchal Marmont, que l'empereur y avait investi du commandement en chef. Après l'abdication de Fontainebleau, ce fut en vain que ses nobles parents et alliés cherchèrent à effacer de son cœur les souvenirs et le culte d'admiration de l'empereur Napoléon il demeura fidèle aux premières impressions de sa vie, et conserva pour l'homme qui l'avait si souvent conduit à la victoire les inaltérables sentiments que lui avaient voués tant d'autres braves. Toutefois, grâce à l'influence de sa famille, le gouvernement royal lui accorda la croix de Saint-Louis et le commandement du 7o régiment d'infanterie, qui tenait garnison à Vizille.

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Au moment où Napoléon, échappé de l'île d'Elbe, et récemment débarqué à Cannes, marchait sur Grenoble, La Bédoyère eut ordre de lui barrer le passage avec son régiment. Mais à la vue de leur ancien chef, les soldats mirent la crosse en l'air, et passèrent dans ses rangs. La Bédoyère, par son attitude, n'avait pas peu contribué à cette défection, qui créait le plus fâcheux des précédents... Il rentra à Grenoble avec Napoléon, qui à peu de temps de là lui conféra d'abord le grade de général de brigade, puis celui de général de division, et l'appela à faire partie de la chambre des pairs par laquelle il avait remplacé l'ancien sénat conservateur. Attaché à la grande armée, La Bédoyère fit bravement son devoir à Waterloo. Après la seconde abdication de Napoléon, il prit la parole dans la chambre des pairs, et au lieu d'imiter Ney, qui y criait sauve qui peut, il insista pour que les chambres proclamassent immédiatement Napoléon II, déclarant que sans l'accomplissement de cette condition l'abdication de Napoléon devenait nulle de plein droit et que son devoir était alors de reprendre son épée. Il ne craignit pas d'ajouter qu'il y avait

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des traitres parmi les pairs, et fut rappelé à l'ordre fois la capitulation de Paris signée, La Bédoyère, com dans le bénéfice de cet acte, se retira, avec les débr l'armée nationale, sur les bords de la Loire; puis q elle se désorganisa, il alla s'établir à Riom, dans un mille d'amis. C'est là qu'il apprit par les journaux mépris des termes formels de la capitulation de Paris le couvrait, le gouvernement royal l'avait fait traduire de un conseil de guerre. Il résolut immédiatement de qu la France, afin d'échapper au sort qu'il prévoyait devoir le sien. Mais pour sortir de France il lui fallait un pa port. Il vint donc à Paris, convaincu qu'il lui serait facile là qu'ailleurs de s'en procurer un. La police eut naissance de son arrivée (le 2 août 1815), et une de heure après elle le faisait arrêter. Le 9 il comparais devant le conseil de guerre, où il se défendit lui-même a calme et simplicité. Le 15 le conseil à l'unanimité le c damnait à la peine de mort. Le conseil de révision statua le 19 sur son pourvoi, qui fut rejeté, et le jour même fut fusillé dans la plaine de Grenelle. Vainement sa femme, troduite aux Tuileries, se jeta aux pieds de Louis XV pour obtenir tout au moins une commutation de peine. vieux roi se montra insensible à ses larmes, et ordon froidement que la justice eût son cours.

LABERIUS (DECIMUS), chevalier romain et poëte, q se fit un nom par la composition de ses mimes, espèce d poëmes satiriques et de parades sans intrigues, était déj arrivé à l'âge de soixante ans, lorsqu'il fut contraint på César de jouer lui-même un rôle dans quelques-unes de se propres pièces, et de concourir contre Publius Syrus, autr auteur de mimes, à l'occasion des jeux scéniques que l vainqueur de Pharsale fit célébrer à Rome en commémora tion de la victoire qu'il avait remportée sur Pompée. Par l seul fait qu'il avait paru sur un théâtre, Laberius eût du être dégradé de sa qualité et perdre en outre jusqu'à ses droits civils; mais la toute-puissante volonté du dictateur le maintint en jouissance de tous les priviléges de son ordre. Il ne reste de ses œuvres que quelques fragments; H. Estienne les a recueillis (Paris, 1564, in-8°).

