XVIII. L'Aigle et le Hibou. L'AIGLE et le chat-huant leurs querelles cesse- L'un jura foi de roi, l'autre foi de hibou, C'est hasard si je les conserve. Comme vous êtes roi, vous ne considérez Qui ni quoi: rois et dieux mettent, quoi qu'on leur Tout en même catégorie '. (die, Adieu mes nourrissons si vous les rencontrez. Peignez-les moi, dit l'aigle, ou bien me les monJe n'y toucherai de ma vie. (trez; (1) Au même rang, sans faire la moindre distinction. Le hibou repartit: Mes petits sont mignons, N'entre point par votre moyen. Dans les coins d'une roche dure, Rechignés, un air triste, une voix de Mégere. Qui veut qu'on trouve son semblable E Le lion dans sa tête avoit une entreprise: Tous furent du dessein, chacun selon sa guise: Et combattre à son ordinaire; Le renard ménager de secretes pratiques; L'âne effraiera les gens, nous servant de trompette; Et le lievre pourra nous servir de courier. Le monarque prudent et sage De ses moindres sujets sait tirer quelque usage, Et connoît les divers talents. Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens, DE EUX compagnons, pressés d'argent, A leur voisin fourreur vendirent La peau d'un ours encor vivant, (dirent. Mais qu'ils tueroient bientôt, du moins à ce qu'ils C'étoit le roi des ours: au compte de ces gens, Le marchand à sa peau devoit faire fortune; Elle garantiroit des froids les plus cuisants; On en pourroit fourrer plutôt deux robes qu'une. Dindenaut' prisoit moins ses moutons, qu'eux leur ours; Leur, à leur compte, et non à celui de la bête. S'offrant de la livrer au plus tard dans deux jours, (1) Marchand de moutons, nommé Dindenaut, sévèrement puni pour avoir insulté Panurge, et mis à trop haut prix sa marchandise, comme Rabelais le raconte plaisamment à sa maniere. Voy. Pantagruel, 1. IX, c. 6, 7 et 8. |