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féquence, qui s'en ensuivroit, étoit que nous ignorons entiérement les proprié tés des corps; mais ces explications phyfiques ne peuvent fe concilier avec l'ef Entret. fentiel de la foy fur le mystére. On lit phys.t... dans les entretiens phyfiques d'Ariste & 8. 9. 17 d'Eudoxe: Je fçais qu'une main divine peut fufpendre & fufpend fur nos Autels l'impénétrabilité de la matière...... les chofes, qui n'ont point d'étenduë, n'en font point par leur union. Se touchent-elles? elles fe (1) pénétrent parfaitement : l'une admet l'autre en elle même ; l'une n'a rien hors de l'autre, puifqu'elles fe touchent par touts les endroits imaginables: autrement chacune renfermerait des particules plus minces encore, les unes hors des an-, tres dès-là feroit étendue fans l'être en effet la raifon ne connoit point de pareilles contradictions dans la nature...... Tout confpire à me perfuader que la matiére eft une fubftance naturellement impénétrable, étenduë naturellement. C'est une difpofition très-loüable de n'avoir aucun

ni

(1) On ne peut pas dire proprement des chofes, qui n'ont pas d'étendue, qu'elles fe touchent, qu'elles fe pénétrent: car elles n'occupent pas. P'espace à la maniére des corps. Comment fe pénétreroient-elles, ne pouvant étre admifes les unes au dedans des autres, & pouvant encore mains se toucher?

égard aux lumiéres naturelles, dès qu'il s'agit d'un myftére: mais en abandonnant ici les vérités physiques, il en ré fulte des conféquences très-dangereuses.

En effet, il s'enfuit bien pofitivement des pallages cités, que l'auteur paroît exclure feulement la contradiction des chofes naturelles ; & que le corps de Je fus-Chrift, étant dans un état de péné trabilité fur nos Autels, il y feroit étendu fans l'être en effet. Ce qui entraineroit deux conféquences bien éloignées des intentions du pieux & fçavant auteur ; la 1, qu'il pourroit y avoir de la contradiction dans nos myftéres: ce qui étant admis, rien n'empêcheroit que je ne puffe être libre fans l'être en effet, ou que Dieu, qui eft la vérité même, ne pût tromper fes créatures. La 2. conféquence feroit, que le corps de N. S. n'exifteroit pas fur nos Autels avec la réalité des autres corps, & qu'il ne feroit pas le même qui a fouffert pour nous fur la croix. Nous ne pouvons donc éviter toute contradiction, & croire le mystére dans toute fon étendue, qu'en nous at tachant fermement à ce principe, que le corps de Jefus-Chrift, dans l'Eucharif tie, eft impénétrable, qu'il eft étendu, que c'eft un corps réel, qui conferve toutes les propriétés de la matiére ; &

qui n'eft dépouillé que de la qualité accidentelle de frapper les organes de mes fens d'une maniére conforme à son état préfent. Inutilement objecteroit-on que le corps de N. S. eft tout entier dans chaque parcelle de l'hoftie. Cela ne prouve en aucune maniére, qu'il n'y foit pas doué de toutes les propriétés qui conftituent la fubftance corporelle. Mais comment un corps impénétrable, un corps étendu, eft-il dans chaque parcelle de l'hoftie? Comment eft-il en plufieurs lieux à la fois ? Comment eft-il contenu dans un efpace qui paroît fi petit à mes fens ? Je réponds premiérement que l'efpace, qui contient le corps de N. S. n'eft pas tel pour l'étendue, qu'il paroît à mes fens : & en fecond lieu, que le comment du myftére n'eft pas du reffort de ma foible raifon ; & qu'il me fuffit qu'il n'y ait point de contradiction, tout étant poffible à une puiflance infinie, hors le contradictoire, qui ne fait pas une exception, puifqu'il n'exifte ni dans la nature, ni métaphyfiquement, ni par abstraction,

t

Je foumets le tout aux décifions de ceux que Jefus-Chrift a établis juges de la foy; & je ne veux jamais avoir d'autre croïance, que celle de l'églife Ca tholique, Apoftolique, & Romaine. Elle

eft fondée fur la parole de Dieu-même; & fur les lumiéres naturelles.

L'erreur empruntant le mafque de la vérité, a pû quelquefois féduire les hommes; mais les féductions font vaines & paffagéres. Toutes les fauffes religions ont été des inventions humaines : les moins clairvoïants en découvrent la fource on fçait l'époque de leur commencement, on pénétre même les motifs de leur origine. Quel fujet d'affurance pour celui qui profelle la véritable Religion, de voir qu'elle n'a d'autre commencement que le monde, & qu'elle ne peut avoir d'autre auteur que Dieu-même! Quelle conviction de la vérité, fui- Jacq. Be vant la pensée d'un grand Evêque, quand nig. Bosset. on confidere la Religion en poffeffion de tous les fiécles; quand on pense que de Clement XII. affis fur la chaire de faint Pierre, on remonte fans interruption jufqu'à ce prince des Apôtres, établi par Jefus-Chrift; d'où, en prenant la fuite des Pontifes qui ont fervi fous la loi, on va jusqu'à Aaron & jusqu'à Moïfe, de là jufqu'aux Patriarches & juf qu'à l'origine du monde, où l'on trouve notre fainte Religion émanée de Dieumême ! L'évidence de ces preuves fait la condamnation de touts ceux, dont l'efprit refuse de s'y foumettre.

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LIVRE SECOND.

PARTIE SECONDE.
DE LA METAPHYSIQUE.

CHAPITRE PREMIER.

-De la Divinité.

la Metaphy Objet de la Métaphysique, eft la

Objet de

fique.

connoiffance des chofes purement intellectuelles, & qui ne tombent pas fous les fens. C'eft une théologie fondée fur la raifon feule, qui confidere la divinité & les fubftances fpirituelles créées. Les plus célébres Philofophes en ont fair leur principale étude. Le fentiment de Pline (1) a été au contraire, que l'hom me n'eft ni intéreffé dans ces recherches ni capable de ces découvertes.

Cette partie de la Philofophie eft malgré le fentiment de Pline, la plus intérellante de toutes, puifqu'elle fe propofe de connoître la Divinité dont nous

(1) Mundi extera indagare, nec intereft hominis, nec capit humanæ conjectura mentis. Plin. lib. 2. c. I.

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