LABICHE (EUGÈNE-MARIN), auteur dramatique, est né à Paris le 5 mai 1815. En sortant du collége Bourbon il commença l'étude du droit; mais il la négligea bien vite pour s'occuper de littérature facile. Après avoir fait insérer des articles dans quelques petits journaux et publié un roman, la Clef des champs (1838), il s'essaya dans le vaudeville et signa avec MM. Marc-Michel et Lefranc un acte intitulé M. de Coyllin, qui servit aux débuts de Grassot sur la scène du Palais-Royal. Il avait trouvé le genre qui convenait au tour excentrique de ses idées, à son humeur bouffonne et sensée tout ensemble, à son esprit observateur et fin. Seul ou en société il a écrit une centaine de pièces, interprétées par les comiques en vogue du Palais-Royal, et dont quelques-unes méritent d'être regardées comme de véritables chefs-d'œuvre du genre; de ce nombre sont le Chapeau de paille d'Italie (1851), repris plusieurs fois et toujours avec le même succès d'hilarité; Edgar et sa bonne (1852), l'Affaire de la rue de Lourcine (1857), le Misanthrope et l'Auvergnat, le Voyage de M. Périchon (1860), la Cagnotte (1864), le Plus heureux des trois (1870), etc. M. Labiche a fait jouer au Théâtre-Français, en 1864, une comédie en trois actes, Moi, qui a été froidement accueillie. Il est chevalier de la Légion d'honneur.

LABIÉES, nom d'une famille très-naturelle de plantes herbacées, une des plus importantes du règne végétal, à cause des nombreux produits qu'elle fournit aux arts et à la médecine. Les labiées sont herbacées, portant des fleurs nues, ordinairement accompagnées de bractées; elles sont tantôt solitaires, tantôt disposées en épi, en corymbe ou en panicule, quelquefois formant des anneaux. Ces fleurs sont supérieures, ou placées à l'aisselle des feuilles; leur calice est monosépale, divisé en cinq parties, qui forment deux lèvres opposées; leur corolle est souvent bilabiée; c'est à

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cette disposition du limbe de sa fleur que la famille doit le nom qu'elle porte. Les étamines sont au nombre de quatre, dont deux plus courtes, et susceptibles d'avorter. L'ovaire est libre, à quatre lobes; le style est simple, et le stigmate bifide. Les fleurs font place à quatre capsules indéhiscentes, monospermes, dont les graines sont attachées contre la base élargie du style. Les feuilles sont ordinairement opposées, quelquefois verticillées; leur pétiole est disposé en gouttière. La tige est quadrangulaire, à rameaux opposés. Les racines sont pivotantes, et les graines dicotylédonées. Les genres qui composent cette famille sont très-nombreux : c'est pour cette raison que l'on a jugé convenable de les arranger en sections, distinguées par des caractères pris dans la fleur. La première renferme les genres dont les espèces ont deux étamines: les principaux sont les genres romarin, sauge, etc. La deuxième comprend les genres à quatre étamines : cette section a été subdivisée en deux groupes, dont l'un est caractérisé par une corolle unilabiée : dans ce groupe se trouve le genre germandrée; l'autre, dont la corolle est bilabiée, renferme les genres hysope, menthe, etc. Dans quelques genres, les étamines sont réunies sous la lèvre supérieure, et ont un calice régulier à cinq ou dix dents: ce sont principalement les genres lavande, bé toine, marrube, stachys, lamium, etc.; d'autres ont un calice bilabié : tels sont les genres thym, origan, mélisse, etc.; enfin, il en est qui ont des étamines diclines, comme dans le genre basilic.

Les plantes de la famille des labiées viennent très-bien dans nos jardins; l'éclat et la variété de leurs fleurs n'est pas moins agréable que le parfum qu'elles exhalent. C'est principalement vers le milieu du jour, alors que le soleil vient flétrir la beauté de leur corolle, qu'il enlève une partie de l'huile essentielle de la jeune plante et la répand dans l'atmosphère, qu'elle embaume. C. FAVROT.

