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signaux seront transmis avec la même fidélité, avec la même promptitude.

On peut encore, comme M. Bréguet l'a observé dernièrement, remplacer le fil supprimé par l'un des rails du chemin de fer.

Si l'employé, chargé d'écrire la correspondance, est absent, l'appareil écrit lui-même la dépêche, et voici comment :

Plaçons au-dessous de l'électro-aimant une bande de papier que nous mettrons en mouvement à l'aide d'un mécanisme quelconque: disposons de plus un pinceau ou un crayon de telle sorte qu'un mouvement de bascule imprimé au fer doux suffise pour pousser ce pinceau ou ce crayon sur la bande de papier; faisons enfin que ce mouvement de bascule soit imprimé au fer doux chaque fois que le courant électrique viendra développer en lui la vertu magnétique. Ces dispositions étant prises, il est clair que chaque fois que le fer doux sera mis en mouvement, le pinceau tracera un signe sur le papier. Le courant ne dure-t-il qu'un instant? il n'y aura qu'un point marqué. Dure-t-il plus longtemps? il y aura une ligne; plus longtemps encore? une ligne plus longue sera produite, et si nous avons à l'avance donné une signification précise à toutes les combinaisons possibles de points de lignes de diverses grandeurs, il est évident que nous pourrons faire, d'un bout à l'autre de la ligne télégraphique, l'échange de nos pensées.

Télégraphie par induction.

On a donné le nom de courants d'induction à des courants particuliers qui se développent dans les conducteurs

au moment où ces corps conducteurs s'approchent ou s'éloignent, soit de courants voltaïques, soit de barreaux aimantés. Si l'on enroule autour d'une bobine deux fils de cuivre couverts de soie, à un très grand nombre de tours; que l'un soit attaché par les deux bouts aux pôles d'une pile, l'autre appliqué par les siens à un multiplicateur; à l'instant où la pile entre en action, l'aiguille du multiplicateur est fortement déviée, mais revient aussitôt à sa position première. Tant que la pile est en activité, l'aiguille reste au zéro; mais à l'instant où l'on interrompt l'action de la pile, l'aiguille est encore chassée vivement, mais du côté opposé, et elle revient aussitôt à son point de départ. Il résulte de là, comme il n'y a pas communication, que les courants et la pile produisent dans le fil voisin des courants instantanés quand commence ou cesse l'action de la pile.

On peut obtenir le même effet sans pile en faisant pénétrer brusquement dans la bobine précédente un aimant un peu puissant, il y a développement de courant dans le fil au moment de l'entrée et de la sortie du courant.

Les phénomènes d'induction fournissent un système de télégraphie électrique auquel on a donné, le long de certaines lignes, la préférence sur celui que nous avons indiqué.

Toutefois, il ne s'agit que du mode de production des courants; car le mécanisme du télégraphe est le même au fond; seulement on remplace la pile par un appareil d'induction purement magnétique.

On conçoit aisément cette production de courants avec une large bobine creuse entourée du double fil conducteur, et dans l'intérieur de laquelle on introduit brusquement un

barreau magnétique suspendu, ce qui détermine un courant instantané; on en obtient un autre par la brusque sortie du barreau. Or, comme on n'a jamais besoin que de courants instantanés, on conçoit qu'on puisse remplacer avec cet appareil la pile pour la production de tous les courants qu'exige la transmission télégraphique.

Un appareil de ce genre est établi en Allemagne, mais on préfère aujourd'hui la disposition imaginée par Whealstone. C'est le système qui fonctionne au chemin de fer de la ligne d'Orléans. Dans ce système, une roue horizontale à 26 divisions engrène dans un pignon vertical; le mouvement de cette roue qu'on tourne à la main, a pour effet, par l'intermédiaire du pignon, de produire de brusques entrées et sorties d'un petit barreau aimanté, par rapport à une bobine, comme ci-dessus. Chaque passage d'une dent de la roue produit donc, par induction, un courant instantané, et ces courants parfaitement gouvernés par la main qui tourne la roue, sont aussi rapides, aussi multipliés qu'on le veut. Ici, le passage d'une dent, déterminé par un mouvement de la main, remplace la pression du doigt sur une touche dans l'appareil cité plus haut, c'est-à-dire détermine un courant instantané qui anime un électro-aimant, contre lequel vient battre le petit levier régulateur du mouvement d'horlogerie. Il n'y a donc, au fond, d'autre différence que la substitution de l'action inductive magnétique à l'action de la pile: ce qui semble offrir quelques avantages.

Au lieu de faire mouvoir avec elles une aiguille indicatrice, la roue d'horloge fait tourner un léger cadran de carton qui porte des lettres correspondantes à celles de la roue motrice. On amène une des lettres de celle-ci contre un repère fixe, et le petit cadran de carton tourne d'autant de divisions, de manière à amener la même lettre dans

une position fixe et convenue. Les deux opérateurs ont donc sous les yeux cette lettre, comme ils avaient l'aiguille indicatrice dans l'appareil que celui-ci remplace.

Enfin, je terminerai ce rapide aperçu en mentionnant les expériences de Matteucci. Ce physicien s'est assuré par des expériences directes que le courant électrique ne se perd pas dans l'eau. Il a creusé de chaque côté de l'Arno des puits profonds dans lesquels il plonge les plaques terminales d'un seul fil; ce fil repose sur le lit de l'Arno. Pour que le courant s'établisse, il faudra donc que l'électricité passe dans le fil submergé et dans le sol au-dessous même du fleuve. C'est ce que l'expérience a pleinement démontré. M. Matteucci propose de joindre par ce procédé les côtes de France à celles d'Angleterre. Un Américain va plus loin, il veut lier, de la même façon, l'Europe à l'Amérique : la Nouvelle-Écosse à la côte d'Irlande.

Le même principe peut servir à régler et à faire circuler le temps dans les maisons et dans les villes exactement comme on fait circuler l'eau et le gaz dans les tuyaux. Une seule horloge mettra en mouvement toutes les horloges, réduites dès-lors à un cadran (et à des aiguilles qui, pour la première fois, marqueront toutes rigoureusement la même heure.

Et, comme on conduit le temps, on peut conduire aussi la musique. Un habile constructeur, M. Froment, transmet à toute distance le jeu du pianiste.

RECHERCHES

SUR

L'ÉLECTRICITÉ

ATMOSPHÉRIQUE,

PAR M. BOUTAN,
Professeur de Physique au Collège royal de Rouen.

Un siècle tout entier s'est écoulé depuis la publication du Mémoire où l'abbé Nollet signalait, pour la première fois, d'une manière positive, l'identité qui existe entre l'électricité et la cause qui produit les orages : cette conception du physicien français fut bientôt confirmée par des expériences nombreuses, indiquées d'abord par Francklin, répétées ensuite par d'Alibard, Romas, Beccaria, Ronayre, Read, le duc de Baulno, et une foule d'autres savants, séduits et enthousiasmés par cette idée hardie d'aller puiser l'électricité au sein même des nuages orageux. Cependant, malgré les observations multipliées et consciencieuses qui ont été faites depuis cette époque; malgré les travaux si remarquables de Volta, Saussure, Schubler, Peltier, de MM. Becquerel et Pouillet; malgré la

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