Page images
PDF
EPUB

ne se fasse,

encore que

puissions

ou trois parties en l'espace G de la grandeur de nous ne la l'espace E, et qu'il y en a d'autres plus petites en comprendre. plus grand nombre qui demeurent indivises, nous concevons néanmoins qu'elles peuvent se mouvoir toutes circulairement vers E', pourvu qu'il y en ait d'autres mêlées parmi, qui changent leurs figures en tant de façons qu'étant jointes à celles qui ne peuvent changer les leurs si facilement, mais qui vont plus ou moins vite à raison du lieu qu'elles doivent occuper, elles puissent emplir tous les angles et les petits recoins où ces autres, pour être trop grandes, ne sauroient entrer; et, bien que nous n'entendions pas comment se fait cette division indéfinie, nous ne devons point douter qu'elle ne se fasse, parceque nous apercevons qu'elle suit nécessairement de la nature de la matière dont nous avons déjà une connoissance très distincte, et que nous apercevons aussi que cette vérité est du nombre de celles que nous ne saurions comprendre, à cause que notre pensée est finie.

36. Que Dieu est la première

vement, et

Après avoir examiné la nature du mouvement, il faut nous en considérions la cause, et parque cause du mou- cequ'elle peut être prise en deux façons, nous qu'il en con- commencerons par la première et plus universelle, qui produit généralement tous les mouveégale quantité en l'univers. ments qui sont au monde; nous considérerons par après l'autre, qui fait que chaque partie de la

serve tou

jours une

Voyez la figure ci-devant.

matière en acquiert qu'elle n'avoit pas auparavant, Pour ce qui est de la première, il me semble qu'il est évident qu'il n'y en a point d'autre que Dieu, qui, par sa toute-puissance, a créé la matière avec le mouvement et le repos de ses parties, et qui conserve maintenant en l'univers, par son concours ordinaire, autant de mouvement et de repos qu'il y en a mis en le créant. Car, bien que le mouvement ne soit qu'une façon en la matière qui est mue, elle en a pourtant une certaine quantité qui n'augmente et ne diminue jamais, encore qu'il y en ait tantôt plus et tantôt moins en quelques unes de ses parties; c'est pourquoi, lorsqu'une partie de la matière se meut deux fois plus vite qu'une autre, et que cette autre est deux fois plus grande que la première, nous devons penser qu'il y a tout autant de mouvement dans la plus petite que dans la plus grande, et que toutes fois et quantes que le mouvement d'une partie diminue, celui de quelque autre partie augmente à proportion. Nous connoissons aussi que c'est une perfection en Dieu, non seulement de ce qu'il est immuable en sa nature, mais encore de ce qu'il agit d'une façon qu'il ne change jamais tellement qu'outre les changements que nous voyons dans le monde, et ceux que nous croyons parceque Dieu les a révélés, et que nous savons arriver ou être arrivés en la nature sans aucun changement de la part du Créateur, nous

ne devons point en supposer d'autres en ses ouvrages, de peur de lui attribuer de l'inconstance; d'où il suit que, puisqu'il a mû en plusieurs façons différentes les parties de la matière lorsqu'il les a créées, et qu'il les maintient toutes en la même façon et avec les mêmes lois qu'il leur a fait observer én leur création, il conserve incessamment en cette matière une égale quantité de mouvement. De cela aussi que Dieu n'est point sujet à chanloi de la na- ger et qu'il agit toujours de même sorte, nous pouture, que cha-vons parvenir à la connoissance de certaines règles, meure en l'é- que je nomme les lois de la nature, et qui sont les pendant que causes secondes des divers mouvements que nous

37.

La première

que chose de

tat qu'elle est

rien ne le

change.

1

remarquons en tous les corps, ce qui les rend ici fort considérables. La première est que chaque chose en particulier continue d'être en même état autant qu'il se peut, et que jamais elle ne le change que par la rencontre des autres. Ainsi nous voyons tous les jours que lorsque quelque partie de cette matière est carrée, elle demeure toujours carrée, s'il n'arrive rien d'ailleurs qui change sa figure; et que, si elle est en repos, elle ne commence point à se mouvoir de soi-même : mais, lorsqu'elle a commencé une fois de se mouvoir, nous n'avons aussi aucune raison de penser qu'elle doive jamais cesser de se mouvoir de même force pendant qu'elle ne rencontre rien qui retarde ou qui arrête son mouvement; de façon que si un corps a commencé

une fois de se mouvoir, nous devons conclure qu'il
continue par après de se mouvoir, et que jamais il
ne s'arrête de soi-même. Mais, parceque nous habi-
tons une terre dont la constitution est telle que
tous les mouvements qui se font auprès de nous
cessent en peu
de temps, et souvent par des rai-
sons qui sont cachées à nos sens, nous avons jugé,
dès le commencement de notre vie, que les mou-
vements qui cessent ainsi par des raisons qui nous
sont inconnues s'arrêtent d'eux-mêmes, et nous
avons encore à présent beaucoup d'inclination à
croire le semblable de tous les autres qui sont au
monde, à savoir que naturellement ils cessent d'eux-
mêmes et qu'ils tendent au repos, parcequ'il nous
semble que nous en avons fait l'expérience en plu-
sieurs rencontres. Et toutefois ce n'est qu'un faux
préjugé, qui répugne manifestement aux lois de la
nature; car le repos est contraire au mouvement,
et rien ne se porte par l'instinct de sa nature à son
contraire ou à la destruction de soi-même.

38. Pourquoi les

corps poussés continuent de

de la main

se mouvoir après qu'elle

Nous voyons tous les jours la preuve de cette première règle dans les choses qu'on a poussées au loin car il n'y a point d'autre raison pourquoi elles continuent de se mouvoir lorsqu'elles sont hors de la main de celui qui les a poussées, sinon les a quittés. que, suivant les lois de la nature, tous les corps qui se meuvent continuent de se mouvoir jusqu'à ce que leur mouvement soit arrêté par quelques au

39.

La seconde

ture, que tout

tres corps; et il est évident que l'air et les autres
corps liquides entre lesquels nous voyons ces cho-
ses se mouvoir diminuent peu à peu la vitesse de
leur mouvement: car nous pouvons même sentir
de la main la résistance de l'air, si nous secouons
assez vite un éventail qui soit étendu; et il n'y a
point de
corps fluide sur la terre qui ne résiste
encore plus manifestement que l'air aux mouve-
ments des autres corps.

La seconde loi que je remarque en la nature est loi de la na que chaque partie de la matière en son particulier ne tend jamais à continuer de se mouvoir suivant meut tend à des lignes courbes, mais suivant des lignes droites, mouvement bien que plusieurs de ces parties soient souvent

corps qui se

continuer son

en ligne droite.

contraintes de se détourner parcequ'elles en rencontrent d'autres en leur chemin, et que, lorsqu'un corps se meut, il se fait toujours un cercle ou anneau de toute la matière qui est mue ensemble. Cette règle, comme la précédente, dépend de ce que Dieu est immuable et qu'il conserve le mouvement en la matière par une opération très simple; car il ne le conserve pas comme il a pu être quelque temps auparavant, mais comme il est précisément au même instant qu'il le conserve. Et, bien qu'il soit vrai que le mouvement ne se fait pas en un instant, néanmoins il est évident que tout corps qui se meut est déterminé à se mouvoir suivant ,une ligne droite, et non pas suivant une circulaire:

« PreviousContinue »