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kuvé de celles de mon temps, dequoi il y en a eu plufieurs fortes en nos villes & en nos armées. On lit de Sócrates, 4 qué n'eftant jamais parti d'Athenes) pendant plusieurs récheutes de peste qui la tour menterent tant de fois, lui feul ne s'en trouva jamais plus mal Les Medecinst pourroient (ce crois-je ) tirer des odeurs plus d'ufage qu'ils ne font : car j'at fouvent apperceu qu'elles me1 changerit en mes ef» prits, felon qu'elles font: Qui me fait ap prouver ce qu'on dit, que l'invention des encens & parfums aux Eglifes, fancienne &efpendue en toutes Nations & Religions regarde à cela, de nous resjouit, efveiller &purifier le fens, pour rendre plus pro pres à la contemplation

Je voudrois bien, pouren juger, avoir eu ma part de ces cuifiniers, qui fçavent affaifonner les odeurs eftrangeres, avec la faveur des viandes, comme on remarqua

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Dans fa Vie par Diogene Laerce, Liy. 11.

Tome III

fingulierement au fervice du Roi de s Thunes qui de noftre aage print terre à Naples pour s'aboucher avec P'Empereur Charles; On farciffoit fes; viandes de dro gues odoriferantes, en telle fomptuofté, qu'an Paon & deux Faifans fe trouverent fur fes parties, révenir à cent ducats, pour Jes apprefter felon leur maniere. Et quand on les despeçoit, non la falle feulement mais toutes les chambres de fon Palais & les rues d'autour, eftoient remplies d'une très foutefve vapeur, qui ne s'efvanoüiffoir pas fi foudain Le principal foing que j'aie à me loger, c'est de fuir l'air puant & pẻ fant. Ces belles Villes, Venife & Paris, alterent la faveur que je leur porte par l'aigre fenteur, l'une de fon marais, l'autre de fa bouë.

shovsplaypensin-lius abjeb busq mi us albovs, cuisgeriausi e al ennoble

s Qu Thunis.

~8 Paris, mais q i a été délivré de-cer inconréAient fous le regne e LOUIS XIV. Il ne s'agit plus que de coutinuer à faire obferver les ordres qui ont été sagement établis pour celas

CHAPITRE LV I.

Des Prieres.

JE propofe des fantafies informes & ir

refolues, comme font ceux qui publient des questions doubteufes, à debattre aux escholes: non pour establir la verité, mais pour la chercher : Et les foumets au jugement de ceux à qui il touche de reigler non-feulement mes actions & mes efcrits, mais encore mes penfées. Elgalement m'en fera acceptable & utile la condamnation, comme l'approbation, tenant pour abfurde & impie, fi rien fe rencontre ignoramment ou inadvertamment couché en cette rapfodie contraire aux fainetes refolutions & profcriptions de l'Eglife Catholique, Apoftolique & Romaine, en laquelle je meurts, & en laquelle je fuis né. Et pourtant me remettant tousjours à l'authorité de leur cenfure, qui peut tout fur moi, je me mesle ainsi temerairement à toute forte de propos: comme ici,

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..Je ne fçai fi je me trompe; mais puisque par une faveur particuliere de la bonté divine, certaine façon de priere nous a eft prescripte & dictée mot å mot par la bouche de Dieu, il m'a tousjours femblé que nous en devions avoir l'ufage plus ordinaire, que nous n'avons: Et fi j'en eftois creu, à l'entrée & à l'iffue de nos tables, à noi tre lever & coucher, & à toutes actions particulieres, ausquelles on a accoustume de mefler des prieres, je voudrois que ce fauft le Patenoftre, que les Chreftiens em ployaffent, finon feulement, au moins tousjours. L'Eglife peut eftendre & diver fifier les prieres, felon le befoin de noftre inftruction: car je fçai bien que c'eft touse jours mefme fubftance, & mefme chofe: Mais on devoit donner à celle-là ce pri vilege, que le peuple l'euft continuellement en la bouche car il eft certain qu'elle dit tout ce qu'il faut, & qu'elle eft très-propre à toutes occafions. C'eft Pu nique priere dequor je me fers par tout, & la repete au lieu d'en changer, D'où il

advient, que je n'en ai au bien en memoire que cette-là,

Pavois prefentement en la pensée, d'où nous venoit cett'erreur, de recourir à Dieu en tous nos deffeins & entreprises, & rappeler à toute forte de befoing: & en quelque lieu que noftre foibleffe veut de l'aide, fans confidérer fi l'occafion eft jufte ou injufte; & d'efcrier fon nom, & fa puiffance, en quelque eftát & action que nous foyons, pour vitieufe qu'elle foit. Il est bien noftre feul & unique pro tecteur, & peut toutes chofes à nous ai der: mais encore qu'il daigne nous honorer de cette douce alliance paternelle, il eft pourtant autant jufte, comme il est bon, & comme il eft puiflant: mais il use bien plus fouvent de fa juftice, que de fon pouvoir, & nous favarife felon la raison d'icelle, non selon nos demandes.

Platon en fes Loix fait trois fortes d'injurieufe creance des Dieux,' I Qu'il n'y

1 Plato, de legibus, L. X, ab initio, p.664.

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