Page images
PDF
EPUB

nir, si on recevoit leurs écrits comme miens ou comme remplis de mes opinions. J'en ai vu depuis peu l'expérience en l'un de ceux qu'on a le plus cru me vouloir suivre ', et même duquel j'avois écrit en quelque endroit que je m'assurois tant sur son esprit, que je ne croyois pas qu'il eût aucune opinion que je ne voulusse bien avouer pour mienne : car il publia l'année passée un livre intitulé Fundamenta physica, où, encore qu'il semble n'avoir rien mis touchant la physique et la médecine qu'il n'ait tiré de mes écrits, tant de ceux que j'ai publiés que d'un autre encore imparfait touchant la nature des animaux, qui lui est tombé entre les mains; toutefois, à cause qu'il a mal transcrit et changé l'ordre, et nié quelques vérités de métaphysique sur qui toute la physique doit être appuyée, je suis obligé de le désavouer entièrement, et de prier ici les lecteurs qu'ils ne m'attribuent jamais aucune opinion s'ils ne la trouvent expressément en mes écrits, et qu'ils n'en reçoivent aucune pour vraie, ni dans mes écrits ni ailleurs, s'ils ne la voient très clairement être déduite des vrais principes.

Je sais bien aussi qu'il pourra se passer plusieurs siècles avant qu'on ait ainsi déduit de ces principes toutes les vérités qu'on en peut déduire, tant parceque la plupart de celles qui restent à

M. Henri Leroy. Voyez les Lettres.

trouver dépendent de quelques expériences particulières qui ne se rencontreront jamais par hasard, mais qui doivent être cherchées avec soin et dépense par des hommes fort intelligents, que parcequ'il arrivera difficilement que les mêmes qui auront l'adresse de s'en bien servir aient le pouvoir de les faire, et parce aussi que la plupart des meilleurs esprits ont conçu une si mauvaise opinion de toute la philosophie, à cause des défauts qu'ils ont remarqués en celle qui a été jusques à présent en usage, qu'ils ne pourront jamais se résoudre à s'appliquer à en chercher une meilleure.

Mais enfin, si la différence qu'ils verront entre ces principes et tous ceux des autres, et la grande suite des vérités qu'on en peut déduire, leur fait connoître combien il est important de continuer en la recherche de ces vérités, et jusques à quel degré de sagesse, à quelle perfection de vie et à quelle félicité elles peuvent conduire, j'ose croire qu'il n'y en aura pas un qui ne tâche de s'employer à une étude si profitable, ou du moins qui ne favorise et ne veuille aider de tout son pouvoir ceux qui s'y emploieront avec fruit. Je souhaite que nos neveux en voient le succès, etc.

11. Comment nous pouvons plus clairement connoître notre

âme que notre corps.

12. D'où vient que tout le monde ne la connoît pas en cette

façon.

13. En quel sens on peut dire que si on ignore Dieu on ne

peut avoir connoissance certaine d'aucune autre chose.

14. Qu'on peut démontrer qu'il y a un Dieu de cela seul

que la nécessité d'être ou d'exister est comprise en la notion

que nous avons de lui.

15. Que la nécessité d'être n'est pas comprise en la notion

que nous avons des autres choses, mais seulement le pouvoir
d'être.

16. Que les préjugés empêchent que plusieurs ne connois-

sent clairement cette nécessité d'être qui est en Dieu.

17. Que d'autant que nous concevons plus de perfection en

une chose, d'autant devons-nous croire que sa cause doit aussi

être plus parfaite.

18. Qu'on peut derechef démontrer par cela qu'il y aun Dieu.

19. Qu'encore que nous ne comprenions pas tout ce qui est

en Dieu, il n'y a rien toutefois que nous connoissions si clai-

rement comme ses perfections.

20. Que nous ne sommes pas la cause de nous-même, mais

que c'est Dieu, et que par conséquent il y a un Dieu.

21. Que la seule durée de notre vie suffit pour démontrer

que Dieu est.

22. Qu'en connoissant qu'il y a un Dieu en la façon ici ex-

pliquée on connoît aussi tous ses attributs, autant qu'ils peu-

vent être connus par la seule lumière naturelle.

23. Que Dieu n'est point corporel, et ne connoît point par

l'aide des sens comme nous, et n'est point auteur du péché.

24. Qu'après avoir connu que Dieu est, pour passer à la

connoissance des créatures, il se faut souvenir que notre en-
tendement est fini et la puissance de Dieu infinie.

« PreviousContinue »