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159. Comment elle

est communiquée au fer diversement,

à raison des

diverses fa

cons que l'ai

mant est tour

né vers lui.

poser ces petites pointes en la façon qu'il faut; et ainsi elles donnent au fer tout ce qui lui manquoit pour avoir la vertu de l'aimant.

le

Nous ne devons point admirer non plus que fer reçoive diversement cette vertu, selon les divers côtés de l'aimant auxquels il est appliqué. Car, par exemple, si R', l'un des bouts du fer RST, est mis contre B, le pole boréal de l'aimant P, ce fer recevra tellement la vertu de cet aimant, que Ꭱ sera son pole austral, et T le boréal; à cause que les parties cannelées qui viennent du sud dans la terre, et en sortent par le nord, entrent par R, et que celles qui viennent du nord, après être sorties de la terre par A, et avoir fait le tour de part et d'autre par l'air, entrent par T dans le fer. Si ce même fer est couché sur l'équateur de cet aimant (c'est-à-dire sur le cercle également distant de ses poles), et que son point R soit tourné vers B, comme on le voit sur la partie de l'équateur marquée C, il y recevra sa vertu en même sens qu'auparavant, et R sera encore son pole austral, à cause que les mêmes parties cannelées y entreront; mais si on tourne ce point R vers A, comme on le voit sur l'endroit de l'équateur marqué D, il perdra la vertu du pole austral, et deviendra le pole septentrional de ce fer, à cause que les parties cannelées qui entroient auparavant par R entreront

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par T, et celles qui entroient par T entreront par R. Enfin, si S, le point du milieu de ce fer, touche le pole austral de cet aimant, les parties cannelées qui viennent du nord entreront dans le fer par S, et sortiront par ses extrémités R et T, au moyen de quoi il aura en son milieu la vértü du pole boréal, et en ses deux bouts celle du pole austral.

Et il n'y a point en tout cela de difficulté, sinon qu'on peut demander pourquoi les parties cannelées qui, sortant du pole A de l'aimant, entrent par S, le milieu du fer, ne vont pas plus outre en ligne droite vers E, au lieu de se détourner de part et d'autre vers R et vers T: à quoi il est aisé de répondre que ces parties cannelées trouvant des pores dans le fer qui sont propres à les recevoir, et n'en trouvant point dedans l'air, sont détournées par la résistance de cet air, et coulent le plus longtemps qu'elles peuvent par dedans le fer, lequel pour cette cause reçoit toujours la vertu de l'aimant suivant sa longueur lorsqu'il est notablement plus long que large ou épais.

Il est aisé aussi de répondre à ceux qui demandent pourquoi l'aimant ne perd rien de sa force, encore qu'on fasse qu'il la communique à une fort grande quantité de fer: car il n'arrive aucun changement en l'aimant de ce que les parties cannelées qui sortent de ses pores entrent dans le fer plutôt

160. Pourquoi

néanmoins un

fer qui ést

plus long que large ni épais,

la reçoit tou

jours suivant sa longueur.

161.

Pourquoi l'ai

mant ne perd vertu en la

rien de sa

communi

quant an fer.

162. Pourquoi elle

se communi

que au fer fort

et comment

elle y

est af

temps.

que dans quelque autre corps, sinon en tant que passant plus facilement par le fer que par d'autres corps, cela fait qu'elles passent aussi plus librement et en plus grande quantité par l'aimant lorsqu'il a du fer autour de lui que lorsqu'il n'en a point; ainsi, au lieu de diminuer sa vertu, il l'augmente en la communiquant au fer.

Et cette vertu est acquise fort promptement par le fer, à cause qu'il ne faut guère de temps aux promptement, parties cannelées qui vont très vite pour passer de l'un de ses bouts jusques à l'autre, et que dès la fermie par le première fois qu'elles y passent, elles lui communiquent la vertu de l'aimant duquel elles viennent. Mais si on retient long-temps, un même fer en même situation contre une pierre d'aimant, il y acquiert une vertu plus ferme, et qui ne peut pas si aisément lui être ôtée, à cause que les petites branches qui avancent dans les replis de ses pores, demeurant fort long-temps couchées sur un même côté, perdent peu à peu la facilité qu'elles ont eue à se renverser sur l'autre côté.

163.

Pourquoi l'a

simple fer.

Et l'acier reçoit mieux cette vertu que le simple cier la reçoit fer, parceque ses pores qui sont propres à recemieux que le voir les parties cannelées sont plus parfaits et en plus grand nombre, et après qu'il l'a reçue, elle ne peut pas sitôt être ôtée, à cause que les petites branches qui avancent en ses conduits ne se peuvent pas si aisément renverser.

164.

Pourquoi il la

reçoit plus grande d'un

mant que d'un moindre.

Et selon qu'un aimant est plus grand et plus parfait, il lui communique une vertu plus forte, à cause que les parties cannelées entrant avec plus d'impé- fort bon aituosité dans ses pores renversent plus parfaitement toutes les petites branches qu'elles rencontrent en leurs replis, et aussi à cause que, venant en plus grande quantité toutes ensemble, elles se préparent plus grand nombre de pores; car il est à remarquer qu'il y a toujours beaucoup plus de tels pores dans le fer ou l'acier, duquel toutes les parties sont métalliques, que dans l'aimant, où ces parties métalliques sont mêlées avec celles d'une pierre; et ainsi que, ne pouvant sortir en même temps que peu de parties cannelées d'un aimant foible, elles n'entrent pas en tous les pores de l'acier, mais seulement en ceux où il y a moins de petites branches qui leur résistent, ou bien où ces branches sont plus faciles à plier, et que les autres parties cannelées qui viennent après, ne passent que par ces mêmes pores où elles trouvent le chemin déjà ouvert, si bien que les autres pores ne servent de rien, sinon lorsque ce fer est approché d'un aimant plus parfait, qui, envoyant vers lui plus de parties cannelées, lui donne une vertu plus forte.

Et parceque les petites branches qui avancent dans les pores du plus simple fer y peuvent fort aisément être pliées, de là vient que la terre même lui peut en un moment communiquer la vertu de

165. Comment la

terre seule peut commu

niquer cette

vertu au fer.

l'aimant, encore qu'elle semble n'en avoir qu'une fort foible: de quoi l'expérience étant assez belle, je mettrai ici le moyen de la faire. On prend un morceau de simple fer, quel qu'il soit, pourvu que sa figure soit longue et qu'il n'ait point encore en soi aucune vertu d'aimant qui soit notable; on baisse un peu l'un de ses bouts plus que l'autre vers la terre, puis, les tenant tous deux également distants de l'horizon, on approche une boussole de celui qui a été baissé le dernier, et l'aiguille de cette boussole tourne vers lui le même côté qu'elle a coutume de tourner vers le sud; puis, haussant quelque peu le même bout de ce fer, et le remettant incontinent parallèle à l'horizon proche de la même boussole, on voit que l'aiguille lui présente son autre côté; et si on le hausse et baisse ainsi plusieurs fois, on trouve toujours en ces régions septentrionales que le côté que l'aiguille a coutume de tourner vers le sud se tourne vers le bout du fer qui a été baissé le dernier, et que celui qu'elle a coutume de tourner vers le nord se tourne contre le bout du fer qui a été haussé le dernier; ce qui montre que la seule situation qu'on lui donne au regard de la terre lui communique la vertu de faire ainsi tourner cette aiguille; et on le peut hausser et baisser si adroitement, que ceux qui le voient, ne pouvant remarquer la cause qui lui change si subitement sa vertu, ont occasion de l'admirer.

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