Essai sur les éloges, suivi de l'éloge de Marc-Aurèle, Volume 1

Front Cover
Chez F. Vieusseux, 1819 - 286 pages
 

Selected pages

Contents

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page 148 - Point de signe superflu, point de cortège inutile. Les pensées se pressent et entrent en foule dans l'imagination ; mais elles la remplissent sans la fatiguer jamais. A l'égard du style, il est hardi, précipité, souvent brusque, toujours plein de vigueur ; il peint d'un trait; la liaison est plus entre les idées qu'entre les mots ; les muscles et les nerfs y dominent plus que la grâce ; c'est le MichelAnge des écrivains ; il a sa profondeur, sa force, et peut-être un peu de sa rudesse.
Page 224 - ... et petit dans ses temples et dans ses mystères ; qu'il eut, en un mot, le courage d'agir, de penser , de gouverner et de combattre , mais qu'il lui manqua le courage d'ignorer; que, malgré ses défauts, car il en eut plusieurs , les païens durent l'admirer, les chrétiens durent le plaindre ; et que , dans tout pays où la religion, cette grande...
Page 98 - Il vécut dans les orages, les travaux, le succès, et le malheur. Enfin, après avoir soixante ans défendu les particuliers et l'état, lutté contre les tyrans, cultivé au milieu des affaires la philosophie, l'éloquence, et les lettres, il périt. Un homme à qui il avait servi de protecteur et de père vendit son sang ; un homme à qui il avait sauvé la vie fut son assassin. Trois siècles après, un empereur plaça son image dans un temple domestique, et l'honora à côté des dieux.
Page 32 - Qui que tu sois, rends compte à la patrie de tes actions. Qu'as-tu fait du temps et de la vie? La loi t'interroge, la patrie t'écoute, la vérité te juge.
Page 65 - Platon ajouta encore à sa beauté : il semble qu'il eût contemplé et vu de près cette beauté éternelle dont il parle sans cesse, et que, par une méditation profonde, il l'eût transportée dans ses écrits. Elle anime ses images, elle préside à son harmonie, elle répand...
Page 161 - ... davantage briller l'autre; ou il saisit un rapport qui étonne et qui est plus singulier que vrai; ou il détache ce qui devrait être fondu dans l'ensemble, et le met en saillie ; ou, pour avoir l'air de s'élever et de voir de plus haut, il généralise un sentiment qui ne conserve sa force qu'autant qu'il est lié à une situation; ou il ajoute au sentiment même, et, pour étonner, il exagère; ou, par une expression recherchée, il veut donner une tournure fine à ce qui devrait être simple;...
Page 145 - ... c'est Tacite; qui donne un plus saint respect pour la vertu malheureuse, et la représente d'une manière plus auguste, ou dans les fers, ou sous les coups d'un bourreau: c'est Tacite; qui a le mieux flétri les affranchis et les esclaves, et tous ceux qui rampaient, flattaient , pillaient et corrompaient à la cour des empereurs : c'est encore Tacite.
Page 32 - Là, se dévoilaient les crimes secrets, et ceux que le crédit ou la puissance du mort avait étouffés pendant sa vie; là, celui dont on avait flétri l'innocence, venait à son tour flétrir le calomniateur, et redemander l'honneur qui lui avait été enlevé. Le citoyen convaincu de n'avoir point observé les lois, était condamné : la peine était l'infamie ; mais le citoyen vertueux était récompensé d'un éloge public; l'honneur de le prononcer était réservé aux parents.
Page 83 - ... célèbre qui passait dans l'Orient pour évoquer les morts. » Un sage qui n'était pas loin de là, et qui passait sa vie dans la retraite , approcha et lui dit : « Je vais exécuter ce que tu demandes. Tiens, prends ce livre; parcours avec attention les caractères qui le composent ; à mesure que tu liras, tu verras s'élever autour de toi les ombres des grands hommes, et elles ne te quitteront plus. » Ce livre était les hommes illustres du philosophe de Chéronée.
Page 54 - Socrate, dont il avait été le disciple, il osa 12 paraître en deuil dans Athènes, aux yeux de ce même peuple, assassin de son maître ; et des hommes, qui parlaient de vertus et de lois en les outrageant, ne manquèrent pas de le nommer séditieux, lorsqu'il n'était que sensible.

Bibliographic information