Page images
PDF
EPUB

171.

Pourquoi l'ai

fer.

variation qu'on y observe lorsqu'il est en cette autre situation.

La propriété de l'aimant qui est la plus commant attire le mune et qui a été remarquée la première, est qu'il attire le fer, ou plutôt que le fer et l'aimant s'approchent naturellement l'un de l'autre lorsqu'il n'y a rien qui les retienne; car, à proprement parler, il n'y a aucune attraction en cela: mais sitôt que le fer est dans la sphère de la vertu de l'aimant, cette vertu lui est communiquée, et les parties cannelées qui passent de cet aimant en ce fer chassent l'air qui est entre deux, faisant par ce moyen qu'ils s'approchent, ainsi qu'il a été dit de deux aimants en l'article 153; et même le fer a plus de facilité à se mouvoir vers l'aimant, que l'aimant à se mouvoir vers le fer, à cause que toute la matière du fer a des pores propres à recevoir les parties cannelées, au lieu que l'aimant est appesanti par la matière destituée de ces pores dont il a coutume d'être composé.

172.

Pourquoi il

Mais il y en a plusieurs qui admirent qu'un aisoutient plus mant étant armé, c'est-à-dire ayant quelque morde fer lorsqu'il ceau de fer attaché à l'un de ses poles, puisse, par

'est armé que

l'est pas.

lorsqu'il ne le moyen de ce fer, soutenir beaucoup plus d'autre fer qu'il ne feroit étant désarmé: de quoi néanmoins on peut assez facilement découvrir la cause, en remarquant que, bien que son arinure lui aide à soutenir le fer qu'elle touche, elle ne lui aide

point en même façon à faire approcher celui dont elle est tant soit peu séparée, ni même à le soutenir quand il y a quelque chose entre lui et elle, encore que ce ne fût qu'une feuille de papier fort déliée: car cela montre que la force de l'armure ne consiste en autre chose, sinon en ce qu'elle touche le fer d'autre façon que ne peut faire l'aimant : à savoir, parceque cette armure est de fer, tous ses pores se rencontrent vis-à-vis du fer qu'elle soutient, et les parties cannelées, qui passent de l'un en l'autre de ces fers, chassent tout l'air qui est entre deux, faisant par ce moyen que leurs superficies se touchent immédiatement, et c'est en cette sorte d'attouchement que consiste la plus forte liaison qui puisse joindre deux corps l'un à l'autre, ainsi qu'il a été prouvé ci-dessus : mais, à cause de la matière non métallique qui a coutume d'être en l'aimant, ses pores ne peuvent ainsi se rencontrer justement vis-à-vis de ceux du fer, c'est pourquoi les parties cannelées qui sortent de l'un ne peuvent entrer en l'autre qu'en coulant quelque peu de biais entre leurs superficies; et ainsi, encore qu'elles les fassent approcher l'un de l'autre, elles empêchent néanmoins qu'ils ne se touchent tout-à-fait, à cause qu'elles retiennent entre deux autant d'espace qu'il leur en faut pour couler ainsi de biais des pores de l'un en ceux de l'autre.

173.

Comment les

Il y en a aussi quelques uns qui admirent que, deux poles de bien que les deux poles d'un même aimant aient l'aimant s'ai- des vertus toutes contraires, en ce qui est de se tre à soutenir tourner vers le sud et vers le nord, ils s'accordent

dent l'un l'au

le fer.