LABIENUS ( TITUS-ATTIUS ), en sa qualité de tribun du peuple (an 63 avant J.-C.), accusa, à l'incitation de César, du meurtre de Saturninus C. Rabirius, qui fut défendu par Cicéron. Employé dans la guerre des Gaules, sous les ordres de César, il y acquit beaucoup de gloire et d'immenses richesses. Mais quand éclata la guerre civile, il abandonna son ancien général, et se lia étroitement avec Pompée, qu'il accompagna en Grèce, où il prit part anx combats malheureux livrés près de Dyrracchium ainsi qu'à la bataille de Pharsale. Plus tard il rejoignit en Afrique les débris du parti de son nouveau chef, y fit la guerre, et eut l'occasion de combattre César à diverses reprises, mais toujours sans succès, notamment à la bataille de Ruspina, le 4 janvier de l'an 46 avant J.-C. Après la victoire que César remporta à Thapse, le 6 avril suivant, il se réfugia en Espagne, avec Sextus Pompée et autres, et périt le 17 mars 45, à la bataille de Munda, qui anéantit les débris de ce parti. Son fils, qui avait les mêmes noms que lui, fut envoyé par Brutus et Cassius au roi des Parthes Orodes 1er, pour solliciter son intervention armée. Avec Pacore, fils de ce roi, qui ne se décida à déclarer la guerre aux Romains qu'après le bataille de Philippes, il pénétra en Syrie et dans P'Asie Mineure; mais il fut battu dans les défilés du Taurus, l'an 39 avant J.-C., par le lieutenant d'Antoine, P. Ventidius, ainsi qu'il arriva plus tard à Pacore lui-même. L'ayant découvert en Cilicie, Démétrius, qui commandait à Chypre pour Antoine, le fit mettre à mort.

LA BILLARDIÈRE (JEAN-JULIEN HOUTOU DE), né à Alençon, le 28 octobre 1755, membre de l'Institut et de l'Académie de Stockholm, naturaliste et voyageur, mourut à Paris, le 8 janvier 1834. Ce botaniste distingué fit, fort jeune encore, un voyage en Angleterre, où il fut bien accueilli par Banks et se perfectionna dans la connaissance de la science pleine d'attraits qu'il avait étudiée à Montpellier, sous le professeur Gouan. Son amour pour les plantes le conduisit ensuite sur les sommets des Alpes et dans les plaines du Piémont. Chargé d'une mission scientifique par le gouVernement français, il se rendit en Orient, visita l'île de

DICT. DE LA CONVERS. -T. XII.

LA BLÉTERIE

17 Chypre et la Syrie en 1786 et 1787, et, à son retour, Candie, la Sardaigne et la Corse. Peu d'années après, en 1791, il commença la publication de ses plantes rares de Syrie (Plantæ rariores, etc., in-4°), et le 28 septembre de la même année il partit avec D'Entrecasteaux pour la recherche de La Peyrouse, dont on n'avait pas reçu de nouvelles depuis le 7 février 1788. Cette expédition, utile à la science, fut infructueuse pour son objet principal. Après beaucoup de vexations endurées, La Billardière rentra en France au mois de mars 1796, et reprit la publication de ses Plantes de Syrie, ouvrage important, qui ne fut terminé qu'en 1812. De 1799 à 1800 il livra à l'impression, en 2 vol. in-4° et in-8°, avec un grand atlas in-folio, sa relation du voyage à la recherche de La Peyrouse. On doit encore à ce savant un mémoire sur la force du lin de la Nouvelle Hollande, un spécimen de 265 plantes de la Nouvelle-Hollande (1803, 2 vol. in-folio), etc. Consacré par de bons travaux scientifiques, le nom de La Billardière fut donné à un cap d'une des îles D'Entrecasteaux par ce navigateur, qui les découvrit, et, en Angleterre, le docteur Smith, l'employa pour désigner un genre d'arbustes de la Nouvelle-Hollande (voyez BILLARDIÈRE). Louis Du Bois.

