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à mesure qu'elles le rencontrent, et l'empêchent par ce moyen davantage de se mouvoir vers C que si elles étoient sans mouvement; néanmoins, parcequ'il y en a tout autant d'autres qui, tendant de F vers B, le poussent vers C, il n'est pas plus poussé par elles toutes d'un côté que d'un autre, et ne doit point se mouvoir s'il ne lui arrive rien d'ailleurs, à cause que, quelque figure que l'on suppose en ce corps B, il y aura toujours justement autant de ces parties qui le pousseront vers un côté, comme il y en aura d'autres qui le pousseront au contraire, pourvu que la liqueur qui l'environne n'ait point de cours semblable à celui des rivières qui la fasse couler tout entière vers quelque part. Or je suppose que B est environné de tous côtés par la liqueur FD; mais il n'importe pas qu'il soit justement au milieu d'elle: car, encore qu'il y en ait plus entre B et C qu'entre B et F, elle n'a pas pour cela plus de force à le pousser vers F que vers C, parcequ'elle n'agit pas tout entière contre lui, mais seulement par celles de ses parties qui touchent sa superficie. Nous avons considéré jusques à cette heure le corps B comme étant en repos; mais si nous supposons maintenant qu'il soit poussé vers C par quelque force qui lui vienne de dehors, si petite qu'elle puisse être, elle suffira, non pas véritablement à le mouvoir toute seule, mais à se joindre avec les parties du corps liquide

FD, en les déterminant à le pousser aussi vers C, et à lui communiquer une partie de leur mou

vement.

57. La preuve de

cédent.

Afin de connoître ceci plus distinctement, considérons que quand il n'y a point de corps dur l'article prédans le corps fluide FD ses petites parties a e ioa sont disposées comme un anneau, et qu'elles se meuvent circulairement suivant l'ordre des lettres aei; et que celles qui sont marquées o uya o se meuvent de même suivant l'ordre des lettres ouy. Car, afin qu'un corps soit fluide, les petites parties qui le composent doivent se mouvoir en plusieurs façons différentes, comme il a été déjà remarqué. Mais, supposant que le corps dur B flotte dans le fluide FD entre ses parties a et o sans se mouvoir, considérons ce qui en arrive. Premièrement, il empêche que les petites parties a e io ne passent d'o aeio vers a et n'achèvent le cercle de leur mouvement; il empêche aussi que celles qui sont marquées ou y a ne passent d'a verso: de plus, celles qui viennent d'i vers o poussent B vers C, et celles qui viennent pareillement d'y vers a, le poussent vers F, d'une force si égale que, s'il n'arrive rien d'ailleurs, elles ne peuvent le faire mouvoir; mais les unes retournent d'o vers u, et les autres d'a vers e, et au lieu des deux circulations qu'elles faisoient auparavant, elles n'en font plus qu'une suivant l'ordre des lettres a ei o uya. Il est donc manifeste qu'elles ne

perdent rien de leur mouvement par la rencontre du corps B, et qu'elles changent seulement leur détermination, et ne continuent plus de se mouvoir suivant des lignes si droites ni si approchantes de la droite, que si elles ne le rencontroient point en leur chemin. Enfin, si nous supposons que B soit poussé par quelque force qui n'étoit pas en lui auparavant, je dis que cette force étant jointe à celle dont les parties du corps fluide qui viennent d'i vers o le poussent vers C, ne sauroit être si petite qu'elle ne surmonte celle qui fait que les autres qui viennent d'y vers a le repoussent au contraire, et qu'elle suffit pour changer leur détermination et faire qu'elles se meuvent suivant l'ordre des lettres ay uo, autant qu'il est requis pour ne point empêcher le mouvement du corps B; parceque quand deux corps sont déterminés à se mouvoir vers deux endroits directement opposés l'un à l'autre et qu'ils se rencontrent, celui qui a plus de force doit changer la détermination de l'autre. Et ce que je viens de remarquer touchant les petites parties aeio uy se doit aussi entendre de toutes les autres parties du corps fluide FD, qui heurtent contre le corps B, à savoir que celles qui le poussent vers C sont opposées à un nombre égal d'autres qui le poussent à l'opposite, et que pour peu de force qui survienne aux unes plus qu'aux autres, ce peu de force suffit pour changer la déter

mination de celles qui en ont moins; et quand même elles ne décriroient pas des cercles tels que ceux qui sont ici représentés, elles emploient sans doute leur agitation à se mouvoir circulairement, ou bien en quelques autres façons équivalentes.

58.

Qu'un corps

être estimé

fluide au re

gard d'un corps dur qu'il environ`ne, quand quelques unes de ses parties

se meuvent

moins vite

corps dur.

Or la détermination des petites parties du corps fluide qui empêchoient le corps B de se mouvoir ne doit pas vers C étant ainsi changée, ce corps commencera entièrement de se mouvoir, et aura tout autant de vitesse qu'en a la force qui doit être ajoutée à celles des petites parties de cette liqueur pour le déterminer à ce mouvement; pourvu toutefois qu'il n'y en ait aucunes parmi elles qui ne se meuvent plus vite ou du moins aussi vite que cette force, parceque, que ne fait ce s'il y en a quelques unes qui se meuvent plus lentement, on ne doit pas considérer ce corps comme liquide, en tant qu'il en est composé; et en ce cas aussi la moindre petite force ne pourroit pas mouvoir le corps dur qui seroit dedans, d'autant qu'il faudroit qu'elle fût si grande qu'elle pût surmonter la résistance de celles qui ne se remueroient pas assez vite. Ainsi nous voyons que l'air, l'eau, et les autres corps fluides, résistent assez sensiblement aux corps qui se meuvent parmi eux d'une vitesse extraordinaire, et que ces mêmes liqueurs leur cèdent très aisément lorsqu'ils se meuvent plus lentement.

59. Qu'un corps dur étant poussé par

un autre ne

recoit pas

de lui seul

corps

Toutefois nous devons penser que, lorsque le B est mû par une force extérieure, il ne reçoit pas son mouvement de la seule force qui l'a poussé, mais qu'il en reçoit aussi beaucoup des petites parties du corps fluide qui l'environne; et que celles acquiert, mais qui composent les cercles aeio et ayuo perdent autant de leur mouvement comme elles en comtie du corps muniquent aux parties du corps B qui sont entre l'environne. o et a, parceque ces parties participent aux mou

tout le mou

vement qu'il

en emprunte

aussi une par

fluide qui

60.

Qu'il ne peut toutefois

avoir plus de

vitesse que ce

lui en donne.

vements circulaires aeioa et ayuoa, nonobstant qu'elles se joignent sans cesse à d'autres parties de cette liqueur pendant qu'elles avancent vers C, ce qui est cause aussi qu'elles ne reçoivent que fort peu de mouvement de chacune en par

ticulier.

Mais il faut que je rende raison pourquoi je n'ai pas dit ci-dessus que la détermination des parties ayuo devoit être entièrement changée, mais seucorps dur ne lement qu'elle devoit l'être autant qu'il étoit requis pour ne point empêcher le mouvement du corps B; dont la raison est que ce corps B ne se peut mouvoir plus vite qu'il n'est poussé par la force extérieure, encore que les parties du corps fluide FD aient souvent beaucoup plus d'agitation. Et c'est ce qu'on doit soigneusement observer en philosophant, que de n'attribuer jamais à une cause aucun effet qui surpasse son pouvoir. Car si nous supposons que le corps B, qui étoit envi

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