néanmoins et s'entr'aident en ce qui est de soute-
nir le fer; en sorte qu'un aimant, armé de ses deux
poles, peut porter presque deux fois autant de fer
que lorsqu'il n'est armé qu'en l'un de ses poles. Par
exemple, si AB' est un aimant aux deux poles du-
avancées en dehors vers D et F, que le fer GH
quel sont jointes les armures CD et EF, tellement
qu'elles soutiennent les puisse toucher en des su-
perficies assez larges, ce fer GH peut être presque
deux fois aussi pesant que s'il ne touchoit qu'à l'une
de ces deux armures. Mais la raison en est évidente
à ceux qui considèrent le mouvement des parties
cannelées qui a été expliqué; car, bien qu'elles
soient contraires les unes aux autres en ce que
celles qui sortent de l'aimant par l'un de ses poles
n'y peuvent rentrer que par l'autre, cela n'empê-
che
pas qu'elles ne joignent leurs forces ensemble
pour attacher le fer à l'aimant; à cause que celles
qui sortent d'A, le pole austral de cet aimant,
étant détournées par l'armure CD vers b, où elles
font le pole boréal du fer GH, coulent de b versa,
le pole austral du même fer; et d'a, par l'armure
FE, entrent dans B, le pole boréal de l'aimant;

[blocks in formation]

comme aussi en même façon celles qui sortent de B retournent circulairement vers A par EF,HG et DC. Et ainsi elles attachent le fer autant à l'une de ces armures qu'à l'autre.

Mais ce mouvement des parties cannelées ne semble pas s'accorder si bien avec une autre propriété de l'aimant, qui est de pouvoir soutenir en l'air une petite pirouette de fer pendant qu'elle tourne (soit qu'elle tourne à droite, soit à gauche), et de n'empêcher point qu'elle continue à se mouvoir étant suspendue à l'aimant plus long-temps qu'elle ne feroit étant appuyée sur une table. En effet, si les parties cannelées n'avoient qu'un mouvement droit, et que le fer et l'aimant se pussent tellement ajuster que tous les pores de l'un se trouvassent exactement vis-à-vis de ceux de l'au-` tre, je croirois que ces parties cannelées, en passant de l'un en l'autre, devroient ajuster ainsi tous leurs pores, et par ce moyen empêcher la pirouette de tourner. Mais, parcequ'elles tournent elles-mêmes sans cesse les unes à droite, les autres à gauche, et qu'elles se réservent toujours quelque peu d'espace entre les superficies de l'aimant et du fer, par où elles coulent de biais des pores de l'un en ceux de l'autre, à cause qu'ils ne se rapportent pas les uns aux autres, elles peuvent tout aussi aisément passer des pores de l'aimant en ceux d'une pirouette lorsqu'elle tourne soit à droite, soit à

174. Pourquoi une pirouette de fer n'est point empêchée de

tourner par

l'aimant auquel elle est

suspendue.

175. Comment

doivent être

situés pour s'aider ou

s'empêcher

soutenir du

fer.

gauche, que si elle étoit arrêtée, c'est pourquoi elles ne l'arrêtent point. Et parceque, pendant qu'elle est ainsi suspendue, il y a toujours quelque peu d'espace entre elle et l'aimant, son attouchement l'arrête bien moins que ne fait celui d'une table quand elle est appuyée dessus, et qu'elle la presse par sa pesanteur.

Au reste, la force qu'a une pierre d'aimant à deux aimants soutenir le fer peut diversement être augmentée ou diminuée par un autre aimant, ou par un autre morceau de fer, selon qu'il lui est diversement apl'un l'autre à pliqué : mais il n'y a en cela qu'une règle générale à remarquer, qui est que toutes fois et quantes qu'un fer ou un aimant est tellement posé au regard d'un autre aimant qu'il fait aller quelques parties cannelées vers lui, il augmente sa force; et au contraire, s'il est cause qu'il y en aille moins, il la diminue. Car, d'autant que les parties cannelées qui passent par un aimant sont en plus grand nombre ou plus agitées, il a d'autant plus de force, et elles peuvent venir vers lui en plus grand nombre et plus agitées d'un morceau de fer ou d'un autre aimant que de l'air seul, ou de quelque autre corps qu'on mette en leur place. Ainsi, non seulement lorsque le pole austral d'un aimant est joint au pole septentrional d'un autre, ils s'aident mutuellement à soutenir le fer qui est vers leurs autres poles, mais ils s'aident aussi

« PreviousContinue »