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en ses pores, et ainsi l'ont rendu plus serré, ou bien, changeant de figures, et se joignant à quelques unes de celles du corps B, sont retombées sur sa superficie, et ainsi l'ont rendu plus épais. Et, enfin, cela est cause qu'il est demeuré entre D et E un espace assez grand, tel qu'est F, qui n'a pu être rempli que de la matière qui compose le corps B, en laquelle il y a eu des parties fort déliées qui ont pu aisément passer par les pores du corps E, pour entrer en la place de celles qui sont sorties du corps D.

Ainsi, encore que le corps E fût beaucoup plus massif et plus pesant que celui qui étoit vers F, et même aussi peut-être que le corps D, il a dû toutefois pendant quelque temps se soutenir audessus comme une voûte, à cause de sa dureté. Mais il est à remarquer que, lorsqu'il a commencé à se former, les parties du corps D, à la superficie duquel il étoit joint, ont dû se réserver en lui plusieurs pores par où elles pussent passer, à cause qu'il y en avoit continuellement plusieurs que la chaleur faisoit monter vers B durant le jour, et que leur pesanteur faisoit redescendre vers D durant la nuit; en sorte qu'elles remplissoient toujours ces pores du corps E, par lesquels elles passoient. Au lieu que, par après, commençant à y avoir quelque espace entre D et E, qui contenoit le corps F, quelques unes des parties de ce corps F

41. Comment il

s'est fait plu

sieurs fentes

dans le quatrième corps.

42. Comment ce

corps s'est

sont entrées en quelques uns de ces pores du corps E; mais étant plus petites que celles du corps D, qui avoient coutume d'y être, elles ne les pouvoient entièrement remplir. Et parcequ'il n'y a aucun vide en la nature, et que la matière des deux premiers éléments achève toujours de remplir les espaces que les parties du troisième laissent autour d'elles, cette matière des deux premiers éléments entrant avec impétuosité dans ces pores avec les parties du corps F, a fait tel effort pour en élargir quelques uns que les autres qui leur étoient voisins en devenoient plus étroits; et ainsi qu'il s'est fait plusieurs fentes dans le corps E, lesquelles sont peu à peu devenues fort grandes, en même façon et pour les mêmes raisons qu'il a coutume aussi de s'en faire dans la terre des lieux marécageux lorsque les chaleurs de l'été la dessèchent.

Or y ayant ainsi plusieurs fentes dans le corps quatrième E, lesquelles s'augmentoient de plus en plus, elles rompu en plu- sont enfin devenues si grandes qu'il n'a pu se sieurs pièces. soutenir plus long-temps par la liaison de ses par

ties, et que la voûte qu'il composoit se crevant tout d'un coup, sa pesanteur l'a fait tomber en grandes pièces sur la superficie du corps C1; mais parceque cette superficie n'étoit pas assez large pour recevoir toutes les pièces de ce corps en la

Voyez planche VIII, figure 2.

même situation qu'elles avoient été auparavant, il
a fallu que quelques unes soient tombées de côté,
et se soient appuyées les unes contre les autres;
en sorte que si, par exemple, en la partie du corps
E, qui est ici représenté, les principales fentes ont
été aux endroits marqués 1,2,3,4,5,6,7, et que les
deux pièces 2,3 et 6,7 aient commencé à tomber
un peu plus tôt que les autres, et aussi que les
bouts des quatre autres marqués 2,3,5 et 6 soient
tombés plus tôt que leurs autres bouts marqués 1,2
et V, et enfin que 5, l'un des bouts de la pièce,
4,5, soit tombé un peu plus tôt que le V, l'un des
bouts de la pièce V6, ces pièces doivent se trou-
ver après leur chute disposées sur la superficie
du corps C en la façon qu'elles paroissent en
cette figure, où les pièces 2,3 et 6,7 sont couchées
tout plat sur cette superficie, et les autres quatre
sont penchées sur leurs côtés et se soutiennent
les unes les autres.

corps

43.

Comment une partie du troisième est montée au-dessus

De plus, à cause que la matière du corps Dest liquide et moins pesante que les pièces du E, elle a dû non seulement occuper tous les recoins du quatrième. et tous les passages qu'elle a trouvés au-dessous d'elles, mais aussi, à cause qu'elle n'y pouvoit être toute contenue, elle a dû monter en même temps audessus des plus basses, telles que sont 2,3, et 6,7, et par même moyen se former des passages pour entrer ou sortir du dessous des unes au-dessus des autres.

44.

Comment ont

les monta

nes, les mers,

etc.

Ensuite de quoi, si nous pensons que les corps

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été produites B et F ne sont autre chose que de l'air, que D est gnes, les plai- de l'eau, et C une croûte de terre intérieure fort solide et fort pesante de laquelle viennent tous les métaux, et enfin que E est une autre croûte de terre moins massive, qui est composée de pierres d'argile, de sable et de limon, nous verrons clairement en quelle façon les mers se sont faites audessus des pièces 2,3,6,7 et semblables, et que ce qu'il y a des autres pièces qui n'est point couvert d'eau ni beaucoup plus élevé que le reste a fait des plaines; mais que ce qui a été plus élevé et fort en pente, comme 1,2 et 9,4V, a fait des montagnes; et enfin, considérant que ces grandes pièces n'ont pu tomber en la façon qui a été dite sans que leurs extrémités aient été brisées en beaucoup d'autres moindres pièces par la force de leur pesanteur et l'impétuosité de leur chute, nous verrons pourquoi il y a des rochers en quelques endroits au bord de la mer, comme 1,2, et même des écueils au dedans, comme 3 et 6; et enfin pourquoi il y a ordinairement plusieurs diverses pointes de montagnes en une même contrée, dont les unes sont fort hautes, comme vers 4, les autres le sont moins, comme vers 9 et vers V.

45. Quelle est la nature de

l'air.

On peut aussi connoître de ceci quelle est la vraie nature de l'air, de l'eau, des minéraux et de tous les autres corps qui sont sur la terre, ainsi

que je tâcherai maintenant d'expliquer. Premièrement on en peut déduire que l'air n'est autre chose qu'un amas des parties du troisième élément, qui sont si déliées, et tellement détachées les unes des autres qu'elles obéissent à tous les mouvements de la matière du ciel qui est parmi elles : ce qui est cause qu'il est rare, liquide et transparent, et que les petites parties dont il est composé peuvent être de toutes sortes de figures. La raison qui me fait diré que ces parties doivent être entièrement détachées les unes des autres, est que si elles se pouvoient attacher, elles se seroient jointes avec le corps E; mais parcequ'elles sont ainsi déjointes, chacune se meut séparément de ses voisines et retient tellement à soi tout le petit espace sphérique dont elle a besoin pour se mouvoir de tous côtés autour de son centre, qu'elle en chasse toutes les autres sitôt qu'elles se présentent pour y entrer, sans qu'il importe pour cet effet de quelles figures elles soient.

Pourquoi il

et condensé.

Et cela fait que l'air est aisément condensé par 46. le froid et dilaté par la chaleur; car ses parties peut être faciétant presque toutes fort molles et flexibles, ainsi lement dilaté que des petites plumes ou des bouts de cordes fort déliées, chacune se doit d'autant plus étendre qu'elle est plus agitée, et par ce moyen occuper un espace sphérique d'autant plus grand; mais, suivant ce qui a été dit de la nature de la chaleur

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