LABLACHE (Louis), célèbre chanteur italien, est né en 1794, à Naples, d'un père ancien négociant de Marseille, que les orages révolutionnaires avaient forcé de quitter sa patrie. Demeuré orphelin en 1799, Louis Lablache entra, grâce à la protection spéciale du roi Joseph Bonaparte, au conservatoire della Pieta dei Turchini, où ses premières études furent dirigées vers la musique instrumentale. Mais sa vocation véritable l'appelait sur la scène; et à dix-sept ans il lui fut donné d'abandonner l'orchestre, pour commencer la carrière théâtrale, dans laquelle il se fit un nom européen. Ses débuts sur notre scène italienne eurent lieu le 4 novembre 1830; il y arriva précédé de la plus brillante réputation, acquise sur les diverses grandes scènes de l'Italie, et il y eut tout d'abord unanimité à le proclamer la plus admirable des basses-tailles de l'époque. Jusqu'en 1852 il passa presque chaque hiver à Paris et se fit entendre pendant la belle saison en Angleterre, en Russie et en Allemagne. Au printemps de 1857, sa santé étant gravement compromise, il se rendit aux eaux de Kissingen (Bavière), et partit ensuite pour l'Italie. Mais Lablache n'y trouva pas la guérison, et il mourut le 23 janvier 1858, à Naples. Son corps fut rapporté en France et inhumé à Maisons-Laffite.

LA BLÉTERIE (Jean-Philippe-RENÉ DE), né à Rennes, en 1696, d'un pharmacien non moins instruit dans la médecine que dans sa profession, entra fort jeune à l'Oratoire. Placé d'abord à Soissons comme professeur d'humanités, puis à Nantes dans la chaire de rhétorique, il fut appelé ensuite à Montmorency pour y enseigner la théologie. Là, dans un cours d'histoire ecclésiastique, où il réunissait des auditeurs en nombreuse affluence, il sentit combien la connaissance de l'hébreu importait à l'étude approfondie de l'Écriture, et se mit à l'étudier sans relâche; mais une maladie ayant affecté sa vue d'une manière déplorable, il quitta l'enseignement, et se retira à Saint-Honoré de Paris, où la congrégation avait son administration centrale et sa maison de retraite. Comme les membres de l'Oratoire n'étaient liés par aucune espèce d'engagement, il en sortit, à cause d'un règlement contre les perruques, mais sans détacher ses affections de cette société. Il était sans fortune; néanmoins sa délicatesse ne voulut point accepter d'autre asile que la maison d'un ami, dont il reconnut l'hospitalité en soignant l'éducation de ses deux fils. Admis à l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres, il était désigné pour une place vacante au sein de l'Académie Française, et ses prétentions l'eussent emporté sur celles du fils du grand Racine; mais le jansénisme était alors au fort de ses discussions les plus vives, et La Bléterie, soupçonné d'attachement aux opinions défendues, échoua dans sa poursuite. La même cause ferma les portes de l'Académie au poëte de La Religion, tandis que

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On a loué son empressement à servir ses amis, sa complaisance, qui rendait son cabinet accessible et son érudition tributaire, ses reparties vives, ses saillies ingénieuses, qu'on aimait à recueillir et à répandre; mais dans ses dernières années ce sel, ayant pris l'amertume d'une humeur chagrine, avait dégénéré en sarcasme et même en une suscep. tibilité impatiente de toute contradiction.

