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Notre confrère, M. Amiot, aujourd'hui professeur suppléant en exercice au collège de France, a envoyé à l'Académie deux mémoires sur les surfaces du second degré, qui ne sont, comme on sait, qu'une extension des sections coniques. Ces surfaces se rattachent aux phénomènes de la lumière et de la chaleur, et il est infiniment probable que leur rôle s'étendra de plus en plus à mesure que leurs propriétés et les phénomènes naturels seront mieux connus. Leur étude est donc de la plus grande importance, et déjà d'illustres géomètres s'y sont livrés d'une manière soutenue. M. Amiot s'en est aussi occupé avec beaucoup de talent et de succès, et il a démontré un grand nombre de propriétés et de théorèmes nouveaux qui avaient échappé à la sagacité de ses devanciers (a)*. L'Institut, sur la proposition de M. Cauchy, l'un des premiers, sinon le premier mathématicien de l'Europe, a donné sa haute approbation aux travaux de notre confrère. Ce qui fait le plus grand honneur à M. Amiot, c'est que ses recherches ont servi à M. Cauchy de point de départ pour exécuter lui-même des travaux très remarquables sur un sujet analogue.

Une circonstance qui se rattache à la publication des mémoires de M. Amiot, peut mieux que toute autre chose en faire sentir l'importance. M. Chasles, membre de l'Institut et géomètre très distingué, éleva une question de priorité sur une petite partie du travail de notre confrère. Cette réclamation suscita dans le sein de l'Académie des sciences une discussion à laquelle prirent part MM. Chasles, Poncelet et Amiot, et de laquelle ce dernier sortit vainqueur. «De quelque face qu'on envisage les choses, a dit M. Poncelet, l'idée des nouvelles définitions et des nouveaux théorèmes sur les foyers des lignes et des surfaces du deuxième ordre appartient, sans aucune restriction, à

* Voir les notes à la fin de l'article.

Mémoire

de M. Amiot sur les surfaces du 2d degré.

SCIENCES
PHYSIQUES

ET NATURELLES.

M. Amiot, et il est certain que les théorèmes démontrés analytiquement par ce savant, sont venus présenter la théorie des foyers sous un aspect qui n'avait point attiré l'attention des géomètres. >>

Dans un autre écrit, qui a été couronné par l'Académie royale de Bruxelles, M. Amiot a signalé de nouvelles propriétés des surfaces, et dans un troisième mémoire, il a complété et même rectifié les travaux de Monge, le célèbre auteur de la géométrie descriptive.

L'Académie de Rouen, sur la proposition de M. Bigourdan qui lui a fait connaître en détail les beaux mémoires de M. Amiot, s'est empressée de joindre ses suffrages à ceux des Académies des sciences de Paris et de Bruxelles.

Dans le vaste domaine des sciences physiques et naturelles, quelques points seulement ont été abordés par l'Académie, car ce n'est qu'en circonscrivant le champ de l'observation et de l'expérimentation qu'on peut espérer des conquêtes fructueuses et sûres. Dans l'état actuel de nos connaissances, les mystères abondent encore; cette multitude même atteste le peu de progrès que nous avons faits, et l'immensité de la carrière qui reste à parcourir. Des faits viennent d'être expliqués, c'est-à-dire compris dans les lois générales déjà connues; sur le champ, d'autres faits les remplacent, comme pour entretenir l'activité des recherches; de nouvelles découvertes ébranlent les théories et la confiance; le doute revient avec son cortège de mystères. C'est ainsi que la physique, la chimie, l'histoire naturelle ont changé plusieurs fois de face; que leurs doctrines fondamentales ont été renouvelées, et qu'aujourd'hui même on se demande si elles sont dans la bonne voie. Au reste, sans ces doutes, sans ces mystères, la marche des sciences serait bientôt arrêtée, et l'esprit humain s'endormirait dans une trompeuse et stérile admiration.

Mémoire

Parmi tous ces phénomènes naturels qui révèlent à l'homme une puissance éternelle et infinie, il n'en est au- de M. Boutan, cun qui soit à la fois plus terrible et plus majestueux que sur l'électricité la foudre. Sans doute, grâce à Francklin et aux physiciens atmosphérique des cinquante dernières années, nous savons l'origine et les causes de ces effets grandioses qui agitent les vastes plaines de l'air, et qui, trop souvent, produisent à la surface de la terre de désastreuses perturbations. Mais qu'il nous reste encore à apprendre sur tous ces mouvements désordonnés des fluides électriques !

