car, lorsque la pierre A' tourne dans la fronde EA, suivant le cercle ABF, dans l'instant même qu'elle est au point A, elle est déterminée à se mouvoir vers quelque côté, à savoir vers C, suivant la ligne droite AC, si l'on suppose que c'est celle-là qui touche le cercle: mais on ne sauroit feindre qu'elle soit déterminée à se mouvoir circulairement, parceque, encore qu'elle soit venue d'L vers A suivant une ligne courbe, nous ne concevons point qu'il y ait aucune partie de cette courbure en cette pierre lorsqu'elle est au point A; et nous en sommes assurés par l'expérience, parceque cette pierre avance tout droit vers C lorsqu'elle sort de la fronde, et ne tend en aucune façon à se mouvoir vers B: ce qui nous fait voir manifestement que tout corps qui est mû en rond tend sans cesse à s'éloigner du centre du cercle qu'il décrit ; et nous le pouvons même sentir de la main pendant que nous faisons tourner cette pierre dans cette fronde, car elle tire et fait tendre la corde pour s'éloigner directement de notre main. Cette considération est de telle importance, et servira en tant d'endroits ci-après, que nous devons la remarquer soigneusement ici, et je l'expliquerai encore plus au long lorsqu'il en sera . temps. La troisième loi que je remarque en la nature est que si un corps qui se meut et qui en rencon' Voyez première planche, figure 5. 40. La troisième, que, si un meut en ren que soi, il ne son mouve en rencontre en perd au tant qu'il lui corps qui se tre un autre a moins de force pour continuer de se contre un au- mouvoir en ligne droite que cet autre pour lui rétre plus fort sister, il perd sa détermination sans rien perdre perd rien de de son mouvement; et que, s'il a plus de force, il ment ; et s'il meut avec soi cet autre corps, et perd autant de un plus foible son mouvement qu'il lui en donne. Ainsi nous qu'il puisse mouvoir, il voyons qu'un corps dur que nous avons poussé contre un autre plus grand qui est dur et ferme en donne. rejaillit vers le côté d'où il est venu, et ne perd rien de son mouvement; mais que si le corps qu'il rencontre est mou, il s'arrête incontinent, parcequ'il lui transfère tout son mouvement. Les causes particulières des changements qui arrivent aux corps sont toutes comprises en cette règle, au moins celles qui sont corporelles, car je ne m'informe pas maintenant si les anges et les pensées des hommes ont la force de mouvoir les corps; c'est une question que je réserve au traité que j'espère faire de l'homme. 41. La preuve de la première règle. On connoîtra encore mieux la vérité de la première partie de cette règle si on prend garde à la partie de cette différence qui est entre le mouvement d'une chose et sa détermination vers un côté plutôt que vers un autre, laquelle différence est cause que cette détermination peut être changée sans qu'il y ait rien de changé au mouvement. Car de ce que chaque chose telle qu'elle est continue toujours d'être comme elle est en soi simplement, et non pas comme elle est au regard des autres, jusques à ce qu'elle soit contrainte de changer d'état par la rencontre de quelque autre, il faut nécessairement qu'un corps qui se meut et qui en rencontre un autre en son chemin, si dur et si ferme qu'il ne sauroit le pousser en aucune façon, perde entièrement la détermination qu'il avoit à se mouvoir vers ce côté-là, d'autant que la cause qui la lui fait perdre est manifeste, à savoir la résistance du corps qui l'empêche de passer outre; mais il ne faut point qu'il perde rien pour cela de son mouvement, d'autant qu'il ne lui est point ôté par ce corps, ni par aucune autre cause, et que le mouvement n'est point contraire au mouvement. 42. La preuve de partie. On connoîtra mieux aussi la vérité de l'autre partie de cette règle si on prend garde que Dieu la seconde ne change jamais sa façon d'agir, et qu'il conserve le monde avec la même action qu'il l'a créé. Car, tout étant plein de corps, et néanmoins chaque partie de la matière tendant à se mouvoir en ligne droite, il est évident que, dès le commencement que Dieu a créé la matière, non seulement il a mû diversement ses parties, mais aussi qu'il les a faites de telle nature que les unes ont dès lors commencé pousser les autres et à leur communiquer une partie de leur mouvement; et parcequ'il les maintient encore avec la même action et les mêmes lois qu'il leur a fait observer en leur création, il faut 43. En quoi con de chaque corps pour résister. qu'il conserve maintenant en elles toutes le mou- Outre cela il faut remarquer que la force dont siste la force un corps agit contre un autre corps, ou résiste à son action, consiste en cela seul que chaque chose agir ou pour persiste autant qu'elle peut à demeurer au même état où elle se trouve, conformément à la première loi qui a été exposée ci-dessus: de façon qu'un corps qui est joint à un autre corps a quelque force pour empêcher qu'il n'en soit séparé; et, lorsqu'il en est séparé, il a quelque force pour empêcher qu'il ne lui soit joint; comme aussi, lorsqu'il est en repos, il a de la force pour demeurer en ce repos, et par conséquent pour résister à tout ce qui pourroit le faire changer; et de même, lorsqu'il se meut, il a de la force pour continuer son mouvement, c'est-à-dire pour se mouvoir avec la même vitesse et vers le même côté : mais on doit juger de la quantité de cette force par la grandeur du corps où elle est, et de la superficie selon laquelle ce corps est séparé d'un autre, et aussi par la vitesse du mouvement, et les façons contraires dont plusieurs divers corps se rencontrent. 44. Que le mou vement n'est pas contraire à un autre mais au repos; et la détermi nation d'un mouvement vers un côté à tion vers un sa détermina De plus, il faut remarquer qu'un mouvement n'est pas contraire à un autre mouvement plus vite ou aussi vite que soi, et qu'il n'y a de la contrariété qu'en deux façons seulement, à savoir entre mouvement, le mouvement et le repos, ou bien entre la vitesse et la tardiveté du mouvement, en tant que cette tardiveté participe de la nature du repos; et entre la détermination qu'a un corps à se mouvoir vers quelque côté, et la résistance des autres corps qu'il rencontre en son chemin, soit que ces autres corps se reposent, ou qu'ils se meuvent autrement que lui, ou que celui qui se meut rencontre diversement leurs parties: car, selon que ces corps se trouvent disposés, cette contrariété est plus ou moins grande. autre. 45. Comment on peut détermiles corps qui ner combien se rencontrent chan gent les mou vements les Or, afin que nous puissions déduire de ces principes comment chaque corps en particulier augmente ou diminue ses mouvements, ou change leur détermination à cause de la rencontre des autres corps, il faut seulement calculer combien il y a de force en chacun de ces corps pour mouvoir ou uns des autres pour résister au mouvement, parcequ'il est évident par les règles que celui qui en a le plus doit toujours produire son effet et empêcher celui de l'autre; et ce calcul seroit aisé à faire en des corps parfaitement durs, s'il se pouvoit faire qu'il n'y en eût point plus de qui suivent. |