Nous avons de La Bléterie une Vie de l'empereur Jovien, suivie d'une copie un peu flattée de quelques œuvres et des épitres de Julien. Des Lettres sur la relation du quiétisme de M. Phelippeaux, brochure rare, où les mœurs de madame Guyon sont défendues. Quatre Dissertations insérées dans les Mémoires de l'Académie, où l'auteur établit que la puissance impériale était élective à Rome, non patrimoniale ou héréditaire, les empereurs soumis aux lois comme les autres citoyens, et le nom d'Auguste une dénomination personnelle, non un titre de puissance et d'autorité. Une traduction de Tacite appelait son attention. Il avait donné déjà, avec la Vie d'Agricola et les Mœurs des Germains, une Vie préliminaire de Tacite, et la justesse de ses vues sur l'historien latin annonçait un esprit bien pénétré de son modèle; mais les Annales, après dix années de travail, n'aboutirent qu'à une version pâle, sans force, dépourvue de noblesse, assez bien caractérisée dans cette épigramme :

Des dogmes de Quesnel un triste proselyte
En bourgeois du Marais a fait parler Tacite.

Hippolyte FAUChe.

LA BOÉTIE (ÉTIENNE DE ), naquit en 1530, à Sarlat, petite ville du Périgord. Quoique son enfance eût été célèbre, que ses ouvrages précoces eussent fait grand bruit en France, et qu'il eût été considéré comme l'oracle du parlement de Bordeaux, dont il était l'un des conseillers, La Boétie serait aujourd'hui totalement oublié si Montaigne n'eût fait connaître quelques-uns des ouvrages de son ami, dont il fut légataire; et surtout s'il n'eût, dans un petit nombre de pages aussi touchantes que sublimes, manifesté le sentiment qui l'unissait à La Boétie. Il n'est personne qui ne connaisse le livre des Essais et le chapitre De L'Amitié. Ce qui est moins connu, ce sont les motifs qui ont déterminé Montaigne à devenir l'éditeur des œuvres de son ami. Dans l'épitre dédicatoire des Règles de Mariage, traduites de Plutarque, par La Boétie, Montaigne dit : «Ayant aymé plus que toute autre chose feu M. de La Boétie, je penserois lourdement faillir à mon devoir si à mon escient je laissois esvanouir et perdre un si riche nom que le sien et une mémoire si digne de recommandation, et si je n'essayois par ces parties-là de le ressusciter et remettre en vie. Je croy qu'il le sent aulcunement, et que ces miens offices le touchent et resjouissent; de vray, il se loge encore chez moy si entier et si vif, que je ne puis le croire, ny si lourdement enterré, ni si entièrement esloigné de nostre commerce. Celui qui dix ans après sa mort inspirait encore de tels regrets ne pouvait être un homme ordinaire. Nous devons donc à Montaigne tout ce qui nous reste des œuvres de La Boétie. Elles se composent : 1o d'un traité intitulé De la Servitude volontaire, qui fut l'occasion de la liaison intime entre Montaigne et La Boétie. « Il l'escrivit par manière d'essay en sa première jeunesse (à l'âge de seize ans), à l'honneur de la liberté contre les tyrans. » Ce sont les expressions de Montaigne. Ce traité est joint à plusieurs des éditions des Essais. 2o De traductions: La Mesnagerie de Xénophon, les Règles de Mariage de Plutarque, Lettre de consolation de Plutarque à sa femme, réunies en un. seul volume, avec des vers latins et français, publiés par les soins de Montaigne lui-même, en 1572, à Paris.

Le traité De la Servitude volontaire est un ouvrage politique, où apparaissent déjà quelques étincelles républicaines. C'est évidemment l'expression d'un jeune homme nourri

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des préceptes de l'antiquité, car il ne procède que par citations; son style est d'ailleurs d'une pureté et d'une élégance qui le disputent à celui de Montaigne. On jugerait difficilement du talent de La Boétie pour les vers par les vingt-neuf sonnets que rapporte Montaigne. La Boétie n'était pas poëte dans l'acception élevée de ce mot : c'était un homme sage, droit, éclairé, mais nullement lyrique; il réussit infiniment mieux dans la poésie légère. Une pièce d'envoi qui précède la traduction d'un épisode de l'Arioste, et où La Boétie soutient que l'on ne peut traduire un poëte en vers, est un petit chef-d'œuvre d'esprit, de grâce et de facilité.

