Page images
PDF
EPUB

166. D'où vient que de fort petites pierres d'aimant pa-

roissent souvent avoir plus de force que toute la

terre.

DE

LA PHILOSOPHIE.

PREMIÈRE PARTIE.

DES PRINCIPES DE LA CONNOISSANCE HUMAINE.

Comme nous avons été enfants avant que d'être hommes, et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des choses qui se sont présentées à nos sens lorsque nous n'avions pas encore l'usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités nous empêchent de parvenir à la connoissance de la vérité, et nous préviennent de telle sorte qu'il n'y a point d'apparence que nous puissions nous en délivrer, si nous n'entreprenons de douter une fois en notre vie de toutes les choses où nous trouverons le moindre soupçon d'incertitude.

I.

Que pour examiner la vérité il est besoin une

fois en sa vie

de mettre tou

tes choses en

doute autant qu'il se peut.

2.

Qu'il est utile

dérer comme fausses toutes

Il sera même fort utile que nous rejetions comme aussi de consi- fausses toutes celles où nous pourrons imaginer le moindre doute, afin que si nous en découvrons les choses quelques unes qui, nonobstant cette précaution, nous semblent manifestement être vraies, nous fassions état qu'elles sont aussi très certaines et les plus aisées qu'il est possible de connoître.

dont on peut douter.

3.

Que nous ne

user de ce

nos actions.

Cependant il est à remarquer que je n'entends devons point point que nous nous servions d'une façon de douter si générale, sinon lorsque nous commençons doute pour la conduite de à nous appliquer à la contemplation de la vérité. Car il est certain qu'en ce qui regarde la conduite de notre vie, nous sommes obligés de suivre bien souvent des opinions qui ne sont que vraisemblables, à cause que les occasions d'agir en nos affaires se passeroient presque toujours avant que nous pussions nous délivrer de tous nos doutes; et lorsqu'il s'en rencontre plusieurs de telles sur un même sujet, encore que nous n'apercevions peut-être pas davantage de vraisemblance aux unes qu'aux autres, si l'action ne souffre aucun délai, la raison veut que nous en choisissions une, et qu'après l'avoir choisie nous la suivions constamment, de même que si nous l'avions jugée très certaine.

4. Pourquoi on peut douter

Mais, d'autant que nous n'avons point maintede la vérité nant d'autre dessein qué de vaquer à la recherche des choses de la vérité, nous douterons en premier lieu si

sensibles.

« PreviousContinue »