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en France, une malheureuse tendance vers une augmentation dans la criminalité. Or, en étudiant par lui-même, en disséquant les chiffres avec scrupule, il est arrivé à une conclusion tout opposée.

M. Fayet, lui, s'est rangé parmi les alarmistes, et il a trouvé le moyen de se procurer des chiffres pour établir que l'ascension annuelle des crimes en France est marquée par le nombre 332. Ce résultat a paru si extraordinaire à notre rapporteur, qu'il a voulu savoir l'opinion de nos confrères MM. Moreau de Jonnès et Arondeau, juges si compétents en pareille matière. Tous deux ont trouvé, comme M. Vingtrinier, la cause de l'erreur de M. Fayet, dans l'association qu'il a faite des chiffres correctionnels avec les chiffres criminels. Qui ne comprend que l'augmentation du chiffre correctionnel, étant subordonnée à l'état de la misère du peuple, il n'y a pas de conclusion grave, alarmante à en tirer! Ainsi, par exemple, en 1847, les prisons correctionnelles sont encombrées d'un tiers en plus que dans les années ordinaires. A Rouen, la maison. de correction montre, chaque année, en juin, un chiffre de 500; aujourd'hui il est de 800. Mais, d'un autre côté, la maison de justice criminelle n'a pas dépassé son chiffre annuel; c'est ce qui rassure. La mendicité est le délit de ces 300 malheureux qui ont gonflé le chiffre ordinaire ; conséquemment ce serait à tort que M. Fayet les ferait servir à prouver le progrès de la criminalité en France.

Malgré toutes ses observations critiques à l'égard des ouvrages de M. Fayet, M. Vingtrinier n'est pas moins d'avis qu'il faut encourager de pareils travaux, et user de bienveillance envers les hommes zélés qui, comme le professeur de Colmar, veulent bien se livrer aux recherches difficiles et peu agréables de la statistique, parce que ce

n'est jamais que dans l'intérêt public que ces hommes travaillent.

J'aurais voulu vous parler, Messieurs, des rapports étendus et substantiels de MM. Bergasse, Vingtrinier, Girardin, Avenel, Preisser, sur un grand nombre d'ouvrages adressés à l'Académie; de l'envoi, par notre correspondant, M. le docteur Duchesne, des copies de deux lettres autographes de Rouelle et Lecat, ces grandes illustrations normandes du xvIIIe siècle.

J'aurais voulu vous énumérer les diverses publications scientifiques faites en dehors de l'Académie par plusieurs de ses membres; tels que MM. Moreau de Jonnès, Amiot, Pelouze, Bussy, Philippar, Payen, Boutigny, V. Pasquier, Michelin, Boucher de Perthes, Soyer-Willemet, Lesauvage, Lamare, Jules Reiset, Forget, Avenel, Du Breuil, Girardin (g); mais le temps me presse, et je me hâte de terminer ce trop long rapport, en vous signalant les changements survenus dans le sein de la Compagnie pendant l'année qui vient de s'écouler.

Rapports, publications

des Membres

de l'Académie.

Nous avons eu la douleur de perdre le dernier des mem- NÉCROLOGIE. bres qui aient concouru à la nouvelle organisation de l'Académie, M. Le Tellier, qui a laissé de si honorables souvenirs dans cette ville, où il a été successivement excellent professeur, industriel habile, inspecteur d'Université intègre et consciencieux. Notre confrère M. Lévy a rédigé, sur celui qui fut son maître, son protecteur et son ami, une notice biographique que nous nous empresserons d'insérer dans le Précis de nos travaux.

Nos regrets se sont accrus lorsque nous avons vu disparaître de nos rangs, et presque coup sur coup, Virey,

Nouveaux
Membres

de l'Académie

cet auteur fécond et érudit qui a écrit avec un égal succès
sur la médecine, la pharmacie, l'histoire naturelle; Du-
trochet, ce physiologiste profond, qui a doté la science
de vues si ingénieuses, de découvertes si capitales; Cotte-
reau, ce médecin zélé et philanthrope, dont la vie a été si
active et malheureusement si courte (h).

Mais, comme il est dans la destinée des Académies de se régénérer continuellement, nous avons, pour combler ces vides regrettables, appelé dans notre sein des hommes qui apporteront leur concours empressé à l'œuvre civilisatrice que nous poursuivons. Ces nouveaux collabora

teurs sont :

MM. Boutan, professeur de physique au Collége royal
de Rouen.

Lepage, pharmacien, professeur de physique et
de chimie au Collège de Gisors;

Herberger, chimiste, directeur de la Société Pa-
latine des sciences chimiques, à Kaiserlautern
en Bavière ;

Boileau de Castelnau, médecin en chef de la maison
centrale de Nismes.

Les travaux antérieurs de ces estimables confrères sont, pour l'Académie, un gage assuré des services qu'elle recevra de leur collaboration future.

J'ai sans doute bien incomplètement raconté les occupations scientifiques de l'Académie pendant l'année; signalé imparfaitement la tendance générale de ses efforts pour l'accroissement des connaissances, pour l'entretien parmi

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nous de cette émulation, de ce feu sacré qui poussent incessamment les esprits à découvrir de nouvelles voies dans les sentiers encore mal frayés de la science. Avec un aussi beau sujet à traiter, j'aurais dû mieux faire; mais ce qui, je l'espère, rachètera ma faiblesse, c'est que j'ai voulu, avant tout, être impartial et véridique autant qu'on peut l'être quand on a grande envie d'être vrai, et qu'on n'a pas besoin d'autre chose pour intéresser.

COMPLÉMENT.

COMPLÉMENT

DU

RAPPORT DU SECRÉTAIRE

DE LA CLASSE DES SCIENCES.

Je crois devoir donner ici quelques détails qui auraient allongé, outre mesure, mon Rapport destiné à être lu en séance publique. Ce sera satisfaire à la fois aux exigences du public scientifique et aux justes égards qui sont dus à d'honorables confrères dont le zèle a fourni à l'Académie des occasions de travaux et de discussions.

(a) Voici l'exposé analytique du mémoire de M. Amiot sur les surfaces du second degré, par M. Bigourdan, rapporteur.

>> On sait que lorsqu'on cherche, dans un plan, le lieu de tous les points, dont les distances à une droite donnée et à un point fixe, situés dans le même plan, conservent un rapport constant, on obtient l'équation la plus générale du 2a degré entre deux variables. Si l'on identifie cette équation avec celle d'une courbe quelconque du 24 degré, on obtient immédiatement non-seulement les foyers et les directrices de cette courbe, mais encore ses éléments en grandeur et en position.

» M. Amiot, dans un premier travail, s'est proposé une question analogue par rapport aux surfaces du 2a degré, et il a trouvé,

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