La Boétie mourut à trente-deux ans et quelques mois, dans les bras de son ami Montaigne. La relation de cette mort est consignée dans une lettre écrite par celui-ci à son père. Elle fait partie du petit volume, fort rare, des œuvres de La Boétie, et elle a été recueillie dans la dernière édition des Essais donnés par M. J.-V. Leclerc.

VIOLLET-LEDUC.

LA BORATOIRE (du latin labor, travail), lieu où les chimistes et les pharmaciens font leurs expériences et composent leurs remèdes : c'est dans le laboratoire que l'on place les fourneaux, les mortiers, et généralement tous les appareils qui servent à ces diverses opérations. Les limonadiers donnent, quelque peu ambitieusement, le nom de laboratoire au lieu dans lequel ils préparent leurs boissons, etc., alors que même pour les peintres, les sculpteurs, le laboratoire garde le nom d'atelier. TEYSSÈDRE.

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LA BORDE (ALEXANDRE-LOUIS-JOSEPH, comte DE), né à Paris, le 15 septembre 1774, était le quatrième et le plus jeune des enfants d'un paysan du Béarn, arrivé à Paris en sabots, devenu millionnaire et banquier de la cour. Les deux aînés, qui accompagnèrent La Peyrouse dans son célèbre voyage, périrent par accident sur les côtes de Californie. Le troisième, François-Louis-Joseph, qui appartenait aussi au corps de la marine, fut membre de l'Assemblée constituante et émigra ensuite à Londres, où il mourut, en 1801. Alexandre fit de brillantes études au collège de Juilly, puis son père, voyant poindre l'orage révolutionnaire, l'envoya à Vienne. Parfaitement accueilli par l'empereur Joseph, il fut nommé successivement sous-lieutenant aide de camp du général Wenceslas Colloredo, capitaine, puis chef d'escadron dans les chevau-légers de Kinsky. Lorsque la guerre éclata entre la France et l'Autriche, Alexandre de La Borde, dont le père avait été guillotiné en 1794, comme suspect, crut devoir rester fidèle au drapeau sous lequel il avait commencé son apprentissage militaire, et fit cinq campagnes contre sa patrie. Rentré en France après le traité de Campo-Formio, il se livra avec ardeur à l'étude, fit plusieurs voyages en Angleterre, en Italie et en Espagne, et publia une série d'ouvrages qui attestent ses nombreux et utiles travaux, tels que son Voyage pittoresque et historique en Espagne (4 vol. in-folio), l'Itinéraire d'Espagne (5 vol. in-8°), un Voyage pittoresque en Au triche (2 vol. in-folio), les Monuments de la France classés chronologiquement, etc., etc.

Napoléon était au comble de la gloire. Alexandre de La Borde, comme tant d'autres, sollicita un emploi civil: nommé auditeur au conseil d'État en 1808, maître des requêtes et chevalier de la Légion d'Honneur en 1809, il fut appelé en 1810 à la présidence de la commission de liquidation des comptes de la grande armée, et puis à celle du service des ponts et chaussées du département de la Seine. Plus tard il fut admis à l'Institut (Académie des Inscriptions et BellesLettres). Il avait été précédemment choisi pour accompagner Napoléon en Espagne et en Autriche, Nommé en 1814 adjudant commandant d'état-major de la garde nationale de Paris, il fut en cette qualité envoyé, dans la nuit du 31 mars, au camp russe pour traiter de la capitulation, en ce qui concernait la garde nationale. A son retour, il fut nommé colonel d'état-major de cette garde, et obtint de Louis XVIII la croix de Saint-Louis et celle d'officier de la

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LA BORDE Légion d'honneur. Il fut même chargé du commandement des Tuileries pendant les dix jours qui précédèrent le 20 mars. Il fit ensuite un nouveau voyage en Angleterre pour y étudier les institutions nouvelles, publia à son retour un Plan d'éducation pour les enfants pauvres, d'après les méthodes combinées de Bell et de Lancaster, et fut pendant trois ans secrétaire général de la Société centrale, qui fonda l'enseignement mutuel en France. En 1818, il rentra au conseil d'État en qualité de maître des requêtes.