Explication du bruit

M. Boutan, professeur de physique au collége royal de Rouen, a essayé d'éclairer quelques-uns des points encore obscurs de l'électricité atmosphérique, en imaginant des du tonnerre expériences nouvelles. En première ligne, il faut placer comme non défini, le bruit qui suit l'apparition de l'éclair, et qu'on appelle vulgairement le tonnerre. On a donné de ce bruit, si variable dans son intensité et dans son timbre, un grand nombre d'explications qui ne peuvent satisfaire les esprits sérieux. M. Boutan les a examinées successivement, a montré leur insuffisance, les a remplacées par une autre qui lui est propre et qui sort du domaine de la théorie, car il l'appuie et sur des observations au centre des nuages orageux, et sur des expériences de laboratoire fort concluantes. La voici en peu de mots:

Dans un nuage orageux, l'électricité tout entière forme une couche à sa surface, et son intérieur est dans un état de tension supérieure à la pression atmosphérique ambiante; il est par conséquent très dilaté. Qu'il perde brusquement son fluide électrique, par une décharge sur un nuage voisin ou sur le sol, la pression extérieure va devenir prépondérante, puisque la force antagoniste a disparu, et dès lors l'air ambiant va se précipiter dans le milieu raréfié repré

Odeur de la foudre.

senté par le nuage orageux. De cette rentrée subite de l'air doit résulter un choc violent tout à fait comparable au bruit engendré dans l'expérience du crève-vessie, et analogue aussi, pour l'intensité, au bruit du tonnerre.

Cette explication satisfait à toutes les exigences du phénomène; elle rend parfaitement compte de la persistance du bruit, des effets de roulement, des variations de volume, des changements rapides de forme que présentent les nuages orageux, du grand refroidissement qui survient au sein des nuées électriques et qui produit la grêle; enfin de ces vents violents, de ces tourbillons, de ces trombes même (b) qui apparaissent au moment des orages et que toute autre théorie est impuissante à justifier.

Une autre particularité, qui est encore à éclaircir, c'est l'odeur forte et pénétrante qui signale la chute de la foudre, et qu'on a comparée, bien mal à propos, à celle du soufre en combustion. M. Boutan croit pouvoir la rapporter, avec MM. Schoenbein, Fisher et Marignac, à l'Ozone, corps particulier d'odeur nauséabonde dont la véritable nature est encore un problème, mais que les chimistes allemands considèrent comme un nouvel élément. Cette odeur se manifeste aussitôt qu'on fait passer, au moyen de pointes métalliques, un courant d'étincelles électriques dans du gaz oxygène (c). Une expérience de M. Boutan semblerait indiquer que, dans certaines circonstances, la sensation des odeurs peut être déterminée à la manière des sons et de la lumière, c'est-à-dire par les mouvements vibratoires de l'éther. Il est certain que la seule transmission du fluide électrique dans l'air, engendre une odeur très appréciable, analogue à celle de la foudre, sans qu'il y ait aucun phénomène chimique produit, ni volatilisation de matières

quelconques. Malgré les recherches du professeur du collége, cette importante question nécessite de nouveaux travaux; il lui appartient de les continuer.

Les observations météorologiques qu'on exécute maintenant de tous côtés, en fournissant de précieux documents sur tous ces grands phénomènes dont l'atmosphère est le théâtre, aideront les physiciens à en découvrir l'origine, à mieux en expliquer les effets, à déterminer toutes les conditions de leur manifestation. L'Académie est heureuse de pouvoir apporter son contingent, sous ce rapport, grâce à l'un de ses membres, M. Preisser, qui, depuis 1845, tient note, jour par jour, de tout ce qui a trait à la physique atmosphérique.

Le même membre, en mettant sous nos yeux un modèle de l'appareil électro-magnétique qui fonctionne sur le chemin de fer de Paris à Rouen, a rappelé les principes sur lesquels repose cette admirable application de la science à l'un des besoins les plus impérieux de notre époque, la rapidité de la propagation des idées et des communications de la pensée. Il a indiqué quelques-uns des moyens mis en usage pour tirer parti de la force motrice créée par l'électricité, et pour transmettre son influence à de grandes distances avec une incommensurable vitesse. A l'aide d'expériences exécutées devant l'Académie, il a fait mieux. comprendre l'ingénieux mécanisme du télégraphe électrique le plus employé, c'est-à-dire de celui qui repose sur l'importante découverte de M. Arago, l'aimantation du fer doux à l'aide de la pile.

De la physique à la chimie la transition est toute naturelle, car un lien très intime unit ces deux belles branches des sciences d'observation. Ici de nombreuses communications sont à enregistrer.

Observations

météoro

logiques

de M. Preisser.

Télégraphe électrique. Communication

de M. Preisser.

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