En 1822, élu député par le grand collège de la Seine, il vint siéger au centre gauche, et se prononça souvent avec chaleur en faveur des institutions libérales. Il s'opposa surtout vivement à la guerre d'Espagne, et fut rayé en 1824 des listes du conseil d'État. Réélu député en 1827, il fut moins hostile au ministère Martignac, qui s'annonçait sous de meilleurs auspices, et vit aussi les portes du conseil d'État se rouvrir alors devant lui; mais il se rejeta dans l'opposition dès que M. de Polignac fut arrivé au pouvoir.

Lorsque parurent les ordonnances de Juillet, sa conduite fut énergique et courageuse; il se prononça dès les premiers moments en faveur de l'insurrection, et le 27 il engagea sa tête dans la cause populaire. En sa qualité de préfet de la Seine, il contribua puissamment à l'établissement de la royauté nouvelle. Il croyait à l'amalgame d'une monarchie républicaine. Louis-Philippe le choisit pour aide de camp, avec le grade de général de brigade de la garde nationale, et lui rendit sa place au conseil d'État; mais La Borde ne conserva pas longtemps ces fonctions. A la Chambre il se souvint maintes fois qu'il était homme de Juillet, et demanda que les capacités fussent éligibles sans aucun cens aux conseils généraux. Les électeurs de Paris ayant repoussé sa candidature aux élections suivantes, il fut plus heureux dans le département de Seine-et-Oise. Mais depuis longtemps ses facultés baissaient sensiblement : il s'affaissait et n'était plus que l'ombre de lui-même. Il avait passé avec raison pour l'homme le plus distrait de France. Bientôt sa fortune se trouva gravement compromise; éloigné des travaux de la chambre, Alexandre de La Borde s'éteignit le 20 octobre 1842, à Paris.

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carrés. Pour reconnaître les services que lui avait rendus James Brooke le sultan de Bornéo céda l'ile en 1846 aux Anglais. Elle forme pour le commerce entre l'Inde et la Chine une excellente station intermédiaire à cause des riches gisements de houille qu'elle contient. On y a installé un gouverneur ainsi qu'un évêque anglican. L'exportation de Labouan a produit, en 1868, plus de 5 millions de fr. LA BOULAYE (ÉDOUARD-RENÉ LEFEBVRE), membre de l'Institut, né à Paris le 18 janvier 1811, étudia le droit et s'employa pendant quelque temps à la fonderie de caractères que son frère Charles avait créée en 1836. Ses premiers ouvrages, relatifs à la jurisprudence et remarquables par une érudition de bon aloi, ont pour titres: Histoire du droit de propriété foncière en Occident (1839, in-8°), Recherches sur la condition des femmes depuis les Romains jusqu'à nos jours (1843, in-8°), et Essai sur les lois criminelles des Romains concernant la responsabilité des magistrats (1845, in-8°); ils valurent à l'auteur trois prix de l'Institut et son admission dans l'Académie des inscriptions. En 1849 il fut nommé professeur de législation comparée au Collège de France. Sous le second empire, M. Laboulaye se rangea parmi l'opposition; avec les libéraux il prit la parole dans les conférences publiques; par ses articles du Journal des Débats, par ses livres, par ses cours même il travailla au réveil de l'opinion publique. Paris en Amérique (1863) et le Prince Caniche (1868), satires à peine déguisées du régime impérial, lui firent une sorte de popularité. Cependant il échoua deux fois dans les élections générales, et son adhésion publique au plébiscite fut regardée comme une sorte de défection. En février 1871, il fut envoyé par les électeurs de la Seine à l'Assemblée nationale, où il a pris place parmi les conservateurs. Outre des traductions de l'allemand et de l'anglais, comme celles des Œuvres de Channing, nous citerons de lui: Histoire des États-Unis (1854-70, 6 vol. in-18), Études sur la propriété littéraire (1858, in-12), l'État et ses limites (1863, in-8°), et quelques recueils de contes agréablement écrits.

LABOUR, LABOURAGE (du latin labor, travail).; C'est le travail de la terre, la façon qu'on lui donne, lorsque, à l'aide de la charrue ou de quelque instrument analogue, on la remue ou la retourne. « La culture méca

1o exposer la plus grande surface possible de terre aux influences atmosphériques; 2o ameublir le terrain pour le rendre perméable aux racines des plantes; 3° procurer aux pluies un réservoir assez vaste pour que les racines ne soient pas tenues en macération, pour que l'évaporation du sol soit lente et que l'intérieur de la terre conserve toujours une dose suffisante d'humidité pour entretenir la végétation; 4° détruire les herbes sauvages, toutes celles qui ne font pas partie de la culture utile des champs. »

Son fils, Léon-Emmanuel-Simon-Joseph, marquis DE LA BORDE, né en 1807, voyagea dans le Levant avec son père, et fut nommé en 1828 secrétaire de légation à Rome. Aide de camp du général La Fayette après la révolution denique, dit le comte de Gasparin, a quatre buts principaux : Juillet, il ne tarda point à être envoyé à Londres comme secrétaire d'ambassade, puis à Cassel; mais en 1836 il quitta la diplomatie pour se livrer entièrement à ses goûts littéraires. En 1840 il fut envoyé à la chambre des députés, où il vota avec les conservateurs. L'Académie des inscriptions lui donna, en 1842, le fauteuil de son père. Il était conservateur des antiques au musée du Louvre lorsque ses opinions monarchiques lui firent perdre cette place en 1848; réintégré en 1850, il s'attacha au parti bonapartiste et obtint en 1857 la direction générale des Archives. Un décret du 5 mai 1868 le fit entrer au Sénat. Dessinateur habile, amateur plein de goût, M. de La Borde a entrepris un grand nombre de travaux qu'il a laissés en partie inachevés; il avait la plume facile, les idées plus abondantes qu'originales, l'esprit changeant: c'était moins un érudit qu'un littérateur aimable. Il est mort en mars 1869, à Paris. On lui doit des Voyages dans l'Arabie pétrée (1830, in-fol.) et en Orient (1838-55, in-fol., pl.), Histoire de la gravure en manière noire (1839, in-8°), les Débuts de l'imprimerie (1840, in-4°), des lettres sur les Bibliothèques de Paris, des Éludes sur les ducs de Bourgogne (1849-51, 3 parties), la Renaissance des arts à la cour de France (1851-55, in-8°), Athènes aux xve et xvi° siècles (1855, in-8°), de l'Union des arts et de l'industrie (1856, 2 vol.), les Archives de France (1866, in-18), et un grand nombre d'articles, rapports, mémoires, etc.

LA BOUAN (en anglais Labuan), petite tle de la Malaisie, à environ 48 kilom. nord-ouest de Bornéo, comptait (1865) 3,828 habitants sur une superficie de 11 myriam.

Dans le labourage, on nomme raie la place occupée par la base du soc et laissée vide derrière la charrue; on appelle bande la terre qui en a été détachée et qui se trouve rejetée sur la raie précédente. Le sillon résulte de l'ensemble de la raie et de la bande. Les labours à plat se font au moyen de bandes appliquées les unes auprès des autres sans interruption; les labours en planches sont formés de planches de terre plus ou moins larges, séparées par d'étroits sentiers; les labours en billon sont des espèces d'ados plus ou moins bombés et plus ou moins multipliés. Les époques auxquelles il convient de labourer varient suivant la nature des terres et des récoltes que l'on veut obtenir. Les labours de l'arrière-saison se recommandent pour l'ameublissement de la terre; les façons de l'été contribuent surtout à détruire les herbes nuisibles.

LABOUR (Terre de). Voyez TERRA DI LAVORO. LABOURD, petit pays de l'ancienne province de Guienne et faisant partie du pays des Basques. Sa capitale était Bayonne; il est aujourd'hui compris dans l'arrondissement de cette ville.

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